Le choix de la vengeance

Chapitre 2 : Flammes au Manoir

Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 20:56

 

II. Flammes au Manoir

Draco, installé sur un fauteuil de son salon, lisait le journal. Sa mère dessinait distraitement à ses côtés, en ne cessant de s’entortiller les cheveux nerveusement.
« Ils ont attrapé Mulciber.
-Quoi ?
-La Milice. Tu sais, il avait réussi à s’échapper après… après Poudlard. Ils l’ont attrapé et ils l’ont tué. Le chef de cette milice est apparemment un fou furieux. »
Narcissa baissa les yeux sur son dessin. Sa main trembla et le crayon traça une arabesque sur le papier.
« Que fais ton père… »
La porte de l’extérieur claqua alors. Lucius Malfoy entra dans le salon quelques minutes plus tard, les traits tirés. Il fit « non » de la main quand sa femme ouvrit la bouche, et alla tomber dans un fauteuil, sa tête basculée en arrière, les yeux clos. Draco regarda son père, le journal encore ouvert sur ses genoux. Il sortait chaque jour, sa présence étant obligatoire au Ministère. Ce n’était pas son travail qui importait en réalité aux yeux du Ministre, Lucius avait d’ailleurs été relégué aux plus basses tâches, mais plutôt le fait que tant qu’il passait ses dix heures par jour au Ministère, les Aurors pouvaient garder un œil sur lui. Draco voyait son père rentrer chaque jour l’air un peu plus épuisé et la mine un peu plus défaite et cette situation le perturbait à tel point qu’il en avait la nausée. L’image brillante de son père s’effritait petit à petit, et celui qu’il avait idéalisé et adulé toute sa vie était devenu un homme fatigué, rétréci, usé jusqu’à la corde par les destitutions et les défaites.  D’homme incontournable, Lucius Malfoy était devenu un paria, même pas haï, juste méprisé. Draco reprit son journal pour éviter la vision de son père avachi sur le fauteuil.
« 
La Milice d’Epuration du Monde Sorcier a fait savoir après le meurtre du Mangemort reconnu Mulciber qu’elle ne comptait pas s’arrêter là. Une lettre signée « M.E.M.S » a apparemment été envoyée au Ministre de la Magie en personne, Kingsley Shacklebolt, contenant la liste des futures victimes de cette Milice qui se bat pour l’éradication de toute forme de magie noire sur le territoire anglais, par le meurtre pur et simple. Parmi les inquiétés se trouvent notamment Ludovic Verpey, accusé de collaboration avec Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, ainsi que la famille Malfoy, qui a récemment été graciée par la Cour de Justice Magique.
 Auparavant jugée peu sérieuse, la M.E.M.S est maintenant considérée comme une organisation dangereuse, et bénéficie de toute l’attention du Ministère. L’idée d’une possible arrestation des membres de cette Milice pour meurtre et menace de mort est cependant encore fragile, pour cause d’une présence assez influente de sympathisants de la Milice au sein même du Ministère. Ainsi, Mrs Edgecombe, du Service du Réseau des Cheminées, Département des Transports Magiques, déclare :
« Les membres de la Milice d’Epuration ont perdu des amis, de la famille par la faute de Vous-Savez-Qui. C’est pour eux qu’ils se battent, afin que ceux qui ont contribué à l’ascension et au retour de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-le-Nom soient hors d’état de nuire. C’est le seul moyen. Il n’y aucun mal à faire la justice, surtout lorsque personne d’autre ne parait prêt à vouloir le faire ! »
Justice ou vengeance ? Il semble bien qu’un nouveau courant de terreur flotte sur le pays, mais cette fois-ci sur ceux là même qui l’avaient autrefois institué. »
Draco referma le journal, fébrile. Son père le fixait intensément. Il se leva et lui arracha brusquement le journal des mains. Debout face à Draco et Narcissa, Lucius Malfoy parcourut l’article, et les lignes qu’il avalait rapidement semblaient avoir du mal à passer. Puis il déglutit, et lâcha le journal, tandis que sa femme fut secouée d’un long frisson.
