Rencontres entre Dieux, esprits et mortels
Chapitre 8 : Suite des Douze Travaux de Carl Neely
10180 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 30/11/2023 00:50
Avertissement : Peu paraître « hors-caractère » pour Mélinda Eastman, mais tel n'est point le cas. C'est seulement une manière de faire sens de son prénom qui se rattache au terme grec signifiant « sombre » ou « noir ».
Fin novembre 2004, Akrata, appartement de Sam Blair.
La policière n'a pas eu une nuit tranquille : trois femmes ailées veulent l'enlever, mais elle se bat bravement, car elle est aidée par des demi-dieux. En discutant de son rêve avec son Génie, elle comprend que ce rêve se rapporte à Carl Neely. Le lendemain, elle en avertit les professeurs Élie James et Richard Payne ainsi que son collègue.
Décembre 2004, bunker de Cronos.
Après plusieurs mois de réflexion sur les prochaines créatures à envoyer à Carl Neely, dans l'intention de le piéger, les Titans trouvent afin une solution. Ils veulent à tout prix l'enlever pour le forcer à être père de demi-dieux et ainsi revenir à sa place en tant que Maître du monde; en bref, renverser Zeus.
À chaque réunion mensuelle des Titans et Titanides, seul Carl Neely en était le témoin dans une vision à distance. Après chaque vision, la Moire Lachésis lui explique ce qu'il a vu. C'est ainsi qu'il comprend que leurs ennemis ne le laisseront pas sitôt en paix... Le policier soupire.
D'ailleurs, depuis la victoire des villageois sur les deux Gorgones immortelles, le village reprend ses activités habituelles. Un peu de paix ! Et simplement de vivre normalement. Évidemment, en suivant les rituels de purification d'Apollon au préalable. Il n'y a que les sentinelles qui veillent sur les donjons de la forteresse, aux aguets des moindres bêtes dans la forêt. Carl Neely, lui, reçoit d'autres visites divines, car son cercle d'admiratrices ne sont pas tranquilles et souhaitent qu'il prouve bien sa virilité. Des vraies coquines... Ainsi, il connu les Muses Uranie et Melpomène, desquelles il devient le père de Claúdios-Eratosthénês (né en octobre 2004, qui a hérité de sa mère le don de lire les étoiles) et Daniel-Emmanuel (né novembre 2004, qui a le don d'écrire des pièces tragiques qui se révèlent prophétiques). Carl Neely est un peu vexé que les Déesses le considèrent comme un étalon... En parlant d'étalon, Pégase s'est assuré, entre-temps, une descendance avec d'autres juments des dèmes environnants, de sorte que chaque habitant chevauche un cheval ailé. De plus, Rhéa, Théia puis Thémis avaient tenté de séduire notre policier, qui leur résiste bravement, ayant reconnu les femmes réunies dans le rituel de nécromancie... Fâchées, les Titanides étaient revennues dans leur bunker. Elles se promettent de se venger de lui...
Jim Clancy, lui, depuis son divorce, remarque qu'il peut lire la pensée de son interlocuteur avec lequel il engage conversation. Son divorce lui tombe lourd, car il aimait vraiment sa femme, sa chère Irène. Mais il n'aimait pas Mélinda. Son infidélité l'a pris au dépourvu. Et il ne pense pas sitôt se remarier. Il est assez occupé entre son travail d'ambulancier, les travaux ménagers, l'entretien du jardin et la visite à leurs enfants les fins de semaine, qui sont sous la garde bienveillante d'Héra.
3 décembre 2004, forteresse près d'Eleonas.
L'un des vieillards qui tient de sentinelle voit, au moyen de son télescope, trois femmes ailées, à la belle chevelure et aux griffes acérées : aucun doute, les trois Harpies Aellô, Célaeno et Ocypétès. Il lance le message suivant dans son émetteur-récepteur portatif : « Trois MIH », ce qui veut dire « Trois monstres identifiés, à savoir des Harpies ». Tous les villageois accourent aussitôt près de la forteresse. Les archères (parmi lesquelles se trouvent Mélinda Eastman et sa sœur), perchées sur les donjons, sont prêtes à tirer sur les monstres. Alexandre-Achille, le demi-dieu voyant (fils d'Aphrodite), s'approche de son père et lui dit de ne pas sortir de la forteresse, car les Harpies veulent l'enlever. Carl Neely le remercie de son conseil. Et il le respectera. Les Harpies ne se laissent pas intimider par les flèches de nos archères. Elles blessent Mélinda Eastman à la tête; son ex-époux la ramène à l'intérieur pour la soigner. Depuis cette blessure, la passeuse d'âmes perdra temporairement son don.
C'est seulement lorsque Jean-Jacques (le fils d'Euterpe) commence à jouer quelques sons de sa double flûte que les monstres s'endorment, s'écroulant au pied de la forteresse. Les archères tirent sur Aellô, Célaeno et Ocypétès. À peine ont-elles achevé leurs ennemis qu'Alexandre-Achille crie « Attention aux Sirènes ! »
Héraklès apparaît au milieu des guerriers rassemblés dans la forteresse puis distribue des casques anti-bruit. Tous s'empressent d'en mettre un sur leurs têtes, sous leur casque d'armure. Une fois le Héros-Dieu parti, Joshua Bedford tente de convaincre sournoisement ses compagnons d'armes de sortir à l'extérieur pour affronter les Sirènes. Les redoutables oiseaux à têtes de femme sont perchés sur des branches des arbres les plus près de la forteresse.
Richard Payne, énervé par son ton mielleux, agite des branches d'aubépine vers sa direction, se signe puis lui réplique : « Monsieur le recteur, si vous êtes si courageux, allez-y vous-mêmes ! Montrez-nous l'exemple ! »
L'interpellé fait mine de rien et il sort à l'extérieur de la forteresse. Jean-François (le fils de Terpsichore) sort aussi de la forteresse. Il commence à chanter un poème improvisé par son demi-frère Jacques-Henri (le fils d'Erato). Les Sirènes, perchées sur des arbres dans la forêt, intriguées de la belle voix masculine, s'approchent de lui. Elles essayent de résister au charme de sa voix. Mais Joshua Bedford, comprenant que les Sirènes sont sous le charme du demi-dieu, s'efforce d'agir avec l'aide de ses démons pour les hypnotiser afin qu'elles ne se laissent pas déconcentrer. De plus, le recteur s'approche du demi-dieu, pour lui planter un court poignard derrière le cou, sauf que Gabriel Gordon, averti par Hector-Paul – le demi-dieu, fils de Mélinda et de Zeus – (qui regarde la scène à ses côtés), furieux de son coup bas, l'atteint d'une flèche dans l'œil. Étonné, Joshua Bedford arrache la flèche et la lance sur Jean-François, qui l'évite de justesse. Carl Neely, qui regarde la scène depuis l'une des meurtrières, bouillonnant de colère à l'idée de son fils en danger, sort en vitesse de la forteresse et s'approche de Joshua Bedford, mais il ne parvient pas à le maîtriser, car, l'un de ses démons agit sur lui de sorte que le recteur se retourne. Et voilà les deux hommes qui s'affrontent dans un corps-à-corps. Les Sirènes, elles, ont compris l'homme qu'elles doivent ramener au bunker : Carl Neely. Les archers se retirent de leurs positions, car ils se trouvent plus inutiles que rien d'autre. Seuls Gabriel Gordon et Hector-Paul regardent (le premier avec des jumelles, le second avec sa vue d'aigle) ce qui se passe au pied de la forteresse. Ils voient d'un mauvais œil la présence de Bedford, qui est accompagné d'un sombre esprit.
