Un monde d'Arcs-en -ciel
Chapitre 06 : La finale
Contre toute attente, la troupe Tsukikage a égalé Ondine à la première place. Chigusa prépare activement la représentation qu’elle donnera à la finale du Concours National qui doit se dérouler à Nagoya.
-Pour le Concours National de Théâtre, nous allons jouer : Gina et les cinq jarres bleues. C’est une pièce à suspense qui se déroule dans une maison isolée dans une forêt. Pour le rôle principal : Kitajima Maya.
Tout le monde approuva ce choix, Maya ayant fait la preuve de son talent. Seuls deux jeunes acteurs faisaient la tête.
-Il n’y en a que pour elle. Nous sommes tout juste bons pour les seconds rôles, et encore…
Les répétitions allèrent bon train, et, cinq jours avant le début de la finale, la troupe prit le train pour Nagoya. Rei lisait dans le journal les appréciations sur les troupes concourantes.
- Les favoris sont la troupe Ondine de Tokyo et la troupe Ikkakujuu d'Hokkaido...
Après un petit temps d’arrêt, elle reprit :
- Ahem...il est écrit ici que la troupe Tsukikage de Tokyo, qui partage la première place avec Ondine pourrait être un sérieux challenger ! Autant dire que nous sommes aussi favoris !
-Alors il nous faudra gagner pour ne décevoir personne.
C’était Taiko qui avait dit cela d’un air désabusé. Une fois arrivée, la troupe monta dans le bus qui devait les conduire à l’auberge. Dans le bus, Maya remarqua par la fenêtre un groupe de jeunes gens qui avaient fait le voyage en train avec eux, et qui partaient à pied. Ils arrivèrent enfin à l’auberge. Les filles n’étaient pas rassurées. Derrière l’auberge se trouvait un temple, donc très probablement aussi un cimetière. Après avoir pris leur bain, les filles virent avec étonnement les jeunes gens qui avaient voyagé avec elles arriver près de l’auberge, toujours à pied. Le lendemain, très tôt le matin, elles furent réveillées par des voix à l’extérieur. C’étaient les mêmes jeunes gens qui faisaient des exercices physiques. Un peu plus tard, elles allèrent les voir de plus près, intriguées par les préparatifs qu’ils faisaient.
-Qu’est-ce que vous voulez ?
- Nous nous demandions simplement ce que vous faisiez.
Les autres garçons du groupe s’étaient approchés pour les voir.
-Dépêchez-vous de vous remettre au travail, vous autres ! Sinon on ne sera pas prêts pour jouer.
-Alors vous êtes aussi des acteurs ?
-Oui, nous sommes la troupe Ikkakujuu d’Hokkaido.
-Vous êtes l’une des favorites !
-Il paraît, oui. Surprenant, non ? Ravie de vous rencontrer.
- Je suis le directeur Hotta. Nous ne sommes pas beaucoup pour une troupe, mais c'est sympa de vous rencontrer. Et cette frêle jeune fille est mon assistante, Ninomiya Keiko, la seule fille de la troupe.
Soudain, Keiko vit Rei et se mit à rougir. Confuse, elle détourna la tête.
- Elle n'a jamais vu un mec aussi beau que toi avant... Alors elle se sent nerveuse.
Les filles éclatèrent de rire. Mina, toujours en riant, lui dit :
-En réalité, ce beau jeune homme est… une fille !
Après un moment d’étonnement, toute la troupe éclata de rire à son tour. Tout en riant avec ses collèges, Keiko ne pouvait détacher son regard de Rei. Fille ou garçon, elle se sentait inexplicablement attirée, et cela la troublait.
Pourtant je ne suis pas… alors, je ne comprends pas… pourquoi elle m’attire autant ?
Avant le début du Concours, on annonça l’ordre de passage des troupes.
-Le premier groupe à passer sera le représentant de Hyogo, la troupe Hanabusa. Puis le représentant de Kanagawa, la troupe Yokohama. Le troisième groupe sera notre équipe d'Hokkaido, la troupe Ikkakujuu.
