Le Boucher

Chapitre 1 : Bâtard mais pas traître

1228 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 22:35

Inquiétante ombre noire dans la lueur bondissante du feu, l’homme était accroupi, enveloppé dans son manteau, pensif, et buvait à petites gorgées le vin d’un pot en grès perdu dans son poing ganté. Son armure moulante et ses braies de cuir sombre portaient des taches fraîches de sueur et de sang ; sa manche droite était retroussée sur un pansement zébré de rouge entourant un bras épais aux muscles noueux. Une sangle rehaussée de clous d’argent barrait son torse puissant, retenant solidement un fourreau d’épée vide derrière sa solide épaule droite. L’épée elle-même se tenait devant lui, la pointe fichée dans une racine d’arbre torturée. Une épée en acier Valyrien capable de trancher les jambes d’un cheval au galop. Une épée qui a tué son ami, une lame rougie du sang des traîtres, car Mors Westford est plus qu’un membre de la garde de nuit, c’est aussi un patrouilleur et un traqueur hors par, il représente la loi au mur, tout ceux qui désertent la garde sont pourchassés et tués sans sommation. Et Mors en a tué des traîtres, de même que les sauvageons, des pillards du nord qui cherchent à franchir le mur pour gagner le sud, semant mort et chaos au passage. Oui, Mors en a tué et même beaucoup. Lui qu’on surnomme le boucher, un titre aussi sinistre que le rang de chevalier ou de seigneur. Il regarde le jeune homme inconscient étendu a ses cotés, il portait les fourrures et une épée en acier Valyrien qu’il tenait dans ses bras comme si il craignait qu’elle s’échappe. Mors avait identifié le jeune homme grâce à « Grande Griffe ». L’épée que Jeor Mormont avait offerte au jeune Snow, en récompense de son courage. Comme si le courage avait besoin d’être récompensé ! Fit Mors intérieurement, nul récompense n’est envisagé avec le devoir, surtout dans la garde de nuit.

Jon Snow avait le sommeil agité, le regard d’Ygrid était autant transperçant que ses flèches, il voulait lui dire qu’il l’aimait toujours, que son devoir de garde ne l’empêchait pas d’éprouver des sentiments pour elle, et que c’était le monde qui était ainsi, il ne voulait pas tuer des innocents, tout comme il ne désirait en aucun cas trahir la garde. En ouvrant subitement les yeux, il regarda autour de lui et ne vit qu’un feu de camps en pleine nuit étoilé, et des yeux bleus aussi glacials que ceux des marcheurs blancs. Ses blessures étaient soignées et il n’avait plus de fièvre, il se redressa et vit Grande Griffe étendue à ses cotés. Un détail qui le rassure, l’homme jette une autre bûche sur le feu et laissa du répit au jeune Snow, ce dernier en grimaçant de douleur parvint a s’assoir, le garçon a du cran c’est sur, le portrait craché de son oncle Benjen.

- Il faut qu’on parle, déclare Mors d’une voix profonde.

- Merci, fit Jon d’un murmure, sans vous je serais mort.

- Et je t’aurais tué à nouveau en te brûlant, réplique froidement Mors. Tu sais de quoi je parle n’est ce pas ?

- Oui. Fit Jon en hochant la tête.

- Ils sont là, et comme dit l’adage de ta famille « L’hiver arrive ». Et les sauvageons continuent de traverser nos lignes, combien sont-ils, Snow ?

- Dix mille, peut être plus.

- Soit précis mon garçon, les détailles comptent.

- Trente mille hommes.

- Trente mille hommes, sont-ils bien nourris ?

- Ils chassent la plupart du temps, mais ils possèdent de bonnes réserves. Mance pourra tenir plusieurs mois de sièges sans en souffrir.

- Des engins de sièges ?

- Des béliers, des Mammouth, et aussi des géants.

- Des archers montés ? Une cavalerie ?

- Ni l’un, ni l’autre, de ce coté là ils sont désorganisés. Mais ils possèdent des changes peaux, ils pourraient nous espionner en ce moment même.

- Personne ne nous espionne mon garçon, sois tranquille.

Jon le regarda intrigué, il le connaissait seulement de réputation, chaque frère de la garde parlait des talents de traqueur du Boucher pour éliminer les déserteurs, on disait même qu’il montrait une hargne peu commune au combat et qu’il faisait souffrir les recrus aux entraînements.

- Maintenant revenons a toi. Fit Mors en le regardant gravement. Tu étais prisonnier ou as-tu déserté le mur ?

- Si j’avais déserté le mur je ne serais pas là, fit Jon outré.

- Où est le Mimain ?

Jon inspira longuement puis lui raconta tout. Le sacrifice du Mimain, sa rencontre avec Mance, puis son escalade du mur, et enfin sa fuite.

- Ygrid est ton amante ?

Jon se figea puis le regarda ahuri, comment savait-il pour Ygrid ?

- Le délire délit les langues, mon garçon. Sois rassuré, ton secret est scellé avec moi, mais c’est ma dernière faveur.

- Merci monseigneur.

- Pas de seigneur avec moi, fit Mors d’une voix farouche. On est frères et nous avons une mission, défendre le mur au péril de notre chienne de vie. Et la situation est loin d’être rassurante, tu le sais bien. Nous sommes peu nombreux et nous ne tiendrons pas un siège avec le peu d’homme que nous avons. Chaque garde doit aiguiser sa lame, à commencer par toi, jeune Snow. Mieux vaut la mort que la souillure.

Jon opina du chef, quelque part Mors lui rappelait le commandant Mormont, les deux hommes sont taillés dans le même granit, tout deux bourrés d’honneur et de noblesse.

- Repose toi, nous avons une longue route à faire.      

 

 

 

 

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