Game of Thrones : Fire and Ice.
Chapitre 46 : Chapitre 46 = Le procès. (plusieurs personnages)
5633 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 30/08/2019 15:57
CHAPITRE NUMERO QUARANTE-ET-UN : LE PROCÈS.
TYRION LANNISTER.
La grande salle de Winterfell avait été investie par les seigneurs du Nord ainsi que par Daenerys et ses fidèles. Pour sa part Tyrion ne savait dans quel camp il se situait lui-même. Devait-il demeurer loyal à cette femme qu’il avait choisi comme reine et qui l’avait nommé Main ? Ou devait-il au contraire tout faire pour que son frère échappe à la peine de mort à laquelle il semblait irrémédiablement destiné ?
Tyrion avait une idée de ce qu’il lui fallait faire. Mais l’écouterait-on ? L’écouterait-elle ? Il ne gageait de rien puisque l’éclat froid des iris de Daenerys promettait que Drogon serait impliqué dans le trépas de Jaime et Tyrion ne se souvenait que trop bien d’une scène similaire où les victimes avaient été les Tarly.
La veille au soir Tyrion avait été trouvé son frère qui patientait dans l’un des cachots profond que comptait Winterfell. Le principal intéressé ne comprenait pas pourquoi il se trouvait dans cette situation.
« J’ai tenu ma parole, avait-il glapit. Je suis venu concourir auprès de Winterfell dans la lutte contre les morts. Et comment m’en a-t-on remercié ? En me jetant ici avec un pichet d’eau et du vieux pain moisi. »
Tyrion connaissait la réponse. Jaime payé pour son crime qui consistait à avoir tué le roi fou. Jaime avait néanmoins assez de jugeote pour avoir conscience que ce geste était lié au procès. Toutefois il ne démordait pas contre cette injustice. Tyrion lui avait expliqué que ce n’était pas le seul grief qu’on lui reprochait et en l’absence de Cersei suite à la trahison de cette dernière, ce serait Jaime et non sa jumelle de sœur qui paierait les pots cassés.
Et à présent Jaime se tenait debout, droit et fier malgré son apparence hirsute depuis ses cheveux mal coiffés et sa barbe qui lui dévorait son faciès. Tyrion ne pouvait que prier les Dieux pour que son frère ne prononce pas un mot qui le prendrait à défaut. Seulement Jaime était parfois comme lui. Il ignorait quand il était préférable de tenir sa langue.
Tyrion fixa une fois de plus Daenerys. La jeune femme était assise à la table des maîtres des lieux, se tenant entre Jon et Sansa. Pour ce premier Tyrion pouvait déterminer le sujet de ses préoccupations rien qu’à la posture de son corps. En effet Jon avait décrété que ce procès était une perte de temps puisque leur véritable ennemi demeurait toujours dans les contrées du Nord et qu’il pouvait frapper à nouveau et ce à tout moment.
Jon avait néanmoins concouru à ses côtés pour que Jaime ait le droit à un jugement bien que pour Tyrion et Jon ceci impliquaient davantage à un conseil restreint pour statuer du sort de Jaime. Seulement voilà, il paraissait limpide que Daenerys cherchait à user de ce biais pour démontrer sa puissance tout en envoyant un message aux lords du Nord qui se défieraient encore de sa personne.
Une décision que Tyrion était loin d’approuver et il en regrettait presque de ne pas avoir de petits oisillons pour lui apprendre comment les Nordiens réagissaient à cette mascarade. Sûrement pas de la meilleure des façons et loin de s’attirer les faveurs des locaux, Daenerys s’en éloignait un peu plus chaque heure qui passait.
Tout à coup la voix de celle-ci perça le silence qui régnait.
