Un monde d'Arcs-en -ciel

Chapitre 23 : Onodera K.O. !

Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/02/2012 11:02

Chapitre 23 : Onodera KO !


         Après le départ du président de l’ANT, Ayumi et Rei se précipitèrent sur Maya.
-Alors, petite sœur, raconte, comment c’était ?
-Oui-oui-oui, crache le morceau, comment c’était ?
-Eh bien c’était… c’était… Ouahou ! Je n’arrive même pas à trouver les mots pour le dire !
L’imitation que faisait Maya d’Ayumi était si parfaite que les trois filles furent prises d’un fou-rire. Puis Maya, un immense sourire aux lèvres dit à ses amies :
-Vous savez quoi, les filles ? Hier matin, j’ai eu dix huit ans !
-Oh, pardonne-moi, petite sœur chérie, j’avais complètement oublié !
-Ce n’est pas grave, parce que j’ai eu le plus merveilleux des cadeaux : l’amour de ma vie.
-Tu as raison, Maya chérie, aucun cadeau n’aurait pu être plus beau.
Kuronuma s’avança en tapant dans ses mains.
-Les enfants, la récréation est finie ! Maya-kun, tu as une idée pour demain. Tu veux bien m’en dire plus ?
Ils s’éloignèrent pour en discuter.
-Eh bien, j’ai pensé au dieu de l’eau, Ryuujin. Il serait furieux contre les humains qui ne respectent pas son eau, qui la polluent, la détournent, l’entravent et y jettent leurs déchets.
-Génial ! Tu es géniale, Maya-kun ! Mais pourquoi la chute d’eau ?
-Parce que, j’ai pensé me cacher derrière, puis sortir pour exprimer la colère de Ryuujin en la traversant. Ça serait bien, non ?
Son instinct m’étonnera toujours. Utiliser la puissance de la cascade pour augmenter celle de sa prestation, c’est brillant, même si ce n’est pas calculé !
-Parfait. Écrivons ensemble ton texte, puis tu me montreras comment tu vas le jouer.
Pendant ce temps, Onodera s’était approché d’Ayumi.
-Alors, Ayumi-kun, quelle est ton idée pour demain ?
-Eh bien, j’ai pensé à la scène de La petite sirène où elle se transforme en femme par amour pour son prince.
-C’est tout à fait parfait ! Eh bien, je te fais confiance. Tu seras fabuleuse, comme toujours. Travaille bien, Ayumi-kun !
Et il s’éloigna en se pavanant, bien content de profiter de vacances généreusement offertes par la Daito.
-Tu as vu ça ? Non, mais quel pignouf ! Rei, ma chérie, mon cœur, mon amour, ma vie… tu ne voudrais pas m’aider à le noyer dans la rivière ?
-Ce serait avec grand plaisir, Ayumi chérie. Mais outre le fait qu’il soit un peu trop lourd, nous risquerions de menus ennuis. À tort, hélas, la loi lui concède le droit de vivre !
Soudain, Rei réalisa quelque chose.
-Mais, dis-moi, Chérie. La petite sirène… tu vas te montrer les seins nus ?
-Tu as déjà vu une sirène porter un soutien-gorge ? Mais c’est de l’art, il n’y a là rien de choquant.
-Moi ça me choque ! Devant tous ces hommes au regard libidineux !
-Ne sois pas jalouse, ma chérie. Tu sais bien qu’ils n’appartiennent qu’à toi.
-C’est vrai, mais…
Elle n’eut pas à en dire plus. Ayumi lui prend la main et c’est en riant qu’elles courent à l’auberge dans la chambre de Rei. Ayumi mit beaucoup d’ardeur à rassurer Rei sur ses sentiments et le bruit de leurs ébats amoureux en scandalisa plus d’une et en excita plus d’un. Ce  n’est que bien plus tard qu’elle commença à répéter pour sa prestation du lendemain.
         Le lendemain eurent lieu les présentations de l’eau. La plastique irréprochable d’Ayumi donna de fortes émotions aux juges et sa prestation les ravit. Lorsqu’elle sortit de l’eau, Rei se dépêcha de la recouvrir d’une grande serviette de bain, au grand désappointement du public masculin. Maya alla la féliciter chaleureusement. Puis ce fut au tour de Maya. Cachée derrière la cascade, elle fit entendre un son qui glaça le sang des juges. Puis, émergeant lentement de la cascade, elle exprima avec une voix puissante la fureur du dieu Ryuujin envers les humains. Les juges se demandaient comment une voix aussi puissante pouvait émaner d’un corps aussi fluet. Maya leur avait fait une forte impression. Pour le jeu de la terre, Ayumi et Maya firent preuve d’originalité et d’imagination.
