Le détective Carl Neely

Chapitre 2 : Une enquête ?

5842 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/02/2023 21:30

Une fois rendus chez eux, Carl Neely s'adresse à sa femme : – Marianne, sais-tu sérieusement ce qui est arrivé à Caitlin ?

Marianne bredouille : – À vrai dire, je ne l'ai pas revu à la maison depuis... le début d'octobre. Elle doit avoir fait une crise, comme n'importe quelle adolescente à son âge. Elle a fait une fugue.

– L'as-tu recherché ?

– Je n'ai pas trouvé le temps.

– Pourtant, elle n'est pas recherchée par la police. Si tel était le cas, mes collègues seront les premiers à venir me questionner à son sujet. Alors, qu'est-ce que tu fais ?

– Eh... Rien. J'espère seulement qu'elle reviendra bientôt.

– Et si elle ne revient pas ?

– Non ! Carl, ne sois pas si pessimiste ! Je comprends que ton métier te rend soupçonneux, mais quand même, je ne peux pas abandonner ma fille.

Marianne éclate en sanglots.

Le détective la regarde en face. Silence.

Pour briser ce silence, il dit doucement : – Pourtant, il me semble qu'elle n'est plus en ce monde. Et tu ne t'es pas occupé d'elle, c'est pourquoi tu ignores son trouble anorexique. J'ai essayé un certain temps de la protéger, mais comme elle était plus près de toi que de moi, je ne pouvais pas faire grand-chose. D'ailleurs, m'aurait-elle écouté, puisque je ne suis pas son père ? Pourtant, Marianne, je t'ai averti de sa situation, mais tu ne m'écoutes pas. Pourtant, tu le sais très bien, que je chéris ta fille comme si elle était la mienne.

En séchant ses larmes, sa femme dit : – Je ne le savais pas qu'elle souffrait d'anorexie. Je pensais simplement qu'elle se contentait de regarder des revues, mais je qu'elles agissent tellement sur Caitlin... J'aurais été plus prudente, mais, tu sais, avec mon travail à temps partiel, je ne trouve pas le temps de lui prêter attention.

– Et, moi, j'en trouve malgré que je travaille à temps plein. C'est une mauvaise excuse.

– En fait, comptes-tu vraiment enquêter sur son cas ? Ça ne sert à rien. Si elle revient, elle reviendra, car je garde l'espoir qu'elle soit encore en vie.

Carl regarde encore Marianne en face. Il pense : « Le fait que Marianne me cache ainsi le décès de sa fille n'annonce rien qui vaille. Je devrais donc faire preuve de prudence dans mon enquête. Ah ! J'espère seulement que ce second mariage ne terminera pas comme mon premier ! Je me demande si cette histoire de malédiction de famille est vraie, mais j'espère que tel ne sois pas mon cas. Bidan ja [Pauvre moi] ! »

À ce moment, Caitlin se tient à sa droite ; il sent son odeur. Il dit à sa femme : – Je pense qu'avant de faire quoi que ce soit, je prends deux semaines de congé pour aller voir un psychiatre, car il me semble que depuis l'événement dans la cabine dans laquelle mon ami ambulancier Jim était en danger, je suis un peu bouleversé. Simplement pour m'assurer de mon état mental, car...

– D'ailleurs, qu'est-ce s'est passé ?

– Un homme ivre et armé a voulu tiré sur lui, et nous étions tous les deux blessés. Au cours de mon rétablissement à l'hôpital, j'avais l'impression que Caitlin se trouvait parfois à mes côtés et que je sentait son odeur particulière, mais aussi d'autres odeurs désagréables. D'ailleurs, elle doit être présente, puisque je sens son odeur. Est-ce que tu la sens aussi ?

– Non. mon chéri. Mais, à mon avis, ça doit être une hypersensibilité ou une hallucination olfactive. Je suis d'avis que tu devrais un peu te reposer avant de revenir au travail et que tu devrais consulter un psychiatre.


Carl Neely cherche sur leur ordinateur de bureau les différents noms de cabinets de psychiatres. Au cours de la recherche, son âme sort de son corps, et il est temporairement possédé par Caitlin Mahoney. Ainsi, il prend un rendez-vous avec Éli James, professeur en psychiatrie et en philosophie à l'Université Rockland. Le psychiatre lui répond le lendemain, en lui suggérant un rendez-vous le 9 décembre à 8h30. Le policier accepte. Entre-temps, Carl Neely a un sommeil très agité, car son grand-père et son arrière-grand-père paternels le visitent, lui causant un cauchemar. Il se réveille en sueur et fatigué. De plus, leur odeur cadavérique empuantit ses narines, lui causant une nausée insupportable au matin.