Au cours du corps-à-corps entre Joshua Bedford et Carl Neely, mais aussi entre leurs Génies, les Sirènes et le demi-dieu continuent leur concours de chant. Alexandre-Achille, inquiet pour son père, tente de communiquer avec lui. « Reviens immédiatement dans la forteresse ! » crie-t-il dans son émetteur-récepteur portatif. Hector-Paul, le fils de Zeus, rejoint Gabriel sur l'un des donjons. Tous les deux regardent le combat entre les deux hommes. Heureusement, le concours de chant de Jean-François et les Sirènes donne du rythme au policier et au recteur. Carl, jetant un coup d'œil rapide à son appareil, l'éteint. La communication est coupée. Malheureusement, le recteur profite de cette lutte serrée pour jeter des sorts à son adversaire, en pensant « Ce n'est pas parce que vous vous croyez plus courageux que moi que vous serez le vainqueur, Monsieur Neely ! On verra bien qui rira le dernier ! » Le recteur, malgré qu'il soit finalement assommé par son jeune adversaire, pense bien que les sorts aura raison de lui. Carl, néanmoins étourdis par les coups de poings et de pieds du recteur, s'allonge à même le sol. Hector-Paul appelle aussitôt les ambulanciers. Jim, pas trop content de lui obéir, s'y rend quand même; il ravale sa rancœur et s'occupe d'apporter les soins aux deux blessés. Il se sert de la boîte de simples de son arrière-grand-père paternel, le docteur Francis Deslauriers. De sorte que Carl Neely et Joshua Bedford se rétablissent vite.
Finalement, Jean-François parvient à charmer les Sirènes. Le demi-dieu appuie sur le bouton de communication de son émetteur-récepteur portatif; Gabriel Gordon, comprend aussitôt le signal. Il tire des flèches avec l'arc de sa Béatrice sur le cœur des trois monstres. Puis, les deux hommes reviennent dans la forteresse.
Apollon, sous l'aspect d'un docteur d'âge mûr, se manifeste devant Jim pour s'occuper de Carl Neely. Le Dieu commente : « Les blessures physiques ne sont pas les plus pires... Sauf qu'il a subi une attaque magique. Je tenterai une incantation de guérison, en espérant qu'il se rétablira vite, mon nouveau protégé... »
Jim, étonné : – Carl Neely, votre protégé ?
– Oui, depuis qu'il a des visions à distance. S'il vous plaît, veuillez vous retirer.
L'ambulancier obéit immédiatement.
Le Dieu médecin commence son incantation de sa voix éthérée. Une fois terminée, il rejoint l'ambulancier et lui dit : « Votre ami devra se rétablir dans une semaine ». Puis Apollon disparaît de sa vue, regagnant le ciel sous l'aspect d'un cygne blanc.
Les sentinelles sont fidèlement à leurs postes. Une semaine plus tard, Carl Neely est debout. Il est content de revoir Pégase. Il lui caresse doucement le museau et lui murmure à l'oreille droite : « Je te comprends, fidèle compagnon : être un étalon, toi pour des juments, moi pour des Déesses. » Le cheval hoche doucement de la tête, comme s'il est d'accord avec ses propos. Le cheval mythique prend le policier en sympathie. « Enfin, depuis des millénaires, un cavalier digne de me chevaucher ! » semble-t-il penser.
Joshua Bedford, une fois guéri de ses blessures, revient chez lui. Maintenant, il est devenu borgne, comme le Dieu protecteur de sa mère Gisela Krebernik-Bedford, Wotan. Il est seulement étonné de constater le rapide rétablissement du policier.
Carl Neely revient au travail, content d'être encore en vie. Par une belle journée ensoleillée de décembre, le policier, en route vers Akrata, voit une belle femme. Une belle Sémite aux yeux brillants. « Visiblement une Déesse », pense le policier, « À croire que j'aurai le droit de connaître des Déesses d'autres mythologies... Youpi ! Comme si je ne suis qu'un étalon... »
La Déesse apparaît comme co-conductrice; le policier et son Génie sursautent. Elle dit : « Bonjour, je suis Ishtar, la Déesse mésopotamienne de la Guerre et de l'Amour. Mes ilu, c'est-à-dire l'ensemble de aspects auxquels vous me reconnaîtrez, sont le lapis-lazuli, le chiffre quinze et la planète Vénus. Peu importe si vous considérez que je suis une Déesse à part ou l'une des hypostases d'Enlil. Je me moque complètement si vous considérez notre mythologie comme de l'hénothéisme, comme ayant des tendances monothéistes, des traces de monothéisme, du monotheiotétisme, de l'hénolâtrie, du monothéisme prag(ma)tique, ou encore avec une tendance monthéisante, comme du monothéisme naissant, avec des concepts monistiques, ou encore comme une mythologie avec des tendances hénothéistes, comme un monothéisme insulaire, ou une monolâtrie situative. Ce qui importe, c'est que je vous aime... » Ishtar clignote amoureusement au policier avec ses longs cils noirs.
Le mortel soupire. Il sait très bien qu'il ne lui résistera pas, comme il n'a pas résisté à Aphrodite. Carl fait la cour à Ishtar. Ils se connaissent et deviennent les parents d'une fille prénommée Marie-Sarah. Cette demi-déesse est d'une beauté exceptionnelle et sait reconnaître les femmes fatales et les sorcières. Elle est née en septembre 2005. Carl Neely, à la nouvelle de sa paternité, pense : « J'espère que j'ai fini avec mon rôle de géniteur de demi-dieux... C'est évident : je peux oublier un second mariage ! »
Par ailleurs, Ishtar remet au policier une bague en or sertie de quinze lapis-lazuli. « Cette bague, » lui explique-t-elle, « vous permettra de disposer d'un lion de combat féroce que j'ai moi-même entraîné. » Le mortel la remercie de ce cadeau et Ishtar disparaît comme elle est venue.
Mélinda Eastman, remarquant qu'elle ne voit plus les esprits errants depuis une semaine, s'inquiète de la perte de son don. Elle demande à son Génie comment le ravoir; celui-ci lui conseille d'invoquer Gaïa, la Mère des Dieux. C'est ce qu'elle fait. La Déesse entend sa prière et lui envoie un sombre esprit. L'âme de Mélinda n'est alors que le principe d'animation de son corps propre. Au moins, elle voit à nouveau les esprits errants... Son âme, elle, comprend la signification de son prénom; elle éclate d'un rire diabolique. Elle a enfin pris conscience qu'elle est un agent infiltré... Sauf qu'elle ne le sait pas encore consciemment, mais ça viendra. C'est Cronos, Romano et Calvin Byrd qui se réjouissent de la tournure des événements, surtout lorsque personne ne doute de ce retournement inespéré.
Depuis que Mélinda est possédée, elle évite de sortir lorsque l'un de ses parents est susceptible de se promener dans le village, de sorte que le premier qui remarque sa possession est l'âme de sa sœur Ivy Mary Eastman. Les deux sœurs se saluent en tant qu'âmes et en tant que corps possédés. En parlant d'Ivy, elle et son époux se sont, entre-temps, familiarisés aux orgies dionysiaques, de sorte qu'ils tiennent bien l'alcool. À eux se joignent aussi Déborah Mpampiniṓtī (l'ex-épouse de Carl Neely), qui pense avec les Satyres régler son problème de nymphomanie. Leur problème commun : la possession. Par conséquent, Ivy a perdu son don.
