Le Conflit D'Orr, Guild Wars 2

CHAPITRE 2 : Verdance

            Il se réveilla le lendemain vers huit heures. Iryenna avait quitté le petit chapiteau qu’était leur tente. Il se leva, enfila son armure de nécromancien et sortit. Il regarda le camp. Disposé en cercle d’une trentaine de mètres de diamètre, il était dressé au milieu d’une plaine désertique, au centre du Rivage Maudit. Environ vingt soldats vivaient ici, dont Dynfaw, que tout le monde avait appris à écouter et respecter au fil des mois. On pouvait rentrer dans le camp par deux entrées, toutes deux protégées par deux canons Asuras. De hautes dents de métal, telles les mâchoires d’un gargantuesque requin, protégeaient la quinzaine de tentes servant de loges aux soldats. Tout cela sous la direction d’un commandant respecté de tous : Yvarn Sombrelame. A huit heures et demie, il sélectionna une dizaine de combattants afin d’aller reconquérir Verdance. Ils partirent. Ce n’était pas seulement dix soldats qui partaient, mais aussi quatre chiens de combat, dressés pour le combat, et qui servaient à attirer l’attention des Orriens afin d’avoir l’avantage tactique. Le nécromancien était impatient de se battre ; cela faisait des jours qu’il n’avait pas été dans l’action. De plus, la présence de sa compagne et de son frère lui donnait une impression d’invincibilité, comme si le fait de les avoir à ses côtés le rendait invulnérable aux coups. Il voulait en découdre… Après un quart d’heure de marche, ils arrivèrent à la cathédrale, qui n’était maintenant plus qu’un tas de ruines recouvert de champignons géants à l’aspect maladif. Avant d’engager le combat, Yvarn fit face à ses troupes, et cria :

« Il y a derrière nous le fléau de la Tyrie ! En l’honneur des disparus, on va donner une bonne leçon à ces têtes de Skritts pourries et leur faire passer l’envie de revenir poser leur cul en décomposition chez nous !! Vous êtes avec moi ??!! »

Hurlements d’approbation.

« Alors, CHARGEZ !!!! »

Dynfaw s’élança, Iryenna sur sa droite, son frère sur sa gauche. Tous trois dégainèrent leurs armes…

            Le premier contact avec l’ennemi fut le plus violent. Sur la grande place surélevée entourée de rochers devant l’entrée de la cathédrale, les deux groupes de combattants se rencontrèrent, tels deux vagues de chair et d’acier se brisant l’une contre l’autre. Iryenna s’étant séparée d’eux pour prendre une position de tir, il courait avec son frère :

« Ils sont bien trop nombreux ! » fit remarquer Shadoine

Et c’était vrai… Alors que le groupe d’assaut du Pacte comptait une dizaine de membres, leurs opposants étaient environ une centaine… Ce qui les mettait à un contre dix… Bien que les revenants soient moins efficaces que les soldats, cela laissait un déséquilibre catastrophique. Mais pas besoin de démoraliser son frère dès le début de la bataille…

« Raison de plus pour en massacrer le plus possible ! » lui répondit Dynfaw

Ils se dirigèrent  tout deux vers le coté Est de la grande place, ou deux soldats tentaient de contenir une dizaine de revenants. Evidemment, leurs alliés étaient dépassés, tentant comme ils le pouvaient de repousser les attaques à répétitions de leurs opposants. Ils accélérèrent afin d’aller leur porter secours. Ils arrivèrent à leur niveau au moment où l’un des serviteurs de Zhaïtan s’apprêtait à envoyer valdinguer l’un des guerriers avec une grande masse rouillée, mais une dizaine de flèches le transpercèrent de toutes parts, la dernière lui trouant le crâne et l’arrêtant net dans son geste. Le soldat, en mauvaise posture avant l’intervention d’Iryenna, profita de l’avantage qui lui était offert, se releva et asséna le coup fatal. Dynfaw se jeta dans la mêlée. Rapide comme l’éclair, il taillada le premier adversaire avec sa dague, et lui enfonça Phoenix  Renaissant dans la poitrine. Sentant quelque chose dans son dos, il se retourna, lança son poignard dans la gorge d’un Charr déchiqueté sur le point de le frapper avec un marteau de guerre, retira la hache de l’autre cadavre ambulant, et le décapita tout en récupérant la lame plantée dans son cou. Il se redressa, deux cadavres à ses pieds dix autres fonçant sur lui. Un cri lui parvint derrière lui :

« Hey honey ! Bouge d’ici ! »

Reconnaissant la voix d’Iryenna, il obéit. Il fit deux roulades sur le côté, s’éloignant, et regarda vers ses ennemis : ceux-ci essuyaient une pluie ininterrompue de flèches et de balles, venant de son frère et de sa compagne. Au bout de quelques secondes, les dix morts-vivants n’étaient plus que de simples morts, gisant au sol dans un amas désarticulé. Il regarda autour de lui : partout sur la grande place la bataille faisait rage : là un Norn de Pacte à terre se débattait, bloquant deux Orriens avec son bouclier, ici un autre fracassait un nain et l’envoyait valser quelques mètres plus loin. Ce n’était plus cent Orriens qui se battaient, mais deux cents ! Il recula : il devait se regrouper avec les survivants afin de se défendre contre la marée revenante qui allait leur déferler dessus d’un instant à l’autre. Cela allait être compliqué… C’est alors que deux, puis trois, cinq, dix, quinze hélicoptères survolèrent le champ de bataille en vrombissant dans un vacarme de tous les diables, et vinrent se mettre en vol stationnaire au-dessus d’eux, chacun larguant une dizaine de soldats. Le cri de leur commandant résonna

