Au delà des apparences!

(suivez-moi sur mon blog: unedidobelle. be)

J'ai encore mal dormi cette nuit. Non seulement, je continue à faire ce cauchemar régulièrement mais en plus j'ai désormais du mal à m'endormir. Je dois pourtant me lever, j'ai un cours ce matin.

Je me prépare et je me rends à l’amphi’. Devant l'auditoire, je vois Alexandra assise sur un banc, attendant comme les autres étudiants pour entrer dans l'amphithéâtre. Grande, blonde aux yeux bleus, elle regarde son smartphone. Je m’assois à ses côtés et prends un peu de ses nouvelles. Charlotte ne suit pas ce cours-ci donc, je ne pense pas la voir de la journée.

Lorsque professeur arrive, on s’installe côte à côte dans l’amphithéâtre, j’essaye de suivre le plus sérieusement possible le professeur. Il est barbant mais assez vache en ce qui concerne les points aux examens, donc je tiens à rester attentive. Mais c’est sans compter sur deux pipelettes assises derrière nous qui n’arrêtent pas de jacasser sur les différents potins des célébrités. On est en Master, cependant, il existe toujours ce genre de personnes qui ne prennent aucune considération pour ceux qui travaillent. Alexandra soupire mais continue de prendre note sans broncher. J’essaye de ne pas trop me plaindre non plus, après tout, je peux être bavarde moi aussi quelques fois mais bon, je sais choisir mes moments au moins.

-         Mince, je n’ai pas compris ce qu’a dit le prof, je chuchote à Alex. Et toi ?

-         Moi non, je n’entends rien, déjà qu’il ne parle pas très fort, je trouve…

-         Je ne te le fais pas dire.

J’essaye de me retourner pour fixer les deux pies bavardes afin de leur faire comprendre qu’elles dérangent mais pensez-vous qu’elles vont s’arrêter, Oh que non! Si au moins, elles parlaient de choses sérieuses, comme d’autres cours, je pourrais à la limite comprendre mais là, ça dépasse tout entendement.

-         Selon moi, l’homme le plus sexy du monde, c’est Georges Clooney… Ou alors Keanu Reeves, lui, il me fait rêver

-         Moi, je préfère les hommes plus jeunes, dit la seconde, l’acteur qui fait Dereck Morgan ou peut-être bien Ian Somerhalder, c’est lui qui aurait dû faire Christian Grey !

-         Oui, je suis bien d’accord avec toi…Attends, je sais qui est l’homme le plus sexy du monde… regarde

-         Arthur de Bessange ! Oh oui, il est trop canon ! J’en ferai bien mon quatre heure si tu vois ce que je veux dire, tu crois qu’il a quelqu’un ?

Bon maintenant, ça suffit ! Trop, c’est trop. Je me retourne violemment et je balance sans ménagement

-         Taisez-vous ! On n’arrive plus à se concentrer avec vos bavardages !

Ces deux idiotes me regardent, ahuries, mais au moins cela a fonctionné, elles n’ont plus parlé pendant le restant du cours. Je dois dire que peu de gens savent que je suis la fille d’Arthur de Bessange. J’ai pris l’habitude de donner le nom de ma mère : Duvivier en me présentant et aussi, c’est le nom que j’utilise sur Facebook. Cela peut paraître étrange, c’est vrai, après tout, je devrais être fière d’être la fille d’un homme avec une telle notoriété mais je dois avouer que je ne me sens pas à l’aise à l’idée que tout le monde sache qui je suis. D’abord, parce que j’aurais l’impression de me vanter en le disant, ensuite la relation que j’ai avec mon père est tendue. Je ne sais toujours pas comment attirer son attention, si lui est fier de m’avoir comme fille… De toute évidence, cela l’importe peu alors, je ne vois pas pourquoi je devrais le porter aux nues.

Le cours enfin terminé, je rentre chez moi. A mon grand étonnement, quelques-uns de mes amis m’attendaient à la maison : Max, Claire, Marie et Charlotte se trouvent dans mon salon.

-         Salut les gars ! Mais qu’est-ce que vous faites tous ici ?

-         Tu t’étonnes ? On doit discuter de l’un des événements les plus attendus de l’année, répond Marie.

-         Quel événement ? je demande.

-         Ton anniversaire ! S’exclame Max.

-         Mon anniversaire ?

-         Oui ! Continue Charlotte. Chaque année tu mets le paquet ! A tes 18 ans, c’était Ibiza, à tes 20 ans, une virée à Saint Tropez. Cette année va falloir mettre la barre très haute.

