Ghost Whisperers in Canada

Chapitre 6 : Retour des Marino

4913 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/07/2023 18:35



Quartier cellulaire du Palais de justice de Montréal, 15 décembre 2006.


Rafael Marino (70 ans), sa femme, Abigael (59 ans), et leurs enfants, Mitchell (37 ans) et Andrea (36 ans), ont terminé de purger leur peine. Des agents de services correctionnels les sortent de leur cellule. Après trois ans, ils sont enfin libérés...


Les Marino s'acheminent jusqu'au Westmount. Ils achètent quelques jours plus tard une maison pour le vieux couple, une maison pour les enfants, toujours par l'entremise de l'agente immobilière Délia Banks.




Le 27 décembre 2006.

Andrea Marino flâne dans les rues du Westmount. Elle voit au loin Melinda Gordon-Lawrence. Les deux femmes se saluent. Melinda lui fait un signe de la main et l'informe d'une manière indirecte que Carl Neely est devenu sergent du poste de quartier 22 depuis un an et sous-chef des renseignements du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) depuis novembre. Andrea se réjouit à cette nouvelle. Elle en informe son frère et ses parents. Ils se réjouissent aussi, car ils pourront bientôt reprendre leurs activités de blanchiment d'argent, puisque Carl Neely pourrait les protéger, en plus de les connaître personnellement...



8 janvier 2007.

Carl Neely, dans son appartement, est en conversation téléphonique avec son frère (qui a congé cette journée-là), pour lui donner les directives pour une prochaine mission d'espionnage (en langage codé, bien sûr, car il sait que les lignes téléphoniques sont surveillées). Une fois l'appel terminé, il raccroche le téléphone. Deux minutes plus tard, l'appareil sonne à nouveau : c'est Melinda Gordon-Lawrence. Il dit : – Bonjour, Madame Melinda Gordon ! Quelle est la raison de votre appel ?

– Pour vous annoncer de bonnes nouvelles, Monsieur Carl Neely. Je ne vous les dirai que si je peux venir chez vous maintenant.

– D'accord! Alors je vous attends avec impatience! 

Et chacun raccroche de son côté.


Quinze minutes plus tard, Melinda est devant la porte de l'appartement de Carl Neely. Son époux la suit, car il conduit le véhicule. Carl accueille le couple, les invitant au salon. Il place leurs manteaux d'hiver sur un porte-manteau à l'entrée. Le couple d'amis est assis sur un canapé en face de lui. Gabriel Lawrence, en regardant le petit appartement commente : « Je m'attendais à quelque chose de plus grand, Monsieur le sous-chef ! T'es sûr de ne pas vouloir habiter un plus grand appartement, voire une maison au Westmount ? Ça serait, disons... Plus pratique pour recevoir des invités... » Il lui fait un clin d'œil complice. Carl Neely comprend immédiatement l'allusion, mais ne dit rien. Il a alors dans sa tête l'image de leurs joyeuses rencontres des dimanches aux chalets des professeurs... Après s'être raclé la gorge, Carl dit : – J'y réfléchirai, mais ce n'est pas ma préoccupation première... J'ai quand même le travail qui m'appelle et une pension alimentaire à verser deux fois par mois à ma ex-épouse, qui garde nos trois enfants, puis je dois payer pour me nourrir et me loger. En tout cas, cet appartement, pour l'instant, me convient parfaitement... Mais, si vous...

Gabriel l'interrompt : – C'est correct, comme nous sommes des amis, tu peux nous tutoyer...

Carl reprend : – Quelles nouvelles.. as-tu à me dire?

Melinda : – Les Marino sont sortis de prison depuis... Vingt-quatre jours... Tu as sans doute déjà entendu le nom d'Andrea, qui est ma principale donatrice pour ma boutique d'antiquités ?

Carl : – Oui, en effet... C'est toi-même qui me l'a dit.

Melinda : – Et bien, si tu as le temps, je propose que tu les rencontres aujourd'hui ou demain, Andrea et sa famille...

Carl Neely pense : « Et c'est parti pour agrandir mon cercle de connaissances ! J'espère qu'ils ne sont pas nombreux... Sinon, tant pis pour moi, qui devra tenir la cadence... Mais enfin, ce n'est qu'un détail... »

Il dit : – Bien sûr, ça me serait un plaisir que de rencontrer les Marino !

