Au delà des apparences!
(suivez-moi sur mon blog: unedidobelle. be)
- T’as vu comme il t’a regardé ? Me fait remarquer Charlotte
- Oh non, je n’ai pas vu
Au centre commercial, je sirote mon coca tandis que nous faisons du lèche-vitrine
- Je me demande bien ce qui t’arrive…
- Quoi donc ?
- Et bien, j’ai l’impression que cela fait pas mal de temps que tu n’es plus sortie avec un garçon…
- Oui, c’est vrai mais aucun garçon ne m’intéresse pour le moment
- Oui, je sais mais fait un effort, il y a des garçons pas mal qui aimeraient vraiment sortir avec toi. Si tu savais le nombre de garçons qui me demandent s’ils ont une chance avec toi…
- Oui mais sérieusement, je ne me vois avec personne en ce moment, je n’ai pas encore rencontré de garçon qui vaille la peine que je m’intéresse à lui
- T’es difficile
- Je préfère être difficile plutôt que d’être avec n’importe qui…
- Tu n’as pas tort mais…
- Fin de la discussion !
- Tu n’es pas croyable. Soupire-t-elle. Mais je suis convaincue que cela va te tomber dessus au moment où tu t’y attendras le moins. Je t’imagine vivre une véritable passion.
Je la regarde sceptique
- Si tu le dis… Et toi, avec Marc comment ça se passe ?
- Comme d’habitude, rien de nouveau sous le soleil.
Une fois à la maison, je vois ma mère au téléphone prendre ses dispositions pour organiser le prochain vernissage d’un artiste peintre prometteur. Un certain Fabrice Burton qui commence à avoir une certaine réputation. Je file dans ma chambre travailler sur mes cours.
Le lendemain soir, j’enfile une robe rouge courte en tulle et au bustier en dentelle Anne-Sophie. J’aime le clin d’œil à mon prénom. Je porte également le collier que mon père m’a offert.
La limousine ne va pas tarder à arriver. Il faut dire que mes amis ont décidé de sortir le grand jeu pour cette soirée. Nous sommes censés nous rendre dans le club le plus en vue de Bruxelles. Cette ultime sortie avant la bloque se promet d’être agréable. Du moins, je l’espère.
Je reçois un message de la part de Charlotte comme quoi la limousine va bientôt passer me prendre. Je descends impatiente et il ne me faut pas attendre longtemps pour que le « carrosse » arrive. Je monte à l’arrière et je salue toute la bande, c’est-à-dire : Tom, Max, Marie-Louise, Claire, Charlotte, Paul, Marie et…Jessica ?! Mais qu’est-ce que cette ahurie fait là ? Non mais c’est une blague ?! Elle a un rire digne de Janice de la série « Friends ». Sans compter son caractère exaspérant. Elle se prend pour le nombril du monde et ne cesse de me lancer des vacheries à peine voilées.
- Oh Jessica mais quelle surprise…Que fais-tu ici ? Feins-je
- C’est Claire qui m’a proposé de venir et je trouve que c’est une excellente idée. Oh, je vois que tu as une nouvelle couleur de cheveux, cela te va à ravir et c’est tant mieux car on ne peut pas dire que le blond t’allait si bien que ça…
- Merci mais tu sais, le blond est quand même ma couleur naturelle
- Oui, c’est bien dommage, ça ne va pas à tout le monde…Du Champagne ?
- Cela va toujours mieux qu’à quelqu’un pour qui ce n’est pas sa couleur naturelle, n’est-ce pas Jessica ? (qui ose me critiquer alors que c’est une fausse blonde) Et sinon, volontiers, j’en aurai bien besoin
Elle me passe un verre et je le vide d’un coup sec. Je me tourne vers Charlotte qui me regarde d’un air désolé. Jessica étudie à l’HEC et aime rappeler de temps en temps que son père est le directeur d’une banque importante. Lorsque ce n’est pas pour parler de son père, elle aime raconter les voyages extraordinaires qu’elle a fait, faire l’étalage de ses achats dispendieux et enfin, tenter en vain de séduire Max qui lui reste indifférent à ses charmes. On ne peut pas dire qu’elle n’est pas jolie mais qu’a-t-elle besoin de tant se vanter, surtout devant nous qui vivons déjà un train de vie confortable plus ou moins similaire ? Elle aime tant se mettre en avant que ça en devient ridicule. Elle ne semble pas supporter ma présence, ni celle de Marie d’ailleurs qui est également à l’HEC et qui réussit brillamment alors que Jessica a dû recommencer son année.
