Mythologie au rendez-vous

Chapitre 2 : Rencontre, seconde partie, Infatigable Déesse immortelle au Regard perçant

6599 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/10/2023 00:47

Par un beau jour du mois de mars, dans son cabinet psychiatrique, Élie James voit une fort belle femme âgée de vingt-cinq ans avec une ample chlamyde vert olive jusqu'aux chevilles, aux yeux bruns foncés et aux cheveux aussi noirs que l'ébène, au teint pâle caractéristique des Européens. Par-dessus sa chlamyde, elle porte un gilet vert foncé, lui donnant un aspect vaguement militaire. Le gilet tricoté présente des arabesques complexes qui rappellent faiblement l'égide et le Gorgonéion... À moins que vous êtes une âme artistique, ce qui n'est pas le cas d'Élie James... Le professeur la salue et lui demande de s'assoir. Elle obtempère. Après discussion de banalités, le psychologue sait que la jeune femme répond au nom de Sophie Baguenault, fille de Jean Baguenault et Catherine De la Rochefort, célibataire et propriétaire d'un magasin de laine depuis deux ans. Elle est très habile de ses mains pour les travaux féminins, couture, tricot, crochet et tissage n'ont pas de secrets pour elle. Son célibat lui tombe lourd et elle est amoureuse d'un homme qu'elle n'a pas revu depuis longtemps. Elle a aussi une relation très tendue avec certains proches et avec certains amis et voisins.


Lorsque le psychologue voulait essayer de l'hypnotiser pour faire une thérapie régressive, il n'a pas remarqué qu'il n'avait aucun effet sur sa patiente... comme si elle n'était pas une mortelle... comme si elle était immunisée de l'hypnose... Et il n'avait pas remarqué qu'il était hypnotisé par la patiente, par son regard. Le psychologue est plongé dans le regard de sa patiente, un regard qui traverse tout son être et qui l'atteint en son âme. Un regard rempli de sagesse et de tristesse, un regard qui a vu plusieurs guerres et horreurs, un regard qui raconte une longue histoire, l'histoire de l'humanité. En un mot, un regard millénaire et intemporel d'un immortel. Le psychiatre est simultanément effrayé de ce regard et fasciné... Plus il observe ses yeux, plus il discerne des nuances d'émotions se refléter, de la haine, de la colère, de la jalousie, de la mélancolie, de la tristesse, de la terreur, de la joie, de la bonté, de l'amour maternel, de l'orgueil, du triomphe, de la ferveur, de la peur, du dégoût, de l'agressivité, du mépris, de la vengeance, de la culpabilité, de la détermination, de la surprise, du regret et de la fragilité... Si l'expression les yeux sont le miroir de l'âme pouvait s'illustrer, le psychiatre et psychologue vient de le comprendre... La mystérieuse patiente, quelques minutes plus tard, nullement gênée du regard du psychiatre, lui demande, sur un ton calme, quasi hypnotique :

— Monsieur Élie James, dites-moi si vous pouvez m'informer de votre identité au XVIIIe siècle... Vous êtes capable de vous en souvenir... Sinon je peux vous le dire...

Il lui fait un signe négatif de la tête, signifiant qu'il ne peut s'en souvenir.

— ... Nous nous sommes déjà rencontré à cette époque-là. Vous étiez un étudiant anonyme du célèbre philosophe Emmanuel Kant, un certain Heinrich Gottliebe Numberger, et je vous avais guidé jusqu'à ce philosophe, vous étiez mon protégé... sous le couvert d'être votre bonne... Ce qui explique votre intérêt pour la philosophie... et la psychologie... Je suis venue à la fois pour moi et pour vous. Vous devez m'aider avec mes problèmes, au moins de me libérer de ma plus grande crainte... et je dois vous donner un cadeau qui vous protégera... Mais avant, je me prête à votre jeu...

Le psychiatre ne fait qu'hocher la tête, hypnotisé par la déesse.

— ... Ainsi, avant de prendre mon nom actuel de Sophie Baguenault, j'avais un autre pseudonyme, une certaine Amélie Smith, pâtissière. J'étais aussi, aux environs de la Seconde Guerre Mondiale, une militaire répondant au nom de Svetlana Vasilyevna Arkhipova. J'ai fièrement descendue le drapeau nazi du parlement à Berlin... Bon, je n'ai pas besoin de reculer plus dans le temps, sinon ce sera trop long... Remonter jusqu'à l'Antiquité est inutile, même si que je me souviens de tous mes noms d'emprunt... Notez les noms mentionnés, Sophie Baguenault, propriétaire d'un commerce de laine en France, Amélie Smith, pâtissière en Angleterre, et Svetlana Vasilyevna Arkhipova, militaire en Russie, à l'époque l'URSS.

Élie James opine du chef et note les informations mentionnées et lui demande, comme sorti d'un transe :

— Mademoiselle Baguenault, vous êtes une énigme... À voir vos yeux, je me demande quelle vieille âme vous êtes, sauf si vous êtes une déesse...

