Double boucle temporelle

Chapitre 5 : Répétition, prise quatre

Chapitre final

1343 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 7 jours



7 novembre 2008, sauf que Jim Clancy et Carl Neely pensent qu’il s’agit du 10 novembre 2008.



Département de police, Grandview, 19 h 15.


Dans son bureau au B 123, Carl Neely, un trentenaire sérieux, détective policier depuis plusieurs années, est assis sur la chaise de son bureau. Il doit faire son quart de nuit. Pour passer le temps, il lit à la lumière d’une ampoule le rapport qu’il a rédigé la veille, sur une enquête de la semaine passée sur un homicide à Grandview. Sauf qu’il trouve bizarre d’avoir des souvenirs d’avoir déjà lu le rapport. Avant même de le lire, il le range sagement dans un tiroir de son bureau. Il sait que s'il reçoit un appel téléphonique, c’est soit de Jim, soit de Melinda, pour lui dire qu’un homme armé et ivre est une cabane dans le bois rattachée au chalet du 120, près du lac Morton, à l’est de Grandview. 

Pour éviter un appel répétitif, se dit-il à lui-même, je prends une tasse de café… En espérant que personne n’a saboté ma machine à café… J'amène Sam, Dan et John… qui ont aussi leur quart de soir, il me semble… avec moi

Content de son idée, Carl se sert une tasse de café, car il a une machine dans son bureau, avale en vitesse la boisson puis sort de son bureau pour chercher ses collègues dans leurs bureaux. Malgré quelques minutes de discussions en raison de l’étonnement des collègues, il parvient à les convaincre en leur faisant croire qu’il a reçu un appel d’un ami. Les policiers, par paire de deux, embarquent dans deux véhicules. Carl leur dit la location et ils s’y rendent aussitôt.




120, près du lac Morton, dans les environs de Grandview, 19 h 15.


Jim Clancy, un homme vers la trentaine, yeux bleus brillant de joie à l’idée d'éviter à Tricia, son amie d’enfance, un mariage avec un escroc, range les chaises pliantes louées pour l’occasion. Il est simplement vêtu d’une chemise bleue à carreaux – dont il a retroussé les manches longues par le réchauffement des muscles de ses bras sous l’effet de la même action machinale de plier les pattes des chaises pour ensuite en apporter plusieurs dans le coffre de sa voiture – et d’un pantalon jeans. Il arrête son geste lorsqu’il aperçoit du coin de l’œil une petite lumière dans la petite cabine en bois à quelques mètres de lui. Jim fronce des sourcils, intrigué.

Qui a bien pu se cacher dans cette cabine à une heure si tardive ? Malgré que tout le monde a quitté le chalet, Hunter Clayton, alias Robert Je-ne-sais-quoi est là… Il se cache dans la cabane… Bizarre d’avoir déjà vécu cet épisode et d’avoir déjà eu ces pensées… Je ne dois pas entrer dans la cabine ! Hunter Clayton s’y trouve, ivre et armé… Il attend, sans doute dans l’espoir que Tricia change d’idée et se décide à célébrer leur mariage… Il attend alors en vain… Ah ! Je devrai sérieusement demander à Carl de m’enseigner des techniques policières de maîtrise…

Il fronce des sourcils, perplexe. Mais il continue de ranger les chaises. Il voit deux voitures de police, de laquelle Carl Neely et un collègue sortent de l’une, Samantha Blair et un autre collègue de l’autre. Ils discutent entre eux pour établir une tactique pour faire irruption dans la cabane sans que personne ne soit blessé. Jim et Carl se saluent discrètement d’un geste de la main droite. Les deux hommes sont étonnés de se voir. L’ambulancier profite de l’occasion pour informer le policier de l’identité de l’homme dans la cabine; celui-ci en prend note et le remercie d’un geste de tête. Jim lui demande aussi s’il est possible de prendre un rendez-vous afin qu’il lui enseigne certaines techniques de maîtrise. Les deux hommes conviennent d’une journée : dans cinq jours, en après-midi. Ensuite, les policiers s’avancent en silence jusqu’à la cabane.

L’ambulancier termine de ranger les chaises dans le coffre de sa voiture, étonné lui-même de savoir que quelqu'un est dans la cabine, mais encore plus perplexe de l’arrivée des agents de l’ordre.

Sans doute que Mel les a appelé, informée par Owen Grace… Bon ! Mel, j’arrive à l’instant !

Il ferme le coffre du véhicule et se rend rapidement devant la porte de la boutique de sa femme. Cette dernière la lui ouvre. Et, ensemble, ils rangent les objets apportés du chalet. Jim remarque que sa femme regarde devant elle, comme si elle écoutait un interlocuteur invisible, car il ne voit personne. Il s’approche d’elle pour la questionner d’une voix chaleureuse : – Mel, quel esprit viens-tu de voir ? Qu’est-ce qu’il a dit ?

Elle répond dans un murmure : – Jim, c’est Owen Grace… Il dit que Carl Neely a arrêté Hunter Clayton, avec l’aide de trois collègues…

Jim commente : – Carl est vraiment génial ! Il est vrai que je l’ai vu lorsque j’ai ramassé les dernières chaises… 

– Est-ce que tu l’as appelé ?

– Non, ce qui est le plus bizarre… Je ne peux pas expliquer comment il a pu venir, alors que ni toi, ni moi ne l'avons appelé… La seule option possible est une intuition très aiguisée de la part de Carl, ou bien une aptitude parapsychologique qui lui permet de voir des événements à distance…

Mine pensive, la brunette commente : – En tous cas, tes hypothèses font du sens…

– Mais le plus bizarre, c’est d’avoir moi-même l’impression de vivre plusieurs fois cet événement…

Elle murmure : – Est-ce que tu es sûr que ce n’est pas en raison de la fatigue ?

Il hausse les épaules pour toute réponse, la soulève dans ses bras et ils se rendent chez eux, dans leur maison.



Les quatre policiers maîtrisent sans difficulté l’ex-fiancé de Tricia, qui, de peur, sort ses papiers au nom de Hunter Clayton. Carl lui demande d’un ton sérieux s’il n’aurait pas ceux au nom de Robert Langowski. Devant sa réponse négative, Carl ordonne de l’amener dans la station de police afin qu'il subisse un interrogatoire. L’ami détective de Jim revient dans son bureau, content que cette histoire se termine bien. 

Bizarre d’avoir une impression de répétition… À moins que ma tasse de café soit vraiment un irish coffee ? Je ne saurais le dire… Dans tous les cas, je ne changerai pas ma machine à café… Il est trop bon… Carl soupire. En espérant que j’ai enfin fini avec le chalet du 120, près du lac Morton, à l’est de Grandview, pense-t-il une fois assis sur la chaise de son bureau.


Saint Luc, sous l’apparence d’un homme d’âge mûr, vêtu d’un sarrau de docteur, tenant dans sa main droite une pince de chirurgien et dans sa main gauche un livre, passe devant la maison de Jim en murmurant : « Monsieur Clancy, félicitations ! Vous avez  enfin agi de la bonne manière ! » Puis le saint disparaît de la vue du mortel. 


L’Archange Michel, lui, sous l’apparence sous d’un jeune homme blond aux yeux bleus, vêtu d’un complet blanc, arrive devant la porte du bureau de notre détective et murmure : « Monsieur Carl Neely, toutes mes félicitations ! Vous avez bien agi ! » Puis il disparaît aussitôt avant que quelqu’un ne le remarque.


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