Ghost Whisperers in Canada

Chapitre 15 : Le début de nouvelles histoires

2396 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/09/2023 23:38


Mai 2027, Westmount, Montréal.


Oliver Lawrence voit du coin de l'œil un esprit errant, plus précisément un vieil homme vêtu d'un complet bleu marin et d'une chemise blanche. Le jeune passeur d'âmes de vingt-cinq ans ne comprend pas, depuis quelques années, à quoi lui sert son don, celui de voir les esprits errants. Il en discute avec son frère, Alexander, et avec sa femme, Sara Papachristopoulos-Lawrence (ils sont mariés depuis mai 2025). Ils sont aussi perplexes que lui. Oliver s'adresse à Sara, qui s'occupe de leur nouveau-né, François, sept mois. Depuis qu'il est père, il se permet d'ignorer les esprits errants qui se présentent devant lui.

Mais l'esprit errant se fait insistant. Il apparaît devant le passeur d'âmes et dit avec un fort accent allemand : « Monsieur, vous nous voyez ? Alors, aidez-nous ! »

Oliver, gêné, bredouille : « Je ne sais pas comment vous aider... Laissez-moi en paix! »

L'esprit errant se déplace devant le passeur d'âmes, qui suit son déplacement du regard en silence.

Oliver dit : – Quel est votre nom ?

L'esprit répond : – Ludwig Wittenburg.

– Quelle est la cause de votre décès et depuis quand errez-vous ?

– Officiellement, mort d'une crise cardiaque, officieusement, empoisonné par ma femme, Angelika. J'erre depuis dix ans. J'attends de savoir si quelqu'un me dise où aller...

– Dans tous les cas, je ne peux pas vous aider... Bonne chance pour la trouver, cette personne !

Ludwig Wittenburg disparaît de sa vue après avoir déplacé une rangée de livres sur l'étagère centrale de sa bibliothèque au salon. Oliver soupire et remet les livres à leur place.

Sara, intriguée par le bruit, lui en demande la raison; il lui dit que c'est un esprit qui a déplacé les livres. Et il ajoute : « Sérieusement, Sara, ce don est de jour en jour un fardeau. J'en suis fatigué ! Et qu'est-ce que je dois faire avec ces pauvres âmes ? »

Sara lui répond calmement : – Je t'encourage à bien observer si quelqu'un peut t'aider en ce qui concerne les âmes errantes. Seulement, tes parents ne t'ont pas tout dit.

– Tu as raison !

Et Oliver embrasse tendrement et chastement son épouse sur les joues et les lèvres; elle lui rend ses bisous.


Le lendemain, Oliver se rend à son lieu de travail : il est un spécialiste en expertises juridiques (plus précisément les crimes) pour le Ministère de la Santé publique. Il travaille dans l'un des laboratoires des sciences judiciaires et de médecine légale à Montréal, où il analyse les différents témoignages des crimes afin de confirmer ou d'infirmer la culpabilité d'un accusé. Ce métier lui permet aussi d'être en contact avec des esprits errants, ce qui l'ennuie de plus en plus. Plus il rencontre des esprits errants, plus il panique, car il ne sait pas comment régler leurs cas. Oliver préfère alors les ignorer et faire semblant de ne pas les avoir entendu et vu.

En revenant dans l'après-midi du travail, Ludwig Wittenburg apparaît devant la porte de son appartement, le faisant sursauter. L'esprit errant dit : « Il est impossible de nous échapper ! Vous saviez que vous devez payer pour les fautes de vos parents... Ça les apprendra à fourrer leur nez dans les choses des autres ! » L'esprit errant éclate de rire et disparaît de sa vue avant qu'Oliver Lawrence puisse ajouter un mot. Il parvient à ouvrir la porte et salue son épouse. Oliver lui rapporte la menace à peine voilée de l'esprit errant et ajoute : « Ma chérie, j'espère seulement qu'il n'exécutera pas ses menaces, car j'en tremble rien qu'à imaginer les conséquences : je ne voudrais pas payer pour les fautes de mes parents; j'en ai assez avec les miennes ! Qu'est-ce que je dois faire ? » Il s'assied sur le canapé au salon, la tête entre ses mains, désemparé. Sara l'écoute, aussi inquiète que lui.

Après quelques minutes de silence, son épouse commente : « Oliver, je suis sûre qu'il existe un moyen moralement correct d'éviter la menace de cet esprit errant... Seulement, il faut espérer que le Miséricordieux nous sera favorable ! »

Elle se lève du canapé et cherche son icône portative de la Vierge (un cadeau de son père, Pascal Papachristopoulos) pour y prier. Oliver, ému de sa piété, se joint à sa prière.

Après quelques minutes de prière silencieuse, Sara remet son icône portative sur son chevet de nuit et revient au salon. Elle se blottit contre son mari, qui l'enlace. Perdu dans ses pensées, il lui murmure : « Pourquoi une tempête de malheurs doit s'abattre sur moi ? Pourquoi ? » Oliver soupire et embrasse Sara qui l'embrasse sur les lèvres. Sara se libère de son étreinte, car leur fils s'est réveillé en pleurant. Elle accoure devant son berceau pour le rassurer.