Melinda : – Merci beaucoup, Carl !

Elle se tourne vers son mari et lui murmure quelque chose à l'oreille. Il sourit et dit : – Et bien, pour terminer notre rencontre, t'es sûr de pas être intéressé à un petit jeu...

Comme Carl Neely fixe le décolleté de Melinda, il n'ose pas dire non, car il l'a trouve excitante avec ses mini-jupes et ses généreux décolletés (d'ailleurs, il a remarqué qu'elle a la chair de poule en raison du froid, car dans son petit appartement, il garde le chauffage au minimum, afin de revêtir deux manches longues, dont un pull)... Et l'amphitryon répond positivement, file dans la cuisine chercher des bouteilles de vin et trois verres, puis revient rapidement au salon. Gabriel sort de sa poche un peu de drogue. Après les consommations, on ne décrira pas la scène entre les trois amis... Censure...

Satisfaits, Melinda et Gabriel proposent de conduire leur ami chez les Marino. Possédé par Elvin Neely, il ne refuse pas l'offre. Melinda et Gabriel ordonnent d'un mouvement des yeux à son âme de rester à côté de son corps; elle regarde la scène, sans mot dire. Et Gabriel, revenu à lui, conduit le véhicule. Sa femme est co-conductrice, Carl Neely et son âme, mais aussi les âmes errantes de ses ancêtres sont sur les sièges arrières. Heureusement que les esprits n'occupent pas une place comme les vivants, sinon il y aurait trop de gens à bord de l'automobile. Ainsi, les trois vivants et la cohorte d'âmes se rendent chez les Marino. Andrea accueille ses hôtes (les vivants, bien sûr). Elle comprend par un geste de Melinda que Carl est possédé. Après des discussions banales, en sirotant du vin, au cours desquelles Andrea présente au sergent policier son frère et ses parents. Après, Melinda et Gabriel se retirent discrètement dans le coin de la pièce, pour laisser leur ami s'amuser avec les Marino. Ils regardent leurs orgies, en prenant soin de tout filmer sur leur cellulaire... Lorsqu'ils ont terminé, le couple traîne Carl Neely jusque dans leur voiture et le ramène chez lui. Une fois chez lui, il s'affale sur le sofa, étourdi de ses consommations. Son âme n'a fait qu'observer d'un air indifférent ce qui s'est passé, comme c'est le cas lorsque son corps, possédé par l'un de ses ancêtres bisexuels, satisfait ses connaissances. « Après », pense son âme, « je ne dois pas trop penser aux conséquences... En réalité, il connaît déjà des conséquences de ses excès... Il pense encore en profiter tant qu'il peut encore tenir le rythme, mais encore pour combien de temps ? »



Pendant, ce temps-là, poste de quartier 22.

Le double du sergent Carl Neely, Dmitri Mikhaïlovitch Dragomirov, est à son bureau. Depuis un an qu'il travaille à son compte (mais en étant payé par le SCRS), il comprend très bien les tâches à faire, ce qui ne nécessite plus d'avoir à amener avec lui plusieurs papiers pour mieux comprendre le jargon policier. Il fait son travail de manière routinière. Au début, il ne travaillait que les lundis, car Carl Neely se présentait les autres journées. Avec le temps, plus occupé à ses tâches d'espion puis de sous-chef des renseignements du SCRS, il laisse Dmitri faire les tâches de sergent, car il ne fait pas oublier que son cercle de connaissances sont assez exigeantes à satisfaire... Comme Carl Neely ne peut pas toujours être présent au travail (le temps de se remettre de ses excès), c'est son double qui fait en sorte qu'il est toujours présent au travail, du lundi au vendredi, car samedi et dimanche sont ses deux journées de congé. Monsieur le sergent ne veut surtout pas se tuer au travail. À croire que Dmitri Mikhaïlovitch Dragomirov est le double policier sérieux de l'espion du SCRS... Dans tous les cas, le double est vraiment efficace. À la fin de son quart de travail, il revient chez lui, remet son alliance sur son annulaire, ôte ses lentilles et se lave les cheveux au lavabo dans la salle de bain pour ôter le colorant brun. Dmitri embrasse sa femme, Natalia Ilitchevna Iaroslavskaïa-Dragomirova, sur les lèvres. Il l'enlace. Il lui a expliqué son jeu de rôle. Il lui dit en russe : « Ma chérie, voilà pour moi un moyen pour apprendre les tâches d'un policier sans avoir à suivre la formation ! Après mon contrat avec Monsieur Carl Neely (qui est un peu bizarre, pour travailler dans ce poste de quartier), je pense que je pourrais poser ma candidature pour les films policiers ! » Son épouse fait la moue et l'embrasse sur les lèvres pour toute réponse. Elle n'approuve point son idée. Le couple, marié depuis 1997, a deux enfants, Ivan, né en 1998, et Maria, née en 1999. Ils sont vraiment adorables, des vrais anges...