« Vous voilà enfin ! Ce n’est pas trop tôt !! Ça commençait  à être tendu par ici ! »

Dynfaw comprit ; Sombre lame avait fait deux groupes d’assaut, mais ne leur avait pas parlé du second afin qu’ils ne se relâchent pas. Il avait dû demander des renforts aux autres camps de la région, ce qui rendait la lutte bien plus équilibrée désormais… Ingénieux…

« Allez, on botte leur petit derrière duveteux décomposé hors d’ici !! » Hurla le commandant.

Dynfaw dégaina son bâton, plus approprié au contrôle des foules, et se rua vers les revenants. Il lança ses sorts, blessants cinq ou six ennemis à chaque fois, déviant les morts qui se jetaient sur lui grâce à l’extrémité de l’arme. Il planta le bout dans le sol et s’en servit de perche pour se propulser et décocher un puissant coup de botte à la mâchoire d’un revenant récalcitrant. Celui-ci voltigea et s’écrasa lourdement sur le sol. Tout cela n’était plus qu’un jeu, les zombies ne faisant plus le poids face aux légionnaires du Pacte. Le combat pris fin au bout d’une dizaine de minutes. Il retourna auprès de ses compagnons :

« Personne n’est blessé ?

-Non, au contraire, ça va beaucoup mieux maintenant ! Lui répondit son frère, enthousiaste.

-Je vais bien, juste un peu mal aux doigts… lui répondit Iryenna.

-Evidement, tu es restée sur ce rocher durant toute la bataille, lui rétorqua son compagnon

-Je ne suis pas assez stupide pour aller me mettre au milieu de ce fouillis, non seulement ça pue le revenant, mais en plus… »

Une voix d’outre-tombe, qui avait l’air de sortir de partout à la fois, les interrompit :

« Alors comme ça, vous osez défier Zhaitan… Vous ne savez rien de sa puissance… » 

Ils serrèrent plus fort leurs armes, regardant autour d’eux pour localiser l’origine de la voix. Un silence de mort tomba sur le champ de bataille…Soudainement, la voix hurla :

« MOURREZ !!! »

Iryenna hurla :

« A terre !!! »

Elle plongea sur le côté, comme Dynfaw qui plaqua son frère au passage. Il eut juste le temps de voir le commandant lever son bouclier. Rares furent ceux assez vifs pour éviter l’onde noire qui se propagea au moment où la voix finissait sa phrase… Sur quatre-vingt survivants, soixante-quinze furent décapités ou coupés en deux. Ils se relevèrent doucement. Le nécromancien regarda autour de lui. Au milieu des cadavres, cinq soldats étaient encore debout : Iryenna, son frère, le commandant, dont le lourd bouclier, coupé en deux, gisait à terre, et  Esapdoum, un ingénieur Sylvaris, vétéran du Pacte. Devant eux, à une quinzaine de mètres, l’Œil de Zhaïtan lévitait à quelques centimètres du sol. C’était un grand globe oculaire d’un mètre de diamètre, strié de sang. Une pupille noire bougeait imperceptiblement et les fixait l’un après l’autre. Un corps d’écailles gris sombre rappelant vaguement la forme d’une pieuvre entourait l’horrible organe. Cinq tentacules pendaient, leurs pointes acérées raclant le sol. Une sorte d’aura émanait de l’Œil, mais Dynfaw, étrangement, n’aurait pas su dire si elle était visible ou invisible… Il se crispa : même si le précédent combat contre les revenants avait été peu éprouvant physiquement, il n’était pas au mieux de sa forme: une longue entaille sanguinolente teintait son bras gauche d’une couleur pourpre et sa lèvre saignait abondement. Il appréhendait cet affrontement, d’autant qu’ils n’étaient plus que cinq, ce qui compliquait considérablement la tâche. Ce n’était pas la première fois que l’Œil attaquait le Pacte ; il était apparu plusieurs fois déjà, et était responsable de cuisantes défaites. Des groupes d’élite avait déjà tenté de l’éliminer, mais, à chaque fois, on n’avait retrouvé leurs corps quelques jours plus tard, horriblement mutilés. Il dégaina sa hache et sa dague lorsque la voix caverneuse reprit :

« Vous avez survécu…cela est impossible… » Iryenna encocha une flèche…

« Votre entêtement m’amuse… » Esapdoum épaula son fusil….

« Mais vous ne vivrez que quelques secondes de plus… » Le commandant leva son épée…

« Je vais vous… » Une flèche siffla et vient se planter jusqu’à la hampe dans sa pupille. Puis la voix d’Iryenna :

« Fermes-là et viens te battre si tu l’ose !»

Ils s’élancèrent.