Après une longue énumération, on annonça la troupe Ondine pour le quatrième jour et Tsukikage le sixième jour. Maya s’étonnait de ne voir aucun membre de la troupe Ondine dans la salle. En rentrant à l’auberge, les filles apprirent qu’aucun membre de la troupe Ondine n’avait quitté leur hôtel depuis leur arrivée. Le lendemain, la troupe se rendit au théâtre pour organiser leurs répétitions sur scène. D’une salle solidement gardée, la troupe Ondine sortit après sa répétition. Ayumi avait les traits tirés et semblait épuisée. Elle faillit s’évanouir et fut rattrapée de justesse par Yuu qui se tenait derrière elle. En voyant cela, Maya quitta la salle en courant.
Mais qu’est-ce que j’espérais ? Ayumi est beaucoup plus belle et talentueuse que moi. C’est normal qu’il s’intéresse à elle. Ils sortent sûrement ensemble !
Le soir, Chigusa trouva Maya seule dans le jardin : elle semblait perturbée.
-Que se passe-t-il, Maya ? As-tu encore peur d’Ayumi-san, ou est-ce plutôt à propos de Sakurakouji-kun ?
-Je suis une personne si ordinaire et si ennuyeuse… Pourquoi s’intéresserait-il à moi ?
-Lorsque tu es sur scène, personne ne te trouve ordinaire ni ennuyeuse. Sur scène, tu peux prendre d’autres personnalités, vivre des milliers de vies différentes. Les gens ordinaires n’ont droit qu’à une seule vie. C’est ton privilège d’actrice.
Mon privilège d’actrice… Sur scène, je suis vraiment vivante.
Les premières représentations arrivèrent enfin. Les filles s’étaient rendues au théâtre pour assister à la pièce de la troupe Ikkakujuu. Dans le hall, Maya bouscula quelqu’un. Levant les yeux, elle vit que c’était Yuu.
-Yu-Yuu-kun !
-Nous y sommes enfin, Maya-chan.
-Oui. Euh... Je suppose qu'être toujours sur scène avec Ayumi-san... signifie que vous devez être assez proche... et peut-être même…
À ces mots, Yuu éclate de rire. En effet, toujours préoccupée par le théâtre, Maya n’avait jamais vraiment fait attention à lui.
- Qu'y a-t-il de si drôle ?
- C'est la première fois que tu parles de moi dans une conversation. Ça me fait tellement plaisir ! Tu sais…
Il lui prend les deux mains et la regarde droit dans les yeux.
-Tu sais, quand je t’ai vue la première fois, je suis tout de suite… je suis tout de suite tombé amoureux de toi. Alors, quoiqu’il arrive entre Tsukikage et Ondine, n'oublie jamais ce que je viens de te dire. Bien, à plus !
En rentrant dans la salle, Maya était sur un petit nuage.
La pièce interprétée par la troupe Ikkakujuu était un conte fantastique dans lequel le rêve et la réalité se chevauchaient sans qu’on puisse en définir les limites. Leur prestation fut chaleureusement applaudie par le public et appréciée par le jury. En sortant du théâtre, Onodera, qui avait repéré les deux acteurs mécontents de la troupe Tsukikage, les aborda.
-Hé, les jeunes ! Je peux vous parler un moment ?
Il les emmène dans un café et leur propose de les prendre dans la troupe Ondine, où ils pourraient donner toute la mesure de leur talent. Pour ces jeunes, c’était inespéré.
-Mais il faudra me donner une preuve de votre loyauté.
-Nous ferons tout ce que vous voudrez, quoique ce soit.
-Bien. Alors dans ce cas…
Le quatrième jour, c’est au tour de la troupe Ondine. Dans sa pièce, Ayumi jouait le rôle de la fille d’un aristocrate ruiné. Comme il fallait s’y attendre, son jeu était parfait.
Elle si bonne ! J’aurai bien du mal à l’égaler. Mais cette fois, j’accepte le combat. Vas-y, Maya !
À la fin de la pièce, le public fit une véritable ovation à la troupe. Masumi était arrivé un peu avant la fin de la pièce, théoriquement pour voir comment se comportait la troupe Ondine, propriété de la société Daito. Mais en fait, il venait surtout pour voir jouer Maya.