La famille prend le souper ensemble. Ensuite, les parents font la vaisselle, puis envoient leur fils et leur fille dormir dans leur chambre. Dmitri et Natalia s'endorment enlacés.



Entre-temps, Pierre Neely a compris que son frère, lorsqu'il travaille comme sergent, ne veut rien entendre de ses missions en tant qu'espion, comme s'il s'agit d'un autre métier en parallèle. Du moins, c'est la manière pour lui d'expliquer le comportement de son frère, puisqu'il ne doute pas du double.





Le lendemain, Carl Neely se repose, question de se remettre des événements de la veille. Il pense : « Ça doit être un plan machiavélique que de faire la connaissance des Marino... Ils s'attendent sans doute à quelque chose en retour... »



Au poste de quartier 22, Dmitri Mikhaïlovitch Dragomirov/Carl Neely est au travail. Il pense : « Ce Carl Neely est franchement bizarre, surtout quand les propos de ses collègues sont remplis de sous-entendus lorsqu'ils me saluent... Pourtant, on pourrait pas dire sur lui qu'il est bisexuel... Dommage pour lui et pour ses enfants ! Dans tous les cas, il serait mieux ne pas l'avoir derrière moi... » Il se retient de faire une moue, car il sait qu'une caméra se trouve dans le coin gauche près de la porte du bureau. C'est Carl Neely lui-même qui lui a dit pour la caméra.




Le 11 janvier 2007. Westmount, maison des Marino, 13h.


Rafael et Abigael ont invité leurs enfants dans leur spacieux salon. Il s'agit d'une réunion familiale d'urgence. Toute la conversation est en italien.

Rafael dit : – Chère épouse et chers enfants, je propose que nous rencontrons au plus vite Carl Neely, qui saura nous protéger... Ainsi, nous gagnerons un allié de plus et nous pourrons peut-être l'introduire à certaines de nos activités s'il est intéressé... Qu'en pensez-vous ?

Tous répondent affirmativement.

Rafael poursuit : – Et en l'ayant pour allié, il peut aussi nous aider dans notre vengeance... Ça apprendra au policier à fourrer son nez dans les affaires des autres !

Tous approuvent d'un mouvement de tête.

Rafael : – Et, par ailleurs, quel est le moment propice pour agir sur Jean Dusoleil ?

Et la famille se place en cercle pour une séance spirite au cours de laquelle elle invoque Romano. Le sombre esprit apparaît et utilise Mitchell Marino pour médium. Les autres membres de la famille savent ainsi qu'ils peuvent agir sur Dusoleil, seulement s'ils ont l'entière complicité de l'un de ses proches et s'ils agissent le 29 janvier ou le 29 mars. Sinon, ce policier-enquêteur est très dangereux, certes moins que les Eastman, mais il ne faut pas le sous-estimer. Et l'esprit disparaît.


Deux heures après leur séance spirite, Abigeal prépare une poupée pour leurs rituels de magie sur Jean Dusoleil.



