Histoires entre vivants et esprits
Chapitre 14 : Suite et fin de l'enquête dangereuse
8673 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 02/11/2023 23:58
4 juin 2006, appartement de Carl Neely, 13h.
Carl Neely téléphone à son supérieur pour lui dire que son médecin lui autorise de revenir au travail, car son état s'est stabilisé. Ainsi, Melody peut abandonner son emploi, mais la minaudière parvient à le convaincre qu'elle doit le garder, ne serait-ce qu'un jour par semaine, au cas où une nouvelle crise cardiaque surviendra... Il se rend à son avis, trop fatigué des effets des récents médicaments qu'il a pris... Notre agent de sécurité est très content de reprendre son emploi, car il commença à s'ennuyer de passer ses journées entre les exercices de réhabilitation, le repos et la surveillance discrète des enfants lorsqu'ils jouent au salon ou au parc. La monotonie le tue, mais surtout les maudits médicaments... Il remarque bien qu'il a des sautes d'humeur, de sorte qu'il semble être d'un grincheux de mauvaise humeur, qui, trois heures plus tard, sera euphorique... Sa mauvaise humeur augmente avec ses doutes sur l'infidélité de Melody, sauf qu'il n'en a aucune preuve. Même Hana ne lui encore rien confirmé à ce sujet.
Carl Neely revient au travail le 7 juin. Il est au premier étage de la Bibliothèque et archives du Canada, en train de réfléchir aux prochaines étapes de son enquête, question de s'occuper l'esprit en attendant qu'un usager lui pose une question.
« Bon, j'ai trouvé une partie de la généalogie... Mais encore ? Dois-je creuser un peu plus certaines circonstances bizarres de décès ? Dois-je chercher d'avantage sur Derek Neely et sa femme ? »
Un esprit se manifeste à sa gauche : Orpheus Neely, son grand-père paternel. Notre agent de sécurité sursaute. L'esprit errant, d'un ton moqueur, dit : « Mon cher petit-fils... Ta première question est la bonne... » Puis il disparaît. Carl est perplexe. Sa présence augmente son étourdissement, de sorte qu'il ne peut pas s'empêcher de le maudire. « À vrai dire, » pense-t-il, « si je suis honnête avec moi-même, je dois reconnaître que cette enquête m'a rendu malade... Je devrai donc peut-être l'abandonner, surtout lorsque je comprends qu'elle dérange mes salauds d'oncle et d'ancêtres... À quoi bon s'entêter, quand cet entêtement me nuit plus que ce qu'il m'aide... »
À ce moment-à, ses parents apparaissent. David Neely dit : « Fiston, s'il te plaît, n'abandonne pas l'enquête... Pense à tes enfants ! »
Étonné, il baisse les yeux, comme un gamin honteux... Malgré que son père soit plus jeune que lui, il ne perd pas son autorité parentale. L'esprit du pilote continue : « Tu dois mener cette enquête... Et divorcer de ta vipère... Son hypocrisie me dégoûte ! »
Carl Neely jette un regard foudroyant vers la direction de la voix de son père. Il tourne nerveusement la bague d'Ilia Sergueïevitch Istman, le grand-père paternel de Paul Eastman, avec son pouce et son index de la main gauche. Depuis sa crise cardiaque, il est un peu (beaucoup) amorphe, mais il se contente de la présence de son épouse pour ne pas ennuyer les enfants avec ses problèmes ; c'est la seule raison pour laquelle il ne veut pas divorcer, puisque Melody, bien que vipère, reste la seule adulte du sexe féminin dans son petit appartement... Les pauvres enfants, qui ont besoin d'un soutien parental qui est là, mais sans l'y être complètement... L'agent de sécurité soupire. Il préfère ne pas penser à sa situation. Maintenant qu'il peut revenir au travail, il se sent plus utile pour sa famille. Ce sont ses parents, son grand-père maternel et sa première épouse qui s'inquiètent beaucoup pour lui...
David, après quelques minutes de réflexion, propose à son fils de demander l'aide de Paul Eastman s'il pense creuser les circonstances bizarres de certains décès, car dans une famille de satanistes, rien n'est au hasard... Sinon, s'il veut avancer son enquête, il pourra bien compléter l'arbre généalogique de la famille. Carl prend en note sa suggestion et le remercie de son aide.
Le soir est tranquille pour notre agent de sécurité. Seule Melody craint qu'il l'abandonne; le soir, elle lui prépare un philtre d'amour. De sorte que son corps est possédé par le sombre esprit qui la suit partout... C'est le mari qui sursaute le lendemain matin quand un courant d'air froid lui chatouille le nez... En plus avec l'odeur de Ralph Mahoney, on dirait un thé glacé à la menthe...
Carl Neely dit d'une voix embrumée : – Monsieur Ralph Mahoney, pouvez-vous me dire qui est cet esprit, esprit qui semble encore être rattaché à un corps, qui est comme un petit vent froid à mes narines ?
– C'est votre chère Melody...
– Quoi !?
– Je vous ai averti qu'elle est une sorcière... Après, si vous ne m'écoutez pas, tant pis pour vous !
Carl regarde le corps de sa femme. Il le secoue légèrement, la réveillant... Sauf qu'il sursaute quand il comprend qu'elle est possédée... Le regard n'est pas le même... Clairement un froid démon sorti de l'Enfer... Un frisson parcourt son échine...Il a failli avoir un arrêt cardiaque sous le choc...
Il bredouille, le cœur battant la chamade : – Ma... Melody... Reviens immédiatement dans ton corps... S'il te plaît...
L'âme de sa seconde épouse lui réplique de sa voix toujours aussi mélodieuse, mais qui semble aux oreilles du passeur d'âmes légèrement sifflante : – Mon Carl, ne t'inquiète pas... Je dois attendre que l'esprit qui possède mon corps le quitte pour que je puisse le regagner... Ça se fera au cours de la journée...
Ralph Mahoney, courroucé, intervient : – Menteuse !
– De quoi tu te mêles, Ralph ? On ne t'a pas sonné !
– Langue de vipère fourchue !
Carl, énervé de la dispute des âmes, réplique d'un ton sévère : – La ferme !
Les deux anciens époux demeurent silencieux. Malheureusement, la voix forte de l'homme réveille Daniel, qui commence à pleurer. Le corps de Melody, possédé comme il l'est, se lève rapidement. Carl a envie de la retenir dans le lit, de l'attacher, de la ligoter... Il se lève à son tour pour se glisser dans son fauteuil roulant. Leur pauvre fils pleure encore plus lorsque sa mère le prend dans ses bras... Les pleurs deviennent hystériques lorsque l'âme de Melody s'approche aussi du berceau. Carl Neely soupire. Mais ceci lui met la puce à l'oreille... Il préfère alors sortir de la chambre, mais il tombe nez à nez avec... Sa fille Maria, guidée par Hana.
