Le détective Carl Neely

Chapitre 7 : Trois ans plus tard, retour à Grandview et règlements de comptes définifs

Chapitre final

5926 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/09/2024 18:49


Au mois de mai, Carl Neely-Bogdan Popović ose enfin s'approcher de Grandview. Il se traîne à peine, car son corps lui est douloureux, vu son état (il conserve quand même des séquelles de ces nombreuses bagarres-attentats) et son âge, ce qui le rend absolument méconnaissable. Il fait fréquemment des pauses. En entrant dans la ville, il remarque l'achalandage des rues. Il sourit faiblement et continue à déambuler dans les rues. Ceci lui rappelle tristement sa ex-belle-fille, Caitlin Mahoney. Tout à coup, en sens contraire, Carl Neely-Bogdan Popović voit un vieil policier qui lui semble familier... « Est-ce John Wellington ? », pense-t-il. Il reconnu à peine son ancien supérieur tellement ce dernier a changé. John Wellington regarde autour de lui, et voyant notre ancien détective-plongeur, dit : « Monsieur, pouvez-vous me dire où se trouve la station de police ? »

Carl Neely-Bogdan Popović, repérant olfactivement des mauvais esprits autour de son interlocuteur, répond : – Je ne le sais pas.

– Ça remonte à loin la dernière fois que j'y étais !

– Je viens d'arriver dans votre ville et vous pensez que je connais mieux votre ville que vous ? Quelle logique !

– D'accord... Désolé... Mais merci quand même !

Soudain, mû par l'un des mauvais esprits, Wellington écume et se jette sur l'ancien policier-plongeur, temporairement possédé par un bon esprit, qui se retourne à temps puis recule de quelques pas. L'ancien chef policier tombe alors par terre ; Carl Neely-Bogdan Popović en profite pour le maîtriser. Il l'amène ainsi dans les rues. Wellington reconnaît le trajet qu'il avait suivi lorsqu'il a amené le corps de Caitlin Mahoney, le supplie de ne pas continuer la route. Rien n'y fait. Et il est déposé par terre entre deux poubelles dans le même cul-de-sac. L'esprit, par la bouche de Carl Neely-Bogdan Popović dit : « Monsieur, soyez content que vous ne pouvez pas terminer d'une manière aussi horrible que la jeune fille que vous avez amené ici. Mais que la culpabilité vous ronge jusqu'à la fin de vos jours de votre misérable vie ! » L'esprit sort et l'âme de l'ancien policier revient dans son corps. Il part lentement à reculons, autant que ces membres affaiblis lui permettaient, laissant son ancien supérieur dans le cul-de-sac. Celui-ci crie: « S'il vous plait ! Je ne vous ai rien fait ! »

Carl Neely, d'un ton courroucé : – Beaucoup de mal, Monsieur Wellington !

Et il s'éloigne de l'ancien chef policier, qui ne supporte pas une telle déchéance, se lève et marche péniblement jusqu'au pseudo-mendiant et dit : – Qui êtes-vous pour connaître des techniques policières et pour connaître mon nom ?

Avec un sourire énigmatique, Carl Neely répond : – Vous le saurez un jour.

Et les deux hommes se quittent sur ces mots.

Trois jours plus tard, comme chacun d'eux déambule dans les rues de Grandview, Carl Neely et John Wellington se rencontrent à nouveau dans une rue dont la circulation est moins achalandée. Surpris, les deux hommes se regardent avec méfiance. Carl Neely comprend que son ancien supérieur est guidé par son propre père et par Adrian Neely. Il redouble alors de prudence et prie l'ange Michel. Face à face, ils se fixent intensément. Silence. L'ancien détective-plongeur pense : « Peut-être que ce bâtard de père lui à révéler mon identité en rêve ! Que faire ? » Il ressent la présence d'un bon esprit à ses côtés ; il est rassuré. Hommes et esprits errants se regardent. La tension monte, mais personne ne veut poser le premier geste. John Wellington, après s'être éclaircit la voix, dit : – Monsieur, je suis surpris de vous revoir !

– Moi aussi, Monsieur !

Les deux hommes se dévisagent longement.

John Wellington prend la parole : – Monsieur, pourriez-vous vous présenter ? Je ne vous connais pas, alors que vous semblez me connaître.

– Je m'appelle Bogdan Popović. Vous êtes John Wellington, n'est-ce pas ?

– C'est exact.

Silence. L'ancien chef policier, poussé par Karl Neely, sort un revolver d'une poche interne de sa veste et le pointe sur son interlocuteur, prêt à appuyer sur la gâchette. Carl Neely recule lentement. Il prie en son for intérieur l'ange Michel de le protéger. Toujours en pointant l'arme, John Wellington dit : – Expliquez-moi par quelles circonstances vous savez mon nom ?