Cette femme, sa patiente, une déesse, n'est nulle autre qu'Athéna. Elle soupire, petit sourire aux lèvres, et lui répond :

— Très bien mon protégé... Je vais répondre honnêtement. Je suis Athéna aux yeux de chouette, l'Infatigable Déesse immortelle au Regard perçant. Je suis la fille unique de Zeus porteur d'égide et de Métis la très rusée. Je suis la protectrice d'Héraclès, de Persée, d'Ulysse, de Bellérophon, de Jason et de plusieurs autres héros... parmi lesquels Ivan Petrovich Pavlov dans les temps modernes... J'ai maintes fois rencontré un certain dieu... Mon amour, je l'aime... Je me languis de ne pas être proche de lui... Je l'ai vu il y a des millénaires, mais il ne semble pas intéressé par moi... En plus que lors de certaines guerres, il était mon ennemi... J'étais dans le camp ennemi... Ça me déchire le cœur... Heureusement qu'il ne m'a pas affronté, sinon j'aurai perdue le combat. Et j'avais aussi un autre prétendant que j'ai affronté lors de la Seconde Guerre Mondiale... nous étions ennemis, puis il est passé dans mon camp... en se faisant passer pour un Américain... J'ai alors demandé l'aide de mon demi-frère, militaire expérimenté avec lequel j'aime bien parler de stratégies, Arès, pour qu'il me débarrasse de ce prétendant. Ce dernier a vu sa botte militaire dans son derrière. J'ai ri...

— Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous ne voulez pas vous marier, alors que vous avez trouvé votre amour ? Une peur de votre père ? Un traumatisme de votre naissance parce que Zeus a mangé Métis avant que vous soyez née ? Une frayeur de la tentative de viol de votre demi-frère ?

— Merci de ne pas avoir à tout expliquer... Heureusement, vous êtes intéressé par la mythologie... Pour répondre à votre question... Disons que j'ai peur de connaître l'amour... De peur qu'il ne m'abandonne, qu'il ne me viole, qu'il m'empêche d'avoir des enfants avec lui... Pour être honnête, je ne vis pas dans la crainte de mon père... Malgré sa peur réelle jusqu'au début du christianisme qu'il puisse être détrôné par un fils issu de mon sang, il n'a plus cette peur et m'a même encouragé au Moyen-Âge que je trouve un époux digne de moi... À l'époque, je n'avais pas encore rencontré ce dieu que j'aime à la folie, mais qui n'est aucunement intéressé par moi...

— Écoutez-moi, Athéna. Je comprends que vous soyez traumatisée par votre naissance particulière, mais ce n'est pas parce que votre père a agi ainsi que votre mari ou votre amant agira de même... Rien n'implique une reproduction sociale pour parler en terme sociologique... D'ailleurs, je me demande même si la prophétie concernant un enfant mâle qui détrônera Zeus n'était pas un leurre de Gaia pour rendre paranoïa votre père. Et vous empêcher de vous marier et d'avoir des enfants... Ces enfants qui auraient facilité la victoire des Olympiens lors de la Titanomachie... Il ne faut pas oublier qu'elle est perfide la Terre...

— Je n'avais jamais pensé ainsi... Vous avez peut-être raison... J'y réfléchirai... Aussi, il est exact qu'Héphaistos, avec sa tentative de viol, heureusement ratée, m'a engendré un traumatisme de toute envie de nouer une relation plus intime avec les hommes. Avec eux, mes relations étaient et sont strictement professionnelles, sérieuses, froides parfois, au mieux amicales, fraternelles ou maternelles, mais jamais amoureuses... Jamais de câlins tendres ou de mots doux... Jamais d'enfant qui soit de mon sang... Encore moins la complicité d'un couple marié depuis plusieurs années... Jamais des fils et des filles qui m'appellent maman et mère... Jamais de mari à mes côtés qui me réchauffe, qui m'écoute, qui me conseille, qui me soutient lors des moments difficiles... J'ai compensé ce manque par le tissage et le tricot des couvertes pour me sentir moins seule le soir... seule dans mon lit... Et je parle occasionnellement aux hiboux et aux chouettes... Sans oublier que je prends un plaisir à discuter pendant des heures avec Arès sur des stratégies militaires... pour me sentir moins seule... pour... Je...

La déesse éclate en sanglots, elle pleure toutes les larmes de son corps d'immortel, touchant Élie James au fond de son âme qui s'attriste aussi en pensant à sa propre situation de célibataire. Il retient ses larmes pour ne pas se lamenter devant la déesse, sa protectrice. Il attend que la crise de larmes de l'être immortel passe. Quelques minutes plus tard, qui semble une éternité pour le protégé, Athéna murmure, encore secouée par ses pleurs :

— Merci Élie James pour votre patience... Je dois vous avouer qu'il est bizarre de se confier à son protégé alors que je suis immortelle, mais j'ai l'impression qu'un lourd poids se libère doucement de mes épaules et de mon cœur. Il faut encore beaucoup de temps avant que ce poids tombe définitivement de mes épaules... Un traumatisme millénaire ne part pas si facilement.