Pendant ce temps-là, Carl Neely, dans son appartement, écoute les directives de son supérieur du SCRS tout en sirotant des verres de vin sans être ivre. Sa prochaine mission : tuer un individu dérangeant, un certain Henri Gagon, qui est un danger pour le Canada, puisqu'il fourre un peu trop son nez dans des livres que personne ne devrait lire... Après avoir confirmé sa compréhension, Carl décroche l'oreillette de son oreille gauche et la dépose sur la table. Tout en continuant à siroter lentement son vin, il réfléchit : « En fait, le meilleur est de demander à mon frère de le tuer, comme ça, s'il rate l'homicide, je ne serais pas accusé... Désolé, frérot, mais je ne veux pas perdre mon poste ! Ah ! Ce vin est vraiment bon ! » Mais il range la bouteille et son verre. Cinq minutes plus tard, il téléphone à son frère pour l'informer qu'il doit l'accompagner pour blesser un individu indésirable et potentiellement dangereux. Pierre Neely n'ose s'opposer à son frère, mais le supplie de ne pas l'obliger à commettre homicide; devant son ton insistant, il ne lui reste qu'à s'y incliner. Il n'a pas le choix. Après s'être entendus sur les détails du meurtre, qui, évidemment, sera camouflé comme un accident, les frères Neely raccrochent leur téléphone respectif. Pierre n'est que plus inquiet du manque de scrupules de son aîné, mais il n'ose rien dire, à peine un commentaire à sa femme, qui l'enlace pour le rassurer; il l'embrasse sur les lèvres. Il préfère alors regarder Francis (six ans) et Marianne (cinq ans) jouer dans le salon, pour se changer les idées.



Le lendemain, Carl Neely reçoit un appel de Rafael Marino. L'Italien souhaite le rencontrer. Il arrive aussitôt. Carl se rend à pied jusqu'à la maison de Marino, question d'être à l'air frais. Il arrive devant une grande maison. Influencé par son grand-père paternel, Adrian Neely, il se surprend à peut-être se rendre à l'avis de Gabriel. Une grande maison est quand même plus pratique pour les rencontres entre amis (pour les chambres d'invités, au lieu d'être tous dans une même pièce)... Ses rêveries sont interrompues par la porte d'entrée qui s'ouvre. Carl se ressaisit et salue le maître de la maisonnée, qui l'invite à l'intérieur. L'invité observe attentivement et discrètement les pièces de la maison par lesquelles ils passent pour se rendre au salon. Tout est grand, luxueux et brillant. Carl Neely se sent honoré d'être invité parmi eux, mais il demeure silencieux. Une fois rendus au salon, Rafael Marino lui présente à nouveau sa femme et ses enfants. Ils se saluent d'un air complice...

Rafael Marino s'assied à la droite de son épouse, sur un canapé, Mitchell et Andrea sur un autre à côté du leur; Carl Neely s'assied sur un fauteuil en face des Marino. Lorsqu'il s'assied, il a déjà une impression de déjà-vu (qu'il ne peut pas s'expliquer), mais il ne laisse rien paraître. Carl s'éclaircit la voix et dit : – Monsieur Marino, pourquoi voulez-vous me rencontrer ?

Rafael répond en français avec un fort accent italien : – Pour savoir si vous voulez nous rendre un petit service... Surtout après notre précédente rencontre, dont j'espère que vous n'êtes pas déçu...

– En effet, Monsieur, je ne suis pas déçu !

– Et bien, dans ce cas, voulez-vous nous aider pour que nous puissions reprendre nos activités avec les membres de notre famille de l'autre côté de l'océan ?

– Oui, bien sûr !

– Très bien... Êtes-vous alors intéressé à avoir une partie de nos revenus... Disons, dix pour cent ?

– Je... Je... J'y réfléchirais...

– Non, Monsieur Neely, donnez-nous une réponse maintenant !

– Mais quelles sont vos activités ?

– Blanchiment d'argent.

– Bon, je pensais que c'était pire... L'offre est intéressante... Euh... Oui, j'accepte votre proposition !

– C'est entendu !

Et les deux hommes se serrent la main droite. L'amphitryon propose un verre de vin pour célébrer leur collaboration. Carl Neely ne refuse pas l'offre. Après quelques verres, il remercie les Marino et revient chez lui. Rafael, Abigael, Mitchell et Andrea se tapent les mains de joie. Il est tellement facile à avoir ! Ça, ils ne l'ont pas espéré ! Vraiment, Carl Neely a dépassé toutes leurs attentes ! Mais au moins, ils sont sûrs qu'il ne les trahira pas...


