Inspecteur Carl Neely

Chapitre 1 : Début d'enquêtes mystérieuses, première partie (1)

7414 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 9 mois

Il y a un an que l'inspecteur Carl Neely s'est marié avec Mila Vasilieva et un an et trois mois qu'il s'est converti au christianisme orthodoxe bulgare. Tout est calme pour le couple, le mari travaille comme inspecteur au commissariat de la ville de Grandview, l'épouse travaille comme institutrice.

« Enfin », pense l'inspecteur, « ma vie sera calme et heureuse. Il n'est jamais tard. Je vais enfin fondé une famille. »

Sur cette pensée, l'homme de quarante ans. bientôt quarante-et-un, enlace tendrement son épouse enceinte de sept mois, alors que le couple se promenait un beau dimanche matin dans le parc de la ville. À ce moment, Carl Neely voit ses parents, Andrew Neely et Marianne Hervé-Neely, qu'il n'a pas revu depuis longtemps, mais il les reconnaîtrait entre mille, malgré le fait qu’ils habitent à Monview, ville éloignée de quelques cinquante kilomètres de Belview. Carl Neely salue froidement ses parents en français, les regardant par en dessous, ses parents le salue chaleureusement.

Andrew Neely dit à son fils en français avec un fort accent anglais :

— Mon fils, my son, tu vas bien, j'espère ? Je constate que tu es marié et bientôt père. Toutes mes félicitations, je serais bientôt grand-père.

— Père, sérieusement, ne joue pas la comédie, je suis fatigué de ton jeu. Mais, comme tu peux le remarquer mon épouse est enceinte.

— Qu'est-il arrivé à ta deuxième épouse, Marguerite Smith-Neely, lui demande innocemment Marianne Hervé-Neely dans un parfait français, as-tu divorcé d'elle ?

— Non, mère, je suis veuf depuis... un peu plus de deux-trois ans, mais je préfère mieux ne pas en parler.

— Tu t'es vite remarié, commente le père de l'inspecteur.

Le vieux couple, après échange de politesse, quitte le plus jeune.


Dès que ses parents sont partis, Carl Neely se tourne vers sa femme et l'informe en bulgare :

— Tu viens de rencontrer mes parents, Andrew et Marianne Neely. Je ne les apprécie pas beaucoup, surtout mon père, puisqu'il feint de s'inquiéter pour moi, alors qu'il n'a aucun intérêt à ma personne, voire qu'il préférerait que je ne sois plus parmi les vivants. Qu'Andrew soit grand-père ou non et que son nom se perpétue par ma descendance, il n'a aucun intérêt, puisque mon frère, Jack, qui a toujours été le fils préféré de mes parents, a déjà des enfants depuis longtemps, s'étant marié à vingt-deux ans et a deux enfants, un garçon et une fille deux ans après son mariage. D'ailleurs, je ne vois que rarement mon benjamin, il habite dans la ville d’Hauteview, ville a quelques quarante kilomètres de Grandview, mais je garde un contact téléphonique avec lui, après tout il n'est pas fautif de la nette préférence de nos parents pour lui et il a toujours été de mon côté et savait m'écouter lorsque j'en avais le plus de besoin. J'ai la vague impression que la visite de mes parents n'annonce rien de bon, mais, pour l'instant, je ne m'inquiéterais pas. Continuons notre belle promenade, ma chérie.

Sur ces mots, il se penche vers son épouse et l'embrasse tendrement sur les lèvres et le couple se tienne par la main, tout en terminant leur petite promenade et rentre chez eux. Mais Carl Neely est troublé par l'intérêt de son père pour lui, alors que, lorsqu'il était garçon et jeune homme, il n'avait pas manifesté d'intérêt quelconque pour lui ou pour son futur, puisque lorsque Carl Neely, avant de suivre sa formation pour être policier, avait hésité entre policier et criminologue, et qu'il demandait conseil à son père, détective, il lui avait répondu :

— Mon fils, saches que peu m'importe ton choix, à partir du moment que tu ne me coûtes pas trop cher pour le financement de tes études, je serais content.

C'est ainsi qu'il choisi être inspecteur et non criminologue, puisque ce dernier nécessite plus d'études.

Le comportement d'Andrew Neely lui met la puce à l'oreille, mais ne saurait dire ce qui ne fonctionne pas. Le fils d'Andrew Neely est perplexe, mais il se promet qu'il fera une enquête.



Depuis son expérience de mort imminente, l'inspecteur est capable de rétrocognition, c'est-à-dire de percevoir des événements du passé en dehors du cadre d'un raisonnement rationnel. Cette capacité lui est très pratique dans son métier pour régler des cas obscurs de meurtres ou de cas dits insolubles. Carl Neely, au début, était un peu étonné et doutait de ses capacités, mais avec le temps, il se fait confiance. Cette capacité se manifeste lorsqu'il se trouve dans une pièce, le plongeant dans une vision où il voit, littéralement, ce qui s'était passée dans la salle, ou lorsqu'il tient entre ses mains un objet, il voyait le passé et l'usage de cet objet. Parfois, les visions sont terrifiantes, surtout dans les cas de meurtres. Ses collègues le consultaient et le consultent pour avoir son avis lorsqu'ils ne parvenaient à trouver le coupable ou le criminel, sans jamais douter de son verdict. Il a informé sa femme deux mois avant le mariage de sa capacité surnaturelle. Lorsqu'il a rencontré, pour la première fois Mila Vasilieva, Carl Neely avait la certitude de l'avoir déjà vu auparavant, mais il ne s'en souvient plus exactement, n'ayant qu'une vague impression de l'avoir vu à une autre époque et à un autre lieu, dans d'autres circonstances, voire dans une vie antérieure.