Pas besoin de préciser que le trajet me semble deux fois plus long du coup. Cela dit, nous ne sommes pas encore arrivés que certains commencent bien la soirée. Outre l’alcool qui coule à flot, on peut également constater des flirts surtout du côté de Marie et Tom…
- Dites, ça va aller, vous deux ? Ce n’est pas une chambre d’hôtel, ici ! Clamé-je
- Ils ne t’entendent pas, me fait remarquer Charlotte
- Qui veut un joint ? Propose Max
- Moi, je veux bien !
Jessica saute sur l’occasion pour se rapprocher de lui
- Quelqu’un d’autre ? Poursuit Max
- Dis donc, tu ne t’ennuies pas, dis-je, cela dit, moi le joint me fait trop tourner la tête, je passe mon tour
- Je ne suis pas sûr que ce soit bon pour ton image de futur médecin mais je veux bien tirer une ou deux bouffées. Ajoute Paul
- On est jeune qu’une fois, ma poule ! Répond Max tout en lui présentant son joint
- On est bientôt arrivé ? Soupire Claire
- Par contre, je veux bien une cigarette si quelqu’un en a une ?
- Tu fumes ? S’étonne Jessica en me regardant de la tête au pied
- Qu’en soirée… Alors personne ?
- Moi, j’ai des clopes ! Me répond Marie-Louise en m’en tendant une avec un briquet.
J’allume la cigarette, je tire dessus et je fais des ronds de fumée avec ma bouche. Je change de place pour me mettre à côté de la radio et je choisis la musique : Tick Tock de Kesha bien sûr. Je sors ma tête du toit ouvrant et je crie de joie un verre de champagne à la main, ma cigarette de l’autre. Charlotte tire sur ma robe me traitant de folle.
Une fois arrivés à l’entrée du club, on évite la file et on nous fait entrer immédiatement. L’ambiance est au rendez-vous. Charlotte et moi allons chercher deux Martinis puis on se rend sur la piste de danse pour se déhancher.
La soirée se passe à merveille, je ne croise pas Jessica, ce qui n’est pas négligeable. Je finis par danser sur une plateforme où tout le monde me regarde. En voulant descendre, je manque de peu de tomber dans les bras de quelqu’un. Cela dit, ça ne m’aurait pas dérangée vu le spécimen. Beau blond aux yeux bleus, on dirait que je ne lui suis pas indifférente. Je me mets à danser avec lui pendant une bonne partie de la nuit. On finit par s’embrasser avec fougue jusqu’à ce que Charlotte vienne me chercher pour y aller. Je lui dis de partir sans moi, que j’irai dormir chez une amie qui vit à Bruxelles. Après un moment d’hésitation, elle me laisse avec mon bel Apollon.
Je finis par donner mon numéro à Vincent avant de m’en aller. Je téléphone à Pauline qui décroche après plusieurs sonneries
- C’est Anne-So’ ! Tu me dépannes pour cette nuit ?
- Encore ?
- Allez, ça fait un moment quand même…
- C’est bon, passe mais c’est bien parce que c’est toi !
- Je t’adore
- Je te déteste cordialement, je dormais, allez à tout de suite.
Je monte dans un taxi et j’indique au chauffeur l’adresse de mon amie. Une fois arrivée chez elle, je m’écroule sur son canapé, extenuée. Pauline est étudiante à l’ULB, on s’est rencontrée lors d’une soirée il y a quelques années déjà. Lorsque je monte sur Bruxelles et que je n’ai nulle part où dormir, elle me dépanne. Elle vit seule dans son appartement, alors c’est pratique.
Lorsque je me réveille, c’est la fin de l’après-midi ! Je n’en reviens pas d’avoir autant dormi. Je constate qu’un numéro inconnu a essayé de m’appeler. Je rappelle le numéro. C’est Vincent.
- Salut toi ! Tu fais quoi en ce moment ?
- J’essaye de me réveiller
- Dis, ça te dirait qu’on se voit ce soir ? Je t’invite, bien sûr
- Oh oui, bonne idée. A quelle heure cela t’arrangerait ?
- 20h et ne t’inquiète pas, je viens te chercher
- Avec plaisir
Je raccroche
- C’était qui au téléphone ? me demande Pauline le sourire aux lèvres
- Un garçon que j’ai rencontré au club hier ! Il est à tomber ! A ce propos, tu n’aurais pas une robe à me prêter
- T’as de la chance, j’ai dévalisé les magasins dernièrement. Je vais te montrer les trouvailles que j’ai fait
- J’ai hâte de voir ça, en effet.
Je me lave chez elle et je mange un casse-croûte avant d’enfiler une tenue élégante pour mon rendez-vous avec ce beau viking. Je dis à Vincent où venir me chercher.
Toute excitée, je ne manque pas de remercier Pauline pour son hospitalité et je descends attendre Vincent.
Tout à coup une Ferrari flambant neuve se gare devant moi. Vincent en sort et vient m’ouvrir la portière du côté passager
- La classe ! Quel gentleman !