Il demande d'un ton neutre : « Que faites-vous ici ? Je pensais bien, Hana, que tu étais partie dans la Lumière... »
Hana lui coupe la parole : – Pour l'instant, ne poses pas de question ! Et laisse notre fille entrer pour rassurer le pauvre Daniel... Les mauvais esprits le font pleurer... Ce qui réveillera les voisins aux étages supérieur et inférieur...
Le regard de la fillette se promène de son père à l'âme de sa mère et inversement.
Carl murmure : – D'accord... Je ne comprends pas rien de ce que vous tu me dis, mais allez-y... Ces pleurs me donnent des maux de tête...
Il caresse paternellement la tête de sa fille aînée puis dégage rapidement la porte de sa chambre. Hana et Maria y entrent, ce qui surpris le corps possédé et l'âme de Melody Spengler-Neely, qui siffle de rage vers leur direction. Hana s'avance vers elle. La fillette regarde les deux âmes s'affronter. Elle s'approche du berceau, mais sa belle-mère lui dit de revenir à ses affaires. Maria Neely lui réplique qu'il faut calmer Daniel... La fillette de douze ans comprend pourquoi sa mère prend son demi-frère en pitié : les pleurs hystériques résonnent dans la chambre comme une alarme... Ça déchire les tympans ! Bien qu'elle ne l'apprécie pas vraiment, elle est ennuyée de ses pleurs, qui résonnent sinistrement, comme ceux d'un bébé abandonné. Ceci brise le cœur d'Hana, qui convainc sa fille aînée d'aller bercer Daniel. L'âme de Melody bat en retraite devant Hana, qui rejoint sa fille. Le corps possédé de Melody, énervé par sa présence, lui ordonne sèchement de sortir. Carl, qui écoute de l'autre côté de la porte, l'entr'ouvre. Silence, à l'exception des pleurs qui continuent. Pour lui, ils sonnent comme des alarmes d'ambulance, ce qui lui rappelle son hospitalisation qui avait précédé sa paraplégie. Il s'efforce de garder son calme, malgré les souvenirs douloureux qui lui reviennent à la mémoire. Il pousse la porte et y entre. Melody et Maria, se retournent vers lui puis s'écartent du berceau. Carl prend dans ses bras son fils, ce qui le calme...
Maria murmure à voix basse : « Maman et ta vipère se sont affrontées... Et la vipère est dans ce coin-là. » Il hoche de la tête pour lui confirmer la présence olfactive de l'âme et suit du regard la direction que lui indique sa fille, qui tire la langue à l'âme de sa belle-mère et sort de la chambre.
Hana dit pour seul commentaire : « Sérieux, Carl, je pense que c'était évident que ta vipère à la belle voix est une sorcière... »
Carl, d'un ton neutre : « Merci, Hana ! C'est clair ! Que je suis vraiment un crétin ! »
Il vient de réaliser que son frère avait raison... « Mais, » pense-t-il d'un air résigné, « je ne peux pas divorcer pour un rien... »
Melody sort de la chambre, suivie par son âme. Effectivement, au midi, son âme revient dans son corps, ce qui rassure Carl Neely. Le malheureux, il a alors droit à une double dose de médicaments, ce qui le fait somnoler en après-midi au travail; Hana Nasan-Neely l'en informe. Une vipère en colère, c'est très dangereux... Attention à sa morsure !
Depuis cet événement, Carl est un peu à froid avec Melody. Surtout, il se montre méfiant, ce qui contribue encore plus à sa mauvaise humeur. De sorte qu'il décide de prendre en main à la mi-juin la cuisine... Ce qui étonne Melody; mêmes ses minauderies ne le fait pas changer d'idée, à la joie de Ralph Mahoney, d'Hana Nasan-Neely, de David Neely et de Milena Vladikin-Neely. Ils se réjouissent enfin que les sorts de la sorcière n'agissent pas sur Carl Neely en été. Il en résulte alors des disputes. Et il décide de poursuivre son enquête pour se changer les idées. Et il la force à abandonner son travail à temps partiel... Le pauvre, il a l'impression que le ciel lui tombe sur la tête. Évidemment, un jour où Melody fait les commissions, elle avertit l'homme masqué en noir qu'elle ne peut plus glisser de médicaments dans la nourriture ou le breuvage de son mari, car il se montre très méfiant. L'homme masqué en avertit alors Oswald Neely, qui réfléchit à la suite de son plan...
Depuis la deuxième moitié du mois de juin, Carl Neely continue à remonter la lignée paternelle en commandant à l'insu de sa femme les documents qui l'intéressent. De plus, il supplie Paul Eastman de l'aider dans son enquête; le policier accepte. C'est son père qui est content : « Enfin, il écoute mes recommandations ! » dit l'esprit errant en apparaissant devant les deux passeurs d'âmes réunis au bureau du policier.
Inutile de dire que ceci ne passe pas inaperçu à Oswald Neely, car Melody a remarqué la pile de documents dans son bureau dans leur appartement. Malgré que cette pièce soit barrée à clé, clé que seul à Carl, elle parvient, en complicité avec un jeune serrurier (qui a eu droit à ses faveurs), de se procurer une copie de la clé... Ceci donne une idée machiavélique à Oswald Neely et à Thomas Gordon après quelques verres de vin... Ralph Mahoney en informe Carl Neely, qui en est jaloux et inquiet... Sauf qu'il n'a pas encore attrapé sa femme avec un autre pour avoir une raison de divorcer, ce qui le tracasse beaucoup... Il se doute bien qu'une telle situation allait arrivée, car il ne peut plus faire ses devoirs conjugaux en raison de ses dysfonctionnements sexuels et de ses sautes d'humeur, qui tournent de plus en plus en une forme d'agressivité... Dieu que c'est long d'être ainsi enchaîné dans un tel mariage !
Aussi, l'agent de sécurité reçoit la visite de son frère, qui est très inquiet pour lui. Il l'avertit qu'un terrible complot se prépare contre lui...