Carl Neely, au lieu de répondre, fonce sur lui, le renversant sur le coup, ce qui lui permet de le désarmer et de le maîtriser. Son ancien supérieur se trouve allongé sur le dos au sol, l'ancien détective-plongeur agenouillé près de lui de manière à lui immobiliser les jambes avec son poids, alors qu'il tient les bras entre les siens. Ainsi, les deux hommes étants assez proches, faisant en sorte qu'ils parlent presque à voix basse.

John, étonné : – Ne seriez-vous pas par hasard un policier déguisé en mendiant ? C'est une manière, je le sais, d'attraper des criminels, sauf que je ne suis pas l'un d'eux !

Carl Neely, en continuant à prendre un fort accent serbe, répond : – Votre déduction est bonne. Mais, Monsieur Wellington, vous êtes un criminel, c'est pourquoi vous avez été interné en psychiatrie pendant... quatre ans et un peu moins de cinq mois.

– Qui vous a communiqué ces informations ?

– Des contacts personnels.

Des sueurs froides coulent sur les tempes de l'ancien chef de police. Il est pris de panique. Mais il se ressaisit et dit : – Monsieur Popović, dans quelle ville aviez-vous travaillé ? Je ne vous connais pas en tant que policier de Grandview !

– Ceci ne vous concerne pas. Mais pouvez-vous me dire où avez-vous déposé les papiers du détective Carl Neely concernant son enquête sur sa ex-belle-fille, Caitlin Mahoney ?

John Wellington devient blanc comme linge. Temporairement possédé par Karl Neely, il dit, mais sans savoir ce qu'il dit : – Vous vous moquez de moi !

– Non, pas du tout. La question est sérieuse.

Silence. L'ancien chef policier, furieux, comme l'est l'esprit errant qui le possède, essaie de frapper Carl Neely-Bogdan Popović, qui le gifle pour le calmer. Il le mord au poignet gauche, ce qui l'oblige à lâcher sa prise. Et une bagarre éclate. Les deux hommes se sont bien roulés dans la poussière, chacun essayant d'avoir le dessus sur l'autre. Au bout de certain temps, ils se lèvent du sol et se regardent fixement. Tous les deux sont fatigués et ont les membres douloureux en raison des coups reçus. Silence pesant. Carl Neely-Bogdan Popović lui crache au visage ; John Wellington, encore possédé par le père de l'ancien détective, fait de même. De plus, il le frappe à la tête, mais Carl Neely-Bogdan Popović lui réplique avec un coup de pied au bas ventre avant de se laisser choir au sol ; son âme est sortie de son corps, en raison de l'insupportable douleur. Elle regarde le ciel ; mais elle sait qu'elle doit revenir dans ce monde, car elle ne doit pas abandonner Maria et Lada. L'âme de l'ancien détective-plongeur regagne aussitôt son corps. Il demeure étendu, bien qu'ayant repris conscience. Carl Neely-Bogdan Popović remarque que son ancien supérieur gît sur le trottoir, assommé, mais au moins son âme à réintégrer son corps. Les trois esprits errants se regardent. Adrian Neely se retire, aspiré par le souterrain ; seul Karl Neely ne veut en démordre de son idée à ébranler son fils. Le bon esprit communique télépathiquement à Carl Neely de se lever ; Karl Neely se dépêche d'agir sur John Wellington. Les deux hommes se lèvent aussitôt. Ils s'affrontent du regard, comme deux fauves affamés. John Wellington dit d'un ton rude : – Monsieur Popović, pouvez-vous me dire comment vous connaissez Carl Neely, qui était un policier recherché par toute la ville ? Saviez-vous où se trouve-t-il ? Est-il vivant ?

Carl Neely-Bogdan Popović, après quelques minutes de silence, dit : – Je répondrais à votre question qu'à la condition que vous répondez à la mienne.

L'ancien chef policier soupire. Il répond : – Que sais-je ? Vous pensez sérieusement que quatre ans plus tard je sais où se trouvent des dossiers de pseudo-enquête ?

Carl Neely-Bogdan Popović lui coupe la parole : – Mais Monsieur Wellington, vous le saviez très bien, puisque vous êtes le seul à avoir remarquer la substitution des papiers. Je vous demanderais de me répondre.

– Quelle est votre question, déjà ?

– Où avez-vous déposé les papiers du détective Carl Neely concernant son enquête sur sa ex-belle-fille, Caitlin Mahoney?