Deux jours plus tard, Carl Neely se rend au cabinet du professeur Éli James à l'heure convenue. Avant d'entrer, il fait le signe de la croix avec trois doigts de sa main droite. Les deux hommes se saluent respectueusement en se serrant la main droite. Une fois assis sur une chaise en face du psychiatre, le détective décline son identité, sa profession et son statut marital, à savoir marier en secondes noces avec Marianne ; de son premier mariage, sa femme et ses trois enfants sont morts dans un accident routier provoqué par des collègues (il travaillait alors dans une autre ville). Éli prend des notes et écoute en silence.

Tout à coup, Caitlin se manifeste à la droite de son beau-père et dit : « Il doit enquêter sur mes parents et sur moi. »

Le policier dit : – Monsieur le professeur James, je me questionne sur mon état mental. Je veux dire que depuis un mois, j'ai des odeurs qui assaillent mes narines, avec l'impression d'une présence, mais sans voir personne. Lorsque je demande à ma femme si elle aussi, elle sent les mêmes odeurs que moi, sa réponse est négative. Je me demande ce qui m'arrive. Est-ce du choc en raison des événements dans une cabine au cours de laquelle j'ai dû me battre avec un homme ivre et armé pour protéger mon ami ambulancier ? D'ailleurs, j'étais atteint d'une balle au ventre, ce qui m'obligea à rester à l'hôpital, et c'est au cours de mon rétablissement que j'ai commencé à percevoir ces odeurs. D'ailleurs, en parlant d'odeur, je sens celle de ma belle-fille, Caitlin Mahoney. Pouvez-vous me confirmer que je n'hallucine pas ?

– En effet, je vous avoue que depuis mon expérience de mort imminente, j'entends les esprits errants. Je vous confirme avoir entendu la voix d'une jeune fille, probablement dans la puberté, dire que vous devez enquêter sur ses parents et sur son cas. Probablement que vous ne pouvez que les sentir, ce qui doit être assez désagréable.

– Merci de me rassurer. Mais parfois, les odeurs sont en effet très désagréables, surtout lorsqu'elles sont cadavériques, car elles m'occasionnent une nausée insupportable.

Après une courte pause, Carl Neely poursuit : – De plus, j'ai eu des rêves bizarres : la nuit précédente à cette intervention dans une cabine pour protéger mon ami ambulancier que vous connaissez sans doute, Jim Clancy, dont il semble que sa femme entend les âmes errantes. C'est pourquoi je l'ai appelé dans ma chambre d'hôpital, afin de me rassurer. Je la remercie.

– En effet, je connais ce couple. Nous sommes des bons amis. Je peux vous dire que Madame Mélinda Clancy est une femme honnête.

– Merci encore une fois de me rassurer. D'ailleurs, j'ai déjà aidé Madame Mélinda Clancy à propos d'une enquête sur son père, il y a quelques années. Mais que je revienne à mon récit. La nuit avant cet événement, j'ai eu un rêve bizarre, dans lequel mon arrière-grand-père et mon grand-père paternels me poursuivent, fermement décidé à me faire périr comme un chien d'un coup de fusil. C'est pourquoi le lendemain, quand Madame Mélinda Clancy m'a appelé et lorsque je me suis rendu près de la cabane, je ne pouvais m'empêcher de redoubler de vigilance, ayant reconnu le lieu du cauchemar. Je me demande s'il est normal d'avoir de tels rêves ou s'il s'agit de ma fantaisie folle ?

– Rassurez-vous, de tels rêves peuvent survenir à n'importe qui. Il n'y a rien d'anormal dans le fait de rêver des événements du passé ou du futur. Simplement, vous devez y accorder plus d'importance.