Seuls Elizabeth Hewitt-Eastman et Paul Eastman ne doutent pas encore que leurs filles ont retourné leur veste. Ils l'apprendront plus tard, alors que Gabriel Gordon a surpris ses demi-sœurs qui passaient devant lui. Le passeur d'âmes trouve tellement bizarre de voir les âmes à côté de leur corps respectif. Il soupçonne bien quelque chose d'occulte... Il en a averti le lendemain sa mère et son beau-père, qui se sont montrés un peu méfiants à ses propos. Sauf que lorsque Hermès leur a confirmé l'information, ils sont attristés et Elizabeth regrette sincèrement de leur avoir donné des prénoms aussi sombres. C'est Paul qui la foudroie du regard. Il ne sait plus sur quel pied danser avec son beau-fils; il ne sait pas s'il doit prendre avec un grain de sel ou le croire sincèrement. Il préfère mieux vérifier par lui-même après une courte prière à l'Archange Michel. Lorsque son Génie lui fait signe de regarder par la fenêtre lorsque l'une de ses filles passe devant sa maison, le pauvre policier constate la vérité des propos de Gabriel. Ça brise son cœur de père. S'il est impassible, son Génie, lui, pleure sur l'épaule de celui d'Elizabeth, en se demandant qu'est-ce qu'il a bien pu se passer pour un tel revirement de situation. On dirait le monde à l'envers ! Des bonnes filles qui deviennent méchantes et un méchant qui devient bon... Au moins, Paul prend Gabriel en sympathie quand il comprend dans un rêve que le pauvre a sérieusement changé de camp depuis la mort de sa femme. De plus, le policier le trouve sympathique en raison des points en commun : tous deux ont perdu une femme qu'ils ont aimé; ils ont perdu leurs enfants; ils voient les esprits errants; ils vivent à Eleonas.
Aussi, Zeus envoya à tous les habitants un rêve véridique les avertissant du danger que représentent Mélinda Eastman, Ivy Eastman-Grafton, Denis Grafton, Sam Lucas, Nicole Voulgaris, Joshua Bedford, Charmaine Cornwell-Bedford et Déborah Mpampiniṓtī. De sorte qu'ils s'entendent pour les expulser du village. Avec interdiction formelle de poser le pied à Eleonas. Sauf que les sœurs Eastman contournent cet interdit grâce à leur foulard d'invisibilité, de sorte qu'elles savent en temps réel ce qui se passe. Si Hermès ne veut pas leur retirer leur foulard, c'est simplement parce que l'on ne reprend point un cadeau. Joshua Bedford et sa femme déménagent à Delphes. Mais ils continuent néanmoins à pratiquer de sombres rituels sur certains villageois... Sam Lucas et Nicole Voulgaris, eux, déménagent dans un autre village, dans le dème d'Athènes, mais ils écoutent les moindres rumeurs concernant Eleonas. Évidemment, leurs armes sont immédiatement retirées. Sauf que Mélinda et Ivy parviennent à s'en procurer par l'entremise de Seth. De sorte qu'elles sont armées d'arbalètes.
Janvier 2005, Eleonas, marché principal, 8h30.
Carl Neely et son Génie font leurs commissions. Tout à coup une vision à distance se manifeste à l'esprit du policier en civil. Il voit un monstre avec une triple tête de lion, de chèvre et de serpent rôder près d'une ville, qui n'est pas Akrata. Lorsque le mortel revient de sa vision à distance, Lachésis apparaît devant lui et explique sa vision : une chimère est sortie du bunker près d'Athènes. Carl la remercie et en informe les marchands; la nouvelle se propage dans tout le village. Tous ses habitants se réunissent immédiatement à l'entrée de la forteresse. Arès, Athéna et Hermès apparaissent sous les traits de jeunes militaires. Tous les mortels et leurs Génies les saluent avec respect. Chacun des habitant chevauche un cheval ailé. Les trois Dieux disent à l'unisson, après les avoir bénis : « Que la Victoire soit entre vos mains et que Dieu vous aide ! » Ils claquent des doigts et tous se rendent près d'Athènes. Au loin, la chimère attaque les passants qui osent s'approcher d'elle. Les habitants établissent la tactique suivante : envoyer les archères sur le monstre, puis les cavaliers. Arès, sous sa forme humaine, remet à Carl Neely son émetteur-récepteur portatif avec le bouton vert de secours fonctionnel. Le policier le remercie d'un mouvement de tête. Les trois Dieux regardent, sous la forme d'un vautour fauve, d'un chat-huant et d'un pigeon messager, les mortels et leurs Génies se diriger vers le monstre. Les archères visent la chimère, parvenant à l'immobiliser grâce au pistolet semi-automatique de Sam Blair. Les cavaliers, sur Pégase et ses fils, arrivent rapidement. Sauf que les deux filles de Paul Eastman nouent leur foulard d'invisibilité autour de leur cou, montées sur des dragons ailés que Médée leur prêta depuis leur expulsion du village. Leur mère, trop absorbée par le combat, ne remarque pas leur présence. Tous les archers regardent avec méfiance les deux dragons sans cavaliers. Elizabeth tire sur l'un des dragons, qui évite de justesse le coup. Carl Neely, à la tête des cavaliers, s'approche de la chimère, la lance prête à l'enfoncer dans sa gueule. Alexandre-Achille lance un cri qui déchire les tympans : « Nooon ! »
Pégase, aussi rapide que l'éclair, dévie sa trajectoire, mais il n'évite pas une flèche sur ses pattes arrières. Son cavalier le rassure en lui caressant la crinière, puis revient à l'attaque, sauf que deux flèches viennent se ficher dans le bas du dos, de sorte qu'il s'évanouit sur sa monture. Sam Blair, voyant que le monstre ne sera plus immobile dans quelques minutes, décide de tirer avec son pistolet semi-automatique puis de raccompagner son collègue blessé. Elle remarque que son Génie n'est pas accroché derrière elle sur le cheval ailé. En regardant autour d'elle, elle l'aperçoit un peu plus loin, visiblement en train de tenir par la main un autre Génie. Elle pense : « Ce n'est pas le temps d'être romantique au milieu d'une bataille ! » Les Dieux, toujours perchés depuis leur arbre-observatoire, semblent attendris par la scène des deux Génies qui se tiennent par la main, à savoir celui de Sam Blair et de Carl Neely. La policière protège son collègue avec son bouclier, en veillant à ce qu'il ne tombe pas de sa monture. Ils se déposent doucement au sol. Mélinda et Ivy Eastman disparaissent à tire-d'aile. Daniel-Emmanuel (le fils de Melpomène) dit d'une voix forte : « Chimère, tu n'es qu'une chimère. Mais ta fin est proche ! » Finalement, Paul Eastman, invisible grâce à sa montre, donne le coup de grâce en enfonçant sa massue dans la gueule de la Chimère, de sorte que cette dernière meure étouffée. Et le policier appuie à nouveau sur le bouton spécial de sa montre pour redevenir visible.