Le psychiatre et psychologue se racle la gorge, ému, la gorge nouée par l'émotion, et lui affirme :

— Je comprends votre réaction... Elle est normale. Parfois, il faut laisser les émotions s'exprimer librement, indépendamment de votre position dans le monde et des attentes que les autres peuvent avoir de vous. Je pense que la présente séance de psychothérapie sera suffisante. Revenez quand vous le souhaitez, je serai toujours disponible pour vous.

— Attendez! Je ne peux vous quitter sans vous donner un cadeau... Pour vous, pour qu'il vous protège.

Élie James se tourne vers la déesse, intrigué, et attend qu'elle lui donne ce qu'elle a apporté. Athéna sort de sa poche interne un collier d'or avec un pendentif en forme d'étoile à cinq branches et l'informe :

— Un cadeau, œuvre de l'illustre Artisan boiteux au fond de sa Sicile. Ce collier n'est pas un bijou normal, lorsque vous appuyez au centre de l'étoile, le pendentif devient une dague et le collier, un bouclier. Et, en tant que mon protégé, je vous bénis, je verse sur vous la charis comme je l'avais fait à Ulysse, pour que vous conserviez encore longtemps votre vigueur et endurance de jeunesse. Certes, l'effet sera moindre qu'à l'époque, mais non moins efficace. Ce cadeau vous sera utile plus tard... Vous le comprendrez le moment venu... Et je vous propose d'être votre entraîneur pour vous apprendre à bien manier les armes et un bouclier.

— Merci beaucoup Athéna, lui répond Élie James, sincèrement ému.

Il prend le collier et appuie au centre de l'étoile pour vérifier les dires de la déesse. Et elle a raison, le pendentif devient une dague et le collier, un bouclier. Étonné, le psychiatre ramène dans sa forme première le cadeau de la déesse et le met autour du cou. Athéna le quitte en prenant la forme d'une hirondelle. Le protégé de la déesse pense à l'Odyssée en la voyant sortir par la fenêtre sous cette forme animale.


Athéna rejoint Arès dans le parc de Grandview, à nouveau sous sa forme de Sophie Baguenault. Elle est assise sur un banc, réfléchissant à la séance de psychothérapie avec son protégé et pleure énormément, très affectée en son être par les conclusions. Son collègue militaire se tient à distance d'elle, gêné d'être spectateur de la faiblesse de la déesse. Après quelques minutes, une fois que la crise de larmes est passée, le dieu demande à Athéna :

— Yeux de chouette, veux-tu bien m'expliquer comment tu te retrouves dans cette ville perdue de l'autre côté de l'Océan, Outre-Atlantique, dans le Nouveau Monde ? Bizarre, toi qui préfère le bon Vieux Continent.

— Arès, arrête de me taquiner !... Mais je te remercie infiniment pour avoir donner un pied dans le derrière à ce prétentieux manchot germanique de Tyr en 1941. Il était très ennuyant ce prétendant ! Le nazi !

— Sache que ce fut un plaisir, noble dame, que de lui donner ce coup bien appliqué... Il a volé sept mètres plus loin et il ne te dérange plus... Je l'espère... Sinon, dis-le moi s'il ose t'importuner, j'améliorerai son traitement pour qu'il atterrisse sur la Lune.

— Merci. Tu es très gentil. Je pense avoir trouvé quelqu'un qui pourrait être digne de ta bénédiction divine, mon vieux collègue.

— Qui ?, demande, très intéressé et intrigué, le dieu.

— Mon protégé, Élie James, depuis plusieurs siècles. Il est mon psychologue... Je suis une séance psychothérapeutique avec lui depuis aujourd'hui... C'est très émouvant, j'en suis affectée jusqu'aux tréfonds de mon être... Mais j'espère qu'elle m'aidera à me libérer de mes peurs irrationnelles. ...

Le militaire soviétique se présente à la droite du dieu.

— ... Bonjour, camarade Ivan Petrovich Pavlov, le salue Athéna d'un air enjoué, vous ne vous êtes pas ennuyé à suivre mon collègue, Arès, pendant soixante-neuf ans ? Surtout que votre collègue Anastasia Vladimirovna est une déesse...

L'esprit errant, étonné, lui fait un salut militaire et réplique en russe :

— Noble dame, ma protectrice, je ne doute pas de vos paroles, mais comment pouvez-vous affirmer qu'Anastasia Vladimirovna Bogolepova est une déesse ? Je n'ai rien remarqué de tel.