« Lorsque j’étais petite mon frère Viserys m’a longuement conté comment notre famille fut trahie par la vôtre. Comment l’homme qui s’était juré de protéger notre père s’est parjuré pour lui planter un poignard dans le dos. Comment cet homme s’est ensuite assit sur le Trône, pas peu fier d’avoir commit ce forfait. Et aujourd’hui cet homme se tient face à moi, apportant une fois de plus la preuve de la félonie des Lannister. Qu’avez-vous donc à dire pour votre défense ser Jaime ? »
DAENERYS TARGARYEN
Elle toisait Jaime Lannister sans ciller. La colère qu’elle éprouvait de voir ce faciès haït depuis des années sourdait par chacune de ses pores. Viserys qui le lui avait décrit dans la mesure du possible et cependant Jaime Lannister ne ressemblait en rien à l’image qu’elle s’en était faite. Il restait toutefois le visage de l’ennemi, celui qui n’avait pas hésité à éliminer son souverain au moment où ce dernier en avait le plus besoin.
Daenerys était prête à l’exécuter sur le champ. Il lui suffisait d’un hochement de la tête pour que Jorah consente à étêter ce félon de Lannister et l’avantage d’avoir un homme tel que Jorah dans ses rangs c’est que ce dernier ne viendrait pas à contester son autorité. Malgré tout elle n’en fit rien, s’étant portée garante d’accorder le droit à un procès.
Il n’en restait pas moins qu’au cours des dernières années écoulées, Daenerys avait découvert bien des choses au sujet de son père. Un homme qui avait été prêt à brûler des milliers d’innocents avec l’espoir que ce geste l’aide à se débarrasser de ses multiples ennemis ne pouvait être un souverain digne de régner sur un royaume comme celui de Westeros. Sans l’intervention de Jaime qui pourrait prétendre pouvoir affirmer ce que le royaume serait devenu avec un homme tel que Aerys au pouvoir pendant encore des années. Daenerys se refusait toutefois à évoquer ce dernier point qui donnerait du crédit à la défense de Jaime Lannister.
Car la jeune femme à la chevelure blonde escomptait faire de Jaime un exemple. Cersei avait trahi sa parole et il fallait qu’elle paye. Et quoi de mieux que de condamner cet homme qui était tout autant son jumeau que son amant. Qui plus est, Daenerys restait consciente du désamour des seigneurs du Nord malgré les courbettes que certains lui accordaient pour avoir apporter son assistance dans la guerre contre le Roi de la Nuit.
Cette pseudo-allégeance perdurerait tant que leur adversaire ne serait pas définitivement vaincu. Daenerys pouvait tout de même prédire la suite des événements. Sitôt la Grande Guerre terminée, le Nord se détournerait d’elle et de ses prétentions au Trône de Fer.
Or Daenerys ne se croyait plus en mesure de contrer facilement Cersei. Car cette dernière avait renforcé sa puissance militaire à contrario de Daenerys qui avait perdu des milliers de Dothraki et Immaculés. D’autant plus qu’il y avait de fortes probabilités pour que ses troupes s’amenuisent encore d’ici à ce que le Roi de la Nuit soit défait. Si tant est qu’ils y parviennent.
Le procès en cours devait être suivi d’un conseil qui viserait à évoquer les prochaines étapes qui les attendaient. Daenerys en regrettait d’avoir à en passer par là. Si elle s’était écoutée dès le début, Cersei serait déjà hors d’état de nuire et elle n’aurait qu’à se soucier du Roi de la Nuit. Une fois l’intéressé vaincu elle n’aurait plus rien à craindre et même ceux du Nord se tiendraient à carreau sous peine de subir son ire et de devoir faire face au feu de ses dragons.
La pensée de ceux-ci lui rappela que Rhaegal n’avait pas été vu depuis la fin de la bataille. Jon avait beau affirmé l’avoir éloigner de la zone des combats, comment voilà une chose qu’elle ignorait, Rhaegal demeurait pourtant introuvable et elle redoutait qu’il n’ait eu à subir un sort similaire à celui de Viserion dont elle avait réduit la dépouille à néant par l’intermédiaire de Drogon.
Quoiqu’il en était, Daenerys devait oublier tout ceci pour se focaliser uniquement sur cet homme qui avait occis son patriarche et qui se tenait debout face à elle avec une expression qu’elle qualifia d’arrogance. Elle l’a lui ferait bientôt ravaler, ça oui. Et que Tyrion ne commette pas l’imprudence de se porter garant de son frère auquel cas il risquait de connaître le même sort que son parent.
