Ennemi ou ami, imaginaire ou réel? Ou Jakyll et Hyde à la Ghost Whisperer

Chapitre 32 : L'esprit comédien

6963 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/03/2025 13:48

2 septembre 2004, The Antique Shop of Grandview, 13 h 00.


Je suis derrière la caisse, pour prendre la relève d’Andrea qui était là depuis le matin. Comme Jim a cours en après-midi, j’ai amené Christopher et Jack dans la boutique, afin de les avoir à l’œil. Je ne veux quand même pas abuser de la gentillesse de l’Observatrice française. Nos fils regardent avec curiosité les objets sur les étagères, leurs yeux écarquillés. Comme ils me demandent quels sont les objets, je leur dit en anglais et en russe. Je souris lorsqu’ils répètent après moi. Nous sommes interrompus par l’arrivée d’un client. Je dis aussitôt à Christopher et à Jack de ne pas déranger le monsieur. Le client, un homme peut-être un peu plus âgé que moi, aux yeux et cheveux bruns, vêtu d’un complet bleu royal et d’une chemise blanche nous sourit puis commence à regarder les différents objets sur les étagères. Je remarque aussitôt qu’il est suivi par un esprit errant. Je sais, du coin de l’œil, que mes fils tournent aussi leurs têtes vers l’esprit. Ce dernier, un jeune homme aux cheveux noirs et aux yeux bruns translucides, vêtu d’un complet noir et d’une chemise blanche – qui semblent mouillés – s’exclame d’un air enjoué : – Enfin quelque qui ne m’ignore pas !

Étonnée d’une telle réaction, je réponds mentalement : « Oui, Monsieur… En fait, ce n’est pas les gens que vous rencontrez qui vous ignorent, c’est plutôt mes fils et moi qui avons un don qui nous permet de voir les esprits errants… »

Les sourcils levés, l’entité commente : – Vous me dites alors que je suis un esprit errant, n’est-ce pas ?

Je réponds mentalement : « Oui… Puis-je vous poser une question ? »

L’esprit, sourire coquin au visage : – Oui… J'essaierai de répondre du mieux que je peux…

Je sors rapidement mon calepin puis demande mentalement : – Quel est votre nom ?

– Vous plaisantez ! Mais je suis l’humoriste le plus connu de Grandview et d’Openview ! Il est impossible que vous ne me connaissez pas !

Je soupire.

Le client se retourne et je m’excuse en bredouillant que ce n’était pas pour lui. Il continue à regarder les différents objets sur les étagères.

Je ramène mon attention vers l’esprit errant, qui s’est déplacé en face de moi, de l’autre côté du comptoir. Je lui demande à nouveau son nom. Il répond : – J’espère, Madame…

Je réplique mentalement : – Madame Melinda Gordon… Et vous ? 

– Marty Golden, le plus célèbre humoriste de la ville !

Je griffonne son nom sur une page vierge de mon calepin. L’esprit errant se déplace plus près du vivant, qui regarde attentivement des figurines en porcelaine sur une étagère. L’homme prend quelques figurines et s’approche du comptoir. Puis il paye le prix indiqué et sort de la boutique, suivi par l’esprit errant, qui disparaît de ma vue. Je me rends dans l’arrière-boutique, pour faire allumer l’ordinateur afin de chercher le plus d’informations sur Marty Golden. Je découvre qu’il est né le 3 janvier 1970 à Grandview et qu’il est mort le 5 mars 2000, en se jetant du pont entre Grandview et Openview, dans la rivière Hudson, qui démarque les deux villes. Marty Golden a été formé à l’École de théâtre d’Openview de 1988 à 1991. L’année suivante, il obtient un contrat avec la Société humoristique de Grandview et deux ans plus tard, il obtient un contrat avec le Juste pour rire d’Openview. Je déduis qu’il a voyagé fréquemment entre les deux villes. Et c’était en allant à Openview que l’humoriste s’est jeté du pont. Il était alors en relation avec une certaine Sandra Holloway depuis 1992. Ils se marient le 5 juillet 1998 à la mairie d’Openview. Selon l’avis de décès, Marty Golden a laissé sa femme, son fils et ses parents dans le deuil. Je pense, perplexe : « Pourquoi a-t-il commis suicide ? En espérant que ce n’est pas encore un meurtre camouflé en suicide… » Je continue ma recherche, mais peu d’éléments sont pertinents. Au moins, je sais que Sandra Holloway-Golden est aussi une comédienne originaire d’Openview et qu’elle est mère d’un garçon prénommé Thomas, né le 4 octobre 1999. J’éteins l’ordinateur de bureau et je reviens derrière la caisse, au cas où un client passerait dans la boutique. Le reste de la journée est tranquille. Seuls deux ou trois clients sont entrés, mais rien de particulier qui retient mon attention. 

Vers 17 h 00, je ferme la boutique et je reviens chez moi avec mes fils. Jim revient une heure plus tard. 