La déesse aux yeux pers soupire et répond sur un ton maternel :

— Mon protégé cher à mon cœur, plus cher qu'Ulysse aux milles ruses, je sais bien reconnaître et distinguer un dieu d'un mortel, et un dieu d'un Ange ou d'un elfe, indépendamment du camouflage et de l'apparence. Il y a quelque chose en plus...

Le défunt protégé réfléchit et est soudainement frappé par une réalisation et s'exclame :

— Vous avez raison! Ma collègue était une déesse... Je ne l'avais jamais remarqué... Je vous quitte.

Ivan Petrovich Pavlov fait un salut militaire aux deux dieux et s'en va, ne dérangeant plus les deux êtres surnaturels. Ces derniers ont aussi rendu le salut militaire au Russe. Et Athéna se tourne vers le dieu de la guerre et lui commente avec ironie :

— Alors, collègue, As-tu retrouvé ta chère Anastasia Vladimirovna que tu aimes d'un amour fou ? Je pense que tout le monde le sait, même les moineaux sur les toits de Kaliningrad et les arbres dans les forêts du Kamtchatka le savent que tu l'aimes.

— Athéna, rugit Arès, énervé qu'elle se moque de son amour, je ne t'ai pas demandé ton avis sur ma chère déesse qui fait battre mon cœur froid et rude de militaire... D'ailleurs, depuis plusieurs siècles, il m'est difficile d'ignorer mon amour pour ma déesse, mais je doute qu'elle me veuille... Tu connais la réputation que j'ai... Et tu sais combien nous sommes entêtés, elle et moi...

Athéna opine du chef. Arès, sourire sadique aux lèvres, continue son discours :

— ... Et, la déesse vierge essaie de détourner l'attention sur moi, sur mes déboires amoureux pour ne pas parler d'elle... Malin, très malin!... Mais je parie aussi que tu as un homme ou un dieu cher en ton cœur comme moi ma déesse. Je dois reconnaître que j'ignore qui est l'heureux élu, mais vas-y! Ne sois pas seule et ne sois pas gênée de faire le premier pas... Tu sais que les temps ont changé... Demander la main au père ne se fait plus depuis longtemps... Je t'encourage pour que tu ne sois plus seule... Dieu que c'est long et frustrant une vie seule...

La déesse rougit, mais se tait, cachant son visage du regard de son collègue. Ce dernier continue :

— ... Je t'ai assez taquiné Athéna. Au revoir... Et je passerai demain voir ton protégé et psy pour déterminer s'il mérite ma bénédiction. À demain, ma collègue.

Le dieu se lève prestement du banc, salue militairement sa collègue, lui tourne les talons et s'en va. La déesse de la sagesse demeure encore assise sur le banc du parc, pleurant et réfléchissant à la séance de psychothérapie avec son protégé.

À ce moment, Mélinda passe proche d'elle avec Aiden entre les bras. La déesse relève la tête et sourit tristement à la jeune mère avant de se lever. Mélinda croise le regard de la déesse pendant quelques secondes, elle y discerne une intemporalité similaire à celle d'Arès... Une intemporalité insoutenable et vertigineuse... La chuchoteuse d'esprits détourne rapidement son regard, voit un esprit errant sur un autre banc du parc et va l'aider, sous le regard intéressé de la déesse. Cette dernière, avant de revenir chez elle dans son petit appartement, observe discrètement la jeune mère, sourit et murmure une vague bénédiction.


Parallèlement à Athéna dans le parc de Grandview, Élie James revient chez lui, dans son appartement, perturbé par la séance avec la déesse, sa protectrice... Il pense que le transfert et le contre-transfert se sont mis en marche dès la première séance, d'où l'agitation émotionnelle d'Athéna et sa propre agitation... Il doit reconnaître qu'en écoutant sa protectrice immortelle, il a réalisé sa propre situation : celui d'être un célibataire depuis longtemps... De ne pas avoir de femme à ses côtés... Une présence féminine lui manque cruellement... Lui qui désire tant fonder une famille... Athéna a certainement vu en lui une figure paternelle qu'elle n'a jamais eu... Un père à l'écoute de ses enfants, un père qui soutient sa famille et sa fille... En bref, la présence d'un amour paternel, sans être maladivement possessif envers sa fille... Un père qui souhaite que sa fille se marie un jour... Mais son père est inconsciemment si malade et possessif qu'il s'en est libéré que trop tard... Athéna est marqué à vie et il lui faudra beaucoup de temps avant de se libérer de l'emprise possessive de son père... Emprise quasi incestueuse d'un père paranoïaque... Toute cette attitude parce qu'il a peur d'être détrôné par son petit-fils... Tout ça à cause d'une prophétie douteuse...