Plus Carl Neely fouille la généalogie paternelle, plus il est dérangé par les âmes errantes de ses sordides ancêtres, comme si la lecture des documents réveille des démons... Il comprend que même l'invocation mentale les fait venir... Il a l'impression de devenir paranoïaque et superstitieux, lui qui se croyait assez rationnel malgré son don... Il a l'impression de sombrer dans un jeu dont il ne connaît pas toutes les règles... Ou peut-être de tomber dans un gouffre sans fond... Et ces esprits l'influencent assez négativement (depuis qu'ils savent des esprits psychiatres la distance d'influence sûre), de sorte qu'il commence un peu à... détester Maria, Sara et Samuel. Cette situation, qui empire en automne et en hiver, fait affoler Hana Nasan-Neely, car elle comprend que ces salauds d'esprits veulent blesser leurs enfants... Attention, sombres esprits, quand une mère est en colère, gare à vous ! Hana, avec l'aide de David Neely, de Milena Vladikin-Neely, de Dragomir Vladikin, Maurice Solms et de Karl Pulluow, décide de tenir tête aux sordides ancêtres, parmi lesquels se trouvent, bien entendu, Karen Blavatsky-Neely, Orpheus Neely, Marjorie de Rothschild-Neely, Zacharie Neely, Megan Smith-Neely (déjà mentionnés), mais aussi Derek Neely et Adrian Neely... De cette guerre entre esprits, c'est le pauvre passeur d'âmes qui est étourdi et qui a des nausées et des maux de tête violents... Pour se calmer, il prie devant son icône portative... Par ailleurs, ses sautes d'humeur le rend quelque peu maussade au travail, surtout quand Romano, Baldini et les trois esprits psychiatres le taquinent méchamment en novembre et en décembre 2006... Durant ces deux mois hivernaux, Oswald Neely et son cercle s'amusent à le rendre fou... C'est la pauvre Jane Lawrence-Gordon qui en avertit Maurice Solms, Karl Pulluow, Hana Nasan-Neely, David Neely, Milena Vladikin-Neely et Dragomir Vladikin. Tous s'inquiètent alors pour lui, car ils savent que le rituel est fait avec beaucoup de minutie et de professionnalisme...
Carl Neely, lui, dégoûté de ses problèmes de santé (fatigue soudaine, pression dans la poitrine, céphalées, essoufflement inexpliqué et nervosité) et de la mauvaise qualité de ses relations interpersonnelles, il n'a qu'une seule envie : abandonner l'enquête et brûler les maudits documents. Parfois, honnêtement avec lui-même, il pleurait dans son bureau, enfermé à double tour. Il pleurait sur lui-même, car cet isolement lui rappelle tristement sa condition de pauvre orphelin... Une enfance qu'il n'a jamais eu, une adolescence qu'il n'a jamais eu... À ne pas connaître ses vrais parents (ou plutôt, il ne les connaît qu'en tant qu'âmes errantes, par leur odeur) ; avoir des parents de substitution, une vipère en substitution à sa douce Hana... Il est perdu... Il a pensé qu'être à son tour père allait corriger les choses; au contraire, ça semble empirer sa situation. Ça l'attriste de crier de Maria, Sara et Samuel... Ça lui brise le cœur que d'entendre Daniel pleurer et dire désespérément « papa » et « maman »... Il a l'impression d'être seul, parfaitement seul... D'être isolé pour ce qu'il est : un parfait étranger, ne connaissant ni sa patrie, ni ses parents, il est déraciné de la Terre... Il a parfois l'impression d'être un étranger à lui-même et ses propres enfants... (Là, un commentaire de Calvin Byrd depuis sa distance assurée : « début d'une auto-aliénation »). Lui, un pauvre homme de trente-trois ans, paraplégique, souffrant de troubles cardiaques et d'impotence, ancien policier reconverti en agent de sécurité, marié en secondes noces à une jeune vipère... Tout ça parce qu'il a terriblement peur d'être seul... Carl pense dans son cynisme : « Il ne manquerait plus que la vipère fasse passer pour mien son bâtard avec l'un de ses amants... » Il est sérieusement sur le bord d'une crise de nerf... Il se demande sérieusement pourquoi il n'avait pas tout dit à ses parents adoptifs, qu'il a une expérience olfactive des âmes errantes... « Au moins, » pense Carl, « j'aurais été tranquille, calme et bête sous l'effet des médicaments depuis longtemps... » Il s'est même frappé solidement la tête contre le mur, mais rien n'y fait. Ses parents et sa première épouse, aussi tristes que lui, essaient de lui remonter le moral, mais sans succès. Carl ne sait pas s'il veut vraiment continuer son enquête, surtout quand, averti par Karl Pulluow, des tireurs d'élite postés sur le toit de la Family School visait son fils Samuel, âgé de dix ans, en décembre 2006, pour faire de la pression sur lui. Heureusement, Karl Pulluow fait divergence sur le tireur, de sorte qu'il rate le coup fatal. Les enfants, eux, font du mieux qu'ils peuvent pour étudier dans une telle atmosphère; heureusement, leur mère les encourage à persévérer dans leurs études. La dépression et la mélancolie de Carl Neely coïncident avec le succès de l'enquête de Paul Eastman. De sorte que l'agent de sécurité prend beaucoup de retard. Mais le policier, informé par Karl Pulluow et David Neely de sa situation, à la fin novembre 2006, lui apporte les documents qu'il a trouvé et l'encourage paternellement pour la suite. Le Vieux Renard Russe, comme le surnomme ironiquement Romano, a pris toutes ses précautions pour aider son fils spirituel, de sorte qu'il n'a pas été pris au dépourvu par les méchants esprits. Ils grognent sur lui, mais ils savent qu'il a plus d'un tour dans sa poche et que tout se retourne contre eux. Heureusement, Carl Neely est une proie plus facile, tant que Paul Eastman ne lui donne pas certains conseils, ce qui lui permettra de reprendre un peu de son optimisme.
10 janvier 2007, prison de Grandview, 8h30.
Les quatre tueurs à gages responsables de la mort d'Hana Nasan-Neely ont fini de purger leur peine. Étienne Bilodeau, Marc-Olivier Riopel, Samuel Champagne et Jean-François Dubois sortent enfin de leurs cellules. Ils ont l'impression de sortir d'un mauvais rêve. Ils pensent bien reprendre tranquillement leurs activités, comme tout bon citoyen de Grandview... Jusqu'au prochain meurtre à perpétrer...
Paul Eastman décide de se rendre à la Bibliothèque et archives du Canada, pour avertir son ancien collègue et fils spirituel Carl Neely. Le policier s'y rend en voiture de fonction, ce qui lui accorde priorité, de sorte qu'il y arrive en vingt minutes. Il parcourt rapidement le rez-de-chaussée. Heureusement, Carl est là. Il l'informe de la libération des quatre meurtriers responsables de la mort de sa première épouse; inutile d'insister sur sa rage. Le policier a du travail à calmer l'agent de sécurité et lui conseille prudence. Puis Paul Eastman revient à son bureau au Département de police de Grandview.
Maison d'Oswald Neely, 22h40.
Le juge convoque ses amis en réunion d'urgence, étonné que son neveu ne soit pas encore six pieds sous terre... Ils font un très sombre rituel sur la photographie de Carl Neely... Jane Lawrence-Gordon, très inquiète pour la victime, l'avertit du danger par voie onirique... Le pauvre, les journées suivantes, est encore plus désorganisé et incohérent, se replie davantage sur lui... Il se méfie encore plus de Melody, pour l'avoir encore vu possédée, mais cette fois, il décide de l'attacher au lit avec une grosse corde pour être sûr de l'immobiliser en attendant que son âme rejoigne son corps. De plus, il a l'impression d'être suivi par des espions, de sorte qu'il pense avoir un délire de persécution...