- Je t’en prie
Je m’installe sur un siège ultra confortable tandis que Vincent se remet derrière le volant.
- Cette voiture en jette, elle est magnifique
- N’est-ce pas ? Ce n’est rien de moins qu’une Ferrari 488 GTB
- En tout cas…
- Connais-tu la puissance du moteur ?
- Euh et bien…
- Et le système du freinage est impressionnant
Je n’ai pas besoin de préciser qu’on a passé tout le trajet à parler de son petit bijou sur roue. J’ai cru que j’allais m’évanouir d’ennui. Ce n’est pas vrai ! Comment peut-il penser que de savoir autant de détails sur sa voiture peut m’intéresser ?
Une fois arrivés au restaurant, il s’arrête enfin de parler de son bolide. On attend à l’entrée qu’on vienne nous placer à une table. Il faut dire qu’il a bien choisi l’endroit, c’est très agréable. Mais c’est sans compter sur ce moulin à parole qui relance la conversation
- Que fais-tu dans la vie ? Me demande-t-il
Jusqu’ici rien d’anormal
- Je suis en Master droit et toi ?
- Moi, je travaille dans l’entreprise familiale
- Ah oui ? Quelle entreprise ?
- Figure-toi que ma famille est à la tête d’une entreprise automobile de luxe…
Et c’est reparti pour un tour. Monsieur fait l’éloge de sa prestigieuse famille jusqu’à ce qu’il finisse par s’intéresser à ma personne pour savoir ce que font mes parents
- Mon père est avocat et ma mère tient une galerie d’art
- Fort intéressant, je connais peut-être le nom de ton père, quel est-il ?
- Euh… Alphonse Duvivier
- Ah, je ne connais pas
Hors de question de donner le vrai nom de mon père à un type aussi imbuvable ! On lui présente la carte des vins. Alors inutile de dire qu’il continue à me bassiner sur les différents vins qu’il connaît, les vignobles où il a mis les pieds. Quand il a enfin terminé, il se met à parler de ses voyages. Je commence un peu à m’intéresser à ce qu’il raconte. Je regarde pendant ce temps le menu, j’ai bien envie d’un canard laqué. Il en vient à parler de l’Italie. Qu’il a apprécié l’opéra Benvenito Cellini au Teatro dell’Opera di Roma. Il me parle des musées qu’il a adoré visiter. J’acquiesce et lorsque j’ai le temps d’en placer une, je lui parle d’un petit restaurant où j’ai mangé les meilleurs spaghettis à la sauce bolognaise que je n’ai jamais goûté à Rome justement.
- Je ne saurais pas te dire où il se trouve exactement, c’était tenu par un vieil homme, ça, je m’en souviens. On s’était perdu avec des amis. C’était peut-être dans une petite ruelle près de la Piazza Venezia, je ne suis pas sûre, en tout cas, c’était vraiment un régal. J’ai essayé de retrouver cet endroit mais rien à faire. C’est vraiment dommage
- Je ne saurais pas te dire, je ne mange que dans les grands restaurants…
Plus pompeux que lui, tu meurs
- Je ne sais pas si je te l’ai dit mais tu es très en beauté ce soir
- Non tu ne me l’as pas dit mais cela me fait plaisir
- Si cela te dit après le repas, on peut passer chez moi…
Et là, il pose sa main sur la mienne. Je la retire brusquement et je déclare
- Excuse-moi, il faut que j’aille me repoudrer le nez
Je me lève et je feigne de me diriger vers les toilettes, je scrute dans sa direction et je constate qu’il ne me regarde pas alors je profite du moment pour… filer vers la sortie.
Ce type est insupportable ! Hors de question que je finisse la soirée avec lui.
Si vous voyez une fille fuyant à toute allure en talon aiguille dans les rues de Bruxelles, ce ne peut être que moi !
Je vois un taxi passer, je me précipite vers la voiture
- TAXI ! Crié-je faisant signe des deux mains comme un naufragé perdu sur son île
Je monte dedans exténuée.
- Oh merci, vous me sauvez la vie, vous ne savez pas à quel point !
Je retourne chez Pauline reprendre mes affaires et lui rendre les siennes. Ensuite, je rentre chez moi. Je ne tiens pas à rester une minute de plus à Bruxelles.
Pour un premier rendez-vous depuis longtemps, on peut dire que je suis mal tombée. Quoi que ça aurait pu être pire, je dois l’avouer.
Au passage, je bloque son numéro. Je n’ai plus envie d’avoir de contact avec un type aussi imbu de lui-même. Il n’a qu’à mettre un miroir en face de lui et faire la conversation tout seul. Je suis sûre que ça le comblera de bonheur.