-On dirait que notre troupe s’en sort bien, n’est-ce pas, Onodera-san ?
-Nous gagnerons le Concours, sans problème !
-Vous oubliez la troupe Ikkakujuu qui était aussi favorite, sans parler de la troupe Tsukikage qui a égalé Ondine aux éliminatoires.
-Au mieux, Ikkakujuu arrivera seconde. Quand à Tsukikage, ne vous en faites pas, je m’en suis déjà occupé.
Qu’a-t-il encore manigancé, cette vieille fripouille ? Je crains le pire pour Maya et sa troupe.
Effectivement, rien de pire ne pouvait arriver. Dans la nuit du cinquième au sixième jour, deux ombres se faufilèrent dans le camion qui contenait les costumes, les décors et les accessoires de la pièce. En se levant le matin, Maya et ses amies virent avec horreur que le camion avait été vandalisé. Les costumes, les décors et les accessoires avaient été détruits et gisaient sur le sol.
Chigusa était catastrophée. Comment faire pour jouer sans tout cela ? Tout semblait perdu. C’est alors qu’on entendit des coups. Maya, les larmes aux yeux, tentait de réparer les décors à l’aide d’une pierre.
-Maya a raison. Nous ne devons pas baisser les bras. Nous avons le temps de réparer tout ce qui peut l’être encore.
La troupe Ikkakujuu, arrivée entre temps, se proposa de les aider. Les décors, ils connaissaient. C’était toujours eux qui confectionnaient les leurs. À ce moment là, le miracle se produisit. Leur logeuse avait téléphoné à son fils, professeur dans un lycée voisin et responsable du club de théâtre. Il était disposé à leur prêter tout ce dont ils avaient besoin pour leur pièce. Le lycée se trouvant à une heure de route en voiture, ils avaient largement le temps d’y aller et d’être de retour bien avant le lever de rideau. Maya, dont le costume avait, par miracle, échappé au massacre, préféra rester pour amener leurs affaires au vestiaire. Le reste de la troupe partit donc, ayant prévu d’être de retour avant midi.
Maya et Chigusa se rendirent au théâtre. Ce que Masumi entendit dans le hall lui glaça le sang.
-C’est terrible, Maya-chan. Comment allez-vous faire maintenant que tous vos décors et vos costumes ont été détruits ?
C’était donc ça, son plan. Malheureusement, je ne peux plus rien faire à présent. Quelle lâcheté de sa part !
Le temps passait et la troupe n’était toujours pas revenue. De plus, il commençait à pleuvoir. Les deux vandales qui avaient saccagé le camion dans la nuit étaient au volant. Pour s’assurer que la troupe ne pourrait pas jouer, ils simulèrent une panne. La troupe se trouvait coincée au milieu de nulle part sur une route de montagne.
Au théâtre, on vint avertir Chigusa que si sa troupe n’était pas prête avant deux heures, elle serait forcée de déclarer forfait. À ce moment là, Masumi voit Maya qui attend dehors sous la pluie le retour de sa troupe. Il se précipite et lui met sa veste sur la tête pour la protéger de la pluie.
- Tu vas attraper froid. Tu devrais rentrer, sinon tu vas tomber malade.
-Laissez-moi tranquille ! Vous devez être content de ce qui nous arrive, n’est-ce pas ?
-Oui, tu as raison. Vous étiez un concurrent sérieux pour Ondine. Ça nous arrangent que vous ne puissiez pas jouer.
-Vous êtes horrible. Je vous déteste, jamais je ne vous le pardonnerai.
Elle lui lance sa veste au visage et s’enfuit.
Maya, je suis désolé de te jouer cette comédie. Mais tu ne me croirais jamais si je te disais que je n’y suis pour rien.
De retour dans la loge, elle avisa Chigusa que les autres n’étaient toujours pas là.
-Il vous reste 10 minutes. Passé ce délai, vous devrez vous retirer de la compétition.
À ce moment là, Keiko et Hotta arrivèrent.
-Attendez, s’il vous faut des décors, nous avons réparé la plupart des vôtres.