Le 20 janvier 2007, les Marino se réunissent pour faire un sombre rituel à Jean Dusoleil. Ce dernier est averti par voie onirique qu'un grand danger se prépare. Il demeure sur ses gardes.



Carl Neely n'a pas les nuits tranquilles, entre ses remords et ses rêves bizarres. Dans ses rêves, il se trouve dans un grand château, avec son épouse, richement habillée, comme une reine du passé. Il lui serre la main droite. Parfois, il voit devant lui quatre gardes qui amènent devant lui ses fils, deux jeunes hommes, qui ont visiblement les yeux crevés. C'est son cœur de père qui saigne. Il sent une rage sans nom montée dans son cœur. Parfois, il se retrouve face à un homme, visiblement un chevalier en cotte de mailles, qu'il combat. Après de tels cauchemars, Carl Neely est toujours désorienté, encore plus par l'absence de sa chère épouse. Sa Daphné est la seule femme qui puisse l'encourager. Puisqu'elle n'est pas à ses côtés, il réfléchit avec lui-même (parfois même à voix haute), accompagné d'un verre de vin. Sauf qu'il ne parvient point à conclure quoi que ce soit. Un dimanche, lors d'une rencontre avec ses amis universitaires, il demanda (bien sûr, avant leurs petits jeux) leur avis au sujet de ses rêves. Néanmoins, par méfiance, il préfère taire ses sentiments de déjà-vu, qui le troublent beaucoup. Les seules hypothèses mentionnées: soit c'est une vision accordée par un esprit errant de cette époque-là, soit c'est une de ses vies passées. Dans tous les cas, Carl Neely est perplexe.





29 janvier 2007, Centre-ville de Montréal, 8h00.


Les deux frères Neely suivent discrètement Henri Gagnon, un étudiant de l'Université du Québec à Montréal, qui se dirige vers une bibliothèque. Carl donne un signal à son frère, qui lance maladroitement un couteau sur le jeune homme, le blessant aux côtes. L'aîné, de dos, tire une balle meurtrière et la victime s'écroule. Son âme est sortie de son corps et les suit. Carl rédige un rapport. Officiellement, un accident par balle perdue.




29 janvier 2007, poste de quartier 20.

Jean Dusoleil, lui, se montre vigilant. Heureusement, il décide de ne pas conduire de véhicule de fonction, faisant en sorte qu'il évite un accident sur la route. Par contre, Pierre Neely, pris de remords à l'idée d'être le témoin d'un homicide, décide de tout avouer à Jean Dusoleil, sauf que son frère, possédé par Adrian Neely, lui intime le silence, sous peine de représailles. Devant de telles menaces sous-entendues, le pauvre policier se tient tranquille.


Par ailleurs, Carl Neely ne dort pas beaucoup, hanté par l'âme errante d'Henri Gagnon et ses cauchemars. Il décide de rendre une visite à Melinda et à Gabriel, qui parviennent à convaincre l'âme errante de ne plus déranger le policier. Évidemment, son poste de sergent est, comme d'habitude, assuré par son double.



Le 30 janvier, les Marino lisent avec attention la rubrique nécrologique du Journal de Montréal. Surpris de ne pas y trouver le nom de Jean Dusoleil, ils détournent leurs sorts sur des arbres dans le jardin arrière. Au moins, il s'encouragent en disant qu'ils ont repris leurs activités et qu'ils auront une autre chance de se venger du policier-enquêteur... Comme convenu, Rafael Marino remet en argent comptant à Carl Neely l'équivalent de dix pour cent de l'argent reçu destiné au blanchiment. Comme ça, ils ont moins d'argent à blanchir. D'ailleurs, lorsque Pierre Neely commence à remarquer des va-et-viens, il demande à son frère s'il faut les espionner, car ils ont quand même récemment été en prison. Carl lui dit de les laisser faire. « Fais comme si tu n'as rien vu ! » Son jeune frère n'ose pas s'y opposer à son ordre. Il se tient tranquille et continue discrètement à espionner leur père.