Carl Neely, le lendemain matin, se rend à son bureau pour noter les derniers résultats d'une enquête d'un cas de meurtre lorsque quelqu'un frappe à la porte. Il répond sans lever les yeux de ses papiers :

— Entrez.

La porte s'ouvre doucement et Jim Clancy, en uniforme, apparaît dans l'embrasure et referme la porte derrière lui, attendant que son ami l’invite à s’asseoir. Carl Neely, dès qu’il note la dernière phrase de son rapport quelques minutes plus tard, lève les yeux des ses papiers, sourit à son ami et lui dit :

— Veuillez bien m’excuser de vous avoir fait patienter trop longtemps. Quelle est la raison de votre venue, mon cher ami ?

— Tout simplement pour vous informer d'une enquête que vous devez faire. Vous ne pouvez la refuser, si vous voulez être encore vivant et être père auprès de votre fille.

— Vous commencez sérieusement à m'inquiéter... Dites-moi quelle est cette enquête ? Vous savez que maintenant, dit l'inspecteur en regardant la photographie de son mariage avec Mila Vasilieva sur son bureau avec un sourire aux lèvres, je suis plus intéressé et motivé que jamais. En plus que j'ai un soutien moral et psychologique très efficace, ma chère épouse et notre fille à naître, qui m'empêche de plonger dans le désespoir et la mélancolie et qui me pousse à ne pas abandonner. Ce qui est, déjà, un meilleur point de départ que lors de notre enquête à Belview où j'étais totalement démoralisé, déprimé, fatigué et dépressif, je n’avais plus aucune envie de continuer à lutter, ma vie n'avait plus aucun sens. Je vous écoute. Quelle est cette enquête ? Elle concerne quel homme ?

— Votre disposition morale me rassure énormément. L'enquête est à la fois sur votre famille, les Neely et les Hervé, mais surtout de comprendre les rapports de tous ces individus avec vos vies passées. Vous ne devez pas répéter certaines erreurs commises dans vos vies précédentes. Je vous précise que j'ignore totalement la nature de ces erreurs, à vous de les trouver. Mais sachez que je vous seconderais lorsque nécessaire. N'hésitez pas à m'appeler. Le détail que je sais est qu'une vieille montre du XVIIIᵉ siècle est le point de départ de votre enquête. Je l'ai trouvé dans la boutique d'antiquités où travaille Délia Banks, je viens de l'acheter sur la demande de votre première épouse, Camille Deschamps-Neely.

— D'accord. Je prends note, dit le détective en écrivant rapidement sur une feuille de papier vierge les informations nécessaires, et, dit-il en levant les yeux vers Jim Clancy, dites-moi si Camille Deschamps est présentement dans la pièce ?

— Non, mais il y a quelques minutes, elle était à votre droite.

— D’accord, très bien. Alors puis-je voir cette montre ?

L'ambulancier la lui donne.

Dès que l'inspecteur prend la montre, il est transporté dans une vision. Il voit que la montre est dans la poche interne d'une grande veste bleue marine d'un grand homme dans la cinquantaine aux cheveux poivre et sel avec des petites lunettes au bout du nez. L'homme, très austère par ses manières et ses vêtements, rentre dans une maison, qui est sienne, étant bien accueilli par sa femme et ses trois fils. L'homme entend quelqu'un frappé à la porte, étonné, il fait signe aux enfants et à sa femme de demeurer en retrait, jette un coup d'œil à sa montre et voit l'heure, à savoir 14 h 50. L’homme pense: « Le rendez-vous avec mon associé n’est pas aujourd’hui, mais dans une semaine… Bizarre. ». Il ouvre la porte et voit un militaire qui lui dit :

— Monsieur Van den Berg, vous êtes accusé de collaborer avec l'ennemi. Vous serez juger sous peu. Venez avec moi.

La femme, qui a tout entendu, se rapproche de son mari, mais, d'un geste, il l'arrête et somme à son épouse :

— Ne vous mêlez pas, femme. Restez à votre place. Je prouverais à ce tribunal qu'il a tort.

Fin de la vision. 


L'inspecteur prend une feuille et note, avec le plus de détails possibles, sa vision. Déposant son stylo, il se tourne vers Jim Clancy et lui dit, après quelques minutes de réflexion et après lui avoir expliquer la vision :

— Je comprends, tout absurde et fou que ce puisse paraître, que cet homme et moi avons un point en commun, l'heure, le chiffre, 14 h 50. C'était à cette heure, dans mon désespoir,...

