Ennemi ou ami, imaginaire ou réel? Ou Jakyll et Hyde à la Ghost Whisperer

Chapitre 14 : Le retour de la défunte

1773 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/03/2024 00:03




The Antique Shop of Grandview, 3 janvier 2002, 14 h 00.


Je suis dans l'arrière-boutique en train de faire l'inventaire. Tout à coup, un esprit errant familier se manifeste devant moi : ma sœur Mary. Je l'aurais reconnu entre mille : une adolescente aux grands yeux noisette que ma sœur et moi avons fièrement hérité de notre mère. Par contre, elle a hérité de notre père les cheveux brun clair. Elle est vêtue de son manteau d'hiver vert, d'une écharpe tricotée vert clair, d'un bonnet brun clair et d'un pantalon samt beige foncé. Son manteau et son pantalon sont salis de sang et de gadoue.

Étonnée, les yeux écarquillés de peur dans lesquels se pointent, malgré moi, des larmes, le cœur battant la chamade à la triste pensée de ne plus voir ma sœur vivante, je lui dis d'une voix tremblante : – Sœurette, que veux-tu me dire ? Je sais que...

D'un ton mi-courroucé, mi-ironique, avec une lueur de colère et de tristesse dans les yeux, elle s'exclame : – Carl Neely est mon meurtrier ! Tu comprends ! Il m'a tué !

– Je... comprends... Mais comment ?

– C'est lui-même qui m'a frappé avec son véhicule... Il a été clairement possédé par un esprit méchant... Une fois certain de ma mort, il a filé dans un bar du coin boire trois verres de Bloody Mary... Quelle ironie de la part du policier assassin en uniforme !

– Es-tu sûre....

Je pense : « de ne pas être un peu confuse dans tes souvenirs ? »

Sauf que je ne complète pas à voix haute ma phrase. Ma sœur me coupe sèchement la parole : – Ne joue pas la naïve !

Je maugrée, les larmes aux yeux : – D'accord... Alors, continue ton explication... Je t'écoute !

Ma sœur, d'un ton courroucé, s'exclame : – C'est seulement qu'il a utilisé une voiture louée sous une fausse identité et qu'il a été vêtu de gris lorsqu'il a provoqué l'accident... Cette information, c'est l'Observateur français qui me l'a dit... Quelques heures plus tard, Carl Neely revient en uniforme de policier, alors que l'esprit mauvais qui l’a possédé est sorti de son corps...

Étonnée, mais je pleure malgré moi, je demande d'une voix chevrotante : – Désolée de t'interrompre, mais peux-tu me décrire l'esprit qui le possédait ?

– Oui, Mélinda. C’est un vieil homme aux yeux gris... Il n'est pas du tout sympathique... Il est même antipathique... Par contre, pour devancer ta question, j'ignore son identité et sa raison d'être aux côtés du salaud de policier assassin en uniforme.

Je murmure, en frémissant malgré moi : – Merci quand même de l'information ! As-tu quelque chose de plus à ajouter ?

– Oui... Et l'assassin revient à Grandview, pour revêtir son uniforme de policier. Voilà alors qu'il reçoit une demande urgente, car l'esprit qui le possède s'est arrangé avec d'autres esprits – je l'ignore comment, mais c'est le même Observateur qui me l'a expliqué – de venir rapidement à Longview, car un grave accident vient d'avoir lieu sur la route 33, où je suis morte…


Je remarque qu'un esprit est apparu à la droite de ma sœur, nous nous retournons vers notre mystérieux invité : Jean Bude de Guébriant. Il dit d'un ton sérieux, tandis que son visage est inexpressif : – Vous devez savoir que Carl Neely, depuis son premier meurtre sur sa première épouse, Madame Katia Farah-Neely, accomplit tous ses crimes en étant possédé par l'esprit aux yeux gris, qui le suit depuis.

Je pense, en tressaillant : « Quel est son nom ? »

L'Esprit Observateur continue son explication d'un ton sérieux : – Cet esprit se nomme Ivo Vláčil...

Je pense, effrayée : « Est-il Tchèque, étant donné les consonances de son prénom et de son nom ? »

L’Observateur : – Oui...

Je pense, perplexe : « Est-ce le rapport de Carl Neely avec la Tchéquie ? »

– Vous avez compris à moitié... Mais je reviens à ce que je voulais vous dire... C'est Ivo Vláčil qui a repéré Mary Gordon - afin de pousser Carl Neely à la tuer - et qui a agi sur les autres esprits errants qui entourent les policiers de Longview, car il a une influence négative sur son entourage, autant parmi les vivants que les esprits... Faites attention à lui, car il a été un puissant sorcier de son vivant... C'est pourquoi il avait provoqué l'accident sur la route 33, pour sacrifier la pauvre Mary Gordon (qui est alors une Mary saignante) au Prince des Ténèbres, son dieu. De sorte que l'attention des policiers a été attirée sur autres choses, pour ne pas dire sur des divergences. Et le pseudonyme que le Bohémien a utilisé était celui de John Fordham. Ainsi, c'est le chef de la police de Longview, un complice avec Carl Neely, qui a appelé des collègues des villes environnantes, car un passant a signalé l'accident à l'opérateur. Et voilà comment seule la police de Grandview a été la seule à répondre positivement à l'appel. Et par hasard, seul Carl Neely, encore possédé par Ivo Vláčil, a accouru rapidement sur les lieux de l'accident pour rédiger le rapport. Entre-temps, l'esprit errant est sorti de son corps, de sorte que vous n'avez même pas remarqué la possession temporaire...