– Mais les rêves les plus bizarres étaient lors de mon rétablissement à l'hôpital et des deux dernières nuits. Ces deux mêmes esprits (que je ne connais pas très bien, mais qui sont des membres de la famille décédés depuis des siècles) sont venus et me menacent de plus en plus, disant m'attendre pour rejoindre le dieu de nos ancêtres, Wōden. Parfois, ils me griffent (dont au réveil, j'en garde encore des marques) et se nourrissent de mon énergie, ce qui me fatigue les matins. Parfois, je suffoquais sous l'effet de leurs actions. Désolé, mais je ne peux pas dormir avec une telle visite nocturne. Mais le plus étrange encore, c'est cette impression de dédoublement, de voir soi-même agir d'une façon sans en avoir conscience, ou encore à avoir certaine pensée soudaine. Je soupçonne que certains esprits peuvent agir temporairement sur moi. Mais, devrais-je m'inquiéter de ces possessions ? Que puis-je faire ? C'est ainsi que j'ai la certitude que je dois mener l'enquête sur ma belle-fille, que j'aime comme si elle était mienne. Et qu'après cette enquête, je termine ma carrière de policier.

Après quelques minutes de silence, Élie James dit : – À mon avis, vous ne devrez pas vous inquiéter de ces phénomènes, car d'ailleurs, les phénomènes de dédoublements sont connus depuis l'Antiquité, puisque mentionnés même dans l'Iliade. Simplement pour faire une parenthèse, le dieu de vos ancêtres est la variante en vieil anglais d'Odin ou de Wotan, le dieu des Allemands selon le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. D'ailleurs, ses ancêtres le menaçaient lui-même au cours de ses visions de rejoindre leur dieu, Wotan, le cousin germanique de Dionysos. Tout pour vous dire que vous vous trouvez dans une situation dangereuse et que vous devez faire preuve de prudence. Je vous recommande plutôt de vivre avec et de régler le cas de vos ancêtres, qui ne sont pas très bienveillants à votre égard.

– Je le sais, comme dans toute famille. Je sais que mon arrière-grand-père est un Écossais des Highlands et que mon grand-père a immigré aux États-Unis en 1924. Sauf que je ne comprends pas ce qu'ils attendent de moi.

Après une courte pause, Carl Neely poursuit : – Au moins, vous me confirmez trois choses : premièrement, je ne suis pas fou comme je le pensais en entrant dans votre cabinet ; deuxièmement, je dois mener une enquête sur ma famille et ma belle-fille ; et, troisièmement, cette dernière n'est plus parmi... les vivants.

Il termine les derniers mots de sa phrase d'une voix émue malgré tout son sang-froid.

À ce moment, Caitlin Mahoney se manifeste ; son beau-père sourit. Elle dit : « Dites-lui qu'il règle ces enquêtes au plus vite, car il doit absolument tout comprendre ce qui lui est nécessaire avant qu'il ne soit trop tard. Dans les deux mondes, plusieurs individus et esprits n'aiment pas son honnêteté. »

Le psychiatre transmet les paroles au policier, qui s'est levé de la chaise sur laquelle il est assis.

L'âme errante continue : « Surtout, méfiez-vous de ma mère, c'est-à-dire de votre seconde femme ! » Et elle disparaît. Après que le psychiatre lui a transmis les paroles, Carl Neely est confus. Il lui semble que le ciel lui tombe sur la tête et que les apparences sont trompeuses.

Après quelques minutes de silence, Élie James entend deux voix masculines ; Carl Neely sent l'odeur cadavérique et soupire. L'un des esprits (l'arrière-grand-père) parle en gaélique écossais, l'autre (le grand-père) traduit ses propos et commente.

L'arrière-grand-père : – A bheil e a’ smaoineachadh gu bheil e a’ teicheadh ​​oirnn ?

Le grand-père : – Il pense nous échapper ? Il me semble que oui, sauf qu'il ne le peut pas. Il doit payer pour la famille, puisqu'il est une canaille.

L'arrière-grand-père : – Feumaidh sinn a dhol an gnìomh !

Le grand-père : – Il faut agir ! Oui, bien sûr !

Élie James intervient : – Excusez-moi messieurs, mais pouvez-vous décliner votre identité ?

Le grand-père : – Il sait nos noms. Nous n'avons pas à nous présenter devant un étranger. Laissez-nous régler avec Carl nos histoires de famille et tout sera dans l'ordre !

Les deux esprits tournent en sens antihoraire autour du policier, qui a la nausée. Il leur dit : – Pouvez-vous me laisser en paix ? Votre odeur me dégoûte !

Le grand-père réplique : – Non, pas tant que nous réglons pas nos comptes !