Apollon, sous l'aspect d'un docteur d'âge mûr, et Jim s'empressent aussitôt autour des blessés (Pégase et Carl Neely). Et tous reviennent dans leur village. Jim avec sa boîte de simples, et Apollon avec ses pommades à base de nectar, s'inquiète beaucoup pour le policier, car le coup a été dangereux. Il dû rester alité pendant trois semaines, le temps que la douleur dans le bas du dos passe. « Heureusement, » dit Apollon au policier, « vous avez une femme qui tient à vous. De sorte que vous passez très bien cette douleur. Je ne veux pas paraître d'un prophète de malheur, mais vous connaîtrez des épreuves plus difficiles. Les Moires vous ont déjà averti. » Carl hoche faiblement de la tête. Il pense : « Sans doute mon Génie s'est trouvé le Génie d'une femme à notre goût... Le coquin, il est romantique en temps de guerre... Mais si ça sauve des vies, tant mieux pour moi et pour la femme aimée ! »
Les habitants seront tranquilles jusqu'au mois de mars. Cependant, en février, Carl Neely a reçu la visite d'une très belle femme aux cheveux et aux yeux noirs, avec des traits de visage fins. Nulle autre que la Déesse Isis, qui collabore avec Cronos. Sauf qu'elle s'est présentée avec une fausse identité en se faisant passer pour une mortelle (elle a feint de ne pas voir son Génie). Le policier ne lui a pas résisté, car charmé par ses sorts. Le malheur a été d'avoir conçu un enfant, prénommé François-Pierre-Christophe, né en novembre 2005. Ce demi-dieu est un puissant sorcier. Seulement, Carl ignore qu'il est le père, car la Déesse ne lui a pas dit qu'elle était enceinte de ses œuvres. Après leur courte relation d'une semaine, Isis a regagné le bunker près d’Athènes et dit à Cronos, le sourire aux lèvres : « Mission accomplie ! » Le Titan sourit. Tout se déroule comme prévu. Il ne manque plus que ses sœurs conçoivent un enfant avec Carl Neely, puis qu'il le tue et le tour est joué... Ah oui ! Il ne faut pas oublier de tuer les demi-dieux qu'il a fait avec les Olympiennes... Content de son plan, Cronos à l'esprit retors se sert un verre de vin.
Mars 2005, Akrata.
Sam Blair et Carl Neely font une patrouille ensemble. Leurs Génies les suivent, main dans la main, ce que les deux policiers trouvent gênant. Il est vrai qu'ils se trouvent mutuellement sympathiques, mais c'est exagéré que d'imaginer un sentiment amoureux entre eux. Tout à coup, une vision à distance se manifeste à Carl. Des grands oiseaux au plumage sombre sont cachés dans une forêt. La même Moire, vêtue d'une robe longue brun clair jusqu'aux chevilles, apparaît devant lui et dit : « Ce sont les Oiseaux du lac Stymphale. »
Sam Blair commente : « Des oiseaux aux plumes noires et aux grandes ailes ? Dont les plumes sont comme des petits poignards ? »
Lachésis : – Exactement. Bon courage ! N'oubliez pas que la forêt renferme de nombreux dangers...
La Moire salue les deux policiers et leurs Génies, puis disparaît de leur vue.
Les deux policiers se partagent leurs visions (onirique ou à distance), pour conclure qu'ils ont vu un réel danger. En tout cas, les détails concordent et sont complémentaires. Ils décident, d'un commun accord, d'avertir les villageois d'Eleonas. Ils s'y rendent après leur quart de travail. Carl, qui veut être gentil avec Sam Blair, conduit son véhicule, qu'il stationne dans son garage.
En route vers la maison de Richard Payne, les agents de l'ordre, encore en uniforme, rencontrent Claúdios-Eratosthénês, le fils d'Uranie, qui est un bon astrologue. Le demi-dieu salue les deux policiers puis dit : « Amenez Jean-Christophe avec vous si vous voulez être encore parmi les vivants... » Avant que Carl ou Sam ne dise un mot, il les salue puis regagne la petite maison où il vit dans le village. Ceux-ci continuent leur route. Le professeur les accueille chaleureusement, comme toujours. Ils lui expliquent leurs visions, la visite de la Moire et le commentaire du demi-dieu astrologue.
Richard Payne propose d'amener les archères et les demi-dieux et le tour est joué. « Pas besoin de jouer des castagnettes comme Héraklès pour faire fuir les oiseaux de leur repaire, il suffit d'amener la lyre à neuf cordes et la gusle de notre barde Daniel Clancy, que Dieu ait son âme, en plus des demi-dieux qui jouent des instruments de musique... »
Carl Neely intervient : – C'est-à-dire... Euh... François-Emmanuel, Jacques-Henri et Jean-Jacques...
Richard Payne, un petit sourire coquin aux lèvres : – On voit que Monsieur est un bon père soucieux de ses enfants...
Carl Neely, d'un ton bourru : – Merci du commentaire, Monsieur le professeur...
Sam Blair intervient : – Monsieur le professeur Payne, pouvez-vous compléter votre proposition, car elle est intéressante... Mais avant de continuer, êtes-vous certain que la veuve du barde garde les instruments en question ?
Richard Payne, d'un sûr : – Oui, Madame, tout comme vous avez toujours avec vous votre pistolet immobilisant semi-automatique...
Sam Blair, le sourire aux lèvres : – Je comprends...
Richard Payne reprend la parole : – Qu'est-ce que je disais ?... Ah, oui ! D'amener vos demi-dieux musiciens et les instruments de notre cher barde pour faire sortir les oiseaux de leur cachette, puis, les archers les tueront facilement.
Les deux policiers, après quelques minutes de silence, disent à l'unisson : – C'est une bonne idée !
Et Carl ajoute aussitôt : – Il faudrait néanmoins laisser une partie au village, question de sécurité...
Ses interlocuteurs répondent par un mouvement de tête positif.
Contents, Richard Payne, Carl Neely et Sam Blair exigent une réunion générale à la forteresse. Tous s'y rendent. Le professeur annonce d'un air grave le prochain danger à affronter. Héraklès apparaît au milieu de la foule des villageois, reconnaissable à sa peau de lion et à ses deux massues. Le professeur se tait immédiatement, par respect. Le Héros-Dieu dit : « Désolé, Mesdames et Messieurs, de mon impolitesse. Mais je me permets de dire un commentaire : À vous entendre, j'ai l'impression que vous faites mes Douze Travaux dans un désordre incroyable et avec des épreuves que je n'ai jamais connu... En bref, une version revisitée... Ça ne va pas me rajeunir ! »
L'astrologue Claúdios-Eratosthénês intervient : « Désolé, Héraklès, de vous interrompre... »
– Allez-y, j'ai dit ce que je voulais dire...
– Et bien, il est vrai que nous connaîtrons douze épreuves difficiles, c'est inscrit dans les étoiles...
Richard Payne tousse pour ravoir l'attention. Il remercie Héraklès et Claúdios-Eratosthénês de leurs interventions et poursuit son discours. Ainsi, il décide qu'une seule partie du village ira combattre les oiseaux du lac Stymphale, à savoir Elizabeth Hewitt-Eastman, Faith O'Carroll-Clancy, Bruna Fileni (qui amènera avec elle les deux instruments de musique de son défunt époux), Gabriel Gordon, Basilikḗ Giánnaris-Gordon, Anastasiya Rusinoff-James, Sam Blair, Carl Neely et lui-même. Les autres resteront au village, en cas de Dieu-sait quelle attaque surprise de Dieu-sait quelle créature... Tous les villageois sont d'accord. Les sœurs Eastman, présentes avec leur foulard d'invisibilité, s'entendent à mi-mots pour faire périr Carl Neely au cours de cette expédition...
Deux heures plus tard, ce petit bataillon se regroupe à l'extérieur de la forteresse, sur leurs chevaux ailés en armure. Arès et Athéna apparaissent devant le petit groupe et le transporte instantanément près du lac Stymphale. Les instruments du défunt barde jouent d'eux-mêmes; l'âme errante qu'est devenu Daniel Clancy écoute la musique. De plus, François-Emmanuel, Jacques-Henri et Jean-Jacques jouent leur instrument respectif, la lyre pour les deux premiers et l'aulos pour le dernier. Au bout de quelques minute, les redoutables oiseaux sortent de la forêt, charmés par la musique. Les archers tirent aussitôt sur eux. Comme il y a beaucoup d'oiseaux, et que certains se montrent agressifs lorsqu'ils voient leurs semblables morts, l'extermination de ces monstres n'est pas si facile. Certains oiseaux laissent tomber de leurs plumes aiguisées comme des poignards sur certains archers, les blessant au visage. Mélinda et Ivy, perchées dans un arbre, leur foulard d'invisibilité autour du cou, visent Jim Clancy et Carl Neely lorsqu'ils viennent dans leur ligne de tir. Heureusement, les trois archers divins que sont Apollon, Artémis et Héraklès les aident. De sorte que les deux traîtres battent alors en retraite.