Le détective en baissant les yeux pour regarder la feuille posée sur son bureau, à défaut de regarder ses pieds,

— ... lorsque j'ai compris la vipère qu'est feue Marguerite Smith, que j'ai commencé à me consoler dans le vin jusqu’à presque oublier mon nom, influencé par mon arrière-grand-père paternel, Antoine Neely, et par ma faiblesse personnelle devant la situation. Heureusement, Mélinda Gordon, votre épouse, secondée de ma belle-fille, Caitlin Mahoney, m'a sauvé de la mort, puisque la vipère planifiait de me tuer le lendemain matin avec du mercure dans le café. Donc, si en plus j'avais les facultés affaiblies par l'alcool, j'aurais été le seul responsable de la cause officielle de ma mort, surdose d'alcool, puisque la vipère remarquerait bien que je me suis saoulé, lui donnant idée pour la cause du décès, à l'instar de Christian Mahoney. Ironique n'est-ce pas ? Aussi, lors de ma sortie de mon corps à Belview, il était 05 h 41. Mais je reconnais que les similarités s'arrêtent là avec le mystérieux homme du XVIIIᵉ siècle... Bon, laissons mes considérations farfelues et les divagations d'un pauvre détective qui force un peu les similitudes là où il n'y en a pas et récapitulons ce que je sais de ma famille. Moi, Carl Neely, est l'aîné de la fratrie. Je n'ai qu'un frère, Jack, deux ans plus jeune que moi, et suis le fils d'Andrew Neely, détective de métier, et Marianne-Annie Hervé-Neely, femme au foyer. Mon grand-père paternel, Frédérick Neely, juge de métier, est marié à Erika McOnnar-Neely et le couple a quatre enfants, deux filles et deux garçons. Mon père est le benjamin de la fratrie. L'aînée de la fratrie est ma tante, Suzanne, puis vient mon oncle, Albert, puis l'autre tante, Hélène, et finalement mon père. Du côté maternel, Marianne-Annie Hervé est la fille d'Arthur-François Hervé, commissaire de police puis policier lorsque destitué, et Louise-Rose de Kermadec-Hervé, poète, la benjamine des filles du couple. Elle a une sœur aînée, Mathilde-Anne, et un frère, le benjamin de la famille, Jean-Charles, propriétaire de plusieurs hôtels en France. J'ai beaucoup de cousins, autant du côté maternel que paternel, mais je n'ai jamais été en contact avec eux.

Jim Clancy ne fait qu'hocher la tête pour toute réponse. Après quelques minutes de silence, Jim Clancy affirme à Carl Neely :

— J'ai remarqué, lorsque vous avez mentionné votre famille maternelle, un esprit errant à votre droite, celui d'un homme, un octogénaire plutôt obèse, vêtu d'un complet classique gris qui vous murmure en français des propos dont j'ignore la nature, ne sachant le français, mais il n’a dit qu’une phrase en anglais et en latin, à savoir « Ius sanguinis inversé, le sang appelle le sang. Ne vous mêlez pas des histoires des autres. Il est l'un des nôtres. »

— Probablement mon arrière-arrière-grand-père maternel, Jean-Antoine-Philippe-Adolf de Kermadec, mort à 86 ans, ou mon arrière-grand-père, François-Paul de Kermadec, né dans l'entre-deux-guerres et mort à l'âge de 84 ans. De son vivant, si je ne me trompe pas, l'arrière-arrière-grand-père était fonctionnaire, alors que l'arrière-grand-père était avocat. Ayant fait des études en droit, les deux hommes avaient l’habitude d’utiliser des termes latins pour ennuyer ses enfants et ses petits-enfants. D’ailleurs, je les soupçonne d'être des collaborateurs avec le régime de Pétain, mais ne demandez pas à ma mère de l’avouer.

— Vos propos n'ont clairement pas plu à votre ancêtre. Bon... À oui, avant de vous quitter, cessez de considérer que tout est de votre faute, c'est faux. Les esprits peuvent nous influencer à notre insu. Tout bizarre que cela puisse vous paraître, mais j'ai été influencé par un esprit errant qui n'a aucun rapport avec ma famille, comme moyen de s'approcher de ma femme pour régler son problème qui le retient parmi les vivants. Cet esprit errant était celui d'un criminel et m'avait influencé à agir d'une manière qui n'est pas dans mes habitudes, au point que mon épouse s'est inquiétée pour notre mariage, mais, heureusement, ma chère Mélinda a sauvé la situation avant qu’il soit trop tard. Donc, vous n'avez pas à vous inquiéter et sachez que vous ne pouvez perdre si facilement notre amitié, vous pouvez toujours compter sur moi pour vous seconder au besoin. À la prochaine et faites cette enquête.

Sur ces mots, Jim Clancy sort du bureau du détective.

Ce dernier est fort perplexe. Il lit la feuille où il a noté la vision et tourne son regard vers la montre, l’observant. Promenant ainsi son regard pendant quelques minutes entre la montre et la photographie de mariage, Carl Neely prend sa photographie de mariage qui est sur son bureau, la tient dans une main, dans l'autre main, la montre, et est transporté dans une vision. 