Le 15 janvier 2007, Carl Neely est la victime de tireurs d'élite et des quatre tueurs à gages récemment libérés, ce qui l'oblige, en raison de la sévérité des blessures, de rester à l'Hôpital Mercy pendant un mois. Pendant ce temps-là, il s'inquiète beaucoup pour Maria, Sara, Samuel et Daniel, laissés dans l'appartement avec la vipère de Melody les fins de semaine... Heureusement, Hana veille sur les enfants et vient de temps en temps le rassurer. Ses parents se sentent obligés de veiller sur leur grand garçon... Il est tellement fragile dans des moments si difficiles... Les quatre tueurs à gages, accusés de récidive, sont à nouveau en prison pour une durée de sept ans.
À la début mars, au cours de la semaine de relâche, qui est une semaine de congé pour les écoles primaires et secondaires, Carl Neely fait les commissions. Maria, Sara et Samuel, eux, font leurs devoirs dans leur chambre ; Caitlin et Daniel jouent au salon sous la supervision de leur mère et de leur belle-mère. Notre pauvre Carl est encerclé par huit hommes vers la trentaine. Heureusement, Paul Eastman est alors en train de patrouiller. Remarquant le groupe d'hommes, il s'approche discrètement d'eux. Les huit hommes commencent à insulter l'ancien policier, le traitant de mauviette handicapée. Paul Eastman, ne peut plus les entendre, car une telle scène lui rappelle la rencontre avec les hommes déguisés en médecins dans l'Hôpital Général d'Ottawa. À la différence que ce ne sont pas les mêmes individus. Le policier les interpelle d'une voix forte, de sorte que tous tournent leur tête vers lui. Voyant qu'il est un agent de l'ordre, les huit hommes s'éloignent de Carl Neely en silence. À croire que l'uniforme les a dissuadé d'humilier leur victime; celui-ci remercie le policier de son intervention.
Jane Gordon-Lawrence apparaît devant les deux passeurs d'âmes. Elle dit : – Bonjour, Messieurs ! Simplement pour vous dire que ces huit hommes étaient vos camarades de classe du secondaire, Monsieur Neely... Je peux même vous dire leurs noms: Frank Karacozoff (un drogué possédé), Rémi Chénier, Noé Forest, Joseph Segal, Zacharie Deslauriers, Domenico Masaracchia, Bruno Cloutier et Gilbert Woodbury. Ils sont payés indirectement par votre salaud d'oncle...
Carl Neely complète sa phrase d'un ton neutre : – ... pour me faire subir une humiliation...
Il pense : « Il ne manquerait plus que ça ! Je suis déjà assez malheureux sans eux... »
Jane Gordon-Lawrence : – Exactement... Heureusement, Monsieur Paul Eastman est là et ils ont très peur des policiers... Que Dieu vous protège tous les deux, car les salauds sont très machiavéliques, ce qui n'annonce rien de bon... Encore une fois, que Dieu vous prenne en pitié et vous soit clément !
Puis l'esprit errant disparaît de leur vue.
Carl Neely continue sa route vers le marché de Grandview; Paul Eastman le regarde jusqu'à le perdre de vue. Le policier remarque à quel point son ancien collègue a vieilli en si peu de temps, de trente-trois, il paraît en avoir quarante-trois. Il trouve qu'il fait vraiment triste mine malgré qu'il n'en souffle pas un mot; Paul le lit sur son visage pâle et émacié et ses yeux rougis par ses nuits sans sommeil et par ses pleurs. Le policier continue sa patrouille. Carl Neely, lui, fait les commissions et revient dans son appartement.
En mai 2007, il ne manque à Carl Neely qu'un détail à résoudre... C'est Oswald qui est étonné qu'il soit parvenu à trouver le détail, car il était certain que les faux documents feront le travail; sauf qu'il n'a pas compté sur l'aide de Paul Eastman, de sorte que son neveu est encore en vie et qu'il refuse de se rendre malgré les menaces assez explicites des espions... Au moins, il est très affaibli et fou (en raison des sombres rituels que Oswald et ses amis ont fait sur la photographie de Carl), si ça peut être une consolation... Le juge l'imaginait bien cuit sur son assiette depuis quelques mois déjà... Sinon, il a toujours un plan B, qu'il décide de mettre en marche, en communiquant les directives à l'homme masqué qui les transmet à Melody Spengler... D'ailleurs, la vipère s'inquiète pour leur vie de couple, surtout avec la jalousie que Carl et l'emportement qu'il témoigne... Elle a porté plainte pour violence conjugale en mentant effrontément (pour se venger pour les fois où son mari l'a attaché à leur lit alors qu'elle était possédée), de sorte que deux travailleurs sociaux assez costauds sont présents dans l'appartement depuis avril 2007. Ce sont les pauvres enfants qui trouvent l'atmosphère vraiment désagréable, de sorte que Maria, Sara et Samuel préfèrent rester enfermés dans leur chambre. Caitlin et Daniel, lorsque la dispute commence, se cachent de peur sous le canapé au salon; même les plus grands, dans leur chambre, sursautent lorsque Carl Neely élève la voix. C'est Hana Nasan-Neely et Ralph Mahoney qui rassurent du mieux qu'ils le peuvent leurs enfants respectifs.
Melody est prête à tout pour se débarrasser de son second mari, comme elle l'a fait avec son premier, surtout depuis qu'elle jeta son dévolu sur l'un des travailleurs sociaux... Hana en avertit Carl Neely, qui est vert de jalousie, sauf qu'il ne parvient pas à mettre en évidence l'adultère. Melody essaie alors des tentatives d'empoisonnement d'avril à juillet avec de la chloropicrine, quelques feuilles de laurier-rose et de la ricine, des poisons puissants qui passent inaperçus. Sauf que chaque tentative est révélée par Hana Nasan-neely et Ralph Mahoney, enrageant beaucoup le pauvre mari, qui lance une série d'insultes à sa vipère et qui voulait même la forcer à boire son verre, sauf que les travailleurs sociaux le maîtrisèrent. Les travailleurs sociaux sont alors obligés de l'éloigner de Melody, qui prend ses airs les plus innocents. Ils l'éloignent en le poussant sur son fauteuil dans une autre pièce. Une fois, Carl a même renversé la table de rage; il préfère rester sur sa faim plutôt que de mourir, pour ne pas laisser ses trois enfants du premier mariage orphelins, son pire cauchemar... Après, qu'il maigrira, ce n'est qu'un détail... Les travailleurs sociaux s'entr'observent, mais ils en prennent notes dans son dossier. Bilan : Homme violent, agressif, confus et désorganisé, qui néglige et maltraite sa femme et ses enfants. Peut-être même capable de viol... Un tel bilan circule rapidement dans le Centre d'Aide Sociale de Grandview... Ceci étonne la travailleuse sociale qui l'aidait jusqu'à son remariage, car elle le trouvait très gentil.