-Merci, Keiko-san, Hotta-san. Nous vous en sommes infiniment reconnaissantes. Il ne manque plus que le reste de la troupe.
-C’est l’heure, Tsukikage-san. Vous ne pouvez toujours pas jouer, c’est donc fini pour vous.
-Je crois que… nous n’avons plus le choix.
-Attendez ! Sen’seï, je vais le faire. Laissez-moi monter seule sur scène. Même si j’échoue, je dois le tenter. Je ne veux plus fuir, comme pour Midori. Je veux me battre, même si je n’ai qu’une chance sur cent de réussir.
-Maya, tu as raison. Il faut le tenter. Si quelqu’un peut le faire, c’est bien toi.
Peu après, dans la salle retentit la sonnerie annonçant la prochaine pièce. À l’annonce de la pièce de la troupe Tsukikage, Onodera faillit s’étouffer. Comment pourraient-ils jouer alors qu’ils n’avaient plus ni décors, ni costumes et que la troupe était coincée dans la montagne ? Ayumi, voyant la tête que faisait Onodera, comprit qu’il était à l’origine des ennuis de la troupe Tsukikage. Elle n’avait pas apprécié ce qu’il avait fait pour les éliminatoires, mais là, il avait dépassé les bornes.
Un jour, je vous le ferai payer très cher. Vous n’aviez pas le droit de faire ça. Je voulais un combat loyal contre Maya !
Le rideau se lève, et on ne voit que Maya sur scène. D’abord étonné, le jury et le public se laisse peu à peu prendre au jeu, si bien que l’absence des treize autres personnages ne se fait pas sentir. Bien sûr, Maya doit improviser pour pallier à l’absence des autres acteurs, mais elle le fait avec une telle maîtrise qu’on pourrait croire que cela avait été préparé bien avant.
Étonnant ! Quelle présence sur scène, quel génie de l’improvisation ! Dire qu’il y a un an à peine, tu ne savais même pas ce qu’était une pantomime Je te savais talentueuse, mais je n’imaginais pas que c’était à ce point. J’ai hâte qu’on se retrouve sur scène dans un combat loyal, cette fois !
À l’entracte, Maya apprit que les autres n’étaient toujours pas arrivés.
-Sen’seï, je pense m’en être bien tiré jusqu’à présent. Je vais essayer de continuer comme ça.
Elle remercia la troupe Ikkakujuu qui avait assuré le bruitage et les effets spéciaux, puis retourna sur scène après l’entracte. Son jeu était si expressif et vivant que le public arrivait à imaginer les autres personnages. Lorsque le rideau fut baissé, un grand silence se fit dans la salle. Puis un spectateur se leva et se mit à applaudir, suivi rapidement par tous les autres. L’ovation que reçut Maya fut de loin supérieure à celle qu’avait eue la troupe Ondine.
Maya, tu as été époustouflante. Onodera c’est encore planté dans toutes les largeurs. J’espère que le jury sera du même avis que le public.
Épuisée par l’effort qu’elle avait fourni, Maya s’était endormie dans la loge. C’est là que la retrouvèrent les filles qui avaient finalement pu rentrer.
Le lendemain, les résultats du concours furent annoncés.
-Les juges n’ayant pas fini de délibérer, voici les votes du public : troisième, la troupe Ondine avec Le château Ashen. Seconde, la troupe Ikkakujuu avec Destin. Et enfin, première la troupe Tsukikage avec Gina et les cinq jarres bleues.
Rei et les filles félicitèrent chaleureusement Maya, qui n’en croyait pas ses oreilles. Mais Chigusa ne semblait pas partager cette joie.
-Que se passe-t-il, Sen’seï ? Vous n’avez pas l’air satisfaite.
-Le vote du public ne compte pas pour le concours. Nous risquons même d’être disqualifiées.
Lorsqu’on amena au speaker le résultat des délibérations du jury, Onodera se leva.
-Un instant, je vous prie. Je voudrais que le jury reconsidère la prestation d’une des troupes. La troupe Tsukikage n’a pas produit la pièce qu’elle avait annoncée. Au lieu des quatorze personnages de la pièce, nous n’avons vu que celui de Gina, et l’actrice qui l’a interprété s’est permis de couper des lignes et d’en ajouter à sa convenance. En conséquence, cette troupe devrait être disqualifiée.