– Euh... Je les ai déposé...dans un tiroir d'un meuble...

– Lequel ? Précisez !

– Mais pourquoi vouloir savoir ce détail ? Vous ne pensez quand même pas mettre la main sur ces papiers sans valeur ? De quel droit vous vous intéressez à ce pseudo-rapport ?

– Je m'y intéresse pour rétablir l'équilibre du cosmos.

– Là, c'est de la moquerie !

– Pourtant, c'est sérieux. C'est par respect pour Monsieur Carl Neely.

– Depuis quand, Monsieur Bogdan Popović, vous le prenez en sympathie ?

– Depuis toujours. Mais répondez à ma question puis je répondra aux vôtres.

– D'accord... Et bien !

John Wellington soupire. Après une pause, il dit : – J'ai déposé les papiers de Carl Neely dans le tiroir d'un meuble dans mon salon. Content de la réponse ?

– Oui. Mais pour être certain de la vérité de l'information, je vous demanderez de me les apporter. Et je vous suis.

Karl Neely essaie d'agir sur John Wellington, afin de lui donner l'idée de tuer le mendiant une fois chez lui ; le bon esprit avertit aussitôt Carl Neely. Les deux hommes et les deux esprits se rendent jusqu'à la maison de John Wellington, où sa femme leur ouvre la porte, étonnée de recevoir un visiteur. John lui explique qu'il doit régler un cas et la rassure : il lui fait un signe. Le bon esprit informe télépathiquement à Carl Neely que ce signe veut dire « prendre un couteau bien aiguisé. » Carl Neely, pour toute réponse, prie Mihovil. Il s'efforce de garder son sang-froid. John Wellington conduit son hôte au salon. Sa femme, après avoir passer dans la cuisine pour prendre un couteau, les rejoint. Elle se tient dans l'ouverture du passage vers le salon, attendant un signe de son mari. John sort d'un tiroir plusieurs feuilles qu'il dépose sur la petite table du salon. Carl Neely-Bogdan Popović comprend immédiatement le leurre. Il dit d'un ton sévère : – S'il vous plaît, je vous demanderais que vous ne vous moquiez pas de moi.

– Monsieur, votre insistance est franchement bizarre. Répondez-moi ! Pourquoi vous vous intéressez au cas de Neely ? Faites attention à ce que vous dites, car on dit bien que la curiosité à tuer le chat !

Pour ajouter sur la menace, il sort d'un tiroir voisin une arme à feu qu'il pointe sur son invité. Il fait signe à sa femme, qui sort le couteau de cuisine de sous sa robe. Carl Neely-Bogdan Popović ne perd pas son sang-froid, malgré qu'il comprend tout le sérieux de la menace à peine voilée. Il saisit la main droite qui tient l'arme, et le force à la lâcher. Malgré que John Wellington, surpris, appuie sur la gâchette, la balle heurte le gilet pare-balles. La femme de l'ancien chef policier s'avance vers Carl Neely-Bogdan Popović, mais ce dernier parvient à l'éviter en la frappant d'un coup de pied au bas-ventre, la faisant reculer puis choir sur le canapé. John tire une autre fois, mais rate de peu, faisant en sorte que la balle se perd sur le plancher. La femme revient à l'attaque, mais le mystérieux hôte parvient, avec le peu de forces qui lui reste, à la maîtriser et à prendre le couteau. Il déchire une partie de sa capuche pour lui lier les mains et les pieds. John, furieux, tire et atteint Carl Neely-Bogdan Popović au pied gauche. Celui-ci sursaute, mais termine d'attacher les mains et les jambes de la femme. Il se retourne vers l'ancien chef policier. Les deux hommes se regardent face à face. Chacun attend que l'autre pose le premier geste. Un silence lourd fait place. La femme dit : « Allez ! Terminez votre duel ! » Les deux anciens policiers se jettent mutuellement un regard féroce. Silence. John tire, mais rate de peu Carl Neely, qui se déplace vers sa droite. Carl réplique et file vers lui, couteau à la main, le blessant au poignet gauche, puis se jette sur le canapé. John, étonné, prend dans son autre main son arme à feu et se tourne vers le canapé et tire vers sa direction, le blessant au ventre, au même endroit où il reçu la balle de la part de Hunter Clayton le 7 novembre 2008... Il est immobilisé par la douleur, mais il prie ardemment Mihovil de le secourir. John se penche au-dessus de lui, en pressant l'arme sur sa tempe gauche. Il lui murmure : – Monsieur Bogdan Popović, vous me dites enfin pourquoi vous vous intéressez à Carl Neely, un ancien policier criminel recherché. Si vous saviez où il est, ce serait un plaisir pour moi de le dénoncer !

