La force d'un libero

L'ambiance était toute autre qu'avec Nekoma. On avait beau pratiquer le même sport, nous avions des pensées totalement différentes. Les joueurs de réserve de Shiratori Zawa faisaient exprès de parler assez fort pour que l'on entende leurs conversations. Ils pensaient nous déstabiliser avec cela ?

Joueur 1: Tu paries combien que l'on gagne les trois premiers points d'affilés ?

Joueur 2: Ou tout le match d'affilé ?

Je vais en éclater avant la fin du match, ce n'est pas possible ! Mon regard noir croisa celui de Sugawara. Il me fit signe de ne rien faire. Cela n'allait servir à rien. La balle fut mise en jeu par un magnifique service smashé de Asahi. Il allait être magnifique, puissant avec une trajectoire parfaite, le libero adverse l'intercepta parfaitement. Je vis tout de même une petite grimace à cause de la puissance du coup. La balle fut frappée par le passeur pour ensuite arriver à Ushijima. Son regard se posa sur Nishinoya. Il n'allait tout de même pas...faire le même coup qu'à l'époque !

Aiza: Nishinoya !

Nishinoya: ?

Trop tard. Le boulet de canon de Ushijima avait frappé notre petit libero. Par chance, l'ayant déconcentré, il s'était très légèrement décalé et la balle se fracassa sur son tibia. Nishinoya perdit l'équilibre pour se retrouver par terre. Au fond de moi, j'espérai que le Ushijima d'avant avait disparu pour laisser place à un vrai sportif. Je pense que je m'étais fourvoyée tout ce temps. L'ensemble de l'équipe allait voir auprès de Nishinoya si tout allait bien. Il était un peu rouge mais il allait bien. C'était le principal. Hinata sorti de ses gonds.

Hinata: Tu es complètement fou ? Tu aurais pu le blesser !

Ushijima: Je n'ai pas visé, c'est un pur hasard.

Tsukkishima: C'est avec un regard pareil que tu tires au hasard ?

Notre grand défenseur était resté près du filet et donc près de l'équipe adverse. Tsukkishima est en général très discret mais il ne fallait pas s'y tromper. Il pouvait s'attaquer à un lion s'il le fallait. Tout deux se toisaient du regard. Ushijima n'avait que quelques centimètres en plus. Ce qui ne fit absolument pas broncher Tsukkishima. Le match reprit. Je ne pouvais cesser de trembler pour la suite de celui-ci. Je veux que Ushijima cesse de faire du mal à mes amis. Un temps mort fut demander par Ukaï. Je ne vis aucun sourire sur les visages. Tous étaient renfermés, remontés, en colère. Autant d'émotions que j'avais ressenti auparavant chez Shiratori Zawa.

Ukaï: J'aimerais que chacun fasse très attention. Ce type veut juste gagner. Pour lui rien d'autre ne compte.

Aiza: Si...il veut tous vous détruire. Le coup qu'il a fait à Nishinoya, c'est ce qu'il m'a fait il a des années.

Yamaguchi: Il n'y a rien qui peut marcher contre lui ?

Aiza: Il y a bien quelque chose mais je vais devoir avoir un échange avec le capitaine de l'équipe adverse.

Daichi: Pardon ?

Sugawara: Mais enfin !

Tanaka: Comment tu vas faire ?

Aiza: Ukaï ?

Ukaï: Très bien...trois minutes, c'est tout ce que je te donne.

Après un rapide coup d’œil, l'arbitre interrompit le match. Je me suis dirigée dehors avec Ushijima. Les membres de Karasuno étaient à l'entrée pour intervenir en cas de pépin sans toute fois entendre notre conversation. Je savais pertinemment ce que j'allais lui dire mais j'avais tout de même peur de sa réponse et surtout de sa réaction. Entre le gymnase et le bâtiments principale, nous nous étions retrouvés face à face.

Aiza: Pourquoi tu m'as fait cette proposition lors des éliminatoires ?

Ushijima: Je te le dis, il nous manque une manager.

Aiza: Vous en avez à la pelle.

Ushijima: ....

Aiza: Je découvrirai de toute façon ce qui se passe alors dis le moi maintenant.

Ushijima: Le coach veut te faire revenir dans l'équipe.

Aiza: Pardon ?

J'eus un mouvement de recul. je pense avoir parlé un peu fort, les membres de Karasuno étaient sur le qui vive. Leur coach voulait me réintégrer alors que c'est lui-même qui m'a viré comme une malpropre car Ushijima m'avait blessée. C'était tout bonnement surréaliste. Ushijima pointa son doigt en direction de mon genou.

Ushijima: Il doit être guéri maintenant.

Aiza: Ça peut aller...

Ushijima: C'est que je n'ai pas tapé trop fort alors.

Aiza: Pardon ? Tu m'a broyé la rotule !

Ushijima: Et je le referai si le coach me le redemande.

Aiza: Je ne te suis pas...

Ushijima: Je pensais que depuis le temps tu étais au courant. Le coach trouvait que tu devenais beaucoup trop puissante. Comme tu changeais d'équipe et donc d'école pour le lycée, il avait décidé de te mettre hors jeu avant d'avoir un adversaire supplémentaire.

C'était insensée. Mon propre coach de l'époque avait personnellement demandé au capitaine de mettre un joueur hors jeu pour ne pas qu'il devienne une menace plus tard. Et ce capitaine avait obéis sans bronché ! Je sentais que j'allais très vite perdre le contrôle. Il me fallait quelque chose pour me retenir ! Tout devenait flou dans ma tête. Ce coach, si je pouvais encore l’appeler ainsi, avait délibérément mis ma carrière à néant.