Il voit un grand jeune homme aux cheveux noirs et yeux bruns de vingt-cinq ans vêtu comme au XVIe siècle, qui sourit à son épouse, une belle grande femme aux cheveux bruns clairs et aux yeux bleus, un peu plus jeune que l’homme, qui est tout aussi heureuse que son mari. En les voyant, le détective à la vague impression d’avoir déjà vu ce couple, surtout la femme, mais ne saurait se rappeler les circonstances. Le jeune homme, enlaçant sa femme, lui murmure des doux mots à l’oreille, la faisant rougir et la transporte dans la chambre. Puis, le jeune homme avec la femme sort de la chambre. L'homme, avant de sortir de la maison, embrasse sa femme et part à son travail. Mais, le jeune homme n’a pas remarqué un vieil homme vêtu de noir dans le coin du salon au sourire ironique et méchant sur les lèvres. L’homme en noir, dès que le jeune homme est parti, sort de la pièce en traversant la porte et revient quelques secondes plus tard dans la même pièce. Dès le retour du sombre esprit, quelqu’un frappe à la porte, la jeune femme ouvre la porte, puisque son père est devant la porte. Dès que la jeune femme a refermé la porte derrière son père, celui-ci la maîtrise, l'entraîne dans sa chambre et la tue froidement, comme possédé par l’homme en noir qui lui disait les instructions. Une fois le meurtre accompli, le père sort de la maison, laissant le cadavre seul avec l’homme en noir qui rit diaboliquement. Le jeune homme, beaucoup plus tard, revient à la maison, étonné qu’il n’entende pas son épouse, il cherche où elle est. Lorsqu'il la trouve et voit le cadavre, il reste interdit, prostré d’horreur, abasourdi, sonné devant la scène. Au moment où il voulait appeler la police, quelqu’un frappe à sa porte, le meurtrier de son épouse est à la porte, le jeune homme commence à paniquer, mais se calme et ouvre la porte, salue son beau-père, nerveux, il le laisse entrer dans la maison, en prenant soin qu’il ne soit pas dans la salle du meurtre. Le jeune homme appelle la police. Des policiers arrivent et, constatant le crime, interrogent le jeune homme et le père de la jeune femme. Ce dernier ment et laisse insinuer que son gendre aurait tué sa fille. Le pauvre jeune homme est menotté et expulsé de la maison comme un criminel.

Saut temporel, le même jeune homme, quelques années plus tard, le regard vide, ayant perdu tous espoirs, déambule sans but dans la ville et un faible sourire lui échappe lorsqu’il voit des couples avec des enfants. Il accélère le pas pour se rendre au travail. Travail qui est, manifestement, sa seule échappatoire à la douleur engendrée par la perte de sa femme, question de pas abandonner la lutte pour sa survie et de sombrer dans le désespoir, même si l’homme en noir, qui virevolte autour de lui, ne cesse de lui suggérer des sombres pensées, se jouant du sentiment de culpabilité du vivant, culpabilité qui n'a aucun sens selon Carl Neely.

Fin de la vision.


Carl Neely comprend, soudainement, irrationnellement, que la jeune femme morte sans laisser de descendance était sa Mila Vasileva dans une autre vie, qu’il était ce jeune homme devenu veuf à un si jeune âge et que le père, meurtrier de sa fille, n’est nul autre qu’Andrew Neely dans une de ses vies antérieures. Frappé par la soudaine réalisation, le détective devient blême et ses mains et jambes tremblent sous l’effet de l’émotion intense. Il se lève pour sortir de son bureau, mais ses jambes lui obéissent difficilement, il flageole sur ses jambes. Certains de ses collègues, en le voyant, s’inquiètent pour sa santé, mais ne disent rien. Une fois que le détective est sorti à l’extérieur du bâtiment, il s’assoit sur un banc et ferme les yeux, agité par sa vision et sa conclusion. Lorsqu’il rouvre les yeux, après quelques minutes, il a l’impression qu’il est suivi, observé. Il se retourne et croise le regard ironique de son père un peu en retrait derrière lui.

Le vieil homme, ivre, d’une démarche légèrement chancelante, rangeant la bouteille de Grand Marnier à moitié vide dans la poche de son veston intérieure, s’avance vers son fils. Il l’interpelle et lui murmure en français avec son accent si caractéristique d'une voix légèrement pâteuse :

— Mon fils, my son, qu’est-ce qui t’es arrivé ? T’es pas trop fatigué de ton travail ? Ne te tues pas au travail ? Penses un peu à toi, à ta santé ? Réponds-moi, fils…

— Père, sérieusement, lui répond Carl Neely, gêné par l’état de son père qu’il n’a jamais vu ivre de sa vie, je vais bien.

— Alors, dit Andrew Neely en s’assoyant, ou plutôt en s’affalant, sur le banc, pourquoi tes jambes tremblent… et pourquoi tu as fermé les yeux, agité, par tes idées ?

Carl Neely ne répond pas, écœuré par l'odeur forte de l’alcool qui se dégage de son père et encore plus de son regard possédé qui le fixe, implacable, inhumain, méchant et ironique. Le fils est aux aguets des moindres gestes de son père, étant un peu inquiet de la possession de son père. Andrew Neely sort son arme, arme de fonction, et vise son fils, mais Carl Neely se déplace à temps et reçoit la balle à l’épaule gauche. Le fils désarme son père, et le maîtrise, malgré sa blessure et sa douleur, lui passant des menottes. Il appelle les ambulanciers. Ils arrivent immédiatement, avec des collègues policiers. Les policiers transportent Andrew Neely à la station et les ambulanciers amènent Carl Neely à l’ambulance pour se faire extraire la balle de l’épaule.