Silence. 

Notre ancien détective-plongeur est perplexe : « Que vais-je répondre ? Comment agir ? », pense-t-il. Il se dédouble et le bon esprit le possède temporairement. Il dit : – Je connais Monsieur Carl Neely.

– Précisez !

– Je le connais comme si je l'ai fait. Que dire de plus ?

– Où se trouve-t-il ?

– Dans une ville.

– Laquelle ?

– Une ville voisine de Grandview.

– Saviez-vous s'il est encore policier ?

– Je l'ignore.

– Mais pourquoi voulez-vous les papiers de ses pseudo-enquêtes ?

– Pour rétablir l'injustice de sa situation.

Et Carl Neely-Bogdan Popović se roule sur lui-même sur le canapé pour échapper à l'arme. Puis il se lève, John se lève aussi. Ils se regardent intensément. John, l'arme pontée sur le pseudo Bogdan Popović dit : – Monsieur, plusieurs détails dans votre histoire ne fonctionne pas...

– Dans la vôtre non plus. Alors, nous mentons tous les deux.

Furieux, John Wellington tire, mais la balle se fiche sur le gilet pare-balles, trouant le minable vêtement.

John Wellington, exaspéré, se dépêche de sortir d'un autre tiroir d'un meuble voisin des feuilles de papiers, cette fois, le rapport de Carl Neely. Il les dépose sur la table. Silence lourd. Chacune des esprits errants agit sur l'un des vivants. Les vivants réféchissent au prochain geste à poser, sachant qu'il serait déterminant pour la suite des choses. Carl Neely s'empare rapidement des papiers, après y avoir jeter un coup d'oeil rapide; il s'agit de son rapport, impossible de le tromper. John Wellington lui demande : – Monsieur Bogdan Popović, je voudrais savoir les raisons de votre intérêt pour Carl Neely.

– Moi aussi, je vous pose la même question.

– Je veux le retrouver, car il est recherché, pour le mettre où est sa place.

– Moi, pour lui remettre ses papiers. Je vous laisserais seulement une photocopie.

– Monsieur Popović, de quel droit vous vous le permettez ?

– J'ai déjà réponde à cette question. Je propose que nous n'achevons pas le duel. Il serait préférable de nous reposer puis de ce parler comme il se doit. Vous acceptez alors de se revoir dans une semaine ?

– Comme si j'ai le choix ? J'accepte votre proposition.

Et les deux hommes vont à l'hôpital pour faire soigner leurs blessures.



Une semaine plus tard, Carl Neely et John Wellington se rencontrent à nouveau, cette fois, au marché de Grandview. John lui fait un signe ; Carl Neely-Bogdan Popović le suit. Une fois rendu chez l'ancien chef policier, temporairement possédé par Karl Neely, Les deux hommes se rendent dans la cuisine, où la femme de John Wellington leur sert un thé et des biscuits au beurre. Une fois assis, un bon esprit se manifeste olfactivement à l'ancien policier, le rassurant. Il lui communique télépathiquement l'information suivante : « Vous pouvez révélez votre vraie identité ; il ne vous peut rien ! »

Après avoir bu une gorgée de thé, John dit à son invité : « Maintenant que vous avez en votre possession la pseudo-enquête de Carl Neely, un ancien policier criminel de la ville, pouvez-vous me dire pourquoi vous vous intéressez à son cas ? Et saviez-vous où il se trouve ? Est-il encore parmi les vivants ? »

Le pseudo Bogdan Popović répond : – Je vous pose la même question.

– Je m'intéresse à lui parce que je dois le livrer à la police s'il est vivant, point c'est tout !

– Mais vous n'êtes plus en fonction...

– Ça ne change pas aux faits ! Il faut absolument jeter ce criminel dangereux, et fou de surcroît, en prison !

– Calmez-vous, Monsieur Wellington !

– D'ailleurs, Monsieur Bogdan Popović, comment me connaissez-vous ?

– Je détiens cette information de Carl Neely lui-même.

– Il me semble que vous oubliez l'essentiel de votre histoire. Répondez, ou je vous arrête pour complicité avec le plus grand criminel de la ville !

Et John Wellington se lève de sa chaise et pointe un revolver vers la direction de son invité, qui ne sourcille point. Il s'efforce de garder tout son sang-froid malgré que la puanteur de Karl Neely, de Friedrich Neumann et d'Adrian Neely agace ses narines. Il ne reste qu'au pseudo-mendiant de prier Mihovil. Après quelques minutes de silence, Carl Neely répond, avec son fort accent serbe : – Il est vrai, mon cher Monsieur, que je suis un ancien policier ; il y a quatre ans que je n'exerce plus ce métier. Je me suis reconvertis en plongeur, mais j'ai encore une fois perdu mon emploi en raison de mauvaises langues comme la vôtre.