Et les esprits disparaissent.

Après une minute, le policier s'assied sur la chaise et demande au psychiatre ce que les esprits ont dit. Celui-ci lui résume les paroles de son grand-père et dit : – Pouvez-vous me dire leurs prénoms ?

– Oui, bien sûr. Mon grand-père paternel se prénomme Adrian, mon arrière-grand-père, Elvin.

Élie James ajoute, après une courte pause : – La seule chose que je peux vous dire est d'être vigilant et que Dieu vous protège ! Couvrez les miroirs, car ils permettent à vos ancêtres de venir ; ils servent de passage entre notre monde et l'au-delà dans différentes cultures. D'ailleurs, vous savez qu'il est néfaste de se regarder dans un miroir après le coucher du soleil. S'il y a de quoi, vous pouvez compter sur mon aide et celle de Madame Mélinda Clancy.

– Merci beaucoup, Monsieur le professeur James.

Les deux hommes se lèvent de leurs chaises, se saluent et se serrent la main droite.


Une fois sorti du cabinet d'Élie James, le policier revient chez lui. Sa femme est absente, car elle est à son travail, comme secrétaire dans une entreprise locale. Il en profite pour fouiller un peu la maison, en vue de trouver des indices confirmant ses soupçons relatifs à Caitlin Mahoney. Il trouve une boîte de Mysimba (des pilules amaigrissantes) à moitié vide dans le tiroir du chevet de sa belle-fille et des boîtes d'autres comprimés, généralement des calmants, dans celui de sa femme. Il poursuit sa recherche dans la cuisine, où il trouve, entre les épices, des boîtes contenant des comprimés. Il prend un comprimé de chacune des boîtes et les range dans un petit contenant en plastique qu'il camoufle dans l'une des poches intérieures de son uniforme. Il fouille aussi dans l'armoire à pharmacie avec miroir dans les toilettes et y trouve des produits suspects dont il amène aussi un échantillon qu'il dépose dans des petits contenants séparés qu'il range ensuite dans une autre poche intérieure de son uniforme. Carl Neely est très perplexe. Il ne sait pas que conclure. Il se souvient du conseil du psychiatre et couvre les miroirs d'un drap lorsque sa femme est au travail et le soir avant de dormir.

Lorsque Marianne revient vers 18h, le détective ne lui révèle rien au sujet de son enquête. Ils prennent leur repas (qu'il prépare). Après la vaisselle, Marianne s'assied sur le canapé au salon pour regarder une émission de télévision. Carl, lui, s'assied à la table dans la cuisine et réfléchit sur les indices qu'il a trouvé. Il ne sait pas que penser, sauf à un potentiel empoisonnement et à un meurtre prémédité de sa belle-fille.

Le soir, le couple dort dans leur lit. Il refuse de l'enlacer. Il fait un rêve bizarre. Il se trouve seul dans une rue, étendu par terre sur le trottoir, ne pouvant bouger, transi de froid. Il entend au loin une voix féminine, qu'il ne parvient point à distinguer tellement ses sens sont affaiblis, dire : « Laissons-la ici, et disons qu'elle est morte de froid ». Il entend des bruits de pas qui s'éloignent, puis silence. Tout autour de lui, il fait noir. La seule lumière est celle des lampadaires. Tout à coup, il flotte au-dessus de son corps. Étonné, Carl se réveille brusquement. Il pense : « Tels sont les derniers moments de Caitlin. Oh, quelle cruauté ! ».


Le lendemain (le 11 décembre 2008), Carl Neely ne parle pas de son rêve à sa femme. Il lui dit qu'il sera gentil avec elle et qu'il s'occuperait de préparer tous les repas et les desserts de la journée. Elle essaye de le dissuader, en disant que la cuisine, c'est son travail en tant que femme, mais le détective ne se laisse pas faire. Lorsqu'il hausse la voix, elle n'ose le fâcher ; elle se fait petite. Il comprend que quelque chose ne tourne pas rond dans l'attitude de Marianne, mais n'ajoute point de commentaire. Et sérieusement, il passe sa journée dans la cuisine. Elle l'assiste, bien sûr. Son mari la regarde à la dérobée lorsqu'elle se trouve près des épices. Lorsqu'elle s'y trouve près, il la demande gentiment de faire une autre tâche (telle que graisser les moules et les plaques à cuisson, par exemple). Ainsi, le couple a confectionné une tarte aux pommes, une quiche lorraine pour le repas du midi (le reste sera répartit pour les autres jours, simplement en réchauffant les portions), un strudel aux pommes et une quiche aux épinards pour le repas du soir. Au cours de la journée, le détective se souvient du papier sur lequel il a griffonné un numéro alors qu'il était à l'hôpital. Inquiet, il fouille dans toutes les poches de son manteau (car il pensait avoir perdu le papier), pour finalement le trouver dans une poche interne. Cette recherche est faite au moment où sa femme est occupée dans la cuisine. Content, il revient dans la cuisine.