Mila Vasilieva reçoit un appel de l’hôpital Mercy. L’épouse de Carl Neely se rend à l’hôpital, fort inquiète pour son mari. Les docteurs et les infirmières la rassurent de l’état de Carl Neely. Dès que Mila Vasilieva-Neely est seule dans la chambre proche de son mari, ce dernier lui murmure en bulgare :

— Mon amour, tu dois faire attention et éviter mon père, il ne te veut aucun bien, ni à toi, ni à notre fille, ni à moi. Sa haine ne date pas d’hier, elle est beaucoup plus vieille et profonde qu’elle ne le paraît, elle s’étale sur plusieurs vies, même si, consciemment, le salaud ne pourrait pas le savoir, mais lorsqu’il boit, il est clairement possédé, je n’ai pas besoin de demander à mon ami, le mari de Mélinda Gordon, pour le savoir. Son regard est absent, une autre entité regarde à travers ses yeux, je dois reconnaître qu’il m’a fait peur pendant une fraction de seconde. Pour la sécurité de notre famille, tiens-toi loin d’Andrew Neely, je suis le seul qui peut le rencontrer et le voir sans grand danger… je pense… D’ailleurs, j’ai eu une vision lorsque j’ai touché ce lit. C’est terrible… Je préfère ne pas t’en parler, je ne veux pas te faire peur maintenant… Saches que je t’aime beaucoup mon rayon de soleil, mon amour, ma Mila bien-aimée, mon ancre dans ce monde fou, tu es mon unique espoir pour que je ne sombre pas dans la folie et le désespoir, ma raison pour continuer à lutter. 

Le détective parle ainsi et sort sa main droite de sous les draps pour chercher la main de sa femme, qui se rapproche de lui pour lui câliner tendrement le dos de la main en signe de tendresse pour son mari et pour le rassurer. Après quelques minutes à rester ainsi, Mila Vasilieva-Neely sursaute, entendant quelqu’un rentrer. Et nul autre que Jim Clancy est rentré dans la chambre, salue l’épouse de Carl Neely et lui demande, un peu rudement, de partir, puisqu’il voudrait discuter avec son mari.

Mila Vasilieva-Neely pense en bulgare que l'ami de mon mari est aimable comme une porte de prison, mais qu'au moins, il semble être un bon allié pour Carl. Elle sort de la chambre.

Jim Clancy, la mine très sérieuse, affirme sur un ton sérieux à Carl Neely :

— Avez-vous rencontré votre père ? Est-ce lui qui vous a mis dans cet état ?

— Oui et oui-da.

— Alors, Carl Neely, faites attention. Et vous, ancêtre de Carl Neely dont j’ai oublié le nom, dit Jim Clancy en parlant sur un ton qui ne souffre pas d’autorité ni de réplique à l’esprit errant qu’est Jean-Antoine-Philippe-Adolf de Kermadec, laisser votre arrière-arrière-petit-fils en paix, déguerpissez loin de ma vue et de mon nez. Vous n’êtes qu’une ordure.

À ces mots, l’esprit errant éclate d’un rire diabolique et dit à Jim Clancy en allemand et en français, puis en anglais avec un fort accent français :

— N’oubliez pas l’expression latine Mala malus mala mala dat (Un mauvais pommier donne de mauvaises pommes). Désillusionnez-vous de Carl Neely, il n’est pas si bon qu’il ne le paraît. Mon sang coule dans ses veines.

Et l'esprit fond sur Carl Neely, lui coupant momentanément le souffle, tout en lui murmurant des propos en français, avant d'éclater de rire. Rire diabolique, sadique, inhumain, qui donne un frisson au chuchoteur d’esprits. Le détective, sous l’impact de l’esprit errant commence à tousser, manquant d’air, devenant rouge comme une tomate à force de tousser.

Dès que l’esprit errant est parti, Carl Neely reprend son souffle, et demande à Jim Clancy sur l’identité de l’esprit, même s’il a une vague idée de son identité. L’intéressé lui dit ce qu’il a vu et demande à Carl Neely s’il sait ce que l’esprit lui a murmuré en français, puisqu’il n’a rien compris. À la demande de son ami, Carl Neely est devenu blême et bredouille en anglais :

— Jean-Antoine de Kermadec, mon arrière-arrière-grand-père maternel,… probablement, m’avait présenté comme ma propre pensée…, une idée horrible, terrible, terrifiante… idée qui ne peut, sous aucun angle, être mienne… même si que je commence à douter…

— laquelle ? Si ce n’est pas indiscret.

— Aucune indiscrétion à votre question. L’idée si horrible est celle de tuer ma femme, la tuer froidement avec mon arme de fonction lorsqu’elle va au marché, tout en poussant officiellement la faute sur quelqu’un d’autre. J’avais même l’impression d’entendre un rire diabolique et sadique… Suis-je devenu un peu fou ?

— Non, le rire sadique et diabolique est celui de votre arrière-arrière-grand-père. Je l’ai entendu rire. Donc l'idée que vous pensez être vôtre est une idée suggérée par votre ancêtre démoniaque.

— C’est gentil de me rassurer.

Sur ces mots, le détective se réinstalle dans son lit et dit, après quelques minutes de silence, à son ami :

— J’aurais besoin de votre aide, voulez-vous me seconder dans mon enquête lorsque je ferais mes recherches, puisque deux cerveaux c’est mieux qu’un, et vous pourrez m’informer de la présence d’esprits autour de moi. Si vous voulez, bien sûr ?

— J’accepte volontiers, Monsieur Neely.