Vers 19 h 00, nous nous attablons et après la vaisselle, tandis que nos fils s’amusent au salon, je rapporte à mon époux ma rencontre avec l’esprit errant qu’est Marty Golden. Il trouve en effet intéressante mon hypothèse du meurtre camouflé en suicide. Il me propose de tenter d’engager la conversation avec l’esprit errant ou encore de demander à Paul Eastman si son dossier a été consigné dans les archives de la police. Je note pour moi-même sa dernière suggestion.


Le soir, malgré ma prière, mon sommeil est agité. Dans mon rêve, je me trouve dans un véhicule que je conduis. Je suis près d’un pont. Un véhicule bleu marine s’approche du mien. Nous sommes obligés de nous arrêter en raison d’un feu rouge. Je tambourine avec impatience sur le volant. Je vois dans le rétroviseur qu’un homme en complet gris et chemise blanche sort du véhicule derrière le mien. Il se rapproche de la fenêtre de mon côté. Je remarque que son regard est possédé. Il me fixe en silence pendant je ne sais combien de temps. Je crie : « Monsieur, si vous attendez le feu vert, patientez comme moi dans votre véhicule ! » L’homme en gris murmure d’une voix profonde et froide : « Monsieur Marty Golden, j’ai quelque chose à vous dire… » 

Étonnée, je demande : – Qui êtes-vous et que voulez-vous me dire ?

Sourire énigmatique au visage, mon interlocuteur répond : – Venez à l’extérieur de votre véhicule…

– S’il vous plaît, répondez à ma question !

L’homme en gris se penche au-dessus de la vitrine de mon véhicule, passe son bras droit par la fenêtre ouverte, me saisit par le collet, rapprochant mon visage du sien. Je remarque ses yeux gris absents, comme s’il était possédé, sous lesquels se trouvent des grands cernes. Malgré moi, j’ai la chair de poule, mais je m’efforce de garder mon calme. Je murmure : – Monsieur, êtes-vous correct ?

Mon interlocuteur répond d’un ton très froid : – Oui ! 

Il sort rapidement un revolver de sous la veste de son complet. Je sursaute, les yeux agrandis de peur, le cœur battant la chamade, tandis que des sueurs froides coulent le long de mon dos. Mes mains tremblent sur le volant.

 Je pense : « Ça va, j’ai compris que je ne dois pas le contrarier… »

Je murmure d’une voix tremblante, ayant compris que c’est le seul moyen de rester en vie : – C’est correct, Monsieur, je vous suis !

L’homme me lâche aussitôt. Je sors de mon véhicule et il me maîtrise pour m’entraîner sur le pont. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, mon interlocuteur me pousse solidement, de sorte que je ne trouve pas le temps de m’accrocher au pont. Je tombe jusqu’à toucher l’eau froide. 

Je me réveille en sursaut. Je pense, effrayée, les yeux écarquillés, le cœur battant la chamade : « Il s’agit sans doute du dernier moment de Marty Golden ! Sans doute tuer par l’homme en gris… par Carl Neely ! »

Un esprit se manifeste au pied du lit : Marty Golden. Il dit d’un ton sérieux : – Madame, vous devez savoir que j’ai aussi montré en rêve à ma femme mon dernier moment… Sauf que le lendemain, elle ne prend pas le rêve au sérieux…

Et il s’évapore dans les airs jusqu’à disparaître complètement de ma vue.

J’enlace le bras droit de Jim pour me rassurer en pensant « Ne vous inquiétez pas, Monsieur Golden, je n’oublie pas un rêve si frappant ». Il sort de son sommeil en maugréant. Il demande d’une voix pâteuse : – Qu’est-ce qui se passe, Mel ?

Je réponds d’une voix hésitante : – C’est seulement un cauchemar…

Il m’encourage à développer d’un geste rotatif de sa main droite. Je lui raconte alors mon rêve, en plus de mentionner par la suite le sens que j’ai trouvé. Jim m’enlace pour me rassurer et commente tout simplement : – Ton interprétation fait du sens… Surtout quand tu sais ce dont le salaud de Carl Neely est capable…

Je commence à pleurer. La cruauté du policier me dépasse. Mon époux me berce doucement pour me calmer. Je murmure d’une voix brisée : – Mais pourquoi ?

Il hausse les épaules pour toute réponse, puis il murmure d’une voix douce : – Pour l’instant, Mel, ne t’inquiète pas trop à chercher un sordide mobile à cette mort… Ne préfères-tu pas plutôt dormir dans mes bras ? 

Émue de son soutien inconditionnel, je l’embrasse sur les lèvres et je m’endors au bout de quelques minutes, après avoir récité trois fois de suite la prière du soir. Je sombre dans un sommeil sans rêve.




Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, je suis au salon en train de tricoter une écharpe. Jim a cours en avant-midi et ne reviendra que vers 12 h 30.  Tout à coup, sans aucun avertissement, Marty Golden apparaît devant moi. Je le questionne du regard. Il répond d’un ton sec : – Madame Gordon, je veux savoir le nom de l’homme en gris… 

Je l'interromps d’un air sérieux : – Cet homme est le policier de Grandview Carl Neely.

Les yeux écarquillés d’étonnement, l’esprit balbutie : – Comment pouvez-vous en être si certaine ?

Je soupire et je réponds d’une voix tremblante malgré moi : – Je le sais… C’est une très longue histoire…

D’un ton sceptique, Marty commente : – C’est une blague ?

Les yeux mouillés de larmes aux souvenirs de l’attentat de Carl Neely, je murmure d’une voix étranglée : – Malheureusement, non…

Il poursuit sur un ton courroucé : – Dans ce cas-là, je voudrais seulement me venger de lui ! Pourquoi m’a-t-il tué, le salaud ?

Je sanglote. Je me ressaisis au bout de je ne sais combien de temps. Je murmure d’un ton sérieux : – Désolé, Monsieur Golden, mais j’ignore la raison pour laquelle Carl Neely vous a tué. Je suis seulement navrée que vous soyez l’une de ses victimes…

Je suis interrompue par l’apparition soudaine de l’Observateur français entre Marty et moi. Nous le fixons d’un air étonné. Avant que nous disions quoi que ce soit, il se présente et affirme sur un ton très sérieux que Carl Neely, possédé par Ivo Vláčil, a tué Monsieur Golden parce qu’il a obéi aux ordres de l’agent du Federal Bureau of Investigation Matthew Mallinson. Évidemment, je précise ce que je sais au sujet de l’esprit errant du sorcier tchèque à la question de Marty Golden. L’agent avait exigé la mort de l’humoriste d’une manière ou d’une autre, puisqu’il n’appréciait pas les blagues qu’il faisait sur le compte des agents des services de renseignements. Étonnée, je demande en quoi consiste les blagues. Marty Golden prend la parole et me raconte une blague. Je reconnais qu’elle est vraiment comique. Mais imaginer qu’un homme soit tué pour cela, je suis dépassée… Une fois l’Observateur partit, je demande à l’esprit errant s’il n’aurait pas une autre raison de errer à part la vengeance de son meurtrier. Marty demeure silencieux et pensif pendant plusieurs minutes puis affirme d’un air théâtral, les bras tendus devant lui : – Madame Gordon, connaissez-vous Mademoiselle Andrea Moreno ?

Je confirme d’un mouvement de tête positif.

Il poursuit : – J’ai remarqué que mon collègue Frank… Désolé… Frank MacNeil la trouve séduisante… 

Il fait un clin d’œil coquin puis continue : – … j’ai eu droit à ses confidences en février 2000… Pouvez-vous lui dire, je veux dire, à Mademoiselle Moreno ? Je serais content si Frank parviendra à la marier, si elle le trouve intéressant…

Sourire aux lèvres, je pense aux jeux de séduction entre Jim et moi avant notre mariage. Je confirme ma compréhension en hochant la tête.

Je commente d’une voix songeuse : – Et si vous parvenez à convaincre votre collègue et mon associée de faire le premier pas ensemble, vous partirez dans la Lumière, lieu où vont toutes les âmes après la fin d’une vie sur terre ?

Mine pensive, Marty Golden répond d’un air sérieux : – Madame, votre explication est intéressante, mais je ne saisis pas très bien où vous voulez en venir… 

Il fait une courte pause puis continue d’un air triste : – Pourquoi quitter ma femme et mon fils, alors que les pauvres ignorent tout de ma mort… 

Il s'interrompt à nouveau lui-même et demeure silencieux pendant je ne sais combien de temps. Il s’exclame d’un ton courroucé, les yeux brillants : – Je ne peux pas laisser le salaud de meurtrier en vie ! Une telle ordure policière doit être effacée de la surface de la terre !

Je le fixe perplexe, en pensant : « En changeant aussi rapidement d’émotions, je vois bien qu’il est un bon comédien… Devrais-je le prendre au sérieux ? »

Comme si l’esprit errant à lu mes pensées, il réplique, moue renfrognée au visage : – Vous avez bien vu, Madame ! À part que je suis sérieux…

Je soupire et je murmure, joignant mes mains en un geste de supplication : – Monsieur, s’il vous plaît !

La moue s’efface de son visage, pour laisser place à une expression d’étonnement. Il balbutie : – De quoi ?

Je le fixe droit dans les yeux et je poursuis ma phrase d’un ton très sûr : – Ne vous vengez pas de votre meurtrier.