Le soir, le pauvre détective comprend en rêve la fin tragique de sa belle-fille. Elle a été assommée par un mélange de médicaments, qui, combinés avec sa dose de Mysimba, sont responsables d'un arrêt cardiaque et, même si elle survécut à l'arrêt cardiaque, d'autres troubles sont occasionnés, entraînant la sortie de son âme de son corps. Elle était accompagnée de sa mère et de quatre policiers masqués. Une fois que la mort est effectivement constatée, ils abandonnèrent le corps de la jeune fille dans un cul-de-sac. L'âme de Caitlin, indignée, demande au détective d'être prudent pour retrouver son corps, car des collègues planifient un attentat sur lui. Carl Neely se réveille en sursaut. Il garde les yeux ouverts dans le noir, fixant le plafond de la chambre. Il ne parvient point à dormir du reste de la nuit. Il passe alors son temps à prier l'ange Michel, le protecteur de la police. Il sent l'odeur de sa belle-fille, le troublant de sentiments paternels.



Le lendemain matin (12 décembre 2008), le policier dit à sa femme : – Marianne, je pense que je consulterais le Professeur Élie James, car il saurait me régler de mes sommeils troublés depuis ces derniers temps.

– Ça doit être un trouble de stress post-traumatique depuis ton intervention dans la cabine.

– Peut-être, mais je confirmerais avec lui. Heureusement, je me laisse le temps de me rétablir pour revenir au travail, mais il me manque tellement. J'ai hâte de reprendre !

– Mais, enfin, Carl, laisses-toi le temps de reprendre un air normal. Tes cernes creux me font peur ! Simplement, tu dois plus dormir et être moins stressé. On dirait que ton hospitalisation t'a vieilli de quelques années.

– Je le sais, ma chérie, mais je n'ai pas le temps et je ne parviens pas m'endormir, puisque je suis très tendu depuis mon retour de l'hôpital. Désolé. Et c'est pourquoi je veux voir le Professeur James demain.


Sur ces paroles, Carl Neely s'empare du téléphone et compose le numéro du cabinet du psychiatre. À ce moment-là, sa belle-fille se manifeste à lui, lui arrachant un sourire au coin des lèvres. Mais lorsqu'il commence à parler au téléphone (il tombe sur la boîte vocale d'Élie James), l'odeur nauséabonde se manifeste, le gênant dans ses propos, qu'il bredouille entre deux grandes inspirations. Puis, il décroche le téléphone. Marianne le regarde bizarrement. Carl lui jette alors un regard interrogateur et lui explique sa réaction. Se contentant de cette réponse, elle le regarde avec méfiance ; lui de même. Ils se fixent ainsi pendant quelques minutes, jusqu'à ce que le téléphone sonne : c'est le numéro du Professeur James. Le détective, content d'entendre la réponse positive, en informe sa femme, qui feint de partager sa joie. La rencontre est fixée le lendemain, malgré qu'habituellement le psychiatre ne travaille pas un samedi, mais il décide de faire une exception pour lui. Le reste de la journée se déroule sans incident, car Carl s'occupe personnellement de la cuisine, ce qui inquiète un peu Marianne, sauf qu'elle ne laisse rien paraître. Elle est au travail au cours de l'après-midi, ce qui laisse le temps au détective de poursuivre ses réflexions. Tout à coup, Caitlin se manifeste à lui, qui, ainsi guidé par l'odeur, il trouve un autre indice, à savoir une dizaine de boîtes de midodrine (médicament augmentant la pression artérielle) et de carteolol (médicament hypotenseur bétabloquant qui diminue les effets cardiaques) dans un tiroir entre des tisanes. Il n'est que plus qu'impatient de reprendre son travail, afin de porter au laboratoire de l'hôpital Mercy les différents médicaments trouvés pour savoir leur nature.