— Excellent. Alors d’ici une semaine, venez à mon bureau. Merci beaucoup.

Le détective parle ainsi et, content, s’allonge plus confortablement dans le lit et murmure en français pour lui-même :

— J’espère que la putain de merde de famille se tiendra loin de moi.

Puis il dit à voix haute en anglais, à l’intention de Jim Clancy avant qu’il ne parte :

— Monsieur Jim Clancy, je n’aurais qu’une question, si vous permettez. Connaissez-vous un psychologue qui soit fiable, qui pourrait nous aider dans notre enquête ?

— Oui, Monsieur Élie James, un ami, professeur à l’Université Rockland. Il a la capacité, depuis son expérience de mort imminente, d’entendre les âmes errantes. Il a secondé ma femme lorsque j’enquêtais sur ma famille.

— Merci beaucoup. Je le contacterais dès que je trouverais le temps. À la prochaine. 

Jim Clancy, dès que la conversation est terminée, sort de la chambre, laissant Carl Neely remâcher pour la centième fois les visions, tout particulièrement la dernière. Il ferme les yeux, tout en réfléchissant, mais les rouvre rapidement, ayant la vague impression d’être observé. Il se retourne du côté vitré de la chambre et voit qu'un homme plutôt âgé, septuagénaire ou octogénaire, vêtu d'un complet brun foncé et une chemise blanche le fixe intensément. L'homme hoche la tête, comme s’il écoutait des entités qui lui dicte sa conduite, se rapproche de la chambre de Carl Neely, discute avec l’infirmière qui s’y trouve et entre dans la chambre. Le mystérieux homme salue le détective et lui demande s’il pourrait enquêter sur un cas particulier dès qu’il sera rétabli. Carl Neely est intrigué et commence à avoir mal à la tête de la présence de cet invité, il ne lui donne qu’une réponse évasive. Le vieil homme n’est pas satisfait de la réponse et lui dépose, sur la table de nuit, un paquet et sort aussi vite qu’il est rentré. Dès qu'il est parti, le détective, étonné et surtout intrigué qu’un inconnu lui demande de faire une enquête sans plus d’explication, prend le paquet et l’ouvre. Dès qu’il a ouvert le paquet, il trouve des feuilles qui expliquent l’enquête à faire et un objet indéterminé. Carl Neely prend l’objet et est transporté dans une vision.

Il voit une jeune femme entraînée de force par des gendarmes à l’extérieur de sa maison, son mari, un peu plus jeune qu’elle, essaie de convaincre ces hommes de lâcher sa femme, qu’elle n’est fautive de rien, ni malade, ni folle, ni dangereuse. Il essaie d’empêcher les gendarmes d’amener sa femme avec eux, mais l’une des brutes l’assomme violemment. La femme, voyant son mari gisant sur le sol, inconscient à la suite du coup, se démène pour essayer de se libérer. En vain. La femme, les mains attachées derrière le dos, est amenée à un endroit, un grand asile, inconnu de Carl Neely. Les psychiatres accueillent les gendarmes et la femme et la conduisent dans une chambre. La jeune femme est seule dans la chambre qui s’apparente à une cellule de prison. Un aliéniste lui rend visite et lui fait un traitement d’électrochocs. Carl Neely reconnaît l’objet mystérieux qu’il tenait dans les mains, c’est une partie du sismothère.

Fin de la vision.

Carl Neely range l’objet, fatigué par ce qu’il a vu, prend une feuille et note la vision avec le plus de détails. Il est perplexe, ne reconnaissant pas l’asile, ignorant sa localisation géographique, range les feuilles et s’allonge dans le lit pour faire un petit somme. À son réveil, l’infirmière lui a apporté le repas du midi. Il mange. Une fois que l’infirmière a ramassé le plat, Carl Neely se tourne vers le côté vitré de la chambre et voit des docteurs et infirmières qui passent, puis le même vieil homme qui le fixe tout en murmurant des paroles confuses qui ne parviennent pas aux oreilles du détective. À ce moment, Carl Neely a la vague impression de déjà-vu, mais ne saurait le dire. En touchant le bord du lit, il est plongé dans une vision.

Il voit dans un lit une femme attachée par les mains et les pieds au lit, exténuée des traitements des aliénistes et très maigre. L’aliéniste, qui est rentré dans la chambre, dit à la femme dans un français impeccable :

— Madame, pouvez-vous me répondre ? Que voyez-vous ? Décrivez-moi vos visions, aidez-nous un peu ? … Sinon, vous connaissez les conséquences de votre refus…

— Non…., je ne peux pas …. collaborer avec vous….. Monstre… Démon, lui réplique la femme dans la même langue.

— Très bien, Madame…, dit le docteur dans un anglais britannique impeccable avec un sourire sadique et psychopathe qu’il ne pouvait plus caché, se tournant vers une assistante qui est une infirmière, Mademoiselle Smith, vous savez ce qu’il faut faire. Prochaine étape maintenant.

L’aliéniste sort de la salle, laissant la femme dans un désarroi encore plus grand. La femme tourne son regard vers Carl Neely et lui dit en français :

— Faites très attention avec qui vous parlez avant qu’il ne soit trop tard. Ne répétons pas la même erreur vous et moi. Apprenons de notre passé, avant qu'il soit trop tard.