Marty cligne des yeux, les sourcils levés, la bouche entr’ouverte. Je continue mon explication d’un ton suppliant, en relâchant la position de mes mains : – Car la vengeance ne vous aidera pas à partir dans la Lumière, dans l’Autre Monde…

Il ouvre sa bouche pour dire quelque chose, mais un esprit fait brusquement son apparition face à lui – donc, dos à moi – ; l’Observatrice. Elle commente d’un ton sévère : – Monsieur Marty Golden, n’essayez pas de jouer le coquin avec Madame Gordon. Arrêtez pour une fois de votre vie, de faire de la projection…

Perplexe, je fronce des sourcils en pensant : « Apparemment, Monsieur ne me prend pas au sérieux… Sinon, Madame l’Observatrice n’aurait pas ainsi réagi… »

Comme si elle avait lu ma pensée, Laurie Gibeau hoche la tête.

Marty la regarde d’un air étonné. Elle ajoute, sur un ton sévère : – Monsieur, il est vrai que la vengeance est une mauvaise chose. Pourtant, si vous avez été vraiment motivé par la vengeance de votre meurtrier, vous auriez pu savoir immédiatement son nom. De sorte que cessez tout de suite de jouer l’esprit revanchard, alors que c’est faux… Décidément, vous prenez tout à la légère. Il faudrait pour une fois vous ôter l’idée que la vie n’est qu’un jeu de rôle. Non ! C’est faux ! Pouvez-vous comprendre ça ?

Marty balbutie : – Comment vous le savez ? Qui vous a formé en psychologie ?

– Moi-même…

– Pourquoi ? …

– Ne me posez pas de questions ! C’est plutôt à moi de vous demander pourquoi avez-vous attendu de rencontrer un passeur d’âmes pour vous aider à quitter le monde d’ici-bas ?

Marty Golden, mine pensive, petit sourire aux lèvres : – C’est une bonne question…

Il est interrompu par l'arrivée de l’Observateur. Ce dernier termine la phrase d’un ton glacial : – Au lieu de faire de la philosophie à trois sous, taisez-vous ! En réalité, si vous êtes honnête avec vous-même, vous ne vous êtes jamais posé cette question.

L’esprit errant de l’humoriste baisse la tête, comme s’il ne veut pas affronter les deux Observateurs, qui le fixent d’un air sévère. Je pense, complètement étonnée de ce que je viens d’entendre : « Ah, Seigneur, pardonne moi ! Mais on dirait que les Observateurs sont aussi des fins psychologues… Intéressant… »

Jean Bude de Guébriant s’éclaircit la gorge puis poursuit d’un ton sérieux : – Monsieur Golden, soyez honnête avec vous-mêmes : reconnaissez que vous n’avez rien fait de sérieux dans votre vie, même pas votre mariage.

Perplexe et étonnée, je lève les sourcils en pensant : « Comment ça, ne pas être sérieux en mariage ? »

L’Observatrice, comme si elle a lu mes pensées, affirme : – Au sens où Monsieur Golden n’aurait pas marié sa femme si elle n’était pas enceinte…

Perplexe, je réplique : – Si je me rappelle de mes recherches, le couple n’a qu’un seul fils, qui est né plus tard…

L’Observatrice : – Oui, mais sa femme était enceinte de lui, pour pouvoir le marier, car elle avait peur de rester une vieille fille… Sauf qu’elle a eu une fausse-couche au troisième mois de sa grossesse… Fausse-couche qui a été provoquée intentionnellement par sa sage-femme, qui collabore avec l’agent du FBI Matthew Mallinson…

Marty et moi, étonnés, nous exclamons à l’unisson : – Pourquoi ? 

– Parce qu’il voulait avoir Sandra Holloway pour lui.

Marty, dont le visage se change en un rictus de colère, explose : – Pourtant, ma femme ne m’a jamais dit que cet homme l’avait courtisé !

L’Observatrice, sans sourciller : – Elle ne voulait pas vous rendre jaloux pour rien.

L’Observateur intervient d’un ton sévère : – Laissons de côté Madame Sandra Holloway… Et revenons à vous, Monsieur Marty Golden.

Il fait une courte pause de quelques secondes puis enchaîne : – Nous disions, Madame Gordon, Mademoiselle Gibeau et moi-même, que c’est pour votre bien, pour le salut de votre âme que vous devez quitter le monde ici-bas. Je vous explique : plus vous restez sur terre, plus vous devenez méchant, aigre et amer. Et plus vous vous éloignez du bien, plus lourd sera le châtiment dans l'au-delà.

L’Observateur lève son index droit en l’air et continue d’un ton toujours aussi sérieux : – N’oubliez pas que rien n’échappe à Dieu !

Marty Golden le regarde étonné, mais il demeure coi.

Laurie Gibeau intervient d’un ton aussi sévère que son compatriote : – Monsieur Golden, c’est un fait que nous avons remarqué de notre expérience d’Observateurs. Je vous conseille de prendre nos remarques très au sérieux, pour ne pas le regretter plus tard.

Je pense : « Je dois l’avouer que je n’aurai pas dit mieux… Merci d’avance de votre aide, Madame et Monsieur. »

L’Observatrice poursuit : – Dans ce cas, Monsieur Golden, acceptez-vous de partir dans la Lumière une fois que votre collègue sera mis en contact avec Mademoiselle Moreno ?