– Mais pourtant, Carl Neely est porté disparu depuis quatre ans... Expliquez-moi comment vous l'avez rencontré et pourquoi vous vous intéressez à son cas ?

Le pseudo Bogdan Popović, en abandonnant son fort accent serbe, répond : – Je suis celui que vous recherchez, Carl Neely ! Et oui, je me suis rencontré avec moi-même, car je me connais mieux. Et je suis réduis à la mendicité par votre faute.

John rugit : – Quoi ? Vous êtes vraiment très malin, Carl !

Et, de rage, il tire dans sa direction ; l'ancien détective-plongeur l'évite en se cachant sous la table. De là, il renverse John Wellington et parvient à le maîtriser. La femme s'élance sur Carl Neely, un couteau à la main. Il évite le coup fatal, mais est blessé à l'épaule gauche. Il la frappe sans ménagement d'un coup de pied au ventre, la forçant à reculer. John lui mord ses poignets décharnés, faisant en sorte qu'il lâche prise. Carl en se relevant, dit, tout à coup inspiré par le bon esprit qui se trouve à ses côtés : – Monsieur John Wellington, faites attention à votre prochain geste !

– Mais de quoi vous parlez ? Il faut immédiatement appeler la police et on verra bien qui rira le dernier !

Et John se jette sur lui ; sa femme se dirige vers le téléphone, sauf que Neely lui fait un croc-en-jambe, la faisant trébucher près du canapé, ce qui lui est un coup fatal. Une bagarre s'ensuit entre les deux hommes, qui n'ont pas remarqué que la femme a rendu l'âme. Son âme essaie d'aider son mari, sauf qu'elle déguerpit à la vue du bon esprit qui aide Carl Neely. Ce dernier parvient à avoir le dessus sur son ancien supérieur ; le tenant par le collet, il lui dit, d'une voix haletante : – Monsieur Wellington, je vous supplie de vous sortir l'idée de me mettre en prison, surtout quand vous avez vous-même monté le coup. Si vous dites aux policiers que Carl Neely se cache sous le pseudonyme de Bogdan Popović, ils vous croiront fou...

– N'essayez pas de me menacer avec la psychiatrie !

– Si ça vous rassure, moi aussi j'ai été chez un psychiatre. Et je peux vous dire que c'est une expérience angoissante ! Mais, de grâce, pour sauver votre âme, ne me livrez pas à la police, alors que vous saviez que je suis innocent. Si vous le faites, que ce soit à votre honte !

Et il lâche son supérieur ; les deux hommes se lèvent. Carl Neely remarque l'odeur de son défunt père ; il le maudit en pensée. Mais l'esprit errant possède temporairement son ancien supérieur et dit, avec un air de défi : – Pourtant, n'oubliez pas que la police de trois villes sont à vos trousses !

– Je n'ai oublié ce fait, mais je n'ai pas peur des policiers !

Et l'esprit errant sort du corps de John Wellington et, à peine sorti, il est aspiré par le souterrain.

John Wellington, se tournant vers sa femme, dit : – Ma chérie, qu'est-ce que tu attends pour appeler la police ?

Carl Neely, tristement : – Elle n'est plus de ce monde. Je m'en excuse.

– Monstre !

John Wellington sort une autre arme qu'il trouve dans un tiroir d'un meuble et tire sur Carl Neely, le blessant à nouveau à l'épaule gauche. Chancelant sous la douleur, il recule. Son ancien supérieur se dirige à reculons jusqu'au téléphone, en pointant l'arme vers lui. Il compose le numéro d'urgence et leur explique brièvement la situation, à savoir une attaque et des blessés. Les policiers et les ambulanciers arrivent cinq minutes plus tard. Les policiers s'emparent de l'arme de John Wellington. Les deux hommes sont amenés à l'hôpital Mercy, où ils sont soignés de leurs blessures. Au cours de la période de rétablissement, John Wellington révèle la ruse de Carl Neely ; ce dernier continue à se présenter sous le pseudonyme de Bogdan Popović. Lorsque les docteurs questionnent Carl Neely à ce sujet, il demeure silencieux. Ils recommandent alors à John de se faire soigner en psychiatrie. Il jette un regard furieux à ceux-ci et les supplie de le laisser tranquille.