Les yeux bruns foncés du détective fixent les bruns avec une touche de vert olive de la femme pendant une fraction de seconde, ce qui le fait tressaillir de la vague familiarité de la femme. Il détache son regard d’elle et suit le docteur sadique et psychopathe pour le voir en face de la femme en train de la fixer, tout en murmurant des vagues formules latines, lorsque Carl Neely fixe ses yeux sur ceux de l’aliéniste, une nausée indescriptible l’assaillit combinée avec un sentiment de familiarité.

Fin de la vision.

En revenant à lui, le détective voit que le mystérieux homme le fixe derrière la partie vitrée avec insistance et murmure des paroles avant de partir.


Carl Neely, fatigué par ses visions et ses réflexions, s’allonge sur le lit et demande à l’infirmière qui est entrée la durée de son séjour à l’hôpital. Elle lui répond qu’en quatre à cinq jours, il pourra rentrer chez lui. Le détective la remercie et ferme les yeux. Les trois jours où il était à l’hôpital était plutôt calme, sauf le dernier jour. En touchant le bord du lit et en tenant la montre de l'autre main, il est transporté dans une vision.

Il voit la même femme aux yeux bruns avec une touche de vert olive dans la même chambre qui murmure à elle-même, attachée au lit, les propos suivants :

— Rien ne changera, tout arrivera comme je l’ai vu. J’ai vu des villes détruites, des villes conquises, un grand Mal se prépare pour l’Europe, seul l’Est peut nous sauver. Que Dieu protège les hommes justes… Je refuse de collaborer avec les agents de Satan, qu’ils s’en aillent au Diable. Que Dieu me prenne en pitié et me délivre du Mal. Amen.

Sur ces mots, la femme ferme les yeux. Et le détective comprend, sans être capable de s'expliquer rationnellement sa déduction, que la femme avait vu l’avènement de la Seconde Guerre mondiale.

Fin de la vision.

Le détective note sa vision, avec les autres visions, sans essayer de leur donner un sens entre elles, sauf celles sur la jeune femme de l’asile. Une fois qu’il range ses documents dans le chemisier consacré. Il voit le docteur entré dans sa chambre avec sa femme. Mila Vasilieva-Neely est contente que son mari revienne bientôt à la maison et qu’il s’en sort fort bien.


Une fois rendu chez eux, Carl Neely explique à sa femme l’enquête que lui a donné Jim Clancy et lui explique ses visions. Après quelques minutes de réflexion, Mila Vasilieva lui répond en bulgare :

— Commence par enquêter sur ta famille du côté maternel, puis tu reviendras sur nos vies antérieures. Je pense que mon beau-père, Andrew Neely, doit savoir quelque chose de tes vies antérieures, ayant nécessairement un rapport avec toi, sans oublier le mystérieux homme de l’hôpital. Toutes ces visions présentent nécessairement un rapport avec nos vies antérieures, mais je ne peux te dire plus, étant tout aussi ignorante que toi, mais nous résoudrons ces énigmes, tu n’es pas détective pour rien, mon amour, et jamais tu n'as abandonné une enquête. Tu n'abandonneras pas cette enquête-ci non plus.

À ces mots d’encouragement, Carl Neely sourit à sa femme et l’embrasse tendrement pour toute réponse. Le détective s’assoit en face de sa femme, promène son regard de sa femme à la montre du XVIIIe siècle déposée sur la table et vice-versa pendant quelques minutes. Il range l’objet dans la poche interne de sa veste, se lève et explique à Mila Vasilieva-Neely qu’il commencera l’enquête sur sa famille maternelle demain et qu’il devra se rendre en Europe, en France certainement, pour approfondir certains aspects de son enquête, puisque sa mère est Française et qu'à partir de son bureau à Grandview, les accès aux archives des villes françaises sont restreintes, voire inaccessibles, ou trop onéreuses à expédier. L’épouse de Carl Neely hoche la tête en signe de compréhension, laissant son mari partir à son bureau au département de police de Grandview.


Dès que Carl Neely est rentré à son bureau au département de police, il est assailli par des collègues qui veuillent l’interroger sur ce qui s’était passé entre son père et lui dans le parc. Il leur explique calmement ce qui s’était passé, en omettant de mentionner le regard possédé de son père et la raison de sa sortie du bureau. Le collègue qui l’interrogeait prend tous ses mots en note et le remercie de sa collaboration. Carl Neely se rend à son bureau où il voit que des dossiers se sont accumulés depuis son absence. Il se met à la tâche le plus rapidement possible, mais après avoir réglé trois dossiers, le détective décide de commencer sa recherche sur la famille maternelle, à savoir sur les Hervé et les De Kermadec, étant les noms de ses grands-parents maternels. Le détective sait que la langue maternelle de sa mère est le français et qu’elle a rencontré Andrew Neely en Angleterre, alors qu’elle était en PVT (Programme Vacances Travail). En cherchant sur les Hervé, il trouve que son grand-père, Arthur-François Hervé, commissaire de police puis policier, est tombé en disgrâce du Ministère pour d’obscures raisons. Arthur-François Hervé est le fils de Jean-Christophe Hervé, facteur, et Sarah Goldstein, fille d’un bijoutier, et a deux sœurs. Jean-Christophe Hervé est le fils de fiers résistants du nazisme, François-Joseph Hervé, serveur, et Hannah Nikolic, et a aidé grâce à des contacts de son père et de ses propres contacts, des familles entières à se sauver de la déportation des camps de concentration.