Une fois que tous les oiseaux sont morts, Jim Clancy et Apollon s'occupent des quelques blessés. Et tous se reposent dans la forêt. Carl Neely, apercevant des champignons qui semblent très appétissants, approche sa main droite pour les cueillir. Une voix devant lui dit : « N'y touche pas ! » Étonné, le policier lève les yeux vers le jeune homme qui vient de parler : Jean-Christophe, le fils qu'il a eu de Déméter. Le demi-dieu continue son explication : « Tous mes respects, père, mais les champignons, malgré leur apparence innocente, sont mortels ou hallucinogènes... » Carl le remercie de l'avertissement. Le demi-dieu lui sourit et lui indique quelques petits fruits comestibles. Et tous les mortels s'en nourrissent, car l'épreuve les a fatigué. Le policier pense cyniquement : « Avec autant de dangers, je comprends pourquoi il faut être si bien protégé... Par conséquent, j'endosse mieux mon rôle de coureur de jupons immortels... » Le petit groupe passe la nuit à la belle étoile. Hector-Paul veille sur les mortels. Avec sa vue d'aigle, rien ne peut lui échapper. Lui et les autres demi-dieux font des rondes discrètes, car on ne sait jamais quelle créature sortie des laboratoires de Cronos peuvent les attaquer. De sorte qu'ils interceptent des robots humanoïdes armés avant qu'ils ne s'approchent des guerriers, qui dorment tranquilles. Les demi-dieux les désarment facilement et les attachent avec des cordes à des arbres. Héphaïstos vient aussitôt s'amuser avec eux pour analyser leur construction (en ôtant pièce par pièce chaque partie du corps) pour découvrir leur point faible : le talon gauche. Le Dieu désactive facilement le système central. « C'est un jeu d'enfant ! » pense-t-il.
Seule Sam Blair n'a pas la nuit tranquille. Dans son rêve, elle se voit encerclée par des femmes guerrières, qui agitent dangereusement leurs lances sur sa gorge. Fin du rêve. Perplexe, elle regarde où se trouve son Génie. Habituellement, lorsqu'elle dort, il est soit à la tête, soit au pied du lit. Mais il n'est pas là. Il est un peu plus loin et regarde amoureusement un autre Génie. « Sans doute celui de mon collègue Carl », pense ironiquement la policière.
Pendant que nos guerriers combattent bravement les oiseaux de Stymphale, à Eleonas, la vie continue. Tous espèrent revoir le régiment de retour, sain et sauf. À l'extérieur du village, Mélinda, elle, fait la connaissance intime de Samuel Lucas, puisque leurs Génies se montrent très tendres depuis quelques mois. Elle conçue même un enfant, sauf qu'Artémis provoqua une fausse-couche un mois plus tard. Joshua Bedford, à son bureau à l'Université de Delphes, reçoit une visite de Wotan. Le Dieu lui donne sa prochaine mission, à savoir affaiblir par tous les moyens Carl Neely. Le recteur répond à la demande du Dieu d'un signe de tête positif. Il y commence dès le soir, en invoquant Hécate. Hermès et Artémis sont énervés d'un coup si bas, mais ils ont une idée pour protéger la victime... Ce couple de Déités avertissent le concerné en rêve en insistant sur le fait qu'il absolument garder l'armure bénie par le Dieu Bragi pendant quarante jours. Carl suivra ce conseil, car il comprend le coup magique est difficile.
Le lendemain, notre petit groupe de militaires, d'archers et de demi-dieux retournent à Eleonas sur leurs montures ailées, fiers de leur victoire. Sam Blair les informe, une fois rendus devant la forteresse, de son rêve.
Deux jours plus tard, la rumeur suivante est sur la bouche de tous les villageois : il semble que les Amazones attaquent sauvagement la ville de Thèbes. Cette fois, Richard Payne sait qu'il doit laisser les archères plus âgées se reposer. De sorte que Basilikḗ Giánnaris-Gordon (la seconde épouse de Thomas Gordon), Elizabeth Hewitt-Eastman et Anastasiya Rusinoff-James (l'épouse de son collègue Élie James) restent au village avec les sentinelles. Les autres, eux, partiront à l'expédition contre les Amazones. Richard Payne, Élie James, Paul Eastman, Carl Neely et Sam Blair se réunissent pour discuter de tactique. Après deux heures de discussion, ils parviennent à s'entendre sur la tactique : Carl Neely prendra l'aile Nord, Sam Blair la Sud, Paul Eastman, l'est et les universitaires, l'ouest. Joshua Bedford, informé par Hécate, pense bien profiter de la mêlée pour dire aux Amazones l'homme à capturer... Il en informe d'ailleurs Mélinda Eastman et sa sœur.
Et voilà notre expédition qui se dirige vers Thèbes. Chacun prend ses positions. Les hommes combattent bravement les Amazones. D'ailleurs, ils obtiennent l'aide d'Héraklès, d'Arès et d'Athéna. Mélinda Eastman profite de la multitude pour s'impliquer au combat, son foulard d'invisibilité autour de son cou. Ainsi, elle dirige son dragon ailé jusqu'à Carl Neely. Sa sœur la suit de près. Carl Neely, lui, remarque deux dragons ailés sans cavaliers devant et derrière lui leur demande de se présenter. Pour toute réponse, il a failli recevoir une flèche au visage, sauf qu'il pare le coup avec son bouclier. Néanmoins, il n'évite point une brûlure en raison du feu qui sort de la gueule du monstre. Arès, sous le traits d'un militaire d'âge mûr, monté sur un cheval blanc ailé, lui révèle l'identité de ses deux terribles adversaires. Carl Neely remercie le Dieu et il met la bague d'Ishtar sur son majeur droit. À sa droite, un lion géant apparaît. Il mord impitoyablement les Amazones qu'il rencontre. « Merci, Ishtar ! » pense le policier, rassuré d'avoir une aide supplémentaire dans les moments dangereux. Pégase parvient à se dégager des deux dragons, malgré quelques blessures; de même pour Carl Neely. Apollon le secourt sous les traits d'un ambulancier. Les deux sœurs Eastman, corps et âmes (car elles sont possédées par de sombres esprits téléguidés par Romano), disparaissent rapidement. Le policier est ramené dans une tente avec les autres blessés.