Les deux hommes sortent de l'hôpital après trois semaines. Au début du mois de juin, ils cheminent chacun de son côté ; John Wellington fait courir la rumeur que Carl Neely est un criminel très dangereux qui se présente sous le pseudonyme de Bogdan Popović (il en avertit Wiliam Schultz, qui dépêcha aussitôt les policiers de l'attraper) ; Carl Neely, lui, file au cabinet d'Élie James. Ce dernier, le prenant pour un mendiant, lui propose un forfait à moitié prix. Il lui chuchote : « Monsieur le Professeur Élie James, Carl Neely est de retour ! » puis il court aussi vite que ces membres décharnés le permettent. Il s'arrête dans un parc, où il voit passer la famille Clancy. Il salue Jim et Mélinda. Les enfants manifestent leur joie en allant s'amuser dans le module du parc ; tout en ayant à l'œil leurs enfants, les parents écoutent les propos de Carl Neely, malgré qu'il fasse exprès de parler avec un fort accent serbe en raison des autres passants. Ils comprennent néanmoins qu'il est venu à eux. Ils le saluent respectueusement et lui transmettent leurs meilleurs vœux à lui et à sa famille. Il les bénit. Et Carl Neely-Bogdan Popović quitte le parc, car les policiers commencent à s'agiter. D'ailleurs, l'un d'eux l'intercepte dans la rue. Comme il continue son jeu de rôle, le policier le prend en pitié et le laisse tranquille, en s'excusant de l'avoir dérangé. À la fin de la journée, Carl Neely est à l'extérieur de Grandview et dort à la belle étoile sur son misérable vêtement (ou plutôt des loques), couché à même le sol.

John Wellington, possédé par Karl Neely, décide de retrouver l'ancien détective-plongeur, sauf qu'il n'y parvient pas. Il revient chez lui, furieux. Trois jours plus tard, il se suicide d'une balle sur les tempes avec l'une de ses armes à feu.

Carl Neely, lui, marche vers la ville voisine. Un jour, il ressent encore la présence de son père. Ce dernier lui communique télépathiquement, avec un air arrogant : – Cette fois, tu ne m'échapperras pas !

Carl lui réplique : – C'est ce qu'on verra !

Il se trouve près d'un petit ruisseau. Tout à coup, Karl Neely, Adrian Neely et Friedrich Neumann le pousse ; entraîné par la force que les âmes errantes exercent sur son dos, notre ancien détective-plongeur glisse sur une pierre mouillée et tombe dans le ruisseau. Sa tête heurte violemment une pierre ; le coup est presque fatal. Blessé, il gît inconscient, la face dans l'eau. Son âme est sortie de son corps. Elle flotte au-dessus du corps et le regarde. En une fraction de seconde, elle se trouve dans son appartement ; Lada se réjouit de sa présence. Finalement, l'âme de Carl Neely, en revenant à son corps, voit celle de son défunt père. Avec un sourire ironique aux lèvres, il lui dit : « Fiston, tu serais mieux de quitter définitivement ce monde avec autant de sorties hors de ton corps, il est de plus en plus dangereux d'y revenir, car tu peux ainsi lui occasionné des dommages irrémédiables. »

L'âme de Carl Neely ne répond pas. Elle maudit son père et regagne aussitôt son corps ; elle ne veut pas abandonner Maria et Lada. D'ailleurs, elle comprend que son père le dissuade, car elle aura une intuition plus aiguisée, ce qui le dérangera, lui et ses semblables parmi les vivants.

Carl Neely reprend lentement conscience. Malgré que sa vue soit troublée par la sang qui coule de sa blessure, il s'extirpe du ruisseau. Il se traîne ainsi jusqu'à Grandview, où il crie un appel à l'aide avant de s'écrouler à même le sol, épuisé. Heureusement pour lui, Jim Clancy, qui conduit le véhicule d'ambulance avec Tim Flaherty, avec un blessé à bord, entend son appel et réagit rapidement ; les deux ambulanciers le déposent aussitôt sur une civière et ramènent rapidement les deux blessés à l'hôpital Mercy. Les deux blessés sont soignés par des docteurs. Le diagnostic est : commotion cérébrale. Après deux semaines de repos, ils vérifient son état : heureusement, il s'en sort assez bien. Il est fonctionnel, à l'exception d'une fatigue après un effort prolongé.