Fin février, vaincu par son délire de mégalomanie, Carl Neely décide de s'acheter une maison au Westmount, puisque son revenu le lui permet. Après quelques verres de whisky de plus, dans lesquels il a dissous un peu de cocaïne, possédé par Elvin Neely, il regarde sur le site Internet de Re/max les différentes maisons à vendre dans ce secteur de Montréal. Il opte pour une maison à trois étages situées au 90, Summit Circle. C'est, à vrai dire, un manoir en pierre construit en 1934, avec un grand jardin et une piscine creusée, avec un terrain de 5,47 kilomètres carrés. La maison comprend vingt-trois pièces, dont huit chambres, deux salles d'eau et cinq salles de bains. « C'est bien pour mes invités », pense Carl, « ça ferait changement des chalets des professeurs ! Dans tous les cas, plus près ! Ah!Ah!Ah!Ah! » Content de son choix, il contact l'agente immobilière, nulle autre que Délia Banks, pour lui faire savoir son intérêt pour cette maison. La journée même, il visite le manoir. Son âme, qui suit son corps ainsi possédé, est habitée par un sentiment sinistre... À mesure que les salles sont visitées, l'âme de Carl Neely panique, car elle a l'impression que... Elle ne peut pas tout à fait s'expliquer le sentiment de déjà-vu très oppressant... Mais trop tard ! L'esprit qui possède son corps, content de la demeure, procède à la signature pour l'achat de la maison. Son âme, en retrait, pense tristement, comme écrasée par les murs et le plafond, « Ça y est, Carl C'est fini ! Dobro došao u klub, luđak stari [Bienvenue dans le club, vieux fou] ! »


Voilà Carl Neely propriétaire du manoir à la mi-mars. Évidemment, il paye en argent comptant. Pour être sûr de ne pas être surveillé par les policiers-enquêteurs, il fait une tournée au poste de quartier 12, situé au 21, rue Stanton. Il s'assure de leur silence entre des pots-de-vin et des services sexuels (hétérosexuels ou homosexuels, selon les préférences). Au moins, il serait tranquille de ce côté-là. Sa poitrine se gonfle d'orgueil; il est très fier de lui. Ensuite, le sous-chef des renseignements du SCRS appelle ses amis Melinda et Gabriel, pour s'assurer qu'il n'y a pas d'esprits errants dans sa nouvelle demeure. En effet, ils repèrent deux esprits, qu'ils parviennent à convaincre de les suivre. Content, Carl Neely ne peut pas s'empêcher de leur donner une accolade amicale avant de les laisser partir. Jusqu'à la fin du mois, possédé alternativement par ses grands-parents et arrières-grands-parents maternels et paternels, il décide de meubler sa nouvelle demeure, heureux comme un enfant avec son nouveau jouet. Il demande à Melinda de lui vendre les plus vieux meubles qu'elle peut lui trouver dans sa boutique d'antiquités. Elle lui propose en tant qu'ami les objets à moitié prix, voire gratuits, selon les conditions qu'il veut remplir... Après quelques verres de vin et un peu de drogue, il opte pour la version gratuite. Les autres meubles, Carl Neely, toujours aussi possédé, les trouve dans d'autres magasins et boutiques d'antiquités. Jusqu'en avril, tout est meublé, avec des vieux meubles chics de la Renaissance, du XVIIIe et XIXe siècles, dont la plupart sont, par exemple, des imitations d'une commode de style de Louis XV. Son délire de grandeur est content devant ce décor, mais pas son âme, qui trouve l'atmosphère encore plus oppressante... Elle pense tristement : « T'es vraiment un con ! En pensant faire une demeure royale, tu en fais un Enfer ! Tu te prends pour qui ? Et c'est parti pour une psychose ! Voilà que tu t'ajoutes un problème de plus ! » Mais elle revient dans son corps... Consciemment, Carl Neely est assez content de lui, mais ce sentiment d'insécurité lui serre le cœur. Il a l'impression que ce joli décor est aussi fragile qu'un château de cartes... ou un château de sable... Il a l'impression que les belles apparences sont trompeuses... Il chasse ces impressions en buvant un peu de šljivovica. Aussi, il engage une bonne pour faire les travaux ménagers et la cuisine, Anna White, une brunette de dix-neuf ans, à moitié serbe par sa mère; ainsi, il est certain qu'elle lui prépare ses plats préférés. Cependant, par orgueil, Carl s'interdit de la glisser dans son lit (un King size, comme tous les autres lits dans les sept autres chambres), sauf si ce n'est que pour le rassurer dans sa solitude. Il se contrôle pour ne pas la toucher. Après, si le lit est plus vide que rien d'autre, c'est seulement un détail... Sinon, la jeune femme est aussi la confidente de ses cauchemars et de ses visions à distance. « Si cette demoiselle est une espionne au compte de mes supérieurs hiérarchiques au SCRS, tant pis pour moi » pense-t-il. Anna White pense qu'il est un peu bizarre, mais le trouve sympathique, sauf quand il est ivre et possédé. Carl Neely engage aussi un jardinier pour l'entretien du terrain. Il décide d'annuler son bail pour l'appartement; il vivra dans sa nouvelle maison. Content, lorsqu'il n'est pas possédé, il partage sa joie avec ses connaissances et avec son frère. Bien sûr, il demande à la bonne de se tenir loin de ses amis qui sont vraiment bizarres... Personne ne doit la voir... Seulement lui et c'est tout ! D'ailleurs, possédé par Elvin Neely, Carl fait visiter à son frère sa nouvelle maison; intrigué, mais rapidement possédé par l'âme de Carl, il ne semble pas partager sa joie. Mais Pierre accepte néanmoins d'être son invité, malgré son sentiment de crainte qu'il s'efforce de cacher. Son âme trouve bizarre de voir son aîné et son propre corps possédés. Elle pense : « Très drôle, Carl ! Ça ne m'intéresse pas comment tu te ressens ! Si t'es pas content de ta vie, tant pis pour toi ! » Pierre Neely, possédé par l'âme de son frère, lui demande naïvement s'il pense se remarier. Son interlocuteur se renfrogne et répond d'un signe négatif. L'âme de Pierre Neely, en remarquant la présence des sinistres esprits autour de son frère, le prend en pitié : il regrette de l'avoir entraîner avec lui à être espion... Mais le moment n'est pas aux regrets... Une fois la visite terminé, le benjamin remercie son frère. Son âme regagne son corps. Pierre pense: « Bizarre de savoir que Carl est mégalomane... Il devrait sérieusement moins fréquenter ses amis, car apparemment, les substances qu'il consomme lui font perdre la tête... » Les deux frères se saluent et le benjamin revient chez lui.