Au cours de la semaine suivante, l'esprit errant qu'est Wittenburg le menace et s'amuse dans le laboratoire où le passeur d'âmes travaille. Avec un autre esprit errant, ils mettent le désordre dans ses dossiers. Oliver Lawrence leur ordonne sévèrement de cesser leurs petits jeux, mais ils font la sourde oreille, ce qui l'exaspère beaucoup. Évidemment, il se confie à sa femme, désemparé.


Oliver Lawrence décide alors d'observer à chaque jour lorsqu'il se rend au travail, s'il ne rencontre pas quelqu'un qui voit aussi les âmes errantes. Une semaine et demie plus tard, il remarque un jeune homme aux cheveux et yeux bruns. Nul autre que Stanislas Milošević, le fils aîné de Zlata Eastman-Milošević et de Dušan Milošević, alors âgé de vingt-huit ans. Oliver remarque que Stanislas parle avec un esprit errant, qui disparaît après un bref échange, le sourire aux lèvres.

Intrigué, Oliver Lawrence s'approche de Stanislas Milošević et l'aborde en ces termes : – Monsieur, que faites-vous avec votre interlocuteur ?

Étonné de la question, Stanislas répond : – Monsieur, à qui je m'adresse ?

– Désolé de ne pas m'être présenté ! Je suis Oliver Lawrence, spécialiste en expertises juridiques. Et vous ?

– Stanislas Milošević, concierge dans une école secondaire.

– Enchanté de vous rencontrer !

Stanislas remarque que son interlocuteur est guidé par son ange gardien, qui se tient à sa droite; son démon se tient à sa gauche, un peu en retrait, sans mot dire. L'ange gardien lui explique la situation d'Oliver. Ce dernier, remarquant que Stanislas hoche de la tête comme s'il parle à un interlocuteur, jette un rapide coup d'œil vers sa droite et sa gauche, mais ne voit personne, attend quelques minutes. Stanislas, en regardant attentivement Oliver, lui dit : – Monsieur Lawrence, je comprends votre situation. Votre ange gardien me l'a expliqué.

Après quelques minutes de silence, à voix basse, Stanislas ajoute : – Étant donné votre réaction, vous semblez voir les esprits errants, sauf que vous ne savez pas quoi faire avec eux. Heureusement, je peux vous expliquer. Je tiens à préciser qu'être passeur d'âmes ne signifie pas manipuler les âmes errantes, mais simplement les aider à laisser les vivants et de rejoindre la Lumière (aussi appelée l'Au-delà), qui est le lieu où vont les âmes après la fin d'une vie dans le monde ici-bas. Et pour ce faire, il faut parfois résoudre leurs énigmes et les rassurer; ainsi, confiantes en l'existence en l'Au-delà, ces pauvres âmes quitteront sans que rien ne leur pèse.

Étonné, Oliver Lawrence réplique : – Votre explication fait du sens... Elle est intéressante... Mais je dois aller à mon travail... Pourrions-nous en reparler ce samedi ? Je vous invite chez moi, au 4055 rue Sainte-Catherine Ouest, au Westmount, appartement 155.

Stanislas, un peu gêné : – J'accepte votre offre, Monsieur Lawrence... Seulement, je n'espère pas trop vous déranger, votre famille et vous.

– Non, pas du tout !

– D'accord, alors à samedi ! Et bonne journée à vous !

– Passez une bonne journée et à samedi !

Stanislas prend en note l'adresse sur un calepin qu'il traîne avec lui. Puis les deux hommes se saluent et Oliver Lawrence s'engouffre dans la porte du Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale. Stanislas regarde l'heure sur sa montre : 8h45. Il se dirige avec l'école secondaire où il travaille, à savoir l'école Robert-Gravel, école secondaire de la Commission scolaire de Montréal.


De retour chez lui, Stanislas embrasse son épouse, Julia Dimitrović-Milošević, sur les lèvres. Et il lui résume sa rencontre avec Oliver Lawrence. Il se rend à l'évidence : il doit aider ce pauvre passeur d'âmes qui semble perdu avec son don. « Je suis même prêt à être son enseignant, », ajoute-t-il en serbe, « comme ma mère a été l'enseignante de Madame Rebbeca Cahill-Lemieux. » Son épouse l'embrasse sur les joues pour toute réponse, pour lui faire savoir son accord.