Aussi, en Athéna, il voit une mère qu'il n'a jamais eu... Sa propre mère, Evelyn, n'en était pas une... Cette Evelyn qui est morte il y a huit ans déjà ne lui manque aucunement... Cette mère qui semble cacher quelque chose, mais il ne pourrait mettre le mot sur ce secret. Le psychiatre et psychologue soupire et joue inconsciemment avec le cadeau de la déesse pour faire tomber la tension en son âme. Il pense que Carl Gustav Jung a peut-être raison avec sa théorie des archétypes qui continuent à influencer le monde moderne et sa théorie de l'anima, la partie féminine en l'homme, équivalent de l'animus de la femme, qui s'extériorise en des figures féminines importantes, la mère, la sœur, l'amante, ... Athéna ne peut qu'être l'archétype, l'image, de la femme vierge et de la femme maternelle, protectrice de ses enfants... De la femme qui défend son idéal avec les armes... La déesse poliade par excellence... Mais, un archétype, tout intemporel qu'il est, ne peut être ainsi déprimé, il ne peut que présenter différentes facettes, tantôt bonnes, gentilles et bienveillantes, tantôt méchantes, mauvaises et malveillantes... Sauf s'il se trouve en présence d'une simple mortelle possédée par une entité archétypique, entité qui laisse une marque sur le destin de l'individu en présentant un certain schème particulier, propre à lui... Pour Athéna, le schème est celui de la fille vierge, ayant une enfance difficile, sur laquelle plane une menace de viol qu'elle peut éviter... Une femme avec un fort caractère, un caractère combatif, militaire. Une femme qui aime aider les autres et qui excelle dans les travaux féminins, tissage, tricot et crochet... D'ailleurs ses noms même sont significatifs, Sophie Baguenault, propriétaire d'un commerce de laine en France, Amélie Smith, pâtissière en Angleterre, et Svetlana Vasilyevna Arkhipova, militaire en Russie. Arkhipova comme dans archétype, Smith comme dans travailleur et Sophie comme dans sagesse et Baguenault, une forme de tristesse de ne pas être mariée, de porter une alliance...

Élie James soupire à ses pensées et divagations et se dirige vers la cuisine pour préparer son repas du soir. Il sursaute en entendant le téléphone sonner. Il lit sur l'afficheur le numéro de Mélinda, soulève le combiné et répond :

— Veuillez laisser un message après le son, Élie James vous répondra à son retour... Bip...

— Élie James, arrêtez avec vos stupides blagues, je vous appelle pour demander votre aide concernant un cas d'esprit errant et ... de dieu grec.

— Très bien Mélinda Gordon. Je vous écoute.

— Il y a deux jours, j'ai rencontré un esprit errant, Ivan Petrovich Pavlov, qui suit Arès, le dieu grec...

— C'est bon, pas besoin de m'expliquer qui est le dieu grec, je le sais... Et où voulez-vous en venir avec cette histoire quelque peu burlesque ? ... Bon, moins pire que mon cas avec une déesse grecque très connue comme patiente... Je vous écoute.

— Je disais qu'Ivan Petrovich, militaire russe de la Seconde Guerre Mondiale, accuse Arès de sa mort. Mort parce que le dieu est jaloux du militaire et est follement amoureux d'une Anastasia Vladimirovna Bogolepova... Et l'esprit errant craint pour la sécurité de la réincarnation de cette femme.

— Et en quoi puis-je vous aider ? Je ne suis pas Dieu pour tout savoir! Et j'ai déjà mes problèmes et mes ennuis... En plus d'une séance psychothérapeutique plutôt agitée ce matin, alors veuillez bien me laisser seul un peu! Ne m'amenez pas en plus vos questions!

Devant l'emportement de son ami, Mélinda lui réplique, calmement :

— Alors Élie James, je vous appellerai dans quelques jours pour discuter plus en détail de ce cas particulier. Passez une bonne journée et à la prochaine.

Chacun raccroche son combiné. Le professeur de psychologie s'allonge sur le canapé dans le salon et murmure pour lui-même :

— Ainsi, j'ai une déesse grecque comme patiente... Athéna... Nous sommes agités par cette rencontre... Je serai assez étonné qu'elle vienne demain continuer la psychothérapie. Même si elle viendra la semaine prochaine, je serai surpris... Imaginons pour un être millénaire autant de surprenante découverte sur soi et sur ses problèmes, ce n'est pas facile à digérer... Ni à reconnaître... Déjà, moi, humble homme, humble mortel, suis agité de cette rencontre... Alors je préfère mieux ne pas imaginer le séisme interne en l'âme d'un être immortel avec des millénaires d'existence... Horrible, terrible, incommunicable est l'effet de la psychothérapie... Pauvre ma protectrice... Surtout que j'ignorai que des dieux pouvaient être psychanalysés... Bizarre... Mélinda m'a mentionné au téléphone Arès avec un esprit errant... Ivan Petrovich Pavlov... Comme le protégé d'Athéna ? ... Intéressant... Une histoire entre dieux par l'entremise d'une âme errante... Et Anastasia Vladimirovna est une mortelle ou une déesse ? Bonne question...

— Elle est, selon Athéna, ma protectrice, un déesse, l'interrompt l'esprit du militaire soviétique.