L’esprit errant baisse son regard, silencieux et pensif. Il demeure ainsi pendant je ne sais combien de temps, moment qui me semble très long. Relevant sa tête, lueur de fierté dans le regard, il affirme d’un ton assuré : – Je me rends à votre avis. Je ne me vengerai pas de mon meurtrier et je quitterai définitivement le monde des vivants lorsque ma femme saura la réelle cause de mon décès et que Frank et Andrea soient heureux ensembles.

L’Observateur commente : – Très bien, Monsieur Marty Golden.

L’Observatrice se tourne légèrement vers moi puis ajoute d’une voix douce : – Madame Gordon, vous savez ce qui vous reste à faire…

Je pense : « C’est-à-dire d’informer Madame Golden au sujet de la mort de son mari et de convaincre Andrea de se rapprocher de Frank… Dont je ne me rappelle plus du nom de famille… »

L’Observatrice, comme si elle a lu ma pensée, confirme d’un hochement de tête puis me communique le nom de l’humoriste amoureux de mon associée : Frank MacNeil, cet homme qui est entré dans ma boutique hier. J’en prends note dans mon petit carnet et je la remercie de l’information. 

L’esprit errant qu’est devenu Marty Golden et l’Observateur disparaissent de ma vue. Je demande à l’Observatrice : – Madame, puis-je vous poser une question ?

D’un ton chaleureux, elle répond : – Oui, je vous écoute.

– Comment êtes-vous parvenus à convaincre Monsieur Marty Golden de ne pas hanter son meurtrier alors que vous savez que plusieurs victimes de Carl Neely le hantent ?

Mon interlocutrice répond directement d’un ton assuré : – Tout simplement parce qu’il est mou. Il n’a pas la motivation comme votre père ou votre beau-père, qui, eux, sont très déterminés. Vous comprenez qu’il ne sert à rien à un esprit tiède d’errer…

– Je comprends… Il hésite beaucoup et change souvent d’idées… Causant un trop grand désordre pour celui qui est hanté par un tel esprit…

– Exactement. De sorte que mon collègue et moi jugeons préférable de le convaincre d’abandonner la vengeance sur son meurtrier. Voilà, maintenant, vous comprenez tout…

Je murmure : – Et le rapport des esprits tchèques avec Carl Neely ?

L’Observatrice, d’un ton sévère, les sourcils froncés : – Comme mon collègue vous a déjà dit, nous ne répondons point à des questions si évidentes.

Puis elle s’évapore dans les airs jusqu’à disparaître complètement de ma vue. Je soupire. Je range mon carnet dans le tiroir de mon chevet de nuit et je reviens à mon tricot. N’étant pas assez concentrée, je le laisse de côté pour regarder discrètement mes fils s’amuser avec beaucoup d’insouciance avec leurs jouets. Je réfléchis aux différentes manières de faire comprendre à Andrea Marino et Frank MacNeil la dernière volonté de l’esprit errant.


À midi et demi, Jim arrive et nous nous attablons. Lorsque mon époux et moi faisons la vaisselle, je lui résume les événements de l’avant-midi. Il me dit pour seul commentaire que je devrais informer mon associée de boutique de la volonté de l’esprit errant sans détour et d’informer la veuve de la véritable cause de son décès. Je me rends à son avis et j’ajoute que je n’irai pas déranger Paul Eastman pour le cas de Marty Golden, puisque j’ai su toute son histoire grâce aux Observateurs.

Le reste de l’après-midi et le soir sont tranquilles.




Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, Jim et moi nous rendons à l’adresse où habite Madame Golden, car l’esprit errant me la communique immédiatement. Jim trouve rapidement l’itinéraire le plus rapide pour s’y rendre, avec son sens de l’orientation infaillible. Heureusement qu’elle habite à Grandview, au 39, rue Downtown, de sorte que nous nous rendons à pieds, laissant Jack et Christopher sous la garde bienveillante de Laurie Gibeau, dont je me doute bien qu’elle leur apprend quelques mots du français, car depuis ces derniers jours, je les surprends en train de dire « Bonjour », « Oui », « Non ». Bon, au moins, ils sauront quelques rudiments de français, pensé-je avec humour. Nous nous rendons devant une petite maison unifamiliale, qui ressemble à tant d’autres dans le quartier, avec deux petits jardins à l’avant, dans lesquels se trouvent deux petits arbustes. Jim frappe doucement à la porte d'entrée, une porte en bois avec une petite vitrine. Une brunette un peu plus grande que moi malgré mes talons hauts nous ouvre la porte. Je remarque du coin de l’œil que Marty Golden apparaît à la droite de la brunette. Il commente : – Sandra, Monsieur et Madame sont honnêtes… Ils ne mentent pas…

La femme demande d’un air sérieux : – Madame et Monsieur, qui êtes-vous et qui cherchez-vous ?