Carl Neely essaie du mieux qu'il peut de cacher ses problèmes au travail, s'obligeant à afficher un masque de froideur qui fait peur à lui-même lorsqu'il se regarde dans le miroir des toilettes lorsqu'il a sa pause... D'ailleurs, il comprend dans un rêve en juin 2007, que l'un des travailleurs sociaux est devenu l'amant de Melody, ce qui enrage encore plus notre pauvre Carl Neely, qui n'attend qu'une occasion pour les attraper dans le feu de l'action... Il est très tendu, nerveux et insomniaque, de sorte qu'il reprend sa consommation de somnifère (le Zolpidem) : il se moque complètement des effets secondaires... Le couple est à froid et il préfère dormir (s'il y parvient) sur le canapé ou assis sur son fauteuil roulant au salon plutôt que dans le lit de sa chambre à côté de sa vipère, qu'il finit même par détester. Il la déteste comme il se déteste lui-même, d'avoir été si stupide d'être tombé sur ses minauderies...
Mais la situation empire quand il a eu, au travail, la visite des frères Payne et de leurs épouses en juin et en juillet, puis de Thomas Gordon, de Joshua Bedford (le recteur de l'Université Rockland, possédé par son propre père, John), de Gordon Bedford, de Merry Bedford et d'Oswald Neely en personne, car ils ne viennent jamais les mains vides... Par ailleurs, son oncle s'étonne qu'il soit encore vivant, c'est pourquoi il voulait le voir en personne, comme une curiosité de zoo. Le juge Oswald Neely invite même sa sœur Merry Neely-Lloyd, qui collabore aussi avec lui depuis juin 2006, à le rencontrer sous prétexte de renseignements sur la Bibliothèque et archives du Canada... L'identité de ces visiteurs est révélée par Jane Lawrence-Gordon et David Neely, qui grognent furieusement lorsqu'ils s'approchent de notre agent de sécurité, qui ne parvient pas à leur échapper. La pauvre victime trouve bizarre de voir ainsi cet oncle et cette tante paternels qu'il n'a jamais vu de sa vie, mais qui le pourchassent sans relâche... Ses nuits ne sont guère meilleures: il a l'impression d'être un mort-vivant autour duquel rôde des vautours qui n'attendent que le dernier signe de vie le quitte définitivement pour se rassasier du peu de viande qui est encore restée sur ses os... Il a tellement envie de pleurer comme un gamin abandonné, ce qui brise le cœur de David Neely, de Milena Vladikin-Neely et Dragomir Vladikin. Le docteur Calvin Byrd commente ironiquement : « On dirait une régression... Un vrai débile ! » Milena le foudroie du regard. Elle a tellement envie de bercer son fils benjamin dans ses bras; David lui serre la main pour lui rappeler qu'elle ne peut plus faire ce geste. Son mari l'enlace pour la rassurer. Elle murmure : « Le pauvre gamin, il a besoin d'affection maternelle.. » Elle verse une larme, tellement qu'elle est triste, l'hôtesse de l'air. Son époux tente de la rassurer en la câlinant.
Plutôt que de s'avouer vaincu, notre enquêteur illégal suit les conseils de son père et décide, en août, de laisser à Paul Eastman le soin de régler les conclusions, car il est trop confus pour y réfléchir. Le policier accepte de terminer son enquête, ému des problèmes de son fils spirituels. Les deux hommes se quittent après une solide accolade paternelle, en la présence de David Neely, Milena Vladikin-Neely et Dragomir Vladikin, qui regardent, émus, la scène. Carl, quand il revient dans son appartement, il se sent plus léger. Il ne lui reste qu'à divorcer de sa vipère de seconde épouse... Content, il revient d'un pas léger. Paul Eastman, en lisant les conclusions provisoires de Carl Neely, comprend mieux sa situation et le prend sérieusement en pitié : le policier remarque plusieurs erreurs de raisonnement qu'en tant normal, il n'aurait jamais fait... « Le pauvre, on dirait un fou... » Ému, il sort son icône portative pour prier pour son fils spirituel. J
Jane Lawrence-Gordon apparaît devant son bureau, affichant un air très triste, assise sur la chaise en face de lui, et lui explique que ceci est le triste résultat de la sombre ligue occulte contre le pauvre Carl Neely.
Malgré toutes les tentatives de leurs ennemis mentionnées précédemment pour empêcher l'enquête sur la famille Neely, Carl parvient néanmoins à tout comprendre à la fin d'août 2007, en lisant et relisant les feuilles remplies de la fine écriture de Paul Eastman. Et il est très étonné...
Voici les résultats de l'enquête de Carl Neely et de Paul Eastman.