Le soir est agité pour le pauvre détective (il a oublié de couvrir la psyché de sa Marianne dans leur chambre) : il est allongé sur un lit, encadré de ses parents. Il est immobilisé et comprend qu'ils l'affaiblissent psychiquement. De plus, les grands-parents maternels et paternels se joignent à eux, formant un cercle autour de lui. Il les supplie mentalement de le laisser en paix, mais ils ignorent ses supplications. Son âme parvient à grand-peine à rejoindre son corps le matin, le réveillant brutalement. Il est plus fatigué que lorsqu'il s'est allongé dans le lit pour dormir.



Le lendemain (13 décembre 2008), Carl Neely se rend au cabinet du Professeur James. Ils se saluent. Le psychiatre remarque son air fatigué. Carl dit : – J'ai des nuits très agitées depuis notre dernière rencontre. J'ai vécu en rêve les derniers moments de ma belle-fille, ce qui confirme mes soupçons d'empoisonnement... C'est terrible. Mais, est-ce normal de vivre de tels rêves, comme si j'étais à sa place ?

– Oui, soyez-en rassuré.

– Monsieur le Professeur, puisque vous entendez les esprits, quel message vous ont laissé mes grand-père et arrière-grand-père paternels ? Si je vous pose la question, c'est parce que j'ai senti hier leur odeur cadavérique, alors que je laissais un message sur votre boîte vocale.

– En effet, ils ont dit que je dois vous laisser seul régler votre histoire de famille. Sauf qu'à mon avis, vous ne devez pas suivre ce conseil, surtout lorsque vous vous méfiez de votre femme. Car dans ce cas, vous êtes seul. Or, vous savez que l'isolement est la pire chose qui peut vous arriver, surtout si ces esprits malveillants comptent vous jouer un mauvais tour. Mais ne vous inquiétez pas, monsieur, sachez que vous pouvez discuter avec moi de vos rêves ; je vous aiderai au mieux de mes connaissances pour les interpréter. D'ailleurs, c'est mon travail en tant que psychiatre. Et ce, en toute confidentialité ; je ne divulguera point une partie de ce que vous me dites à qui que ce soit.

– Je vous remercie de cette discrétion. Mais comment savez-vous que je me méfie de ma femme ?

– Mon instinct, monsieur.

– Au moins, vous me seriez une aide précise, car je suis désemparé... Et je... je ne suis pas certain... de vouloir mener deux enquêtes. Il me semble que ceci dépasse mes forces.

– Bon sang ! Reprenez courage ! C'est ça, votre métier de détective !

Carl Neely bredouille : – Oui... Vous avez raison. Mais il n'en demeure pas moins que je suis concerné personnellement dans les deux enquêtes, ce qui est techniquement, un conflit d'intérêt.

– Laissez de côté le fait que ce soit un conflit d'intérêt. Si c'est l'âme errante de votre belle-fille qui exige que vous menez les enquêtes, faites-les et soyez prudent.

– D'accord, je me rends à votre avis. Mais, monsieur le professeur, le plus bizarre est sans doute le rêve de hier soir, dans lequel j'étais immobilisé sur un lit, entouré de mes parents et de mes grands-parents, qui m'affaiblissent. Je leur échappe à grand-peine. Qu'est-ce que je dois comprendre de tout ça ? Entre ma belle-fille et ma famille, ces enquêtes me rendent fou, et je n'ai que commencé. À peine débutées, elles me fatiguent. J'ai presque envie de demander à un collègue de faire l'enquête sur Caitlin.

À ce moment, l'âme de sa belle-fille se manifeste ; intrigué, Carl Neely attend, car il voit que le psychiatre a l'oreille tendu, comme s'il écoute les propos de Caitlin. Le psychiatre dit : « Votre belle-fille vous dit de ne pas abandonner les enquêtes. Elles sont vôtres. Sinon, vous êtes en danger, car vos ancêtres et vos parents sont contre vous et ne souhaitent point que la vérité soit découverte. »

Carl Neely étonné : – Mais, Caitlin, si je peux te poser une question, pourquoi tu restes encore à mes côtés ?

L'âme errante : – Pour te protéger d'eux et t'avertir de certains dangers. L'important est de garder confiance en toi et en la protection dont tu bénéficies dans le monde des Esprits.