Après quelques instants de silence, je me mis à rire, Rire à gorge déployée comme je ne l'avais jamais fait. Je sentais tout mon passé revenir à la charge. Comme des centaines de couteaux qui transperçaient ma peu de part en part. Je fut stoppée en entendant que le ton montait à l'intérieur du gymnase.

Ushijima: Réintègre notre équipe. Tu pourras toujours rester étudier ici. Mais si le coach le décide autrement, je renverrai la balle au même endroit. Même si tu n'es plus des nôtres.

Aiza: Tu n'es qu'une pourriture sans nom !

Ushijima: Ravi d'avoir pu parler avec toi.

Il se retourna pour se diriger vers le gymnase mais c'est moi qui le retourna. Mon poing parti tout seul vers son visage. Il avait cependant beaucoup plus de force que moi et me tint par le poignet.

Ushijima: C'est ça, perds le contrôle et tu feras vite virer de cette équipe qui te tire vers le bas !

Aiza: Lâche moi espèce de...

Tsukkishima et Nishinoya décidèrent d'intervenir. Les terminales calmaient déjà le jeu à l'intérieur. Les deux garçons s'interposèrent. La taille et la force de Ushijima ne leur faisait pas peur. Finalement, le match fut interrompu et annulé. Il y avait trop de risque de débordement et Shiratori Zawa dû rentrer plus tôt que prévu. Ce match était totalement parti en cacahuète. Je devait absolument me retrouver seule pour repenser à tout cela, à tout le mal qu'il avaient pu me faire.

Yamaguchi: Aiza .

Aiza: Laisse-moi, je veux être seule.

Nishinoya: Tu ne veux pas me parler de ce que vous vous êtes dit ?

Aiza: Encore moins ! Je ne veux parler à personne !

J'allais parti quand Nishinoya intercepta mon bras. Il était rouge à cause de l'emprise puissante de Ushijima. Je me retournais d'un coup sec pour me défaire de la sienne cette fois-ci.

Aiza: Laisse-moi je te dis !

Je vis la stupeur de Nishinoya. Mon regard devenait trouble à cause des larmes qui montèrent. Je n'en pouvais plus, je voulais craquer, mais pas devant eux. En voyant mon regard, la tête de Nishinoya changea du tout au tout. Il me lâcha délicatement pour me laisser partir. Je couru dans les couloirs pour sortir par l'entrée principale et pouvoir rentrer chez moi.

Nishinoya: Je vous appelle tout à l'heure, je vais essayer de la rattraper.

Tsukkishima: Fais pas de bourde, leur conversation n'a pas dû être très joli tout à l'heure...

Ukaï: Nishinoya, tu t'occupes de ramener Aiza demain à l'école en un seul morceau. Les autres venez avec moi, on va débriefer du peu qu'on a pu voir sur Shiratori Zawa.

Nishinoya couru dans les couloirs vides. Il chercha dans ma classe, vide. Dans le hall d'entrée, vide. Devant la grille, vide. Il sorti du lycée pour courir vers mon appartement. Arrivé à ma porte, il frappa. Il frappa plusieurs fois avant de poser son front contre la porte froide en métal.

Nishinoya: Aiza, tu es là ? Ouvre moi s'il te plait...j'ai traversé toute la ville en courant pour venir te voir...Ouvre moi...Je sais que tu es là !

Aiza: Noya ?

Je vis Nishinoya en train de parler à ma porte. J'étais sur le trottoir, les yeux rouges et humides. Je pense que Nishinoya se sentait très stupide à ce moment là. J'ouvris la porte pour le laisser entrer et la referma délicatement. Je sentais que j'allais passer à la casserole. Ce garçon était rassurant mais savait tirer les vers du nez. Nishinoya s’assit sur mon divan et tapota à côté de lui pour m'inviter à m'asseoir.

Nishinoya: Il s'est passé quelque chose tout à l'heure avec Ushijima. Je sais que c'est compliqué pour toi mais pour que l'on avance, il faut que tu m'en parles. Après tu pourras oublier. Dis le moi juste une fois.

Aiza: Ils...mon ancien coach...il a...

Je craquai. Je ne pouvais plus retenir mes larmes. Elles coulèrent sans que je ne puisse faire quoi que ce soit. Je senti Nishinoya passer une main dans mon dos et frotter délicatement. J'avais besoin de lui, de réconfort. Aussi douloureux que cela soit, il fallait que ça sorte. Il fallait me débarrasser de mes démons.

Aiza: C'est sur ordre de mon ancien coach que Ushijima m'a blessé au genou. C'était volontaire pour que je ne puisse pas être une menace à leur ascension quand j'aurais changé d'équipe !

Nishinoya: Pardon ? Est-ce que tu as conscience de ce que tu avances ?

Aiza: Est-ce que tu as conscience de ce que je viens d'apprendre ?

J'explosai encore plus en sanglot. Nishinoya me prit vivement dans ses bras. Il prit conscience de la gravité des actes de l'équipe de Shiratori Zawa. Ils étaient des monstres. Ils étaient même pire que cela. Il faisait tout pour que je sois en peine. J'avais besoin de réconfort. Mon ami ne demandait qu'à m'en donner. Doucement je relevai ma tête de son torse, mon regard encore embrouillé par les larmes. Il me regarda un peu hésitant. Je collai mon front contre le siens. Il avait chaud. Certainement à cause de ces révélations. Il releva légèrement la tête et nos lèvres se rencontrèrent. Je ne savais pas où ce geste allait nous mener, mais là, sur le moment, j'avais juste besoin de lui.