Les yeux écarquillés d'étonnement et de peur, je pense : « J'espère seulement que ce n'est pas volontaire ! »

D'une petite voix, en levant ma main droite comme une écolière gênée, je dis : – Pardonnez-moi, Monsieur, mais puis-je vous poser une question ?

– Oui...

– Est-ce que ces possessions sont voulues par Carl Neely ou non ?

– Au début, c'était involontaire, mais depuis novembre 1997, il accepte les possessions, car il a compris que l'esprit errant le possède lorsqu'il boit un verre d'alcool en trop. Parfois, il l'invoque mentalement lorsqu'il reçoit une liste d'individus à tuer...

Je demeure sans mot tellement je suis étonnée de cette révélation au sujet de Carl Neely... « C'est vrai que j'ai déjà compris qu'il est prêt à tout pour parvenir à ses fins... » Pensé-je, dépassée par la situation. « En tout cas, je trouve que ça n'augure rien qui vaille... Que Dieu nous protège ! »

Jean Bude de Guébriant hoche la tête, puis disparaît de ma vue. Je me tourne vers ma sœur et je m'exclame d'une voix larmoyante : – Est-ce que papa et maman savent la vérité au sujet de ta mort ?

Elle me répond sèchement : – Non ! Je ne voulais pas les attrister encore plus, particulièrement notre mère... Quant à père, il la connaît depuis qu'il m'a rejoint, car il s'est sans doute informé de son côté auprès de l'Observateur...

Je pense, les sourcils froncés : « De sorte qu'il est inutile de répéter ton récit... »

Ma sœur approuve ma pensée d'un mouvement de tête positif. Ensuite, elle disparaît de ma vue. Perplexe, je termine rapidement l'inventaire.



Vers 17 h 00, je ferme la boutique et je reviens chez moi. Mon époux m'attend et, remarquant mon front plissé d'inquiétude, m'embrasse sur le front. Je souris faiblement.

Jim murmure : – Mel, pas d'ennuis avec les esprits errants de ta boutique ?

D'une voix songeuse, je réponds : – Seulement ma sœur et l'Esprit Observateur français m'ont expliqué comment Carl Neely est responsable de la mort de ma sœur...

D'une voix brisée, je continue mon propos : – ... C'est terriblement ironique ! Carl Neely, guidé par un sombre esprit tchèque, a tué ma sœur en provoquant lui-même l'accident... Sauf qu'il a échappé à la justice, car il a loué le véhicule sous un pseudonyme. Et s'il a été le seul policier à enquêter sur l'accident, c'est en raison de la complicité de l'esprit tchèque et du chef de la police de Longview... Ah ! Tout ceci me dépasse ! De plus, une fois que Carl Neely... a été certain que ma sœur est morte, il a bu trois verres de Bloody Mary dans un bar du coin à Longview... Quel sombre cynisme de sa part ! Évidemment, ma mère ignore la vérité au sujet de sa mort, car elle en a été très affectée. Ah ! Quant à mon père, il l'a appris une fois de l'autre côté... Jim...

D'une voix chaleureuse et masculine, tellement rassurante, mon époux complète ma phrase en me fixant de ses jolis yeux bleus : – ... Pourquoi le destin semble être si cruel envers toi ? Allez, rassure-toi, Mel ! Tu n'es pas complètement seule ! Tu vois bien que je suis là, en chair et en os...

Émue de son sincère soutien, je pleure silencieusement sur son épaule gauche. Jim m'enlace pour me rassurer. Je sanglote. Il m'embrasse et je me calme au bout de plusieurs minutes. Une fois calmée, je le remercie timidement de son soutien. Il me sourit chaleureusement et s'exclame : – As-tu alors informé ta mère ?

Je baisse les yeux et murmure : – Non...

– Et bien, tu pourras l'informer maintenant ou demain... Il n'est jamais tard pour qu'elle sache la vérité, non ?

Je lève mes yeux vers Jim, dont son visage exprime une pitié. Je saisis en mon esprit sa pensée : révéler à ma mère la vérité au sujet de la mort de ma sœur. Je me rends à son avis.


Tout à coup, à ma droite, je remarque un esprit errant : mon père. Il me sourit paternellement, ce qui adoucit ses yeux bleu glacial. D'un ton sérieux, il dit : – Ma petite Melinda, nul besoin d'appeler ta mère... Je l'informerai en personne de la situation.

Étonnée, je murmure : – Merci, papa !

Et mon père disparaît de ma vue. Devant le regard étonné que me jette Jim, je lui explique la brève apparition de mon père. Mon époux me sourit et me propose de réchauffer nos portions de pierogis au chou blanc. 

Après la vaisselle, nous discutons du cas de Carl Neely et de son rapport avec la Tchéquie. Nous parvenons à la conclusion provisoire qu'il a passé peut-être un certain temps dans ce pays et que Dieu sait par quelles circonstances, il se retrouve avec le mystérieux esprit errant d'un sorcier tchèque. Par ailleurs, nous nous demandons si cet esprit tchèque ne serait pas le sorcier responsable de la malédiction des benjamins de la famille Clancy ? Je suis attristée à une telle conclusion et Jim doit me bercer longtemps pour me rassurer. Heureusement, le soir est tranquille pour nous.



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