La généalogie paternelle se résume comme suit :
Васил Иванов Стратимирович (Vasil Ivanov Stratzimirović), alias Andrew Neely (1785-1850) + Юлия Слав-Стратимирович (Yulia Slave-Stratzimirović), alias Cherry Smith-Neely (1795-1859), = Mildred Neely (mars-avril 1814), Diamond Neely (1815-1877), Ruth Neely (1816-1876), Rachel Neely (juin-septembre 1817), Archie Neely (1818-1888), Marty Neely (1819-1876) et Robin Neely (1820-1895)
Diamond Neely (1815-1877) + Bridget Cornford-Neely (1820-1889) = Edward (1840-1900), Dorothy (1843-1845), Charlotte (1844-1845), Blake (1848-1888), Mathew (1849-1910), Derek (1850-1917)
Derek Neely (1850-1917) + Deborah Mitford-Neely (1862-1900) = John (janvier-mars 1881), Ashley (1883-1945), Grace (1884-1970), Zachary (1885-1960) et Adrian (1886-1966)
Ashley Neely-Kent (1883-1945) + Bernard Kent (1880-1939) = Samuel (1903-1975) et Daniel (1904-1987)
Grace Neely-Rosenbach (1884-1970) + Andrew Rosenbach (1875-1959) = Dave (1908-1909), Natalia (1909-1970) et Fanny (1910-1977)
Zachary Neely (1885-1960) + Megan Neely (1900-1970) = Robert (1919-1980), Orpheus (1920-1992) et Meredith (1921-1995)
Adrian Neely (1886-1966) + Audrey Reinach-Neely (1897-1970) = Mary Louise (1920-1989), Nicolas (1921-1947) et August (1922-1988)
Robert Neely (1919-1980) + Diana Downey-Neely (1930-1998) = Emily (née en 1950), Kitty (née en 1951) et Martin (né en 1952)
Meredith Neely-Kennedy (1921-1995) + Damon Kennedy (1910-1988) = Jade (née en 1940), Melody (née en 1941) et Nicholas (né en 1942)
Orpheus Neely (1920-1992) + Marjorie de Rothschild-Neely (1929-1990) = Oswald Neely (1949), David Neely (1950-1977) et Merry Neely (1951)
Oswald Neely (1949) + Karen Blavatsky-Neely (1959-1999), mariés de 1980 à 1999 = Richard (né aveugle en 1981) et Stephen (né en 1982)
Le même se remarie en 2000 à Vanessa Raka (1945) = William (né en 2002)
Merry Neely-Lloyd (1951) + Gerard Llyod (1950-1990), mariés de 1971 à 1990 = Alfred (né en 1974) et Audrey (née en 1976)
En ce qui concerne les différentes petites histoires de famille, voici les plus croustillantes. Васил Иванов Стратимирович (Vasil Ivanov Stratzimirović) est un Bulgare originaire de la ville de Новоселци (Novosetsi), à 24 km de София (Sofia). Cette ville, depuis 1950, devient Елин Пелин (Elin Pelin), dont l'anagramme inspira Vasil pour le nom de famille Neely (Neli) en changeant un peu l'orthographie. Sauf qu'il fait croire que le nom de famille dérive de Mac an Fhilidh (« Fils du poète »), dont une forme dérivée est McNeilly. Ceci en dit long sur l'occultisme de Vasil... Lui et sa femme sont des membres de la noblesse bulgare (à cette époque, dans l'Empire ottoman). Les Stratzimirović sont une branche de la famille royale Шишман (Šišman) – dont le nom de famille dérive du mot Шишмиш, qui signifie chauve-souris. À croire que les lointains ancêtres étaient des vampires... La famille Slave a pour lointain ascendant les rois de la dynastie Асен (Asen). Vasil Ivanov Stratzimirović et son épouse émigrent en Angleterre en 1813, sur le conseil du gouvernant turc dans la région de Sofia, Seyyid Mehmed Beiraktar (1765-1825), qui les prend en sympathie (car lui et le couple sont des bons amis, puisque le Turc était un ami intime du père de Vasil). Le jeune couple s'installaient en Angleterre un mois après leur mariage, avec l'aide d'Horace Russell (1785-1855), un banquier britannique issu d'une famille de comtes, dont le titre est héréditaire, avec lequel Vasil était en trop bonne entente intime... Par ailleurs, Horace Russell était son maître dans son initiation dans la Franc-Maçonnerie. Lorsque le couple arriva en Angleterre, ils changèrent leur identité à ce moment (sur le conseil de Russell), de sorte que Vasil Ivanov Stratzimirović prend le nom d'Andrew Neely et Yulia Slave-Stratzimirović, celui de Cherry Smith.
Et voici la généalogie du banquier Horace Russell :
Horace Russell (1785-1855) + Meredith Smith-Russell (1790-1867) = Georg Russell (1818-1881), Wriothesley Russell (1819-1820), Francis Russell (1821-1889), William Russell (1822-1888) et Mery Russell (1823-1890)
Georg Russell (1818-1881) + Jessica Fitzgerald-Russel (1820-1885) = Nicola Russell (1839-1899), Lavinia Russell (1840-1887) et Molly Russell (1841-1914)
Nicola Russell (1839-1899) + Hortence Wilson-Russell (1845-1909) = Edward Russell (1864-1939), Mathew Russell (1865-1937) et Meredith (1867-1934)
Edward Russell (1864-1939) + Agathe Tessier-Russell (1862-1933) = August Russell (1880-1935), Carole Russell (1881-1950), Hugh Russell (1882-1910) et Isla Russell (1883-1924)
Carole Russell-Dunn (1881-1950) + Jasper Dunn (1874-1957) = Martin Dunn (1901-1987), Samuel Dunn (1902-1977), Stanley Dunn (1903-1969) et Sandra Dunn (1904-1984)
Hugh Russell (1882-1910) + Karyn Ferguson (1883-1954), mariés de 1902-1910 = Devin (1902-1974), Kenneth (1903-1970) et Linda (1904-1910)
Karyn Ferguson se remarie en 1913 à Octavius Bishop (1872-1943) = Calvin Bishop (1913-1978) et Gwendoline Bishop (1914-1987)
Isla Russell-Havard (1883-1924) + Elliot Havard (1878-1945) = Betty (1903-1975) et Norman (1904-1973)
Isla est tuée par son époux, morte étranglée.
August Russell, alias August Bedford (1880-1935) + Béatrice Dupanloup-Bedford (1895-1973) = John Bedford (1915-1989), Philomena Bedford (1916-1985) et Daniel Bedford (1917-1990)
August Russell déménage au Canada, à Bedford, ville dans la municipalité du même nom, région administrative de l'Estrie, dans la province du Québec. Il change le nom de famille en Bedford.
John Bedford (1915-1989) + Marie-Thérèse Gagnon-Bedford (1923-1991), mariés de 1945 à 1989 = Joshua Bedford (né en 1946), Gordon Bedford (né en 1947) et Merry Bedford (née en 1948)
Mais il y a d'autres faits divers croustillants sur la famille... Blake Neely, la fille de Diamond Neely, née en septembre 1848, est décédée le 8 août 1888, pendue au lustre de sa chambre... Il semblerait que ce suicide cache un sacrifice à Satan, afin que les fautes d'Andrew ne retombent pas sur Diamond... Aussi, les morts en bas âges ne sont que des infanticides à Satan, comme les sacrifices à Moloch... Quant au meurtrier de Nicolas Neely, le fils d'Adrian Neely, il est son propre père. Seulement, dans les versions officielles, la mort est camouflée en un suicide... En ce qui concerne la famille la plus proche, sa cousine Audrey Neely, la fille de Merry Neely-Lloyd est la fille illégitime de Nicholas Kennedy (le fils de Meredith Neely-Kennedy (1921-1995) et de Damon Kennedy (1910-1988)). D'ailleurs, Damon Kennedy est initié jeune dans l'occultisme; il semblerait qu'il avait été violé par son propre père, un sataniste de haut rang. D'ailleurs, Gerard Llyod, mort à l'âge de quarante ans d'une crise cardiaque, car Merry s'est trouvée un amant dix ans plus jeune qu'elle. En petites lettres, Paul Eastman, a écrit, visiblement d'une main tremblante, ce qui fait contraste avec les autres phrases de son rapport : « Pensez à vous enfants, car il veut les avoir pour lui ! Il sait ce dont ils sont capables ! »
Le pauvre Carl Neely a failli avoir un arrêt cardiaque en lisant ces deux phrases. Malheureusement, il doit reconnaître à lui-même qu'il n'aurait jamais conclu ainsi son enquête. Il n'aurait jamais douter que son oncle sait que ses enfants voient les esprits errants... Mais au moins, il a compris, dans un bref moment de lucidité soudaine, qu'il doit les protéger, mais comment ? Il est désemparé devant une situation qui le dépasse...