Ensuite vint enfin la représentation de la scène où la Nymphe Écarlate est réveillée par les guerres des hommes. Ayumi y mit toute sa technique, toute son  expérience ainsi que sa finesse et sa grâce. Sa nymphe, qui ressemblait plus à un ange qu’à une déesse, enchanta les juges. Puis ce fut au tour de Maya. Lorsqu’elle commença à dire son texte, les juges en eurent le souffle coupé. Sa voix avait quelque chose de surnaturel. Ce n’était plus l’actrice qu’ils voyaient, mais la nymphe en personne. De surprise, Onodera en laissa tomber sa pipe qui se brisa sur le sol. Seuls Kuronuma, Ayumi et Rei ne montraient aucune surprise. Ils connaissaient la faculté de transformation de Maya. À l’issue de ces épreuves, Maya et Ayumi avaient obtenu le même nombre de point. C’était donc la représentation de la pièce elle-même qui emporterait la décision. Tout le monde quitta donc la Vallée des Pruniers.
Dès son retour à Tokyo, Masumi proposa à Maya de s’installer dans sa villa d’Izu. Il mit à sa disposition une de ses voitures et son chauffer. Maya accepta avec joie. Être avec Masumi tout le temps suffisait à son bonheur, quel que soit l’endroit. Ce cafard d’Onodera, quant à lui, se hâta d’aller voir Eisuke pour le mettre au courant de la liaison de son fils.
-Qu’est-ce qui vous tracasse, Onodera-san, ce n’est pas la première fois qu’il a une petite aventure. Il s’en lassera bien vite.
En fait, ce qui inquiétait Onodera, c’est que ce fut Maya. Il savait à quel point elle le haïssait.
-Mais, Kaichô, vous savez qu’elle me déteste, je crains qu’elle n’influence Masumi-kun et…
Eisuke éclata de rire.
-Vous n’avez rien à craindre, vous savez que vous avez mon soutien quoiqu’il arrive !
Onodera partit rassuré. Avoir le grand patron dans sa poche était bien utile !
         Des auditions furent organisées pour le rôle d’Isshin, le sculpteur dont la nymphe tombait amoureuse. Tout logiquement, Kuronuma choisit Yuu. L’équipe Maya-Yuu avait parfaitement fonctionné dans La Jungle Oubliée, il pensa qu’il en serait de même pour La Nymphe Écarlate. Quant à Onodera, à l’ahurissement général, il choisit Akame Kei. C’était un acteur chevronné d’une quarantaine d’années, dont le talent était, certes, indiscutable, mais dont la réputation était plutôt sulfureuse. Ayumi était atterrée. Avoir Onodera comme metteur en scène n’était déjà pas une sinécure. Mais avoir ce vieux machin comme partenaire, ça dépassait les bornes ! En plus, dès la première répétition, il avait essayé de tirer la couverture à lui alors que son rôle était quasiment secondaire ! Et pour couronner le tout, il se permettait des gestes déplacés sur les filles de la troupe ! Elle fulminait ainsi pendant une pause tout en se dirigeant vers le vestiaire des filles. En passant devant le bureau d’Onodera, elle vit, par la porte entrouverte, une scène qui lui donna la nausée. Onodera embrassait goulûment Akame tout en lui caressant vigoureusement un endroit que la décence m’interdit de préciser. Ayumi se hâta d’arriver dans le vestiaire des filles, prit son portable et appela Rei.
-Rei, ma chérie, cette nuit, soit très, très, très tendre avec moi… Oui, tu l’es toujours, mais sois le encore plus. J’ai une horrible vision à me chasser de l’esprit !
Puis elle réfléchit. Yuu lui avait dit qu’il trouvait Onodera un peu trop « collant ». C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il avait quitté Ondine.
Il va toujours dans le vestiaire quand les garçons se changent, et même dans les douches, où il se permet de leur donner des petites claques sur les fesses. Le vieux phoque doit aimer la chair fraîche ! Et l’autre qui pelote les filles pour donner le change ! Mais attends, mon bonhomme, cette fois, je te tiens ! Je vais pouvoir tenir la promesse que je m’étais faite lors du concours de théâtre il y a quatre ans ! Tu vas le payer très cher !
Après la pause, elle prit Onodera à part.
-Onodera-san, j’ai un grand, un immense service à vous demander.
-Tout ce que tu voudras, Ayumi-kun. Tu sais que je ne peux rien te refuser.