Élie James sursaute en entendant la réponse. Il se redresse et demande, en tournant la tête à gauche et à droite :

— Je ne peux que vous entendre... Je ne vous vois pas... Vous m'avez fait peur, monsieur Ivan Petrovich Pavlov, ... si je ne me suis pas tromper sur votre identité...

— Exactement.

— Et vous dites qu'Anastasia Vladimirovna est une déesse...

— C'est les affirmations d'Athéna, notre protectrice... Lorsque je côtoyais Anastasia Vladimirovna, ma collègue, je dois reconnaître que je n'ai rien remarqué de particulier qui me permettait de douter de son rang, de son statut... Je l'avais considéré comme une mortelle, comme vous et moi. Contrairement à Athéna ou Arès, qui avaient une particularité dans le regard... Un regard intemporel, un regard qui a vu maintes horreurs, un regard qui a vu l'Histoire... Regard aussi vieux que certains Observateurs...

— Et notre protectrice vous a informé qu'Anastasia Vladimirovna est une déesse... Certaine à cent pour cent ?

— Disons que l'intonation de sa réponse est ambigüe, mais je pense qu'elle est sérieuse.

— Merci de l'information.

— Avant de vous quitter, ajoute le militaire, je peux vous aider concernant le maniement d'une arme et d'un bouclier... Je sais qu'à mon époque, ce n'était pas d'usage les boucliers, mais les armes, oui.

— C'est correct, très gentil et apprécié de votre part, mais Athéna s'occupera de ma formation.

— D'accord. Vous êtes entre de bonne main alors. Au revoir.

L'esprit errant s'en va, laissant le psychologue perplexe.


Le lendemain matin, Élie James se rend à son cabinet. Il est accueilli par Sophie Baguenault, alias sa protectrice immortelle Athéna, et un homme imposant au visage sévère, tête rasé orné d'un béret, aux yeux noirs intemporels, vêtu d'un complet vert olive avec un manteau vert forêt... Nul autre qu'Arès, pense le professeur universitaire. Ce dernier se racle la gorge, salue sa patiente et protectrice et demande la raison de leur venue. Les deux déités rentrent dans son bureau et Athéna prend la parole :

— Élie James, mon cher protégé, je ne viens pas pour une séance psychothérapeutique, mais bien pour une évaluation de votre aptitude à mériter la bénédiction de mon collègue et demi-frère Arès. Et aussi, je veux commencer votre entraînement avec les armes et le bouclier. La psychothérapie ira à la semaine prochaine.

L'interpellé opine du chef et libère son bureau pour avoir plus d'espace pour l'entraînement. Arès observe silencieusement le mortel, alors que sa collègue s'occupe de son éducation militaire.

Après cinq heures d'entraînement, Élie James est exténué, il n'en pouvait plus. Alors les deux dieux quittent son cabinet, laissant le mortel avec des bras et des jambes endoloris par l'effort surhumain. L'entendeur d'esprits se demande bien l'utilité d'un tel entraînement martial, impitoyable... mais il se console en songeant que sa protectrice est une déesse, elle doit savoir ce qu'elle fait.


Dans le parc de Grandview, après l'entraînement d'Élie James, Athéna et Arès se rencontrent pour discuter de la possible bénédiction du protégé de la déesse par le dieu de la guerre. Ce dernier l'informe en ces termes :

— Ma chère collègue, Athéna aux yeux de chouette, j'ai observé ton protégé depuis plusieurs années, Élie James... Et je pense qu'il est digne de ma bénédiction... Il lui faut, certes, encore beaucoup, beaucoup d'entraînements pour attendre un niveau acceptable, mais il est un bon élève... Dès que tu auras terminé avec son entraînement, je le prends en charge pour compléter son éducation... Je trouve que tu es trop douce... Il faut y aller avec une poigne de fer, il faut habituer ton protégé à être un vrai homme, à survivre dans des conditions d'extrême fatigue, de faim et de soif! C'est ça l'armée, ma chère!

— Très bien Arès, mais tu ne peux être si sévère envers mon protégé, il n'est qu'un mortel.

— Mes excuses de s'ingérer dans votre discussion, Polkovnik et ma protectrice, commente le militaire soviétique en faisant un salut militaire pour chacun, mais je suis d'accord avec Athéna. Polkovnik, avec tout le respect que je vous dois, il faut un peu ménager le pauvre Élie James. Le pauvre, il n'a jamais fait de service militaire de sa vie... Son plus grand effort est de soulever des livres et courir s'il pense être en retard au travail... Vous ne pouvez le tuer en lui imposant un si strict entraînement... Soyez un peu indulgent.

Arès fait à semblant de réfléchir et murmure :

— Vous avez raison tous les deux... Je ne peux être si sévère envers ce mortel qui n'a pas les millénaires d'entraînement que j'ai.