-         C’est très gentil, les gars mais cette année, je préfère me contenter de quelque chose de simple. Une petite soirée entre amis quoi…

-         Oh non ! Mais pourquoi ? S’étonne Claire.

-         On n’est pas obligé de sortir le grand jeu chaque année…Sérieusement, je préfère une sortie tranquille entre potes et puis, c’est tout.

-         Bon et bien si tel est ton souhait, c’est ce qu’on fera, s’incline Max

Ma mère fait enfin son apparition dans le salon toute apprêtée pour sortir

-         Bonsoir Chérie, me dit-elle, comme tu le sais, je vais au restaurant puis au théâtre ce soir. Je t’ai laissé un peu d’argent sur la table si tu veux commander quelque chose ou sortir dîner avec tes amis. Pas de bêtises, promis ? Bon, je te laisse. Au revoir mon cœur !

Puis après avoir salué mes amis, elle s’en va.

-         Qui veut une pizza ? je propose.

Tout le monde semble emballer alors, je commande des pizzas et on passe une soirée tranquille rien qu’entre nous.

-         Vous savez ce qu’on devrait faire ? Suggère Max. Une ultime sortie avant la bloque.

-         Oui ce serait une idée, dis-je, passe-moi une autre part de pizza, s’il te plaît.

-         Tiens voilà ! Non mais, c’est vrai…Après, on ne pourra plus sortir avant longtemps donc, je pense qu’on devrait faire quelque chose.

-         Ce n’est pas faux, acquiesce Charlotte. Mais il y aurait qui ?

-         Bien, déjà nous tous, ta sœur, Claire.

-         Chloé ! Lâche Charlotte sans crier gare.

-         Chloé ? Demande Marie

-         C’est la jeune maîtresse du père d’Anne-Sophie !

-         Charlotte ! je m’insurge.

-          Et bien quoi ? Je ne pensais pas que c’était un secret d’Etat.

-         Ce n’est pas pour ça que je m’attendais que tu l’étales sur la place publique !

-         La fille de l’autre soir sort avec ton père ? S’étonne Max.

-         Elle est d’une banalité affligeante ! Commente Claire.

-         Vous l’avez vue ? Demande Marie toujours perdue.

-         Attends, je vais te montrer son profil Facebook.

Je fais défiler sur mon Iphone mes amis Facebook et je finis par tomber sur sa page, j’agrandis une de ses photos et je tends mon appareil à Marie pour qu’elle puisse voir.

-         Mon Dieu elle est d’un… Quelconque. Ton père me déçoit, lui qui est si…

-         Si quoi ? Dis-je, aux aguets.

-         Séduisant, c’est vrai, tu dois bien l’admettre.

-         J’avoue que je ne m’attendais pas à ce qu’il s’entiche d’une fille pareille mais bon, tous les goûts sont dans la nature, j’essaie de plaisanter. De toute façon, je n’ai pas envie qu’elle vienne avec nous.

La soirée se termine sans encombre. Mes amis rentrent chez eux un à un et moi, je finis par aller me coucher d’humeur maussade, j’aimerais pouvoir oublier tout ce qui se dit au sujet de mon père et je suis un peu étonnée de la réaction soudaine de Charlotte...

La semaine se déroule dans la bonne humeur. Mon père m’a appelée. Pour mon anniversaire, il compte m’inviter au restaurant du Crown Plaza. Cela me touche tout particulièrement ! Bien plus que cette sauterie que mes amis tiennent à organiser ce soir dans l’appartement. A part pour les cadeaux, je me moque de fêter mon anniversaire. Je ne sais pas ce que j’ai cette année mais mon cœur n’y est plus. Peut-être suis-je blasée de tout cela…Je ne crois pas, je dois dire que je ressens de la mélancolie en sachant que je prends une année de plus. J’ai 22 ans maintenant. C’est dingue comme le temps passe vite, je n’en reviens pas. Je sais, je suis encore jeune mais je n’ai pas envie de vieillir.

Couchée sur mon lit, j’écoute « Otherside » des Red Hot Chili Peppers. Ma mère me bassine pour que j’aille mettre la petite robe noire en satin de Liu Jo qu’elle m’a offerte pour l’occasion, prétextant que mes invités allaient arriver. Je ne suis pas du tout pressée. Cela dit, je finis par me plier à sa volonté et je vais me changer pour l’occasion. Charlotte arrive la première et me souhaite un Joyeux anniversaire (encore puisque mon anniversaire c’était mercredi) et me tend un petit paquet rose.

-         Merci beaucoup ! Qu’est-ce que c’est ?

-         Ouvre et tu verras.

J’ouvre le paquet à toute vitesse et je vois…

-         Un bandeau noir ? Mais pourquoi faire ?