-Dans ce cas, c’est simple. Vous allez démissionner.
Onodera s’étouffa de rire. C’était vraiment trop drôle !
-Ta plaisanterie est vraiment hilarante. Mais maintenant soyons sérieux. La répétition va reprendre.
-Elle reprendra sans vous. Je vous ai vu tout à l’heure avec Akame-san dans votre bureau par la porte entrebâillée. Dois-je préciser ce que vous y faisiez ?
Onodera blêmit. Dans la précipitation du moment, il avait oublié de fermer la porte.
-Imaginez que je me mette à crier : « Hé, les gars, devinez ce que j’ai vu tout à l’heure ? ». Comment croyez-vous que réagiraient ces jeunes gens ? Certains sont encore mineurs et je veillerai à ce qu’ils portent plainte contre vous. Je ne vous parle même pas des journalistes qui laissent traîner leurs oreilles dans les couloirs. Imaginez les titres des journaux !
Onodera suffoquait. Tout son monde était en train de s’écrouler. Même le vieux Hayami ne pourrait rien pour lui.
-Alors, Onodera. Choisissez, une sortie honorable ou un renvoi infâmant ? Et emportez votre mignon avec vous. Je ne peux plus le voir !
-C’est bon, tu as gagné. Je m’en occupe tout de suite.
Une heure plus tard, Masumi accepta avec un plaisir non dissimulé la démission d’Onodera et celle d’Akame. Un peu plus tard dans la soirée, Ayumi vint le voir.
-Hayami-san, vous avez reçu les deux démissions ?
-Alors c’est toi qui as réalisé cet exploit ? Bravo ! Comment as-tu fait ?
-Je ne peux pas vous le dire, mais je vous jure que ça vaut son pesant d’or !
-Bien, j’ai le metteur en scène qu’il te faut. Tout le contraire d’Onodera. Il est rigoureux, exigent avec les acteurs et il n’hésitera pas à voir le moindre de tes défauts et t’aidera à les corriger. Tu vas sûrement l’apprécier. As-tu une idée pour le jeune premier ?
-Eh bien, Yuu-kun étant déjà pris, je verrai bien Satomi-kun ou Majima-kun.
-Pour Satomi-kun, en contrat avec une production américaine, ça risque d’être long et compliqué. Par contre, aucun problème pour Majima-kun. Il s’était d’ailleurs présenté aux auditions. Tu les auras au plus tard après-demain.
-Vous saviez que ces trois jeunes gens étaient tombés amoureux de Maya ? Il faut croire qu’elle a un charme particulier. Mais c’est vrai qu’elle est adorable, n’est-ce pas ?
-Tu as raison. Elle est vraiment adorable…
Comme l’avait promis Masumi, deux jours plus tard un nouveau metteur en scène et le jeune Ryou firent leur apparition dans la troupe Ondine. Le metteur en scène plut tout de suite à Ayumi. Entre deux âges, aussi mince qu’Onodera était gras, ni béret, ni lunettes de soleil, ni pipe pour se donner un genre. Dès la première répétition, elle put apprécier son savoir faire et sa rigueur.  Il était du genre à traquer la moindre fausse note.
Avec lui, je vais pouvoir progresser. Maya, ma chérie, accroche-toi bien ! Je ne vais pas tarder à te rattraper.
Lorsqu’elle jouait la scène d’amour d’Akoya, Ayumi pensait à Rei et son regard débordait d’amour. Ce que voyant, Ryou fit avec Ayumi la même erreur qu’avec Maya. Il tomba amoureux d’Akoya. À croire que son expérience avec Maya, lorsqu’elle jouait Catherine, ne lui avait servi à rien. Ayumi s’en aperçut et préféra mettre tout de suite les choses au point.
-Ne t’y trompe pas, Ryou-kun. Ces regards plein d’amour ne s’adressent pas à toi, mais à elle.
elle ? Que veux-tu dire par là ? Tu serais donc…
-Mais oui, mon cher. De quel trou perdu sors-tu ? Tout le monde sait cela. Je ne m’en cache pas, comme certaines. Mais cela ne me gêne pas que tu sois amoureux d’Akoya, tant que ce n’est pas de moi !
-Bon, excuse-moi. Je n’ai même pas eu à me faire jeter, cette fois. Je te promets de faire mon possible pour interpréter l’Isshin le plus parfait qui soit.
-Mais j’y compte bien. C’est nécessaire si je veux vaincre ma rivale ! Au fait, tu sais au moins qu’on va rivaliser avec Maya et Sakurakouji-kun ?
Dans le théâtre où répétait Maya, une scène quasi analogue de déroulait.

 

À suivre
 

 

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