— Donc, Arès, conclut Athéna, tu béniras mon protégé pour qu'il devienne un foudre de guerre, à la fois endurant et stratégique.

L'interpellé hoche de la tête et hurle fièrement :

— Ma collègue, laissons ton protégé! Il ne faut pas se ramollir avec les millénaires! Faisons un duel amical pour ne pas perdre nos réflexes et endurances militaires. Allons-y!

Et les deux déités de la guerre se livrent à un exercice complexe et compliqué de combat sous le regard amusé de l'esprit errant pendant plusieurs heures.


Élie James, lui, continue à réfléchir sur les évènements récents et surtout sur la psychothérapie d'Athéna. Il a hâte à la semaine prochaine pour continuer sa séance avec sa protectrice. Et il se demande si une bénédiction d'Arès est une bonne idée... Pour être honnête, il ne comprend pas l'utilité de maîtriser des stratégies militaires, d'avoir un entraînement pour manier correctement des armes et de développer des réflexes aux moindres mouvements et coups de l'ennemi... Tout ça lui semble obscur, inutile et sadique de la part de sa protectrice qui n'a rien trouvé de mieux à faire... Mais il ne s'en plaint pas, parce qu'il n'est jamais une bonne idée de manquer de respect envers un être surnaturel aussi puissant que peut être un dieu, même déchu. Le psychiatre et psychologue soupire et accueille son autre patient, un homme de trente-cinq ans atteint d'un trouble obsessionnel-compulsif, qui est en psychothérapie depuis un mois déjà. Une fois la séance avec ce patient terminée, il entend quelqu'un frapper à la porte. Il s'étonne de voir Arès et Athéna. Il les accueille à l'intérieur et leur demande la raison de leur visite. Arès ne s'explique pas et ne fait qu'un geste de bénédiction accompagné d'un sourire chaleureux du dieu à son nouveau protégé pour disparaître aussitôt sous la forme d'un immense vautour fauve, ou griffon. Il sort par la fenêtre suivi d'Athéna devenue chouette chevêche. Élie James est étonné de ce qu'il vient de voir... Et encore plus à l'idée qu'il est le protégé d'Athéna et d'Arès... Il se demande s'il n'est pas en présence d'une immense farce ou s'il est en présence d'une folie hallucinatoire... Mais il se raisonne en se répétant à mi-voix :

— J'entends bien les voix et les murmures des esprits errants... Et je ne suis pas fou pour autant... Alors je n'hallucine pas et ces dieux grecs de la guerre m'ont pris sous leur aile... Mais pour quelle raison ? Je suis un bien piètre guerrier... Ma plus grande activité physique est de monter et descendre des marches d'escalier, de courir jusqu'à ma salle de classe si je remarque que je serai en retard et je n'ai transporté que vingt livres sur mon dos dans un sac et entre mes mains comme mon plus lourd équipement, jamais une armure, une arme et un bouclier... Mais bon! Je ne m'embêterai pas trop avec leur volonté. J'ai hâte à la semaine prochaine pour reprendre ma psychothérapie avec Athéna.


La semaine prochaine, au cabinet d'Élie James, Athéna arrive à l'heure, plus exacte qu'une horloge suisse. Le psychiatre et protégé salue la déesse et lui désigne un siège en face de lui. Une fois la déesse confortablement installée, le professeur affirme calmement, posément :

— Ainsi Sophie Baguenault, alias Athéna, qu'avez-vous retenue de notre dernière rencontre ? Avez-vous des points à clarifier, à préciser ou à nuancer avant de continuer ?

La déesse médite sur la question avant de répondre quinze minutes plus tard. Pendant ce temps, Élie James observe sa patiente et note son regard : des émotions diverses s'y reflètent, la colère, la honte, la tristesse, la compassion maternelle, la joie, l'amour blessé et d'autres nuances qu'il ne peut exprimer en mots. Il s'est perdu dans ce regard. Heureusement, la voix de la déesse le sort de sa rêverie.

— Pour répondre à votre question, mon protégé, affirme sur un ton sérieux avec un regard inexpressif la déesse, Je vous précise que ma plus grande peur est de se lancer dans une aventure avec un homme... de me montrer faible devant lui... d'être brisée parce qu'il m'a forcée à ... ou pire... de ne pas pouvoir élever mes enfants... Érichthonios, mon fils adoptif, je l'avais donné aux filles de Cécrops,... et je le regrette... Mais je savais que je ne pouvais garder ce monstre près de moi... Résultat de l'amour fou d'Héphaistos pour moi... Une immense farce de Poseidon parce qu'il me hait d'avoir perdu Athènes! Quel esprit revanchard cet oncle! ... Mais revenons à ce que je voulais dire... Je conclus que ma plus grande frayeur irrationnelle est le viol... La peur de subir ce traumatisme indélébile... Je...

La voix de la déesse s'étrangle et elle se tait. Sanglotant faiblement, sa poitrine en tressaille. Après un silence oppressant de plusieurs minutes, Athéna reprend la parole.

