Triangle maudit
La nuit est glaciale.
Dehors souffle le vent et hurle l’orage. La pluie tombe, incessante lamentation du ciel.
La maison d’Hannibal est plongée dans le noir. Dans la cheminée, les dernières braises terminent de se consumer. Ne laissant derrière elles qu’une cendre tiède.
Will déambule dans l’immense salon, tout semble en ordre. Et pourtant, quelque chose le perturbe. Quelque chose d’impalpable, et pourtant il le ressent au plus profond de lui. Un mal-être doublé d’une rage sourde le dévore de l’intérieur.
Il se rend à présent dans la cuisine, tout ici est en ordre également.
Devant le plan de travail, il passe devant le présentoir à couteau.
Il se saisi de la plus grande lame, il passe son doigt sur la tranche coupante. Le bord affuté de la lame défile sur son index qu’il fait glisser dessus. Will inspecte la lame, comme s’il cherchait quelque chose dessus. Il la fit tourner encore un peu sur elle-même puis fini par la reposer.
Le silence est soudain brisé par un bruit des plus étrange.
Will tend l’oreille. Il ferme les yeux pour se concentrer. Un gémissement. Voila ce qu’il entend.
Puis un autre.
On dirait un homme.
Will avance pour se diriger vers les chambres à coucher. Le bruit s’intensifie, il peut à présent le distinguer très clairement.
Devant la porte de la chambre principale, Will se stop, et colle son oreille contre le bois de la porte.
Des bruits de chaires humides lui parviennent, toujours accompagnés de ces gémissements.
Le bruit, pourtant discret lui perce les tympans. Will porte ses deux mains contre ses oreilles, il ne peut en supporter davantage.
De rage, il défonce la porte à coup de pied et entre.
Sous ses yeux, une scène d’horreur digne d’une peinture de Caravage.
Hema est là, allongée sur le lit de Lecter, complètement nu. Son regard est directement tourné vers la porte, vers Will. Livide, celui-ci lui transperce l’âme.
Toutes ses trippes sont sorties, le sang coule et inonde la chambre. Lecter est sur elle, en train de lui dévorer les entrailles. Il relève alors la tête vers Will, le visage recouvert de sang. Et à travers tout se pourpre il sourit à Will.
Will hurle. Il se redresse sur son lit, dans la précipitation il attrape ses lunettes, les mets sur son nez et se tourne vers son réveil.
2h45. Satanés cauchemar.
Il passe sa main sur sa bouche, comme pour se retenir de vomir, il repense à ce qu’il vient de rêver.
Ses draps sont trempés de sueurs, son t-shirt aussi.
Dehors, la nuit et calme, tout est endormi, paisible. Machinalement, Will se met à chercher une boite d’aspirine, malheureusement, toutes celles qui lui tombent sous la main sont vides.
Finalement, il se lève et part sous la douche.
Depuis les derniers incidents concernant l’enlèvement d’Hema, quelques semaines se sont écoulées, et la voilà à présent en congé de fin d’année.
Je scrute les alentours, ce matin la bibliothèque universitaire est déserte, tous les élèves sont rentrés chez eux pour célébrer les fêtes de fin d’année en famille, sauf moi.
Je me replonge dans mes notes, les cours et les examens sont finis mais je reste en stage. Aussi, j’espère profiter de cette accalmie pour redoubler d’effort.
Quand soudain, un bruit d’alarme, perçant, déchire le silence. C’est l’alarme de l’établissement, pas l’alarme incendie. Mais celle qui indique un danger imminent, comme une fusillade par exemple. Pourtant je n’ai entendu aucun coup de feu, et le bâtiment est quasiment vide.
La peur commence à m’envahir.
Je regarde tout autour de moi, comme pour chercher une solution. Je ne peux pas rester ici, je suis seule il faut que je sorte.
J’attrape mon manteau et cours vers la porte. Je l’ouvre et passe la tête à travers pour inspecter le couloir.
Personne.
L’alarme continue de retentir, je porte mes mains contre mes oreilles pour tenter d’atténuer le bruit.
Je cours en direction de la sortie. Mais le couloir est immense. Mon cœur s’emballe, je me demande bien ce qui a pu faire sonner cette fichue alarme, et suis-je vraiment la seule dans ce maudit bâtiment ?
- AAArhg ! Je lâche un hurlement qui a dû se faire entendre à un kilomètre.
Devant moi, est suspendu le concierge, du moins ce qu’il reste du pauvre homme. Ses jambes ont disparu, ainsi que son service trois pièces.
Il tient suspendu par des câbles, enfouis sous sa peau, crochetés par des hameçons. Sa mâchoire inférieure ainsi que sa langue ont disparu.
Sous lui, une mare de sang alimenté par le goutte à goutte de son sang qui se distille.
Horrifiée, je tombe à genou, les mains sur ma bouche pour m’empêcher de rendre mon petit déjeuner.
C’est à cet instant que la police, avertie par l’alarme, débarque dans l’établissement. A cet instant, mes sens deviennent engourdis, comme endormis par l’émotion trop intense qui vient de me traverser.
Je vois une dizaine d’homme braquer leurs armes sur moi, me hurlant de lever les bras au ciel.
Je ne les entends pas, je me bouche les oreilles, je ne veux pas les entendre.
- Les mains en l’air, les mains en l’air !!! Hurlent les hommes en uniformes.
Deux d’entre eux se détachent du petit groupe et viennent me passer les fers. Je les laisse, je ne cherche pas à me débattre.
Enfin quelqu’un à fini par couper cette fichue alarme.