« Je ne suis pas Cersei, clama Jaime. Et lorsque je prête un serment je m’y engage. J’ai promis de concourir à vos côtés durant ce conflit entre les vivants et les morts. J’escompte mener à bien cette allégeance.
-Pourtant votre sœur n’en a rien fait malgré de belles paroles qui abondaient en ce sens, lui rappela Daenerys. Pire, outre son ignominieux mensonge voilà qu’elle a décidé d’avoir recours à des milliers de mercenaires pour s’opposer à nous autres et ce sans se soucier de la principale menace qui plane sur nous tous.
-Un péril que je ne sous-estime pas, soyez-en certain. Voilà pourquoi lorsque sa félonie éclata au grand jour, je n’ai pas hésité à la quitter afin d’apporter l’aide promise, assura Jaime.
-Un acte noble de la part du régicide, ironisa une voix dans l’assistance. »
Cette remarque émanait plus que certainement d’un seigneur Nordien. Daenerys ne chercha pas à en connaître l’auteur. Elle n’avait pas confiance en Jaime ni à aucun d’entre eux. Toutefois elle avait l’occasion d’asseoir son autorité et le ferait et qu’importe les arguments de Jaime pour prouver sa bonne foi.
« Vous avez pourtant été membre de la Garde Royale. C’est même mon père qui vous a adoubé pour en faire partie si je ne me trompe pas. Un homme qui prétend tenir à sa parole n’a pourtant pas hésité à se fourvoyer dès que la première occasion se présenta.
-Votre père tenait à réduire à néant la capitale et tous ses habitants et qu’importe que ceux-ci lui furent fidèles ou non. Je défie quiconque de se trouver à ma place et de demeurer impassible face au sort qui attendait ces dizaines de milliers d’innocents.
-Un destin bien meilleur les attendait lorsqu’ils sont tombés entre les mains perverses des armées Lannister, contra Daenerys dont les forfaitures lui étaient connues. Armée qui a encore attiré le malheur sur mes sujets pendant que vous vous battiez tous pour savoir qui occuperait le Trône de Fer.
-J’ai combattu auprès des miens comme vous l’aurez fait de votre côté. Comme l’ont fait les Stark, les Baratheon et toutes ces familles en quête d’une part du gâteau. Est-ce que je dois m’excuser pour ceci ? Je ne le crois pas et je n’en ferai rien, pas plus que vous ne le ferez en pareille situation, certain de votre bon droit Et je le dis, je ne regrette en aucun cas d’avoir agit de la sorte car je le referai sans hésiter pour permettre aux miens de survivre. »
JAIME LANNISTER.
Après sa diatribe Jaime demeura silencieux, toisant cette femme dont il se doutait qu’elle n’hésiterait pas à le faire brûler vif dès que ce simulacre de procès se serait terminé. Jaime tenait tout de même à ce que l’on sache qu’il était loin d’être aussi dépourvu d’honneur qu’on le laissait entendre à son endroit.
Il était venu avec l’armée promise et plus encore puisque des alliés avaient agit à ses côtés, que ce furent les troupes Tully, menées par Edmure, les garnisons Frey et même les tribus de sauvageons qui avaient accepté d’être mené par lui en vue de défaire l’armée des morts qui en avaient auprès de ceux à qui ils avaient pourtant juré allégeance des siècles auparavant, les Stark. La pensée de ceux-ci lui rappela également la présence du loup géant qui n’avait pas hésité à marcher à ses côtés une bonne partie du trajet. Animal du Nord qui avait convaincu Edmure de prêter main-forte aux membres de sa famille lorsqu’il décida de s’asseoir auprès d’un Jaime déterminé à mener à bien sa promesse.
Malheureusement on ne retiendrait jamais ses bonnes actions et jusqu’au bout il demeurerait le régicide et ce quel que soit les preuves de sa bonne foi qu’il parviendrait à apporter. Il suffisait de deviner le mépris dans le regard de Daenerys Targaryen pour savoir que c’était là un sentiment que partageait ces gens présents dans son dos et qui se figuraient meilleurs que sa personne.