« Ceci explique pourquoi Joshua Bedford est venu à moi... En raison de ce lointain rapport des siens avec les Neely... Comme parfois les relations peuvent être bizarres ! », pense Carl Neely en rangeant, les mains tremblantes, les papiers de l'enquête, « Au moins, j'ai réglé une histoire de fous ! Maintenant, que je dois me débarrasser d'une vipère adultère... »
Ce n'est que le 3 septembre 2007, en revenant plus tôt du travail, averti par Hana Nasan-Neely, que Carl Neely surprend Melody avec l'un des travailleurs sociaux dans leur lit... De rage, il maîtrise l'amant, le jette et le frappe de coups de poing bien appliqués au visage. Melody se cache avec les couvertures, s'habille en vitesse et appelle à l'aide. L'autre travailleur social fait irruption et traîne le mari à l'extérieur, en l'amenant au salon. Carl lui ordonne de le lâcher, mais il ne peut pas s'opposer à l'homme qui pousse le fauteuil roulant; il suit le mouvement, très enragé. Lorsque Melody sort de la chambre, Carl, hors de lui, l'insulte. L'autre travailleur social (celui qui l'amena auparavant au salon) file dans la cuisine et lui sert du thé. Carl Neely remarque que ses parents, son grand-père paternel, Maurice Solms et Karl Pulluow le regardent d'un air triste, en disant à l'unisson de ne pas boire la tasse. Les esprits ont compris que le thé contient une surdose de GHB (de la drogue de viol)... Mais Carl, trop irrité pour prêter attention à leurs propos (et influencé par les esprits psychiatres depuis leur distance sécuritaire), boit la tasse de thé. Lui et Melody se sont ensuite disputés pendant une heure, puis il ne sait plus exactement ce qu'il a fait. Il revient de sa confusion par une voix masculine, celle d'un policier, qui dit : « Monsieur Carl Neely, haut les mains ! » L'interpellé, en levant ses mains en l'air, remarque qu'il tient son arme à feu de policier de sa main droite. Il remarque devant lui le corps inanimé de Melody, dont une trace de sang se voit sur sa tempe gauche. D'ailleurs, la présence olfactive de son âme lui confirme qu'elle est bel et bien morte. Elle l'accuse de sa belle voix sifflante de l'avoir tuée. Le policier lui saisit l'arme à feu et lui passe des menottes aux mains, puis le pousse sur son fauteuil roulant jusqu'à une voiture de police stationnée à l'extérieur de l'immeuble.
Carl Neely pense tristement en entrant dans la voiture de police : « Bravo, le plus grand dindon de tous les temps ! Tu viens de tuer la vipère... Ancien policier, tu arrêtais des gens et tu leur passais des menottes aux mains, maintenant, c'est à ton tour de les avoir... À ton tour de ressentir la froideur du métal sur tes maudites mains criminelles... Quelle triste ironie du Destin ! Désolé, mes enfants, mais vous avez un père fou, un père criminel, un père meurtrier... Les pauvres, ils sont maintenant orphelins... Maudit parjure ! Oh, sale meurtrier ! Maudite vipère ! Maudit soit le jour où je t'ai rencontré ! »
Carl Neely est amené dans la station de police, où Christopher Smith l'attend. Il est étonné de le voir ainsi, mais il procède à une interrogatoire au cours de laquelle Carl avoue froidement avoir tué sa seconde épouse dans sa colère parce qu'il l'a découvert avec un autre homme... Le passeur d'âmes ignore les propos des esprits errants qui l'entoure, à savoir Melody Spengler (qui l'accuse d'être son meurtrier), Dragomir Vladikin, Milena Vladikin-Neely, David Neely, Maurice Solms et Karl Pulluow (qui disent qu'il n'est pas coupable du meurtre en question). Pour Carl, sous l'influence des esprits psychiatres, de Romano et de Baldini, conclut que comme seul lui a la clé de son bureau, seul lui a pris l'arme à feu (il est le seul qui en a une dans l'appartement), et comme il avait l'arme dans sa main droite, il est évident qu'il a tué son épouse adultère.
Évidemment, Carl Neely comparaît en justice le lendemain. Tous les habitants viennent assister au procès, sauf Radoslav Neely, qui travaille, Tricia Mizrahi (qui est assez occupée entre son emploi et ses enfants) et Melinda Irène Gordon-Clancy, qui préfère rester chez elle pour veiller sur Aiden, Mary et Nicolas plutôt que d'assister au procès de son ami; seul Jim est venu. Ce n'est quand même à tous les jours qu'un meurtre arrive, en plus d'un ancien policier qui tue son épouse... Le juge qui s'occupe de l'affaire n'est nul autre que Thomas Gordon, comme annoncé dans les journaux locaux. C'est aussi en raison de la présence de son père que la jeune mère ne veut pas venir, surtout quand elle sait, depuis qu'elle a compris de quelle famille folle elle est issue, qu'il est un salopard de son espèce. Elle ne souhaite pas le voir, un point c'est tout !
Paul Eastman, informé par Karl Pulluow, Maurice Solms, David Neely, Milena Vladikin-Neely, Dragomir Vladikin et Jane Lawrence-Gordon, qui lui rapportent leur version des faits, est très fâché de la tournure des événements. Il comprend que le pauvre Carl est la triste victime d'un complot de son oncle et de sa compagnie, eux qui profitent de sa folie désorganisée (que les mêmes ont provoqué par des moyens occultes) pour le faire accuser du meurtre de Melody Spengler, car le couple était à deux doigts de divorcer. Avec la complicité des travailleurs sociaux, Carl Neely boit, sans se douter de rien une tasse de thé dans laquelle est dissoute une surdose de drogue de viol, d'où le « trou de mémoire » qui suit. Dans les faits, comme Melody a une copie de la clé de son bureau, elle s'empare de l'arme à feu de policier de son époux et se tire elle-même sur ses tempes, puis son amant glisse l'arme à feu dans la main droite de Carl, en le forçant à toucher l'arme avec tous ses doigts – ce qui est facile lorsqu'il n'offre pas de résistance en raison de la drogue. De sorte que lorsqu'il revient de l'effet de la drogue de viol, il se retrouve avec son arme à feu entre les mains, une épouse morte et un policier qui lui passe des menottes aux mains. Même si les policiers font l'analyse des empreintes digitales sur l'arme, ils ne trouveront que celles de Carl Neely. De plus, les salauds ont même payé Christopher Smith, en lui offrant une prime car ils savent qu'il entretient sa pauvre femme malade, afin qu'il écrive que Carl Neely a tué la vipère de Melody... Le pire sans doute, commente Pulluow, c'est que notre protégé est lui-même convaincu d'avoir tué sa vipère... Mais, précise Jane Lawrence-Gordon, ce plan s'emboîte dans un plus grand : celui de convaincre Melinda Irène Gordon-Clancy de rejoindre leurs rangs. Une fois Carl Neely en prison, handicapé et fou comme il est, il ne survivra pas longtemps... Par ailleurs, ils ne veulent jamais le faire sortir de prison, de sorte qu'ils se permettront tous les coups, mêmes les plus bas, ce qui n'augure rien de bon pour lui... Dans tous les cas, un allié de moins pour Melinda Irène.... Ce n'est que dans ce contexte que Gabriel compte bien se rapprocher d'elle pour la convaincre de son point de vue... « Mais », ajoute Jane, « Je compte bien sur le soutien de son mari, de leurs enfants et du vôtre, Monsieur Eastman, pour qu'elle ne dévie pas du droit chemin... Elle est assez forte, malgré son fragile aspect. Je lui fait confiance ! » Puis la mère de Gabriel Lawrence disparaît de sa vue.