Les autres militaires d'Eleonas continuent à battre vaillamment les femmes guerrières. Arès crie d'une voix forte : « À mort les féministes ! Vive les vrais hommes ! » Et il les aide en désarmant des femmes à gauche et à droite. Le combat fait rage. Joshua Bedford, possédé par un sombre esprit, se rend auprès de la Reine des Amazones, qui est sous sa tente, à l'écart de la bataille, pour lui signaler l'homme à capturer. Il essaie lui-même de retrouver Carl Neely dans la mêlée. Avec ses armoiries, impossible de ne pas le reconnaître. À l'écart de la bataille, se tiennent les trois Moires, avec autant de fils devant elles qu'il y a de Dieux et de mortels présents. Elles déroulent le fil de la vie des uns, coupent celui des autres. Mêmes les demi-dieux ont pris les armes pour aider nos villageois militaires. Gabriel Gordon, entre son livre-catapulte et l'arc de sa femme, parvient à tuer un bon nombre d'Amazones. Alexandre-Achille (le fils voyant d'Aphrodite) est inquiet pour son père. Il aperçoit Samuel-Daniel (le fils comédien de Thalie) et Jean-Jacques (le fils d'Euterpe, joueur d'aulos) et leur fait un signe; les trois demi-dieux se dirigent à l'écart de la bataille, en se protégeant leurs boucliers. Alexandre-Achille suggère la tactique suivante : Samuel-Daniel fera divergence auprès de Joshua Bedford, pour qu'il ne parvienne pas à tuer leur père ; Jean-Jacques endormira les sœurs Eastman, qui se montrent trop agressives; lui-même fera divergence auprès de l'épouse de Bedford, pour qu'elle rate le coup fatal. Les trois demi-dieux font ces divergences, de sorte que Joshua et Charmaine Bedford ont peur d'être découverts dans leur tentative d'assassinat sur Carl; Mélinda et Ivy s'endorment sur leurs montures, qui les ramènent chez elles. Jim Clancy, malgré quelques blessures superficielles, tient bien le coup. Mêmes les Génies des mortels manient des épées (un cadeau d'Héphaïstos); les deux seuls qui sont romantiques et qui se tiennent par la main sont ceux de Carl Neely et de Sam Blair. Cette scène fait sourire les Dieux. « Ils sont tellement mignons... » pense Athéna, qui aide nos militaires avec son redoutable Gorgonéion. La Déesse aux yeux pers met en fuite plusieurs Amazones. Même Aphrodite se joint à nos villageois, pour les soutenir dans leur lutte. Elle veut leur prouver qu'il est possible d'être une redoutable guerrière même avec des talons aiguilles ! Arès ne peut pas s'empêcher de sourire lorsqu'il voit ainsi sa femme revêtue d'une robe-armure (une invention de son frère Héphaïstos), d'un casque, avec à la main une lance, de l'autre un bouclier, mais aux pieds des talons hauts...
Gabriel Gordon remarque que Georges Vivliofágos, l'esprit errant bibliothécaire, l'aide; il lui indique les Amazones à attaquer sans qu'il se mette en danger. Paul Eastman sourit devant cette aide. Les passeurs d'âmes remarquent que d'autres esprits sont présents, à savoir Kate Payne, qui encourage son mari et son fils, de sorte qu'ils se montrent très féroces et enragés dans la bataille, semant la terreur parmi les femmes guerrières avec leurs lances, épées et branches d'aubépine. Ayden et Daniel Clancy, eux, encouragent Jim. Ces encouragements l'aide à bien tenir le rythme du combat. Daniel Clancy découvre que son épouse est un peu tiède, car les tirs de son arbalète ne sont pas si précis que lors des combats précédents. Il en avertit Paul Eastman.
Au moment où Carl Neely et Jim Clancy s'approchent de la tente de la Reine des Amazones, des Valkyries font leur apparition, en poussant un cri de guerre. Arès et Athéna répliquent un cri qui déchire les tympans des mortels. Deux déesses apparaissent aux côtés de Jim et de Carl : Morrigan et Badb, les deux Déesses irlandaises de la Guerre, sous la forme de femmes militaires avec un foulard rouge. Elles hurlent à leur tour un cri de guerre, ce qui fait figer tous les combattants. Pause. Et on reprend une seconde après le cri. Leur vue encourage nos militaires à poursuivre la lutte malgré leur fatigue. Les Valkyries, en voyant les Déesses, prennent peur. Mais elles attaquent quand même l'ambulancier et le policier. Heureusement, leurs fidèles montures réagissent rapidement, ce qui évite le coup fatal. S'ensuit un rude combat entre les Valkyries et nos militaires. Comme les Divinités grecques et irlandaises de la Guerre sont de leur côté, ils gagnent, malgré des blessures, la bataille, et parviennent à faire prisonnière la Reine des Amazones. Les Amazones gardes du corps supplient Paul Eastman de leur rendre leur Reine, sinon, qu'ils leur livrent Carl Neely. Pour toute réponse, Paul tue la Reine d'un coup d'épée bien appliqué dans la poitrine. Jim et Gabriel tuent aussitôt les gardes du corps. Les quelques rares Valkyries survivantes reviennent rapidement en Allemagne rapporter à Wotan leur lamentable défaite.
Arès, Athéna, Morrigan et Badb se tapent dans les mains de joie. Constatant la fatigue de leurs protégés et de leurs montures, les Dieux claquent des doigts, et tous sont aussitôt transportés dans la forteresse, où Apollon accueille les blessés. Heureusement, ils se rétablissent rapidement.
Évidemment, Paul Eastman ne faillit pas à la tâche et informe les autres membres du conseil de guerre, à savoir Richard Payne, Élie James, Carl Neely et Sam Blair, que Bruna Fileni, la veuve du barde, est susceptible d'être traître, selon les propos de l'âme errante qu'est Daniel Clancy.
Après plusieurs minutes de silence, Richard Payne, pensif, prend une feuille lignée vierge et griffonne plusieurs mots. Il dit : « Voilà ! J'ai la preuve de ce que vous me dites, Monsieur Eastman. Son prénom et son nom indiquent sa perfidie... Bruna, un prénom dérivé du germain Brun, signifiant « bouclier ». Quant à son nom de famille, Fileni, si on s'amuse à faire des anagrammes ou en doublant certaines consonnes, on obtient les mots suivants : « milliers » en gallois ; « enfin » en norvégien; « en moi » en maltais ; « félins » en italien. Or, dire que quelqu'un est un félin est péjoratif en français... Elle est donc sournoise et hypocrite. Mais pour faire sens de tous les mots obtenus, nous pouvons conclure qu'elle a enfin révélé, au cours de la lutte contre les Amazones, sa nature féline, et qu'elle est aussi sournoise de quelques milliers de félins, à moins qu'elle se laisse influencer par autant d'esprits retors... Qu'en pensez-vous ? Je propose de l'expulser du village avant qu'il arrive un quelconque malheur... »
Après une minute de silence, les autres membres du conseil de guerre se rendent à son avis.
Deux heures plus tard, Richard Payne annonce officiellement l'expulsion de la veuve du barde, qui quitte le village sans mot dire. Elle remet son arbalète et ses flèches et part se terrer à Delphes.
Une semaine après leur victoire sur les Amazones et les Valkyries, le ministre de la ville de Thèbes envoie au village une lettre de remerciement pour leur bravoure. Richard Payne fait une lecture publique de la lettre un dimanche. Tous font ensuite la fête. Arès, Athéna, Morrigan et Badb soupirent mais préviennent les sentinelles d'être vigilantes et les encouragent à consommer avec modération. « Ils nous prennent pour des vieux grincheux sévères », maugrée Arès à ses collègues alors qu'ils font une tournée générale du village.
Cinq jours plus tard, un messager arrive au village. Il se rend au marché pour communiquer une terrible nouvelle : un Minotaure fait des ravages sur Crète. Georges Vivliofágos apparaît devant Gabriel Gordon et lui propose d'être éclaireur pour localiser précisément le monstre. À ce moment, Daniel-Emmanuel dit d'une voix forte, ce qui étonne tous les villageois au marché : « Le Minotaure connaîtra une fin semblable, mais il ne faut pas faire sortir les esprits du labyrinthe ! Sinon, des malheurs sans précédents s'abattront sur celui qui osera libérer les esprits sombres ! » Tous chuchotent entre eux. Un paysan lui lance d'un ton moqueur : « De quoi il parle, celui-là ? » Le demi-dieu, vexé, se retire chez lui.