Alors oui Jaime avait essentiellement agit dans l’intérêt de Cersei et de l’amour qu’il lui portait. Mais n’importe qui aurait fait comme lui dans une situation similaire, non ? Seulement voilà les Nordiens étaient probablement trop fiers pour ne serait-ce que l’admettre.
Toutefois agirait-il de la sorte si il s’était douté de comment les événements l’avaient amené à s’éloigner petit à petit de cette femme qui était son autre moitié et qu’il avait aimé d’une passion dévorante ?
Non Jaime savait qu’il aurait fait les choses autrement. D’où lui venait ce constat ? De ce sentiment de culpabilité qui le rongeait et qui n’avait de cesse de l’accaparer sitôt qu’il posait ses yeux sur le jeune garçon assit dans son fauteuil roulant.
Brandon Stark.
Contre toute attente celui-ci avait survécu à la chute de la tour. Chute qui était le fruit de Jaime qui n’avait pas hésité à le pousser sitôt que l’enfant fut tombé sur Cersei et lui alors qu’ils profitaient l’un de l’autre dans un des moments où Robert Baratheon ne traînait pas dans les parages. Devait-il alors s’en excuser ouvertement ? Le risque était réel puisqu’il paraissait que nul en ce lieu ne sache qu’il était responsable de l’état actuel de Brandon Stark.
Plaider coupable pour ceci reviendrait à le condamner à mort de la part des Nordiens. Toutefois, Jaime le sentait, il avait la conviction que son destin reposait dans la balance des Stark. Mais comment réussir à faire en sorte que ceux-ci acceptent de lui pardonner ces méfaits quand bien même ceux-ci étaient majoritairement dictés par l’amour qu’il éprouvait envers les membres de sa famille.
Les Stark possédaient eux aussi de forts liens entre eux. Le mot meute leur allait comme un gant. Avec de la chance sûrement seraient-ils conscient qu’en pareil circonstance ils auraient agit à l’instar de ce qu’il avait fait pour que les Lannister survivent jusque-là.
Ses yeux se posèrent une fois de plus sur Bran et cette fois il demeura focalisé sur l’intéressé. Le regard fixe de ce dernier le troubla et il ne pouvait se détourner quand bien même eut-il essayé de le faire. Jaime était comme pétrifié et avec le sentiment désagréable que le jeune homme pénétrait en lui. Il secoua mentalement la tête au moment où une présence invisible parut s’insinuer dans son esprit. Jaime avait peur de ce qui était en train de se produire. Que se passait-il ?
Manifestement l’assemblée paraissait tout aussi perplexe quant aux événements actuels puisqu’il perçut des murmures troublés. Malgré tout cette sensation ne perdura pas et Jaime retrouva pleinement le contrôle de lui-même. Cependant il ne parvenait toujours pas à se dérober des yeux bruns du garçon. Il était paralysé par ceux-ci.
Brandon Stark savait qu’il avait devant lui l’homme qui avait cherché à attenter à ses jours des années auparavant. Un mot du garçon et cette mascarade de procès pourrait tout aussi bien se terminer sur le champ. Reste qu’à choisir il préférait une mort propre par l’épée que par le feu du dragon.
Et comme pour lui confirmer ses craintes une phrase aux accents ô combien familiers résonna dans toute la grande salle.
« Les choses que je fais par amour. »
BRANDON STARK.
Il le vit la peur suintait de cet homme qui, il y a de ça des temps incertain l’avait fait chuter. Et la Corneille avait la désagréable impression que cette chute se poursuivait toujours et que le sol était encore loin en dessous de sa personne. L’atteindrait-il un jour ? Voilà une interrogation dont il ignorait la réponse. Il pouvait au moins affirmer une chose, sans cet individu au visage mangé par une barbe grisonnante il ne serait probablement pas là où il en était aujourd’hui.
Brandon Stark avait voyagé au-delà du Mur pour devenir la Corneille mais uniquement parce que l’accident qui l’avait paralysé et dont il était demeuré sans connaissance durant des semaines, avait fait en sorte qu’il ne puisse se rendre à la capitale aux côtés d’Eddard Stark.