En cherchant sur les De Kermadec, il trouve que Louise-Rose de Kermadec, sa grand-mère maternelle, poète de métier, est la fille de François-Paul de Kermadec, un riche propriétaire de vignobles en Bourgogne, héritage de son père, et Sophie-Sarah Lefrançois, fille de diplomate. Et François-Paul de Kermadec est le fils du second mariage de Jean-Antoine-Philippe-Adolf de Kermadec, fonctionnaire, et Jeanne-Marie-Rose Feldman, fille d’un propriétaire d’hôtels à Paris, à Nice et à Marseille. Carl Neely sait qu’une rumeur circule dans la ville concernant son arrière-arrière-grand-père et son arrière-grand-père maternels, à savoir qu'ils ont été des collaborateurs avec le régime de Vichy, ils étaient des fascistes. De son premier mariage avec Anne Benarola, Jean-Antoine-Philippe-Adolf de Kermadec est resté veuf et sans enfant.

Carl Neely comprend qu’il ne peut plus continuer sa recherche de son bureau à Grandview, aux États-Unis, mais qu’il doit partir en Europe, en France, entre Paris, Marseille, Bordeaux, Lille et Dijon, entre autres, à la fois pour consulter les archives des villes et pour être en contact avec des objets et des endroits qui pourraient l'aider dans son enquête. Sans oublier Londres. Le détective soupire, se lève de sa chaise et sort la montre du XVIIIe siècle de sa poche interne du veston pour la fixer. En la fixant et en la touchant, le détective est transporté dans une vision.

Il voit la femme de l’asile dans sa cellule qui prie avec beaucoup de ferveur Dieu pour qu’Il la délivre du mal. À l’extérieur de la cellule, le docteur, avec une infirmière, prend des notes dans un dossier. Dossier qui porte le numéro 4105. L’aliéniste dit à l’infirmière, Mademoiselle Smith :

— Quelle est la réaction de la patiente numéro 4105 à la suite du traitement d’électrochocs d’hier ? Soyez honnête, mademoiselle.

— D’accord. Disons, Docteur Alberti, que la réaction de Madame Greenwood-French est tout à fait inattendue, elle ne fait que prier Dieu, ne mange rien et ne me parle pas, sauf pour me dire des propos fort nébuleux sur le Jugement Dernier. Bref un délire religieux.

— Mademoiselle, abstenez-vous de poser des diagnostics. C’est mon travail, pas le vôtre. Toutefois, merci pour votre collaboration.

Sur ces mots, l’aliéniste, dès que l'infirmière a le dos tourné, sort une petite bouteille de calvados de sa poche interne pour la vider à moitié avant que ses mains tremblent trop, et s'éclipse à son bureau, alors que l’infirmière rentre dans la cellule de Madame Greenwood-French pour lui apporter à manger. La nourriture est contaminée avec des médicaments, calmants et somnifères de toutes sortes.

Dès qu’elle est entrée dans la cellule, la patiente lui annonce sérieusement :

— Mademoiselle, cessez vos actions néfastes, si vous ne voulez pas mourir trop tôt, ne blasphémez pas à la légère. Le Seigneur vous entend. Et vous mourrez, alors dans d’affreuses souffrances. Le docteur, lui, mourra dans une semaine s’il continue son action néfaste de me rendre folle. Je lui dit, c’est lui qui deviendra fou, c'est lui qui essayera de mettre fin à ses jours, pas moi.

Sur ces mots, la femme se tourne vers l'infirmière avec une mine très sérieuse, soupire et se tourne vers l'endroit où est Carl Neely (il observe la scène depuis un coin de la cellule) et murmure à elle-même :

— Je ne veux pas que l'histoire se répète. Il doit exister un moyen de rompre ce cycle, mais je ne sais comment. Que Dieu m'aide et ait pitié de moi, mais une solution existe, mon collier.

L'infirmière dépose la nourriture proche de la femme et sort de la chambre. Madame Greenwood-French demeure prostrée pendant plusieurs minutes priant sans cesse Dieu et détache son collier autour du cou. Il y avait un pendentif avec le collier, pendentif plutôt bizarre.

Fin de la vision.

Carl Neely note scrupuleusement les détails de la vision. Il commence à chercher sur les Greenwood-French comme patiente dans un asile, mais il ne trouve guère d'informations. Il commence une recherche à partir du numéro de dossier. Numéro qui frappe Neely par la similitude avec le 14 h 50 de sa première vision. Le détective est perplexe devant cette coïncidence, mais il n'a pas encore trouvé le fil conducteur à toutes ces visions, puisque, à ses yeux, la similarité des chiffres n'est pas suffisante. Il décide d'appeler Élie James à son bureau pour prendre rendez-vous, même s'il n'a guère confiance envers les psychologues et les psychiatres. Carl Neely désire solliciter l'aide du professeur de psychologie concernant les asiles. Il l'appelle et les deux hommes s'entendent pour un rendez-vous dans trois jours. Carl Neely regarde le prix d'un billet d'avion pour Paris, patientant encore un peu pour faire l'achat, il a décidé de ne pas mêler son épouse à son enquête, mais il lui a promis de la tenir informer de la progression de son enquête.




À suivre

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