Jim répond sans hésiter : – Je suis Jim Clancy.

En serrant ma main gauche de sa main droite, il continue : – Voici ma femme, Melinda Gordon. Nous sommes des habitants de Grandview qui veulent discuter avec Madame Sandra Holloway-Golden.

Notre interlocutrice réplique : – C’est moi-même.

Je prends la parole d’un air sérieux : – Nous voulons simplement vous informer au sujet de votre mari…

Les yeux de la femme se perlent de larmes. Elle demande d’une voix brisée : – Que voulez-vous me dire ? La raison de son suicide ?

Je réponds d’un ton sérieux : – Pour vous dire qu’en réalité, Marty Golden ne s’est pas suicidé…

Sandra m’interrompt, les yeux écarquillés malgré qu’ils soient encore mouillés de larmes en bégayant : – Co… Co…m…ment… pouvez-vous… ?

Sourire triomphant aux lèvres, je termine sa question : – … en être si certaine ?

Je fais une courte pause le temps de réfléchir rapidement à la formulation de ma réponse.

Je reprends : – Parce que, tout bizarre que cela puisse paraître, l’esprit errant qu’est devenu votre mari m’a fait voir dans un rêve… avant-hier… sa fin. Et votre défunt époux vous l’a aussi montré… De sorte que vous devez savoir de ce dont je parle… 

Ignorant les sourcils levés de mon interlocutrice, je poursuis : – Et c’est un policier de Grandview, Carl Neely, qui l’a sorti de son véhicule sous prétexte de lui dire quelque chose d’important et l’a poussé du haut du pont. Ensuite, j’ai appris plus de détails lors d’une discussion…

Remarquant la moue sceptique sur le visage de Sandra, je m’empresse d’ajouter : – Je ne vous dis que la vérité… Car je vois les esprits errants, en raison d’un don que j’ai…

Jim intervient : – Je peux témoigner en faveur de ma femme… Je vous propose d’écouter ce qu’elle a à vous dire. Nous ne vous ferons pas perdre beaucoup de temps, surtout lorsqu’il s’agit de votre défunt époux…

La brunette hésite. Je remarque que Marty Golden lui murmure quelque chose à l’oreille droite. Sans doute essaie-t-il de l'influencer.

Je commente : – D’ailleurs, Madame Sandra Holloway-Golden, votre époux est à votre droite, vêtu d’un complet noir et d’une chemise blanche…

La femme de l’humoriste m’interrompt d’une voix larmoyante : – Sa tenue de spectacle… 

Elle fait une courte pause, puis explose : – Êtes-vous sûre de ne pas dire quelque chose que tout le monde sait ! Vous n’êtes qu’un charlatan ! Dehors !

Elle agite la porte pour la fermer, mais Jim la tient fermement de sa main droite. Ses yeux bleus lancent des éclairs. Il s’éclaircit la gorge puis affirme d’un ton sérieux : – Madame, je vous assure que ni ma femme ni moi-même n’avons jamais assisté à un seul spectacle de votre défunt mari. Nous n'avons pas le temps d’écouter des blagues, notre horaire est assez chargé, entre mon emploi et mes études, je n’ai guère le temps. Ni mon épouse, avec deux fils en bas âges à s’occuper, la cuisine, les travaux ménagers, en plus des esprits errants et une petite boutique d’antiquités, The Antiques Shop of Grandview

Sandra marmonne : – Je connais cette boutique… J’y allais parfois… Pour trouver des objets pour mes propres spectacles…

Je pense spontanément : « Dieu que le monde est petit à Grandview ! »

Je commente : – Pouvez-vous simplement comprendre que je vois un esprit errant selon l’apparence qu’il avait au dernier moment de sa vie…

Sandra, d’un air mi-sérieux mi-larmoyant : – Si vous voyez les esprits errants comme vous l’affirmez, pourquoi venez-vous me parler de Marty… quatre ans et six mois après sa mort ?

Je réponds simplement calmement : –  Parce que votre mari ne s'est pas manifesté à moi avant. Je ne décide pas de voir tel ou tel esprit…

Moue sceptique, elle réplique : – Si vous le dites…

Je remarque du coin de l'œil que l’esprit errant affiche une expression de mécontentement et que ses yeux lancent carrément des éclairs vers la direction de son épouse. Étonnée, je lui demande mentalement la raison.

Sandra commente : – Qu’est-ce qui vous étonne ?

Je réponds, en regardant vers la direction de l’esprit, un peu en retrait à la droite de la brunette : – Votre mari… derrière vous, à votre droite…

Sandra se retourne pendant une fraction de secondes, mais comme elle ne voit rien, elle revient à sa position initiale.

Je poursuis : – ... qui semble vous lancer des regards noirs…

Les yeux écarquillés, Sandra murmure : - Pourquoi ?

