Rhaenys

Chapitre 1 : La chute

940 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 16:19

Rhaenys

Chapitre 1 : La chute

 

Je me souviens que tout allait bien. Comme à chaque fois que je chevauchais Meraxes, je ne faisais plus qu'un avec lui et le ciel tout entier nous appartenait. Cette sensation de puissance m'avais submergé une fois de plus et j'avais mis ma vie entre les mains de ma monture en fermant les yeux pour me laisser aller. J'aurais dû être plus vigilante. Je me souviens du brusque changement d'altitude, du hurlement presque humain du dragon, puis de la descente aux enfers.

La tête me tournait tellement que je ne savais plus où était le haut et où était le bas. Où suis-je ? Une brusque douleur dans le poignet droit me ramena sur Terre et le voile flou devant mes yeux se dissipa. Meraxes était là, sous moi. Agonisant. Son corps avait amortit ma chute. La chute. Que s'était-il passé ? Une douleur aigüe explosa dans mon crâne et je poussai un faible gémissement. Le goût métallique du sang me monta à la bouche et je retint un haut-le-coeur. Mon état pourrait être pire. Mais Meraxes ? Je tendis une main tremblante vers le museau du dragon. Son poul ralentissait dangereusement, je le sentais dans chaque veine de mon corps. Meraxes. Je passai mes doigts sur ses écailles comme pour lui insuffler ma propre énergie. Je faillis tourner de l'oeil en sentant la tiédeur du sang qui coulait de son oeil transpercé d'une flèche. Meraxes. Il avait replié ses immenses ailes aux fines membranes autour de mon corps, comme pour me protéger. Meraxes, idiot, c'était à moi de te protéger. Ses pattes brisées étendues dans la poussière étaient agités de quelques soubresauts. Son oeil intact roulait faiblement dans son orbite. Une Targaryenne ne pleure pas. Une Targaryenne ne pleure pas. Une Targaryenne ne...J'essuyais d'une main tremblante les larmes qui coulaient sur mes joues. Meraxes l'Invinsible ne pouvait pas mourir comme ça, achevé en plein vol par une flèche égarée. Comment un dragon aussi puissant et magnifique avait-il pu dégringoler de 200 pieds en l'espace de quelques secondes ? Et puis mon estomac se noua quand je compris. Ce n'était pas une flèche égarée. C'était une embuscade. Je me redressai péniblement et me retrouvai en position assise sur le ventre de Meraxes. La lèvre tremblotante, je regardai autour de moi pour m'assurer que nos ennemis n'étaient pas venu m'achever. Rien aux alentours, à part les d'arbres brisés par la chute du titanesque dragon qui gisaient là. Je posai doucement mes mains couvertes de sang sur son ventre. Autrefois chaud et toujours accueillant lors des nuits froides passées dehors, il était à présent froid. La vie le quittait. Et moi je devais partir. J'étais encore en vie grâce à Meraxes qui avait donné la sienne pour me sauver, sa mort ne devait pas être inutile. Je posai un doigt tremblant sur son museau en geste d'adieu. Mais j'étais incapable de bouger. Je ne pouvais pas le laisser là. Combien de fois avions nous fusionné dans le ciel en nous promettant un jour d'aller au-delà des Mers du Crépuscules ? Je me rendis compte à quel point j'étais idiote. Aegon et Visenya n'accordait pas tant d'importance à ce qu'ils appelaient "leur monture" ou "leur arme de guerre". Ce n'est qu'un animal, me répétais-je en espérant que la douleur de sa perte s'atténue, qui m'a bien servis. Meraxes souffrait horriblement, je le voyais. Il ne méritait pas cette mort. Je sortis lentement un couteau de chasse de ma ceinture. Je portai une main à ma tête fiévreuse ; je n'arrivais pas à aligner deux pensées logiques. Je finis par prendre une grande respiration, regarder posément le dragon et poser une main sur son torse ensanglanté.Pardonne-moi. Le coup fut net et précis : j'avais bien visé le coeur et Meraxes mourut sur le coup. Je restai un instant là, indécise, à me demander comment on en était arrivé là. Je reviens vite à la raison ; je devais m'en aller, et vite. Le couteau pouvait m'être très utile : je le récupérai alors et le bruit mou qu'il produisit en s'extirpant me souleva le coeur. Je me mis debout sur mes jambes mal assurées et m'éloignai en titubant du corps du dragon, le laissant là à contre-coeur. Je me pliai subitement en deux et dégobilla le peu que j'avais dans l'estomac. Je pris une bouffée d'air fraîche, regardai le ciel en souhaitant de toute mes forces pouvoir revoler un jour, et je finis par m'enfoncer dans la forêt sans un regard en arrière. La route jusqu'à Port-Réal risquait d'être longue.

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