A son réveil il n’avait plus le moindre souvenir de ce qui lui était arrivé ni comment, lui l’expert des parois du château, avait pu choir aussi aisément d’une tour dont il connaissait pourtant chacune des prises et dont l’ascension lui était par trop coutumière puisque c’était là son lieu de prédilection pour atteindre des hauteurs où nul n’aurait pu venir l’en déloger.
Et malgré tout, lorsque la bataille contre le Roi de la Nuit battait son plein, et qu’il avait aperçu ce faciès, tout lui était revenu. Les souvenirs de cet homme et de cette femme. Le frère et la sœur. Les jumeaux Lannister. Jaime et Cersei. Ainsi que les mots qui avaient été proféré en ce jour-là. Puis la chute, encore et encore.
Aujourd’hui il avait beau être devenu la Corneille à Trois Yeux, par instant il lui arrivait de se rappeler que sa chute se poursuivait, inlassablement et ne paraissant avoir aucune fin. Bran tentait bien de se dérober de cet état pour se focaliser uniquement sur ce que son statut impliquait. Il n’en demeurait pas moins qu’il ne pouvait faire fi de ce qui était survenu dans la jeunesse du garçon qu’il avait été autrefois et la présence de cet individu avait accentué cette impression désagréable.
Alors il était vrai qu’il pouvait contribuer à ce que la sentence conduise Jaime Lannister de vie à trépas. La reine des dragons n’attendaient que cela et ses visions lui avaient montré le corps réduit en cendres. Néanmoins la Corneille avait œuvré pour permettre à ce dernier de pouvoir apporter des renforts à Winterfell et des milliers d’hommes avaient déboulé dans les plaines de Winterfell.
La bataille aurait-elle été perdue sans cela ? La Corneille ne pouvait jurer de rien. Son ennemi le Roi de la Nuit avait assené à l’humanité un coup de semonce alors qu’il lui eut été facile de se défaire de ses opposants avant de gagner le Sud en vue d’y éradiquer tous ceux qui respiraient encore. Depuis lors Bran n’avait pas cherché à savoir ce que faisait le Roi de la Nuit puisqu’il continuait à être troublé par Jaime Lannister.
Il ne pouvait cependant pas se permettre une telle faiblesse. Jaime appartenait à un passé qui était révolu et se concentrer sur ce dernier risquait de le détourner de ses objectifs. La Corneille n’était cependant pas parvenu à contenir les mots et une fois la phrase prononcée, il demeura convaincu que beaucoup en comprendrait la signification.
Jaime avait néanmoins encore un rôle à jouer contre Cersei. Bran avait pu le voir. Toutefois ceci ne se ferait que si Daenerys et Sansa acceptaient de l’épargner.
La jeune Targaryen n’était pas enclin à modifier le jugement qu’elle s’était faite sur l’assassin de son père. Elle réclamait le sang, d’autant plus que cette colère était nourrie par la perte de plusieurs centaines de soldats qui l’avaient accompagné des années durant alors qu’elle était à Essos.
Quant à Sansa, bien qu’elle éprouvait elle aussi de la rancœur, la Corneille savait qu’elle pouvait se montrer clémente mais ceci impliquerait l’intervention d’une tierce personne qui pour l’heure ne paraissait pas vouloir se mêler à ce procès.
La Corneille se détourna de Jaime pour toiser celle qui pouvait modifier la possible sentence du jugement. Brienne avait ses yeux qui ne lâchaient pas Jaime Lannister. La Corneille pouvait deviner la lutte qui tourmentait la guerrière. Toutefois il ne pouvait se permettre de fouiller son esprit comme il venait de le faire avec l’homme au centre de la grande salle.
Si il avait agit de la sorte c’était pour avoir une idée précise de ce que Jaime Lannister était devenu depuis qu’il avait commit le geste fatidique. Jaime avait bien changé depuis lors et la Corneille avait pleinement conscience du degré de culpabilité qui l’habitait. Jaime regrettait ce qu’il avait fait.
Or Brandon ne lui en tenait pas rigueur. Sans Jaime il n’y aurait personne pour contrer le Roi de la Nuit, personne pour comprendre que si ce dernier était vaincu il faudrait dès lors que … .
Brienne de Torth venait de se redresser d’un bond, interrompant les pensées de la Corneille qui toisa alors l’étrange couple qu’elle forma aux côtés de Jaime Lannister.