Chez les Marino, à Westmount, 20 mars 2007.


Rafael, sa femme et ses enfants sont réunis pour un prochain rituel sur Jean Dusoleil. Cette fois, ils ont décidé d'appeler des amis de la mafia pour les aider. Ainsi, leur cercle occulte est augmenté de quelques individus de plus, à savoir Adriano Di Marco, Mauro Ambaglio et Giulio Gamberale. Et ils commencent leurs rituels qu'ils feront pendant plusieurs jours. Et c'est Pierre Neely, sur l'ordre de Carl, qui remettra les sorts au policier-enquêteur.


Une fois les sorts jetés près de la porte du bureau de Jean Dusoleil, ils attendent les résultats... Sauf que le policier-enquêteur s'est encore une fois montré rusé et a déjoué leurs sorts... Les résultats tant attendus n'arriveront jamais; au contraire, ils se retournent contre les magiciens... Lorsqu'ils ont compris la situation, les Marino détournent les effets sur leurs trois collaborateurs, faisant en sorte qu'ils meurent à la fin du mois de mars ou au début du mois d'avril dans des terribles accidents.



Carl Neely, très fatigué de ses nuits sans sommeil (ou avec des cauchemars sur les mêmes variantes, avec des thématiques du passé) et des visites de ses amis et collègues, mais oppressé par des sentiments sinistres de déjà-vu, se console avec l'alcool et Anna White, qu'il prend plaisir à regarder. Au moins, par orgueil, le sous-chef des renseignements du SCRS décide de moins fréquenter ses amis universitaires, question d'être moins dépendant aux différentes drogues. Comme ça, il n'a que ses amis du poste de quartier 22 et ceux du SCRS à satisfaire occasionnellement. Un peu de contrôle, Carl Neely ! Sa cure : Anna White et les espionnages à distance de sa ex-épouse. Sinon, il continue encore ses missions d'espionnage, en plus de meurtres sur commande. Il passe son temps à s'exercer à utiliser ses armes autant de la main droite que de la main gauche.


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