Le raisonnement d’Onodera était justifié et les juges furent contraints de reconsidérer leurs votes. Le résultat final fut enfin annoncé.
-Troisième, la troupe Ohagi avec Fukurokouji. Seconde, la troupe Ikkakujuu avec Destin. Et le gagnant du concours est la troupe Ondine, avec Le château Ashen. En ce qui concerne la troupe Tsukikage, sa représentation a enfreint trop de règles conventionnelles, entraînant sa disqualification.
Maya était effondrée et ne pouvait s’empêcher de pleurer. Avec Rei, elle rencontra Masumi qui lui tendit son mouchoir.
-La superbe actrice qui a tenu en haleine le public pendant toute la pièce n’est plus que l’ombre d’elle-même une fois sortie de scène ?
-Je refuse d’utiliser votre mouchoir ! Laissez-moi tranquille !
À ce moment là passa la troupe Ondine. Ayumi s’avança vers Maya et lui prit la main.
-Je te félicite, Maya. J'attends avec impatience notre prochaine rencontre sur scène. Et cette fois, je ne perdrai pas.
-Mais, Ayumi-san, tu n’as pas perdu. Au contraire.
-Pour ce qui est du talent, c’est vrai. Mais c’est toi que le public a choisie en premier. Et à mes yeux, l’avis du public est plus important que celui du jury. Ma prestation est sûrement déjà oubliée. Mais ton exploit restera longtemps dans les mémoires.
-Merci, Ayumi-san. Venant de toi, ces mots me touchent beaucoup.
En s’éloignant, Ayumi se posait des questions. Elle avait vu Maya dans les bras d’un jeune homme. Elle ignorait que Rei était une fille.
Serait-ce son petit ami ? Je croyais qu’elle avait un faible pour Yuu-kun, qui est raide-dingue d’elle ! En tout cas, il est vraiment superbe ce garçon. Elle en a de la chance !
De son côté, Rei avait pu voir Ayumi de plus près et était fascinée par sa beauté.
C’est vraiment une fille superbe. Si j’étais un garçon… Mais qu’est-ce que je raconte ? Je ferai mieux de m’occuper de Maya plutôt que de penser de pareilles inepties !
Les deux vandales allèrent voir Onodera pour qu’il les intègre à la troupe Ondine, comme il l’avait promis.
-Et vous m’avez cru ? Vous n’êtes pas seulement naïfs, vous êtes stupides. Prendre deux ganaches comme vous dans ma troupe, vous rêvez !
Et il partit en éclatant de rire. Les deux jeunes étaient coincés. À qui se plaindre sans se dénoncer eux-mêmes ? De plus, ils avaient déjà annoncé leur départ de la troupe !
De retour à l’école, les filles avaient le moral dans les chaussettes. Maya monta sur la terrasse où se tenait Chigusa. Très bientôt, il lui faudrait quitter cette école qui ne lui appartenait plus.
-Sen’seï, c’est de ma faute. Pardonnez-moi.
-Non, Maya. Tu as superbement bien joué. Acceptons cette défaite avec philosophie.
Maya se précipite dans les bras de Chigusa.
-Mais Sen’seï, je veux continuer à jouer. Je veux rester avec vous. Je travaillerai à mi-temps afin de ne pas être un fardeau pour Sen'seï ! Vous avez tant à m’apprendre encore.
Les filles étaient elle aussi montées sur la terrasse.
-Tu n’es pas la seule, Maya. Nous aussi, nous voulons rester avec vous, Sen’seï.
- Si nous travaillons toutes ensemble, nous pouvons faire de grandes choses !
- Nous voulons continuer à jouer avec vous.
- Nous vous en prions, Sen’seï, acceptez ! Nous ferons revivre la troupe Tsukikage !
-D’accord. Merci, les enfants. Je crois en vous, nous réussirons.
En perdant le concours, Chigusa avait perdu non seulement sa troupe et son école, mais aussi son hôtel particulier de Yokohama.