BRIENNE DE TORTH.
Longtemps elle avait hésité sur la conduite à tenir. Toutefois Brienne ne pouvait laisser Jaime payait pour ses crimes passaient puisqu’elle connaissait les raisons qui l’avait contraint à tuer Aerys II. Sans Jaime Port-Réal n’aurait été que ruines, flammes et cendres. Sans Jaime le royaume tout entier aurait eu un tout autre visage.
Et même si peu connaissait la valeur de Jaime, Brienne avait la chance de pouvoir être de ceux qui avait perçu cet honneur dont tout le monde jurait qu’il lui faisait défaut. Il lui fallait donc agir avant qu’il ne soit trop tard.
« Votre Grâce, débuta-t-elle maladroitement après s’être dressé. »
Puis ce fut le silence. Brienne avait conscience que des dizaines de paires d’yeux venaient de se poser sur elle. Elle qui était assez solitaire et qui n’avait pas l’habitude de s’épancher en public devait pourtant se contrôler pour permettre à cet homme qu’elle appréciait d’être épargné.
« Je suis Brienne de Torth et j’ai longtemps voyagé aux côtés de Jaime Lannister. Si je suis là aujourd’hui c’est uniquement parce que Jaime m’a sauvé les vies lorsque nous étions entre les mains des hommes des Bolton. Il aurait pu passer outre et m’abandonner à mon sort. Il n’en a rien fait. Seul un homme d’honneur comme lui aurait fait cela. Si véritablement il était celui que l’on décrit dans les récits je ne serai pas là pour en parler. »
Elle perçut des chuchotements ainsi que le regard surpris de Jaime. Pensait-il sincèrement qu’elle restait indifférente à son sort ?
« Avant cela Jaime a défendu ma vertu, articula-t-elle avec difficulté en soulevant un point personnel qui l’a gêné puisque longtemps source de quolibets sur sa personne. Les hommes de Bolton s’apprêtaient à violer ma personne et seul le concours providentiel de Jaime a valu que je demeure intacte. Intervention qui lui coûta sa main d’épée. »
Brienne croisa les yeux de sa maîtresse. Sansa Stark était en pleine réflexion.
« Jaime a pourtant cherché à tuer mon père, clama-t-elle. Après ça il n’a pas hésité à combattre Robb. Et je subodore grandement son implication dans la paralysie de mon frère. Jaime n’a eu de cesse de concourir pour éradiquer la famille Stark, ma famille. Comment pourrait-on se fier à pareil individu ?
-Parce que votre présence en ce lieu est le fruit de ses actions, affirma Brienne. »
Elle décela le trouble chez Sansa en même temps que l’assemblée paraissait suspendue à ses lèvres.
« Il a fait la promesse à votre mère qu’il vous ferait quitter la capitale pour que vous gagnez un lieu où vous serez en sécurité loin des Lannister. Pour se faire il m’a donné une armure et cette épée qui ceint à mes côtés. Jaime est passé outre les siens et a permit à ce que je vous sauve des Bolton. Sans Jaime vous serez probablement encore prisonnière à Port-Réal ou pire encore. »
Les yeux verts de Sansa convergèrent entre Jaime et elle. Brienne ne savait si son plaidoyer avait été efficace. Elle tenait à ce que Jaime survive malgré tout si il était condamné à mort elle ne pourrait plus rien pour lui.
« J’ai confiance en ton jugement Brienne et je te confierai ma vie sans la moindre hésitation. Es-tu prête à te porter garante des actions de Jaime Lannister dans le futur de cette guerre ?
-Je le suis lady Sansa.
-Es-tu prête à mettre ta vie entre ses mains ?
-Sans la moindre hésitation.
-Je t’ai confié ma vie car je sais que je n’ai rien à craindre tant que tu seras auprès de moi. Si toi-même tu te sens à même de faire cela avec Jaime Lannister alors peut-être devrions-nous reconsidérer la question de son sort et lui permettre de demeurer auprès de nous dans la lutte contre les morts. »
SANSA STARK.