Une semaine plus tard, Carl Neely-Bogdan Popović sort de l'hôpital. Il s'achemine vers la ville où habite Maria, Lada, François et Mathieu. Il prie à tous les matins que Dieu et l'Ange Michel les protègent. D'ailleurs, il persiste dans son jeûne. Un jour, alors il se traîne lentement, car il conserve néanmoins une douleur lancinante en raison des nombreuses bagarres qu'il avait connu, il rencontre un passant. À sa vue, Carl Neely comprend intuitivement qu'il agit sous l'influence de son défunt père (ce qui se confirme par sa présence olfactive). Le passant l'insulte et veut le frapper, sauf que notre ancien détective-plongeur évite à temps le coup de poing dans la face. Carl Neely-Bogdan Popović lui réplique de se calmer et de ne pas mal agir envers un pauvre type comme lui. En un mot, qu'il ne cherche pas conflit puisqu'il ne veut point entrer en conflit. Sur ses paroles, il poursuit sa route, mais le passant, agité comme l'est l'esprit errant, le frappe dans le dos, le faisant trébucher. Carl Neely, furieux, se retourne et dit d'un ton sévère : – Monsieur, ne cherchez pas le conflit ; sinon vous le regretterez !

– Il n'est pas convenable qu'un gueux me menace !

Le passant crache sur lui et continue sa route. Carl Neely maudit l'esprit errant et poursuit sa route vers la ville voisine de Grandview. Il continue à sa traîner, en faisant beaucoup de pauses lorsque ses membres fatigués l'exigeaient. Carl Neely prie, comme toujours, le patron des policiers, le matin et le soir, en plus de jeûner, ce qu'il observait strictement. Il poursuit sa route sans incident. La nuit, il comprend dans ses rêves où il doit déménager, sa famille et lui. Content, Carl Neely est motivé à poursuivre sa route. Ces rêves répétés l'encouragent en quelque sorte.

Ce n'est qu'au début du mois de juillet 2013 que Carl Neely déambule dans la ville et se dirige lentement vers l'appartement où vit sa femme, ses beaux-fils (François, 16 ans, Mathieu, 14) et sa fille (qui a 3 ans). Il remarque que les poteaux d'électricité sont déshabillés de leurs affiches. Ce fait le rassure : au moins, il n'est plus recherché. Chemin faisant, il rencontre David Schpigel en civil. L'ancien détective-policier le reconnaît à sa silhouette. Comme il se rapproche de lui, David sort une pancarte sur laquelle il a écrit « Bonjour ! » Carl Neely comprend alors qu'il est devenu muet. Il le salue en retour et continue sa route. Quelques rues plus loin, il voit Bertrand Lavanille. Il fait une tournée, en policier. Il s'approche de Carl Neely, le prenant pour un pauvre mendiant, et dit : « Monsieur, si vous cherchez un emploi, pas de problème ! Il faut mieux être utile pour la société plutôt que d'être itinérant. » Le pseudo-mendiant le salue. En passant près d'un parc, Carl Neely aperçoit Samuel Salomonovitch Petrovitch assis sur un banc avec sa femme qu'il enlace tendrement. Le couple regarde leur fils et leur fille jouer dans le module à jeux. Cette vue lui arrache un doux sourire dans le coin des lèvres. Il bénit la famille et continue sa route. Il passe la nuit sur un banc.

En arrivant sur la rue où se trouve son appartement, le 7 juillet en après-midi, il rencontre, à sa surprise, Harald Young en civil ; le chef policier le regarde avec méfiance et peur et prend les jambes à son cou. Carl Neely sent la présence d'un bon esprit à sa droite ; celui-ci lui communique télépathiquement que Harald Young ne lui peut rien faire : il a perdu son emploi et est proche du divorce. En voulant lui faire des problèmes, il se les a attiré. Étonné, Carl Neely remercie l'esprit de l'avoir informé de la situation. L'esprit, avant de partir, dit : « En ce qui concerne Georg Serber et l'infirmière de l'hôpital psychiatrique, ces deux-là ont connu une fin tragique, sauf qu'il ne faut pas les plaindre ; ils ont eu ce qu'ils ont mérité. » Et l'esprit disparaît. Carl Neely frappe timidement à la porte de l'appartement. Maria regarde par le judas. Elle regarde attentivement l'intrus avant d'entr'ouvrir la porte. Reconnaissant l'habit de son mari avant de partir (bien qu'il soit un labeau, d'où son doute quand à l'identité du visiteur), elle lui demande : – Qui êtes-vous et qui cherchez-vous ?

Lui, avec son fort accent serbe, répond : – Je suis Bogdan Popović, un ancien policier et ancien plongeur qui a perdu ces deux emplois. Je cherche Madame Maria Neely, pour lui apporter des nouvelles concernant son mari, Monsieur Carl Neely.