Je réponds directement : – Je ne le sais pas… Je voulais lui en demander la raison…

Je tourne mon regard vers Marty et je m’adresse à lui d’un ton calme : – Monsieur Golden, pourquoi êtes-vous fâché contre votre femme ?

Il répond d’un ton courroucé : – Parce qu’elle ose insinuer que vous avez été ma maîtresse !

Je ramène mon regard vers sa femme, fâchée qu’elle ait pu avoir de telles pensées à mon égard. J’en suis même vexée, mais je lui rapporte quand même les propos de Marty Golden. Étant donné sa réaction, je n’ai pas pu cacher mon mécontentement. Avant tout, je suis une passeuse d’âmes émotive, et non une comédienne comme elle. Sandra s’exclame, en regardant Jim et moi alternativement : – En tout cas, Madame et Monsieur, je n’ai plus de temps à perdre avec vous ! Au revoir !

Et elle ferme en claquant la porte, que mon mari lâche aussitôt. Je note l’expression de mécontentement sur le visage de l’esprit errant. Jim gromelle : – Puisque Madame est si obtuse, tant pis pour elle !

Nous tournons le dos à la porte de la maison des Golden et nous revenons tranquillement chez nous. Chemin faisant, Marty apparaît à ma droite, tourne légèrement ma tête vers sa direction et je commente : – En tout cas, Jim, Marty nous tient compagnie… 

Après une courte pause de quelques secondes, je m’adresse en ces termes à l’esprit errant : – Monsieur Golden, que voulez-vous encore que je fasse ? J’ai informé votre épouse de la réelle cause de votre décès… Je ne peux pas la forcer à croire en la vérité si elle refuse de la comprendre…

L’esprit errant réplique d’un ton neutre : – C’est correct, Madame Gordon… Vous n’avez fait que votre travail. Vous l’avez informé au sujet de ma réelle cause de décès… Seulement, je suis vraiment choqué des pensées de ma tendre Sandra… Je peux très bien comprendre qu’elle considère comme si tout interlocuteur qui parle avec elle joue une comédie… Sa putain de déformation professionnelle ! Mais à quelle femme m’étais-je marié ?

Je rapporte à Jim les propos de l’esprit errant; il confirme sa compréhension d’un mouvement de tête positif.

Une fois rendus dans notre maison, nous nous assoyons sur un canapé, afin de regarder nos fils jouer avec insouciance. Je salue au passage l’Observatrice française, qui disparaît ensuite de ma vue. À l’approche de midi, je me lève du canapé pour filer dans la cuisine afin de réchauffer nos portions de vareniki aux pommes de terre.


En après-midi, après la vaisselle, je me rends dans ma boutique d’antiquités pour prendre la relève de mon associée. Je la salue puis je l’informe au sujet du cas de Marty Golden. Je note qu’à la mention de sa dernière volonté, à savoir qu’elle rencontre Frank MacNeil, elle rougit légèrement et baisse ses yeux, fixant sans doute ses sandales. Après quelques secondes de silence, Andrea m’avoue être amoureuse du comédien en question. Seulement, elle ne sait ni comment l’aborder sans paraître trop insistante ni comment même l’approcher, car il est comme une étoile inaccessible pour elle. En discutant un peu plus avec mon associée, j’apprends qu’elle assiste régulièrement aux spectacles de Marty Golden, de Frank MacNeil et d’autres humoristes de Grandview les dimanches, pour se reposer de ses journées de travail. Je l’encourage alors à essayer d’aborder le comédien sur n’importe quel sujet, ne serait-ce la dernière blague au dernier spectacle qui a été particulièrement drôle. L’important, c’est d’avoir contact d’une manière ou d’une autre. Andrea me remercie timidement de ma suggestion et elle quitte la boutique pour tomber nez à nez avec… Frank MacNeil à l’extérieur de la boutique. Aussi étonnée que mon associée, je regarde depuis la caisse ce qui se passe. Je remarque que derrière le vivant se trouve Marty Golden, qui me fait un clin d'œil complice. Je souris malgré moi de sa réaction. Je pense nostalgiquement :« Et c’est parti pour une aventure amoureuse ! Ceci me rappelle ma première rencontre avec Jim… Qui se termine par notre mariage ! En espérant, Mademoiselle Moreno, que vous serez aussi chanceuse que moi ! »

Je sors de mes rêveries par l’apparition soudaine de Marty Golden devant la caisse. Il murmure : – Merci beaucoup, Madame Gordon ! Nous avons réussi à ce que Frank et sa bien-aimée se rencontrent… La fin de cette rencontre ne m’intéresse pas… Je veux partir… Je me sens tellement léger, comme jamais de mon vivant… Est-ce normal ?

Je remarque aussitôt que ses yeux bruns sont normaux, comme s’ils ont perdu leur aspect translucide. Je réponds d’un hochement de tête et j’ajoute : – Est-ce que vous voyez la Lumière ?