Gabriel est perplexe. En voyant l'heure qu'il est, il se rend au travail. L'esprit errant arrive à lui vingt minutes plus tard. Georges Vivliofágos lui fait un salut militaire et dit : « Camarade, le Minotaure est un homme violent, qui détruit tout sur son passage... »
Gabriel Gordon intervient : – Désolé de l'interruption, mais est-il dans un labyrinthe ?
– Non. Dans tous les cas, le monstre est à Héraklion, plus précisément près du palais de Cnossos.
Un Dieu se manifeste : Zeus. Il apparaît sous les traits d'un vieil homme barbu vêtu d'un complet bleu marin avec une chemise blanche. L'esprit errant, le mortel et son Génie sont impressionnés par le flot de lumière qui annonce sa venue. Ils s'inclinent avec respect.
Le Dieu dit de sa belle voix masculine éthérée : « Le minotaure n'est qu'un pauvre criminel avec un masque de taureau... Il est manipulé par un sombre esprit qui utilise le labyrinthe souterrain du palais de Cnossos comme un laboratoire. D'ailleurs, ce sombre esprit n'est pas seul, il est aussi accompagné d'un associé et d'un psychiatre. Dans ce labyrinthe, ils font des drôles d'expériences inhumaines dignes du docteur Mengele... »
Gabriel pense aussitôt : « Peut-être s'agit-il du sectateur fasciste de Romano, de son associé qui rit toujours et de Calvin Byrd, un salaud de psychiatre manipulateur ? »
Zeus, comme s'il a lu sa pensée, répond d'un signe de tête positif. Et il ajoute : « Dites à notre champion, Carl Neely, d'être très vigilant, car ils préparent un mauvais coup contre lui... » Et le Dieu disparaît sous la forme d'un aigle royal pour regagner les cieux. Le bibliothécaire, lorsqu'il revient de son quart de travail, avertit aussitôt les professeurs Élie James et Richard Payne, mais aussi Carl Neely. D'ailleurs, le professeur de psychologie et de philosophie lui confirme que quelque chose de dangereux se prépare contre Carl Neely, en raison de synchronicités vraiment bizarres. Il conclut que ses ennemis veulent le capturer vivant. S'ils n'y parviennent pas, au moins le torturer, l'affaiblir puis le tuer. Richard Payne propose des moyens de protection... « Il serait bien de ne pas le perdre, le pauvre... On a déjà perdu trop de jeunes gens... » commente-t-il en guise de conclusion.
Simultanément à cette conversation entre Georges Vivliofágos, Gabriel Gordon et Zeus, à Akrata, au bureau de Carl Neely. Ce dernier voit, dans une vision à distance, une réunion des Titans et Titanides dans leur bunker. Il comprend qu'ils lui font un très sombre rituel, étant donné la présence de Perséphone, de son époux et d'Hécate. Fin de la vision. Le pauvre policier est perplexe. Il sursaute lorsque quelqu'un frappe très doucement à la porte de son bureau.
Il tousse pour revenir à lui et dit : – Qui est-ce ?
Une voix féminine connue : – Votre collègue Sam Blair.
– Entrez, alors !
La policière semble visiblement inquiète. Elle lui dit de faire attention et de se méfier d'un groupe de femmes, mais surtout des traîtres, car ils sont prêts à tout pour le livrer vivant à Cronos. Sam ajoute aussitôt qu'elle détient cette information de Morrigan. Carl Neely la remercie de son professionnalisme. Les deux policiers remarquent, du coin de l'œil, que leurs Génies se tiennent par la main. Ils ne peuvent pas s'empêcher de sourire de leur romantisme. Carl pense : « Impossible que Sam puisse m'aimer avec une réputation de coureur de jupons immortels... » Sam pense : « Je peux trouver Carl sympathique comme collègue, mais au point de l'aimer comme mon ex-époux, c'est exagéré... »
Deux jours plus tard, le pauvre Carl Neely, fatigué, s'endort sur sa chaise de bureau après avoir terminé une enquête. Cette journée-là, sa collègue a congé. Il entend la porte de son bureau s'ouvre violemment. Il se réveille aussitôt, mais il est maîtrisé par six grandes femmes. Hors de doute, des Déesses, les Titanides. Elles l'attachent à sa chaise et le bâillonnent. Phoebé le viole. Rhéa s'approche pour jouir de Carl, mais les Titanides sont surprises par l'apparition soudaine d'Apollon et d'Artémis, armés de leur redoutable arc. Devant une telle menace, elles battent en retraite et reviennent au bunker près d'Athènes. Malgré que le plan ne fonctionne pas comme prévu, au moins l'une des Titanides parvient à concevoir un demi-dieu avec le policier. Phoebé accouchera en décembre 2005 d'un garçon mi-humain mi-serpent, prénommé Jean-Pierre-Henri. Il a le don de provoquer l'éboulement par la pensée.
Apollon délie rapidement son protégé. Le pauvre Carl Neely, lui, est traumatisé de ce viol. Il se retire dans sa petite maison au village et il regarde ses enfants jouer avec insouciance. Il caresse la crinière de Pégase, qui lui fait savoir son soutien en déposant sa tête sur son épaule droite. Ce geste rassure le policier, qui fuit la gent féminine. Il se montre quelque peu agressif. Il se dit qu'il peut définitivement être célibataire... Une telle attitude inquiète sa collègue Sam Blair.
Quelques jours plus tard, le petit village d'Eleonas se prépare pour se rendre à Crète combattre le Minotaure. Cette fois, l'artillerie restera au village. Les hommes armés de lances, d'épées et de massues participeront seulement à cette expédition. Seul Carl Neely refuse de venir, de sorte qu'ils ont l'impression de partir sans leur chef de guerre. Ils se rendent à Héraklion en chevauchant leurs fidèles montures ailées. Évidemment, Mélinda Eastman et Ivy Eastman-Grafton, invisibles s'y rendent aussi. Hermès, exaspéré de l'abus dont ses protégées font de leur foulard d'invisibilité, décide de leur jouer un tour... Il fait en sorte que les deux femmes pensent être invisibles, alors que tous les voient. Elles se rendent ainsi à Héraklion. Les hommes les remarquent aussitôt et certains les poursuivent pour les déconcentrer. De sorte qu'elles reviennent rapidement chez elles, déçues d'être découvertes.
Les militaires remarquent la présence de Dieux à leurs côtés : Arès et Athéna, en tenue de combat. Ils repèrent et encerclent le Minotaure. Sam Blair l'immobilise avec son pistolet semi-automatique et, avec l'aide de son collègue Paul Eastman, le maîtrise sans difficulté. En ôtant le masque de taureau, les agents de l'ordre constatent qu'en-dessous se cache un jeune homme, ils lui demandent de décliner son identité. Il bredouille timidement : Adrianós Antonopoulos. Paul Eastman appelle aussitôt les policiers de la ville pour arrêter le jeune homme. À ce moment-là, deux Divinités, sans aucun avertissement, apparaissent : Mars et Minerve. Ils désarment rapidement les policiers. Arès et Athéna arrivent aussitôt devant leurs homologues romains en criant : « À mort les fascistes ! » Mais Mars blesse Athéna à la tête, après l'avoir désarmée, l'expédiant brusquement au sol. Jim, en tenue d'ambulancier militaire, accourt pour prendre la blessée dans son véhicule, qu'Apollon fait apparaître en un claquement de doigt. Il a le temps de conduire quelques mètres vers l'hôpital le plus proche, que Thanatos et Hypnos apparaissent devant l'ambulance, faisant crever les pneus. De sorte que le pauvre Jim Clancy a un accident de voiture. Apollon apparaît aux côtés de son protégé et menace les deux autres Dieux de ses flèches infaillibles. Ils déguerpissent aussitôt. Il fait alors apparaître un véhicule d'ambulance pour ramener le mortel et la Déesse vers l'hôpital général d'Héraklion. Il s'occupe personnellement de les soigner. Héphaïstos grommelle : il devra réparer l'ambulance et les ambulanciers-robots... Comme s'il n'est pas assez occupé ! Mais il répare rapidement l'équipement de travail de Jim Clancy. Ce dernier retrouvera son ambulance stationnée dans le garage de sa maison à Eleonas. Sur la vitrine, un papier est collé de l'intérieur, du côté du conducteur, sur lequel il est écrit : « Les ambulanciers-robots sont mis à jour ! » Jim sourit et remercie mentalement le Dieu forgeron de sa rapidité.