Le sourire aux lèvres (elle pense que c'est peut-être son époux qui est de retour), elle lui ouvre la porte et l'invite au salon. Une fois rendus, Maria désigne une place à son invité et lui demande s'il veut un verre d'eau. Il répond d'un signe de tête affirmatif. Elle revient rapidement avec deux verres remplis d'eau. Maria remarque tout de suite la bague avec le chaton de l'aigle bicéphale serbe. Elle regarde alors furtivement l'annulaire de la main gauche et reconnaît son alliance. Elle pense : « Mon Carl, es-ce toi ? Dieu soit loué ! »

Elle lui demande timidement : – Quelles nouvelles avez-vous à me dire ? Est-ce que mon mari est encore vivant ?

– Votre mari est, Dieu merci, vivant. Ma chère Maria, ne me reconnais-tu pas ?

Elle soupire, puis dit : – Pour me convaincre que tu es vraiment mon mari, je te poses une question : comment a été notre première rencontre ?

Et Carl Neely, abandonnant son fort accent serbe, répond dans le moindre détail leur première rencontre. Une fois reconnu par sa femme, cette dernière s'assied à la droite de son mari et l'embrasse tendrement. Il lui rend son bisou. Carl Neely file dans leur chambre puis dans la salle de bain, où il se douche et change de vêtements plus convenables. Ensuite, il se repose et s'allonge sur le canapé. Nul besoin d'insister sur l'étonnement de Maria quant à son changement physique. Carl lui raconte en résumé son odyssée. Bien sûr, Lada joue innocemment avec ses peluches dans sa chambre, dont la porte est ouverte : ainsi, ses parents jettent un coup d'œil discret à ses jeux.

Lorsque François et Mathieu sont revenus de leurs cours au collège, Maria leur communique la bonne nouvelle. Inutile de dire leur joie. Lada aussi saute au cou de son père ; cette joie enfantine le fait pleurer de joie.

Lorsque Lada dort, Carl résume à Maria, François et Mathieu ses mésaventures. François et Maria lui racontent ensuite ce qui est arrivé entre-temps dans leur ville au cours de son absence : la fouille et la brutalité policière dont ils ont été témoins, leur solitude et isolement. Au moins, il n'est plus recherché depuis le début du mois de juillet, car les policiers font courir la rumeur de sa mort ; par ailleurs, le policier qui les a brutalisé (David Schpigel) est devenu tout à coup muet il y a deux mois, tandis que le professeur Georg Serber est mort le 6 juin, écorché vif par trois patients; de même pour plusieurs docteurs et infirmières de l'hôpital psychiatrique. Ensuite, Carl Neely leur explique aussi son projet de déménagement. Selon ses derniers rêves en date, l'ancien détective-plongeur comprend qu'il doit déménager au Canada, car de grands malheurs attend cette ville, tout comme Grandview.

« D'ailleurs », ajoute-t-il, « je ne peux pas poursuivre mon jeu de rôle indéfiniment. Je ne veux pas que mes collègues se moquent de moi et font courir toutes sortes de rumeurs sur mon compte. » Sa femme et les deux jeunes hommes opinent du chef.

Le soir, le couple dort dans leur lit ; enfin une nuit tranquille aux côtés de Maria.



Le lendemain matin, Carl Neely cherche sur l'ordinateur de bureau sur un site de maisons à vendre au Canada. Après plusieurs heures de recherches, guidé par un bon esprit, il trouve une maison unifamiliale à Edmonton. En poursuivant ses recherches au cours de la semaine, il y trouve aussi de nombreuses offres d'emploi de plongeur et d'aide cuisinier. Content des résultats, il annonce sa décision, après avoir consulter Maria, à François, à Mathieu et à Lada : à la mi-septembre, ils déménageront à Edmonton. Entre-temps, il doit régler les papiers d'immigration et essayer de convaincre Jim Clancy et Mélinda, mais aussi Élie James, de quitter Grandview. Ses amis, contents d'avoir des nouvelles de lui, l'écoutent avec attention. Il lui répondent qu'ils quitteront la ville dès que possible. Le psychiatre, lui, déménage en Alberta avec sa femme (Sophia) et son fils (Daniel, alors âgé d'un an) en août 2013. Jim et Mélinda décident de déménager que plusieurs années plus tard, en novembre 2027. Ils partent avec leurs enfants, bien qu'ils soient des jeunes adultes. La famille déménage dans une banlieue de Montview. Entre-temps, ils règlent le cas de Richard Payne, de Jean Lefrançois et d'autres esprits errants.

Carl Neely et sa famille, une fois rendus à Edmonton, il cherche un emploi ; il est presque aussitôt embauché comme aide cuisinier dans un restaurant du quartier.


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