« Papa, papa… » bredouilla Draco, et le ton de sa voix sonna comme un appel à l’aide. Lucius resta interdit. Il eut un long moment de silence où l’affolement envahit la pièce. Soudain, Narcissa se leva. Lucius et Draco tournèrent alors la tête vers elle, abasourdis.
« Allons dîner. »
Le père et le fils, encore assommés par la terreur, mirent un certain temps à bouger, puis la suivirent enfin vers la salle à manger. Pendant le repas, Draco considéra sa mère d’un œil nouveau. C’était finalement elle qui se révélait la plus courageuse des trois, qui arrivait à se servir de l’angoisse comme d’un moyen de rebondir, tandis que lui et son père se trouvaient pétrifiés. Ils mangeaient sans un mot, et les bruits des couverts s’entrechoquant sonnaient aux oreilles de Draco comme le glas de sa mort à venir. Il se demanda combien de temps il leur restait avant que la Milice ne se décide à forcer les protections du Manoir. Peut-être avait-elle déjà essayé, peut-être était-elle déjà là, aux portes de la demeure, prête à venir les assassiner tous les trois. Depuis qu’il était un Mangemort, il avait acquis une autre notion de la mort, bien plus réelle, bien plus vivace. Draco craignait la mort plus que tout.
Il faisait bouger la nourriture dans son assiette, quand soudain il crut discerner un bruit au dehors. Il se figea. Ce n’était peut-être que le vent. Il réamorça un geste envers son assiette mais n’arrivait plus à penser à autre chose qu’à ce bruit de souffle dans les arbres. Il respira lentement. Le murmure de la brise s’intensifia. La lèvre de Draco se mit à trembler. Le bruit se rapprochait, il en était sûr maintenant. Il n’osa plus bouger. Le murmure se mua en hurlements lointains. Puis en glapissements, proches, si proches qu’on pouvait discerner la férocité dans les cris. Les trois Malfoy se regardaient, immobiles. Draco sentit un froid glacial glisser sur lui. Il était déjà mort.
Un bruit sourd les fit tous sursauter. Le portail avait du être arraché. Des flammes dansaient devant les fenêtres. Ils avaient mis le feu aux arbres du domaine. Ce ne fut que lorsque la porte d’entrée céda que les Malfoy se levèrent. Narcissa sortit sa baguette, Draco et son père l’imitèrent.
« Draco, sors par derrière ! cria sa mère.
-Mais…
-FAIS CE QU’ELLE TE DIT ! »
Le rugissement de son père l’effraya encore plus qu’il ne l’était. Il courut sans se retourner, tandis que ses parents entonnaient des incantations. Il défonça chaque porte à coup de sortilèges, son cœur manquant de se décrocher de sa poitrine. Sa maison lui apparut pour la première fois comme un obstacle, un labyrinthe dont il n’arriverait plus à sortir. Il entendit quelqu’un hurler « INCENDIO » lorsqu’il parvint à franchir la porte qui menait à l’extérieur. Il se retourna au bout d’une vingtaine de mètres, et vit des flammes s’élever du Manoir. L’horreur transcenda son cœur et il tomba au sol. Il n’avait nulle part où aller, nulle part où il serait en sécurité, nulle part, nulle part…
Draco se releva soudain. Il y avait un endroit. Un endroit où ils n’iraient pas le chercher. Un endroit où il pourrait transplaner. Pourquoi n’y avait-il pas pensé avant ? La panique lui avait fait oublier qu’il était capable de transplaner. Est-ce que ses parents y avaient pensé ?
La porte de derrière se fracassa. Il ne réfléchit pas plus, se concentra, et tourna sur lui-même. Il se sentit suffoquer quand son corps se compressa comme dans un tuyau, ferma les yeux, et pria.

Draco s’effondra sur le sol, devant une maison. Il avait encore l’image en tête de son manoir en feu, de la porte volant en éclat, de silhouettes sombres, et d’une flamme parmi ces silhouettes, une des silhouettes avait le crâne enflammé, prenait feu… Il s’évanouit.

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