D’un ton hésitant, Marty répond : – Oui… Cette lumière blanche qui se rapproche de plus en plus de moi… On dirait un objet volant non identifié de lumière ou une grosse ampoule qui a été allumée… 

Je pense : « En espérant que ce n’est pas une dernière blague avant de quitter le monde des vivants ? »

Comme s’il avait lu mes pensées, il affirme d’un air coquin : – Oui ! Tadam ! La dernière blague d’outre-tombe du très célèbre Marty Golden !

Il fait une courte pause puis ajoute : – Et vous n’oublierez pas de dire à Frank ma dernière blague ?

Je réplique d’un mouvement de tête positif.

Il s’incline à gauche et à droite, comme s’il remercie une foule invisible puis revient à sa posture initiale. Il regarde vers sa droite, visage illuminé d’un large sourire, et murmure : – Puis-je y aller ?

Moi, émue aux larmes, réponds : – Oui… Et bon voyage !

Et Marty Golden disparaît complètement de ma vue, très certainement dans la Lumière. Je soupire de joie. En regardant vers l’extérieur de la boutique, voilà Andrea et Frank dans une conversation animée. Ils se promènent sur le trottoir jusqu’à disparaître de ma vue.


Le soir, lorsque les enfants sont envoyés au lit, je rapporte à mon époux la manière dont Marty Golden est parti dans la Lumière. Il m’embrasse sur les lèvres pour toute réponse puis nous récitons à mi-voix la prière du soir. Mon sommeil est très tranquille.





12 septembre 2004, parc de Grandview, 13 h 00.


Comme Jim a congé et qu’il n’a pas de cours, nous profitons de la journée ensoleillée pour faire une promenade dans le parc, à la joie de Christopher et Jack. En contresens, nous voyons Andrea Moreno et Frank MacNeil flâner dans le parc, en train de parler à voix basse. Jim murmure à mon oreille en russe : « Il me semble que cette histoire se veut plus romantique… » J’approuve d’un geste de tête positif. Lorsqu’ils passent près de nous, je salue Andrea, qui me salue en retour d’un air très joyeux. Je ne l’ai jamais vu aussi heureuse depuis que je la connais. Je leur rapporte la dernière blague de Marty Golden avant de quitter définitivement le monde des vivants. Nous riions tous de la blague et nous continuons notre promenade.





7 octobre 2004, The Antique Shop of Grandview, 8 h 00.


J’ouvre la boutique et je reviens derrière la caisse. Quelques minutes plus tard, voilà Andrea et Frank MacNeil y entrent et me saluent depuis la porte d'entrée. Je les salue en retour et demande la raison de leur venue. Ils s’exclament à l’unisson, rayonnants de joie : – Nous avons décidé depuis deux jours de vivre ensemble sous le même toit. Nous espérons être fiancés puis mari et femme ! »

Contente pour eux, je les félicite en pensant : « En espérant que vous vous marierez ! Que Dieu bénisse votre couple ! »

Frank me remercie puis ils sortent main dans la main. Je pense, émue aux larmes : « Marty Golden serait content de la fin de cette histoire… En espérant qu’il le sache d’une manière ou d’une autre, malgré qu’il soit déjà passé dans la Lumière… Peut-être le sait-il déjà ? »

Vers midi, je reviens chez moi. Mon mari, mes fils et moi dévorons rapidement notre portion de pierogis à la viande. Alors que Jim et moi faisons la vaisselle, je lui rapporte la bonne nouvelle concernant Andrea et Frank. Il est aussi content que moi et il commente tout simplement : « J’ignorais qu’en plus d’être passeuse d’âmes, tu étais aussi une agence de rencontre… » Je l’embrasse sur les lèvres pour le faire taire.






7 novembre 2004, The Antique Shop of Grandview, 13 h 00.


J’entre dans la boutique, pour prendre la relève de mon associée. À peine je referme la porte d’entrée derrière moi qu’Andrea, derrière la caisse, me salue joyeusement et s’écrie aussitôt que Frank et elle sont officiellement fiancés ce matin. Pour preuve, elle me montre la bague de fiançailles en or sur son annulaire droit. Je la félicite d’un ton très enjoué, sincèrement heureuse pour Andrea comme si elle était ma sœur. D’ailleurs, elle ajoute que le mariage est prévu le 8 janvier prochain. J’applaudis de joie et les larmes me montent aux yeux. Andrea me dit que Jim et moi sommes invités.






Le 8 janvier 2005, mairie de Grandview, 13 h 00.


La journée est ensoleillée, comme si Dieu bénissait la salle. Andrea Moreno et Frank MacNeil sont officiellement mari et femme. Leurs parents, ainsi que leurs frères, sont présents. De même certains amis, parmi lesquels se trouvent Jim, Christopher, Jack et moi. La journée est d’autant plus magnifique lorsqu’aucun esprit errant ne s’est manifesté au cours de la fête organisée après la signature du contrat de mariage. Nous revenons chez nous, contents. Pour le souper, une soupe aux légumes. Le soir est très tranquille.


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