Lorsque le psychiatre lui transmet la réponse, le policier dit, étonné : – Moi, protégé ? Par qui ? De qui ? Et pourquoi ?

Caitlin : – Tu comprendras un jour.

Carl Neely : – Mais Caitlin, pourquoi es-tu si attachée à moi ? Tu sais très bien que je ne suis que ton beau-père, car il me semble qu'habituellement, personne n'aime ses beaux-parents.

Caitlin : – Je t'apprécie, car tu aurais dû être mon père, puisque tu l'as été dans plusieurs de nos vies passées. Mais ma mère, en se mariant à celui qui est dans cette présente vie mon père, à brouiller notre généalogie. D'ailleurs, je dois forcément l'avoir mérité ! Mais si tu souhaites avoir un enfant, ce ne sera point avec ma mère, car elle est un monstre et non une mère !

Puis elle disparaît.

Lorsque le psychiatre lui transmet la réponse de sa belle-fille, le policier est perplexe.

Élie James commente : – Vous comprendrez un jour pourquoi tous ces phénomènes du monde des Esprits surviennent à vous, car vous n'êtes pas n'importe qui, comme vous le pensez.

Carl Neely, étonné : – Comment vous pouvez conclure ainsi ? Tout ceci me dépasse.

– Non, il ne faut surtout pas vous sous-estimer ! Ce serait une grave erreur qui vous fera sombrer dans un désespoir et une mélancolie. C'est ce que veut votre chère famille, qui vous a choisi pour bouc émissaire. Pouvez-vous comprendre ce fait ?

– Euh... Oui.

– Alors vous saviez ce qui vous reste à faire.

Un silence lourd s'installe entre les deux hommes. Après quelques minutes, ils se saluent et Carl Neely, perplexe, revient chez lui.

Sa femme l'attend dans la cuisine ; elle s'apprête à réchauffer les portions de quiche aux épinards. À ce moment, l'odeur cadavérique de ses ancêtres envahit ses narines et la pensée suivante lui vient à l'esprit : « Marianne a saupoudré la quiche de médicaments. » En effet, elle a saupoudré la portion de son mari d'un médicament. Ceci lui coupe l'appétit. Il fait mine de prendre le repas, mais ne fait que jouer avec les ustensiles, s'excuse et se lève en prétendant avoir un malaise et file au salon s'allonger sur le canapé. Marianne lui demande doucement s'il est certain qu'il n'a pas faim, car le plat est excellent. À ce moment, Caitlin se manifeste et lance une fourchette en direction de sa mère, qui regarde vers la direction de laquelle provient l'objet. Carl se lève et s'assied sur le canapé. Marianne s'assied à ses côtés. Ils s'entr'observent, perplexes. Le policier sent encore l'odeur de sa belle-fille et celle cadavérique de ses ancêtres. Ce mélange d'odeurs n'annonce rien de bon. Il prend lentement la fourchette, qui est tombée sur le canapé, entre lui et sa femme. Mais Caitlin lance le couteau qui tombe exactement entre eux, pointé vers le détective, qui ne peut s'empêcher de tressaillir. Pendant une fraction de seconde, il voit dans le regard de sa femme, qui ne peut pas cacher ni son étonnement ni son sourire, quant à la position du couteau. Les ancêtres répliquent en lancent l'autre couteau qui se trouve sur la table, sauf que le détective se lève à temps pour ne pas le recevoir sur lui. Les esprits disparaissent. Un moment de silence tendu entre le couple. Marianne ramasse en vitesse les ustensiles et les remet sur la table. Ensuite, elle revient au salon pour convaincre Carl de manger avant que le plat ne refroidisse complètement. Il feint d'accepter et tous les deux s'assoient à table. Le policier avale timidement quelques bouchées, au désespoir de sa femme. En après-midi, il se plaint de douleurs au ventre puis s'endort sur le canapé. Il fait un cauchemar, au cours duquel Marianne, ses parents, ses grands-parents et ses arrières-grands-parents l'immobilisent et veulent le réduire à moins que rien. Au réveil, il sent l'odeur cadavérique qui l'étouffe. Sa femme, alertée par le bruit (puisqu'il tousse très fort et l'air lui manque), feint d'être effrayée et compose le 911.