Comme convenu, le samedi à 8h30, Stanislas se rend devant la porte de l'appartement d'Oliver Lawrence. Ce dernier l'accueille chaleureusement dans son salon. Sa femme s'occupe de leur fils et ne souhaite point être le témoin de leur conversation. Elle leur propose seulement du thé vert, ce qui est immédiatement servi. Les deux hommes discutent des âmes errantes et des moyens de les aborder sans les mettre en colère. Oliver écoute en silence, étonné : on dirait un enfant qui apprend quelque chose de nouveau. Stanislas lui explique ainsi pendant un mois, à tous les samedis, certains principes de base pour communiquer avec les âmes perdues et des différents moyens doux de les amener à passer dans la Lumière (chemin faisant, il lui explique qu'il voit aussi les anges et les démons, qui sont encore d'autres entités spirituelles différentes des esprits). Et Oliver se montre un bon élève : il s'est décidé de suivre les conseils de son mentor. En mai, ils se quittent comme de bons amis. Par ailleurs, Stanislas tenait à assister à la première aide de son élève, pour être certain qu'il a bien compris les leçons. Après, ils gardent un contact minimal pour s'entraider dans certains cas plus difficiles à convaincre. Ce changement plaît à Oliver Lawrence, qui a maintenant compris l'utilité de son don. D'ailleurs, il n'hésite pas à partager sa joie avec son épouse et avec son frère lorsqu'il le voit une fois par mois. Alexander Lawrence lui fait savoir qu'il a aussi rencontré un autre passeur d'âmes errantes, à savoir Vladimir Milošević, le frère cadet de Stanislas. Oliver prend avec joie cette nouvelle. Les frères Lawrence sont plus optimistes depuis cette rencontre inespérée, car ils comprennent mieux leur rôle de passeur d'âmes.



Alexander et Gertrude Lawrence, officiellement mariés depuis juillet 2025, eux, sont devenus parents en novembre 2026 d'une fille qu'ils décident de prénommer Emma. Alexander travaille comme assistant de recherche pour un projet en biologie moléculaire à l'Université de Montréal. Seulement, l'esprit errant d'un scientifique fou met sens dessus dessous son laboratoire, l'obligeant à remettre tout en ordre pour ne pas mettre sa vie ou celle de ses collègues en danger. Cet esprit errant est William Thompson Banting, né en 1900 et décédé en 1955. Il est mort dans son laboratoire, c'est pourquoi il reproduit sans cesse la scène de sa mort, ce qui ennuie beaucoup Alexander Lawrence. Et il ne sait pas comment apaiser ce scientifique fou. Il était même prêt à s'assommer avec des pilules pour ne plus voir les esprits errants. Au cours du mois de mai, il remarque Vladimir Milošević alors qu'il se promène à Montréal jusqu'à son lieu de travail. Les deux hommes se lient d'amitié en raison de leur don commun. Cet ami rassure beaucoup Alexander, qui apprend à mieux gérer son don. De ce fait, ayant plus confiance en lui-même, il abandonne son projet de s'assommer avec des pilules. Cette rencontre lui remonte le moral. Au cours du mois de juin et de juillet, il se montre être un bon élève, fasciné par les explications simples de son enseignant (Vladimir est de métier, enseignant de français au secondaire).


L'important pour les frères Lawrence, c'est de comprendre l'utilité de leur don et les moyens d'aider les âmes errantes qui recherchent leur aide; de plus, ils deviennent croyants, eux qui étaient athées, voire mécréants. Ainsi, à la fin de 2027, ils parviennent à faire passer dans la Lumière Ludwig Wittenburg et William Thompson Banting, qui se sont laissés convaincre par leurs arguments. Cependant, en novembre, ils reçoivent un coup de téléphone de leur père, Gabriel (qui appelle depuis l'institut psychiatrique où il se trouve avec Melinda). Il veut absolument qu'ils viennent d'urgence les aider. Alexander, avertit par son ami Vladimir qui lui transmet les propos de son ange gardien, refuse d'accéder à leur demande : celle-ci est un piège qui aurait fait en sorte que son père lui transfert certains mauvais esprits sur lui. Comme leurs fils ne sont pas venus au cours de la semaine suivant l'appel, Gabriel décide d'appeler Mery ou Adrien, au cas où l'un d'eux aura la gentillesse de rendre visite à leurs pauvres parents en détresse. Avertis par leurs demi-frères, ils refusent de venir, sous prétexte de ne pas avoir de temps. Ceci fait paniquer Gabriel et Melinda, qui terminent par se suicider, lui en se tranchant les veines avec un verre brisé, elle d'une surdose de médicaments administrés par le psychiatre, à la fin décembre, poussés par leurs mauvais esprits qui se jouaient d'eux depuis quelques années. Leurs âmes sont venues à leurs fils, avec Elizabeth Tajner-Gordon, sauf qu'ils savent comment éviter leur mauvaise influence; dépitées, ces trois âmes errantes grincent furieusement des dents et suivent Alberico da Romano qui les accueille les bras ouverts. Et tous les quatre disparaissent, aspirés par le souterrain.


Maintenant, Alexander et Oliver Lawrence vivent en paix avec leur don, qu'ils acceptent pleinement, sans le voir comme un fardeau. De joie, ils veulent assurer avec leur épouse respective leur descendance. Oliver devient père en décembre 2028 d'une adorable fille prénommée Isabelle; Alexander, lui, devient père en janvier 2029 d'un garçon prénommé Samuel.


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