Paul Eastman remercie les âmes errantes de leur rapport. Le policier est quand même venu au procès avec sa femme, au moins en soutien psychologique pour le pauvre Carl Neely. Sam Blair, étonnée, est aussi venue au procès en soutien psychologique.
Carl Neely, avec une barbe de deux jours qui semble accentuer la maigreur de son visage, est assis calmement sur son fauteuil, les mains entravées par des menottes. Il parcourt du regard l'assistance. Il baisse ses yeux lorsqu'ils rencontrent ceux de Jim Clancy, de Sam Blair, de Paul Eastman et de Sara Benamou-Eastman. Il ne veut pas leur faire honte. Il ne veut pas les contaminer de sa folie. En regardant l'assistance, il a l'impression pénible de se trouver devant des vautours avides (à l'exception de ses amis) de sa chair et de son sang... Peut-être que ce n'est qu'une hallucination de son cerveau... Peut-être le début d'une crise hallucinatoire en raison de son manque de sommeil... Ou peut-être une hallucination en raison du somnifère qu'il consomme... Il n'est plus certain de rien...
Le juge Thomas Gordon arrive. Il est un homme de 77 ans, qui parait sévère dans son costume d'audience et ses lunettes carrées noires sur le nez. Ses cheveux gris bien coupés accentue sa sévérité (les juges canadiens ne portent pas de perruque). Carl Neely, lorsqu'il croise son regard glacial, ne peut pas s'empêcher de tressaillir.
Un silence d'église s'installe dans la salle. Thomas Gordon lit tranquillement d'une voix calme l'acte d'accusation. Cette voix que Jim Clancy n'aime pas du tout. Il n'a qu'un seul fantasme : jeter son beau-père par la fenêtre tellement que sa voix l'irrite. Mais il se retient, par politesse. L'ambulancier remarque que l'accusé écoute, les yeux perdus dans le vague. Il semble sortir d'une léthargie lorsqu'il entend le juge prononcer la sentence. Toute l'assistance retient sa respiration à ce moment.
Le verdict final : Monsieur Carl Neely, accusé de meurtre au premier degré sur son épouse, Madame Melody Spengler-Neely, devra être emprisonné pendant vingt-cinq ans avec possibilité de liberté conditionnelle. L'accusé ne sourcille pas, malgré sa rage. Il foudroie du regard Thomas Gordon. Il a tellement envie de l'étrangler de ses mains... Il essaie de calmer sa colère, sous l'effet de laquelle ses mains tremblent. Le public applaudit (à l'exception de Paul Eastman, de Sara Benamou-Eastman, de Jim Clancy, Daniel Clancy, Francis Clancy, Vera Radojčić, de Tim Flaherty, de Bahman Mīzrā, de Sam Blair, d'Emmanuel Nasan (le frère d'Hana), de Zacharie Salama (le gendre de Paul Eastman), de Samuel Benkemoun (le neveu de Paul Eastman et l'époux de Manijeh Mizrahi), de Maria Eastman-Benkemoun (la sœur de Paul Eastman), de Joseph Benkemoun (son mari), de Dimitri Eastman (le frère de Paul Eastman), Françoise Lalonde (son épouse) et du professeur Éli James). Puis l'assistance scande d'une seule voix : « Ancien policier criminel, derrière les barreaux ! » Thomas Gordon réclame le silence. Le silence revient au bout de quelques minutes. Le juge annonce la fin de la séance et la salle d'audience se vide rapidement. Paul Eastman et sa femme regardent de loin leur fils spirituel, attristé du sort qui l'attend. Carl, lui, affiche un air froid pour cacher sa rage. Il a tellement envie de l'étrangler, ce salopard d'enculé de Thomas Gordon... Il est conduit dans la prison de Grandview, dans une cellule qu'il partage avec un co-détenu. De plus, ses deux épouses et ses parents le suivent. Carl se moque complètement de paraître fou lorsqu'il parlera à l'un des esprits errants. Il s'inquiète plus pour les pauvres enfants que pour lui-même... Ils sont seuls... Il est dévasté lorsqu'il réalise qu'il ne pourra jamais tenir sa promesse, celle de ne pas laisser ses enfants orphelins... « C'est clair que personne ne laisserait des enfants en bas âge avec un fou criminel... » Pense-t-il d'un air résigné. « Peut-être que mes ennemis ont raison : je suis un pauvre et malheureux orphelin qui est brisé, incapable de vivre normalement... Je me suis perdu après avoir perdu deux épouses et je perdrai bientôt mes enfants... En bref : j'ai TOUT perdu... » Il soupire. Carl s'éclaircit la voix pour ne pas pleurer sur lui-même.
Paul Eastman, Sara Benamou-Eastman, Jim Clancy et Sam Blair reviennent chacun chez soi. Radoslav Neely a entendu bien sûr la nouvelle lorsqu'il revient chez lui, car c'est le thème qui est sur les lèvres de tous les habitants. Ce petit groupe d'amis s'est bien décidé de rendre visite au pauvre Carl Neely... Pour l'instant, tous les cinq enfants (Maria Neely, Sara Neely, Samuel Neely, Caitlin Mahoney et Daniel Neely) sont sous la garde de la travailleuse sociale qui a déjà côtoyé les plus âgés. Là, très sérieusement, elle les prend en pitié et s'oblige à s’occuper d'eux en attendant de leur trouver des familles d’accueil. La femme est consciente qu'ils seront nécessairement placés dans des familles différentes, car personne n'acceptera d'adopter trois enfants d'un père criminel... Il ne lui reste qu'à espérer que le personnel chargé des adoptions au Centre d'Aide Sociale de Grandview qui s'occupera de leur cas sera clément...
À suivre.