-         A mettre sur tes yeux.

Ma mère vient vers moi et me tend ma pochette Chanel noire en ajoutant :

-         Amuse-toi bien !

Je prends le sac et mets le bandeau sur les yeux. Charlotte me guide jusqu’en bas et je monte dans une voiture.

-         Alors, tout le monde est prêt ? Dit la voix de Max.

-         C’est un Kidnapping donc, non je ne suis pas prête.

-         C’est parti ! jubile Charlotte.

Après un trajet qui m’a semblé interminable, on me fait descendre de la voiture et on me conduit à l’intérieur d’un bâtiment. Je le sais à cause de la différence de température. On finit par enlever mon bandeau et…

-         SURPRISE ! Crie tout le monde en cœur un verre de champagne à la main.

-         Ouah, je n’en reviens pas ! C’est dingue !

J’étais dans une salle remplie de toutes mes connaissances ! Le DJ baigne la salle d’une musique électro.

-         Je vous avais dit de ne pas organiser de soirée pourtant mais c’est vraiment fantastique ! Merci pour tout !

Je sers mes amis un à un. Je vais saluer le plus de monde possible. Je finis par danser, boire plus que de raison.

Au bout d’un moment, la salle est plongée dans le noir, seule une faible lueur nous éclaire. Tout le monde entonne la chanson « Joyeux anniversaire » et un gigantesque gâteau fait son apparition. Je souffle sur l’unique bougie au sommet de cette merveille et j’immortalise ce moment accompagné de mes fidèles amis en prenant des photos ici et là. Cette soirée d’anniversaire est incroyable ! C’est le mot juste pour décrire ce que je vis en ce moment.

Le lendemain, Charlotte et moi on se réveille complètement à la masse.

-         Je crois que je vais vomir… Dit-elle

-         J’ai mal à la tête… Je vais voir dans l’armoire à pharmacie après un cachet, t’en veux un ?

-         Non ça ira merci.

J’ai insisté pour que Charlotte dorme à la maison et puis comme depuis pas mal d’années maintenant, la tradition veut que je lui offre les cadeaux qui ne me disent rien, et à son anniversaire, c’est l’inverse. Je me dirige vers la salle de bain et je prends un Alka Seltzer. Après avoir pris le petit déjeuner, on va dans le salon déballer ce que j’ai reçu.

-         Un pull monstrueux, tu le veux ?

-         Je le prends !

-         Alors, ce parfum sent bon, je le garde…

Tout à coup, je vois un emballage sur lequel était écrit Chloé, j’en sors un petit sac ravissant de la marque. Je pousse un soupir.

-         Qu’est-ce qu’il y a ? Demande Charlotte

Je lui montre le sac. Elle l’examine sans comprendre immédiatement puis la pièce finit par tomber.

-         Je suppose que tu ne le gardes pas ?

-         Non, tu peux le prendre.

-         T’es sûre ? Parce qu’il est magnifique…

-         Sûre et certaine… Je me demande qui a bien pu m’offrir ce sac.

-         C’est de la part de ta Grand-mère, tiens.

-         Elle ne peut pas savoir…

Tout à coup, mon Iphone se met à sonner, c’est mon père. Je sors de la pièce pour prendre l’appel

-         Salut papa ! J’ai hâte qu’on se voie tout à l’heure…

-         Oui, Bonjour Anne-Sophie ! Justement, à propos de tout à l’heure, il va falloir qu’on reporte ce dîner, j’ai eu un imprévu. Je suis vraiment désolé. Je t’ai acheté un cadeau que ta mère doit te donner de ma part, je t’ai fait également un virement sur ton compte pour l’occasion. Je m’excuse encore une fois pour ce désistement. Je te promets qu’on se verra prochainement.

-         Il n’y a pas de souci, je comprends.

-         D’accord, je te laisse, j’ai des tonnes de choses à faire, je te souhaite encore un bon anniversaire.

-         Merci, au revoir.

Charlotte reste une bonne partie de la journée avec moi avant de rentrer chez elle. C’est avec ma mère finalement que je vais au restaurant. Elle me donne le fameux cadeau de papa. Ce n’est pas rien. C’est un collier de chez Tiffany. En rentrant à la maison, je vais dans ma chambre, me couche sur mon lit et regarde le collier que je viens de recevoir. Malgré tout ce qu’on a fait pour moi, malgré tout ce que j’ai reçu, je ressens une profonde tristesse en moi, j’essaie de me retenir car je me sens ingrate de ressentir cela mais dîner au restaurant avec mon père aurait valu tous les cadeaux du monde. En y pensant, je ne peux m’empêcher de pleurer…