— Excusez-moi de ces effusions de larmes... Il m'est difficile de parler posément d'un danger réel alors que je l'ai échappé de peu... Un dieu, même infirme qu'est Héphaistos, demeure plus fort que moi... J'avais plus de chance qu'il ne soit parvenu à ses fins... ou il avait bu trop de la vodka après son travail ce jour-là... Je l'ignore... mais je suis bien consciente que ... je ... l'avais échappé ... de peu... Ma façade de déesse imperturbable m'agace, mais c'est un masque pour cacher mes blessures et traumatismes... Je veux paraître forte... Parfois, malgré les millénaires passés, je m'apitoie sur moi-même... Je pense que les Moires se sont bien acharnées sur moi et ne veulent point m'accorder un peu de bonheur...

— D'accord, passons à autre chose Athéna, réplique doucement le psychiatre en griffonnant des notes sur son calepin de thérapie. Passons à quelque chose de plus joyeux, de plus optimiste, quelque chose qui fait votre fierté et votre bonheur.

— D'accord... Laissez-moi réfléchir... oui! Je vous dirai que ma plus grande fierté est d'avoir inspirée et conseillée certains écrivains et philosophes pour l'édification de leur noble œuvre. Œuvres qui forment leur glorieuse postérité... Je vous laisse deviner lesquels...

Élie James passe en revue dans son esprit tous les philosophes et écrivains connus, de Platon à Henri Bergson et d'Hérodote à Maurice Druon, en passant par Plotin, Hegel, Kant, Rousseau, Jean de la Fontaine, Molière, Victor Hugo, Maupassant, Gogol, Dostoïevski, Hermann Hesse, Heinrich Heine et Bernard Werber, mais il ne parvient à trouver auquel sa protectrice faisait allusion... Mais il ne pense pas que ce soit important pour l'instant.

— ... Aussi, complète la déesse avec un enthousiasme sincère, je suis tellement fière de l'olivier, mon arbre... Tout un symbole et toute une fonction pratique.

— Vous avez raison Athéna, confirme le psychiatre avec un petit sourire dans le coin des lèvres, tout en notant les réponses de la déesse.

— Et il ne faut pas oublier mon ingéniosité avec le bateau, j'avais conseillé Argos pour la construction du fameux navire des Argonautes...

— Autres détails à ajouter ?

— Non... En fait, oui... Je voudrai vous avouer qu'en temps de guerre, sur le champ de bataille, je sais être cruelle, impitoyable... Ne me sous-estimez pas! ... Je comprends Arès lorsqu'il m'avait dit une fois qu'il s'était s'enivrer de la guerre. C'est pire que n'importe quel alcool, vodka, whisky, cidre, eau-de-vie réunis ensemble... Ça monte à la tête comme si vous avez bu en cinq minutes vingt verres d'absinthe d'un coup... Non pas que je le sais d'expérience... Mais Dionysos, lui, le sait d'expérience... Raison pour laquelle, depuis la Seconde Guerre Mondiale, j'ai décidé d'être plus pacifique... J'ai rangé l'égide dans un armoire avec mes armes... Mais je ne refuse pas un entraînement militaire et un exercice des réflexes avec Arès... Il faut se garder en forme quand même.

— Notre séance thérapeutique est finie pour aujourd'hui... Nous nous revoyons la semaine prochaine... Je remarque qu'aujourd'hui, malgré la difficulté et les larmes au début, il y a un progrès... C'est bon, mais vous aurez encore beaucoup de travail à faire... Ce travail est surtout en vous-même. Vous devez aboutir à des bonnes conclusions... D'ailleurs, la première séance avait aussi été éprouvante pour moi... Le mécanisme psychologique de l'homme est bien bizarre... Mais nous nous en sortirons bien. Il ne faut pas lâcher! Il ne faut pas abandonner! Nous sommes capable!

Sur ces paroles encourageantes, la déesse s'en va.


Et ainsi chaque semaine, pendant deux mois, Athéna venait en séance psychothérapeutique chez son protégé. À chaque séance, il y avait un progrès notable. Aussi, deux fois par semaine, Athéna et Arès venaient entraîner Élie James pour l'habituer aux armes les plus diverses, surtout les armes blanches, et pour lui développer des réflexes de militaire et de guerrier. Le psychiatre ne comprend guère l'utilité d'un tel apprentissage, mais il ne se pose jamais à voix haute la question. Une fois, après un entraînement particulièrement pénible pour le pauvre mortel, Arès et Athéna, ayant lu ses pensées, lui ont répondu à l'unisson :

« Ces exercices se relèveront précieux beaucoup plus tard... Au moment venu, vous nous remercierez de l'entraînement exigeant et difficile. »

Le commentaire laisse le psychiatre perplexe, mais il n'abandonne pas pour autant l'entraînement.




À suivre.

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