Quelques minutes après, Jim Clancy, avertit quelques secondes avant par Caitlin Mahoney, avec Tim Flaherty, font irruption dans la maison du policier. Caitlin supplie Jim de faire quelque chose, car Carl ne doit pas quitter le monde des vivants tant qu'il ne règle pas certaines affaires. Jim jette un coup d'œil rapide au policier et comprend ce qui se passe : quatre sombres esprits l'attaquent à la gorge et à la poitrine, pour l'étouffer. Les ambulanciers agissent rapidement. Le policier, allongé sur le dos, est réanimé ; les mauvais esprits disparaissent lorsque Jim les fait fuir par des malédictions. Le policier reprend ses sens et remercie les ambulanciers de leur rapide intervention.


Une fois les ambulanciers sortis de la maison de Carl Neely, Marianne s'approche de lui et l'enlace tendrement, mais il lui échappe. Silence et regards méfiants réciproques. Carl s'éloigne d'elle, marchant à reculons, et s'enferme dans son bureau. Marianne, après avoir ajouté une autre couche de médicaments en miettes sur la portion de son mari, frappe doucement la porte de son bureau et dit d'une voix douce : – Est-ce que tu veux terminer ton assiette ? Tu dois avoir une faim de loup. S'il te plaît ! En plus un plat que tu as fait toi-même avant-hier.

– Laisses-moi tranquille !

Inquiète du ton rude, Marianne range la portion dans un plat séparé, sans oublier d'ajouter une autre couche de médicaments émiettés.

Le détective, dans son bureau, réfléchit sur son rêve ; il conclut que sa femme est avec ses ancêtres et qu'ils agissent à travers elle, sauf qu'il ne comprend pas pourquoi ils s'acharnent tant sur lui. Cette pensée le jette dans un désespoir inimaginable. À ce moment, Il sent une odeur virile à sa droite. L'âme de Carl sort de son corps, laissant la place à son hôte, un vieil policier à la mine sérieuse. Au cours de cette courte possession, il griffonne sur une feuille un numéro, puis un nom et l'âme du détective revient dans son corps. Perplexe, il conserve précieusement la feuille et remercie mentalement son hôte bienveillant, car il comprend qu'il s'agit d'un numéro de dossier d'archive concernant l'une de ses enquêtes.

Au cours du restant de la journée, le couple est à froid. Le détective refuse de manger ce que sa femme lui offre, préférant plutôt rester sur sa faim – mais, d'ailleurs, il n'a pas faim, étant donné l'horrible puanteur qui entoure Marianne, un mélange d'odeur cadavérique (l'odeur des ancêtres paternels) et excrémentielle (l'odeur des ancêtres maternels). Étonnée, elle essaie de le convaincre, mais en vain ; plus elle insiste, plus il est irrité. Il quitte la cuisine et s'allonge sur le canapé.


Le soir, Carl Neely reçoit encore la visite de ses ancêtres, qui le traquent sans pitié. Il leur demande ce qu'ils veulent de lui et pourquoi doit-il payer pour eux. Adrian, son grand-père paternel, lui répond qu'il doit payer pour tous les péchés de la famille ; il peut seul s'accuser lui-même de ne pas savoir comment y échapper. Le détective se réveille en sueur. Les âmes des ancêtres se trouvent dans la chambre, empoisonnant l'air de leur mauvaise odeur. Elles tentent encore une fois de l'étouffer. Sa femme, réveillée par la grosse toux, regarde son mari. Comprenant qu'il étouffe, elle appelle à nouveau les ambulanciers. Sauf que cette fois, ce sont deux collègues de Jim, possédés par Adrian et le grand-père maternel. Ils font semblant de se dépêcher, mais son cas ne fait qu'empirer. Carl, ne supportant ni les mauvaises odeurs de ses ancêtres, ni l'asphyxie, sort de son corps et supplie les mauvais esprits de laisser son corps tranquille. Il regarde son corps, sans connaissance, mais, en une fraction de seconde, il parvient à le regagner, car son protecteur policier est venu, faisant fuir les mauvais esprits et il possède le corps de l'un des ambulanciers pour le pousser à faire les bons gestes pour le secourir. Une fois revenu à lui, perplexe, le détective remercie mentalement son sauveur, puisqu'il se trouve à sa droite, afin de s'assurer que les mauvais esprits ne reviennent point le déranger. Puis, l'esprit-policier disparaît.




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