Arès, toujours aussi brave, met en fuite les Dieux romains. Il trouve leur comportement très lâche, de s'en prendre comme ça aux policiers... Arès remet leurs armures en un claquement de doigt.
Richard Payne, qui regarde la scène de loin, comprend que cette irruption de Mars et de Minerve n'est pas un hasard... Quelques détails lui sautent au yeux de sorte qu'il conclut que ces Dieux par leur geste, menacent très sérieusement Carl Neely... Le professeur en discute à mi-mots avec son collègue. Ils ont hâte de revenir à Eleonas. Voilà plusieurs jours qu'ils n'ont pas vu au marché le jeune policier, alors qu'il a toujours sa routine... Les deux professeurs pensent simultanément : « On dirait que nous vivons au temps de l'Apocalypse ! » Ils sortent leur Bible portative, mettent leurs lunettes sur le nez, puis lisent avec piété le livre de la Révélation. Richard Payne pense : « Seigneur, aie pitié de nous, pauvres hommes pécheurs ! Espérons que nous pouvons sauver nos âmes avant qu'il soit trop tard ! »
Le ministre de la ville d'Héraklion accourt au-devant de Paul Eastman et Sam Blair et les invite dans sa villa pour les féliciter de leur victoire. Le passeur d'âmes remarque que le ministre est possédé par Romano. Il fait un signe discret à la jeune policière, qui comprend aussitôt. Ils entrent dans une grande maison richement décorée. Les autres villageois attendent à l'extérieur. Les policiers se rendent dans une salle à manger, où des plats et du vin sont servis. Pierre-Henri, le demi-dieu fils de Dionysos et de Déborah Mpampiniṓtī (l'ex-épouse de Carl Neely), arrive derrière les policiers et leur murmure de manière à ce qu'eux seuls l'entendent : « Ne buvez pas ce vin ! Il est empoisonné au laurier-rose... » Ils décident, par prudence, de refuser le verre de vin servi, sous prétexte de rester sobres. Jean-Christophe, le fils de Carl Neely et de Déméter, apparaît furtivement et leur fait un signe discret; nos deux policiers comprennent que les mets sont contaminés au mercure. Ils remercient leur amphitryon de son amabilité, mais ils disent ne pas avoir faim. Et Sam Blair et Paul Eastman sortent de la villa du ministre. Ils font un signe à leurs compagnons d'armes. En attendant le rétablissement de Jim Clancy pour revenir à Eleonas, le petit groupe campe à l'extérieur de la ville d'Héraklion, dans des tentes militaires qu'ils ont amené avec eux. Apollon, sous l'aspect d'un médecin d'âge mûr, les rassure en disant que l'ambulancier s'en sort assez bien de son accident.
Pendant ce temps, Joshua Bedford rôde à Akrata, autour du Département de police, et autour du village, en jetant différents papiers noirs sur lesquels il a tracé des signes occultes. Il est guidé par Romano. Le sombre esprit a un sourire aux lèvres. Derrière lui, Hadès apparaît et dit à l'esprit, au mortel et à son Génie : « Messieurs, n'oubliez pas une chose : vous m'appartenez corps et âme ! » Et derrière le Dieu grec des enfers, une autre sombre Divinité apparaît, en riant d'un rire diabolique. Bedford, le Génie de ce dernier, Romano, son associé (qui est, entre-temps, apparu) et Hadès se retournent, étonnés. C'est Satan. Il salue le Dieu grec et tous deux disparaissent comme ils sont venus. Le recteur et son Génie comprennent qu'ils ne doivent point rater leur coup, sinon, ils ne sont plus vivants.
À Eleonas, Circé et Médée rôdent plus souvent pour jeter des sorts à Carl Neely. De plus, Freyja tente de le séduire, mais il préfère la fuir; il est méfiant à son égard. Notre sympathique policier remarque bien qu'il est davantage fatigué après avoir rencontré sur son chemin Circé et Médée. De plus, ces sorcières excitent le Lechy et l'Aouka (les démons slaves des forêts) pour enlever Jean-Christophe (le fils de Carl Neely et de Déméter) et le tenir prisonnier dans le bunker près d'Athènes...
Nos militaires reviennent au village une semaine après leur départ, car l'état de Jim s'est enfin stabilisé. Entre-temps, le Lechy et l'Aouka ont enlevé Jean-Christophe (alors qu'il cueillait des champignons comestibles pour son repas du midi), l'ont traîné, pieds et mains liés, jusqu'au bunker d'Athènes. Depuis, il est porté disparu. La nouvelle de sa disparition attriste les villageois, qui apprécient ses conseils gastronomiques. Au moins, comme les nouvelles courent vite dans notre petit village, elles parviennent aux oreilles de Carl Neely, qui s'est bien décidé à retrouver son fils... Il sort du silence dans lequel il s'est enfermé depuis l'épisode traumatisante du viol. Joshua Bedford, ne le trouvant pas assez faible à son goût (puisqu'Hermès lui a donné la plante molly pour résister aux sorcelleries), il supplie Romano et d'autres sombres esprits qui le poursuivent de lui laisser une autre chance pour avoir Carl Neely. Mais Joshua Bedford et sa femme meurent au cours de leur sommeil, étouffés par ces mêmes sombres esprits avec lesquels ils avaient commerce. Et leurs âmes se rendent auprès du nocher des enfers, qui les amène sur l'autre rive du Styx.
Une fois que les militaires sont revenus, le professeur de théologie, Richard Payne, ne manque pas de remarquer les papiers noirs par-ci et par-là; il soupçonne immédiatement une activité occulte de Bedford. Il dit à personne de ne rien toucher; lui-même prend toutes les précautions possibles et imaginables pour « désensorceler » (c'est son néologisme le plus utilisé) le village. Carl Neely les accueille et ne manque pas de leur rapporter les phénomènes bizarres dont il était témoin depuis leur départ; au moins, ceci confirme à Richard Payne que Mars et Minerve ont clairement fait un rituel lorsqu'ils ont désarmés Paul Eastman et Sam Blair. Le professeur recommande au jeune policier prudence. Tous les habitants passent les mois suivants à interroger les Nymphes et les habitants des villages et des villes environnants pour savoir où se trouve le demi-dieu. Personne ne l'a vu. Lachésis apparaît devant le père inquiet pour lui faire voir dans une vision à distance l'état de son fils. Le policier comprend qu'il se trouve dans un lieu souterrain, sans porte et sans fenêtre, impuissant, tenu en otage, pieds et mains liés à un poteau, bâillon dans la bouche et les yeux bandés. Ceci l'enrage beaucoup en son âme paternelle. Son Génie a du travail pour le calmer.
À suivre