Ses mots ne reçurent pas l’unanimité au sein de ses propres rangs. Les seigneurs Nordiens considéraient qu’un Lannister mort valait mieux qu’un Lannister vivant. Malgré tout sa sentence était implacable et Sansa ne dérogerait pas à sa décision. Jaime vivrait. Un temps tout du moins et dans l’optique qu’il continue à suivre cette voie.
Qu’en serait-il lorsque toutes menaces auront disparu ? Sansa ne pouvait se montrer certaine sur le sujet. Quoiqu’il en était Daenerys la foudroya du regard. Il était manifeste qu’elle escomptait grandement avoir son soutient.
Sansa se défier pourtant de la reine des dragons. Elle avait beau la savoir enceinte de Jon, tout du moins jusqu’à preuve du contraire, Sansa estimait que le Nord serait mieux sans suzerain pour leur dicter la conduite à tenir. Ce territoire se devait de gagner son indépendance du reste de Westeros et qu’importe si pour y parvenir elle se doit de défier cette femme venue revendiquer un trône qui avait appartenu à ses ancêtres.
« Oubliez-vous lady Sansa que sans les Lannister votre frère Robb ainsi que votre mère seraient toujours à vos côtés, affirma Daenerys. Ils ont fomenté pour assassiner vos proches.
-Je ne l’ai pas oublié, assura-t-elle en retour.
-Cersei qui n’a pas hésité à nous trahir également en refusant d’apporter la contribution promise dans l’effort de guerre contre le Roi de la Nuit.
-Cersei oui, Jaime est pourtant parmi nous aujourd’hui. Il nous est venu comme il vous en a fait la promesse si je ne m’abuse. Et avec lui des milliers d’hommes supplémentaires. Des soldats qui n’hésiteront pas à se détourner de nous si nous venons à exécuter leur leader. Or nous savons tous combien il nous est nécessaire d’avoir toutes les forces possibles pour escompter réchapper aux morts.
-Et qui nous dit qu’une fois le Roi de la Nuit vaincu ils ne changeront pas de camp pour concourir auprès de Cersei qui possède à présent une puissance militaire bien supérieure à celle qu’elle possédait lorsque nous avons entreprit d’établir une alliance, fit Daenerys dont se lisait le dégoût sur le visage sitôt qu’elle observait Jaime. »
Sansa ne trouva rien à répondre dans l’immédiat. C’est là qu’elle remarqua que Jon s’était levé.
JON SNOW.
« Tous ici présents avons perdu des êtres proches. Des membres de nos familles, des amis loyaux. Et malgré que nous venions tous d’horizons différents nous avons combattu côte à côte notre principal ennemi. Et tout ceci pourquoi ? Pour que nous continuons à nous déchirer pendant que le Roi de la Nuit et ses armées sont toujours là à l’extérieur, à attendre le moment propice pour nous assaillir une fois de plus et ce quand nous puissions le contrer ce coup-ci.
Le Roi de la Nuit est la seule menace qui pèse sur ce monde et ce procès n’est que perte de temps. Jaime est venu avec les armées promises, des hommes dont nous avons cruellement besoin et nous le savons tous. Qu’importe alors nos dissensions. Elles appartiennent au passé.
A présent seule l’unité nous permettra de contrer le Roi de la Nuit. Oubliez cela et les hommes que nous avons perdu se seront sacrifiés pour rien. Oubliez cela et le jour viendra où nos enfants ne pourront escompter avoir un futur. »
Jon avait beau s'adresser à l’assemblée présente, qu’ils furent des seigneurs du Nord, du Conflans en la présence d’Edmure Tully ou des Frey, ou bien du continent d’Essos, ses mots étaient avant tous destinés à Daenerys. La jeune femme réclamait justice pour son père. Or ce dernier avait trépassé longtemps auparavant. La colère de Daenerys ne rimait à rien pour lui. Le Roi de la Nuit était le seul dont ils devaient tous se soucier. Pouvaient-ils dès lors poursuivre cette voie du conflit ? Jon pensait que non et il était grand temps de remettre les pendules à l’heure.
Malgré tout la décision finale ne lui reviendrait pas. Il ne restait qu’à espérer que Daenerys fasse le bon choix auquel cas leurs alliés seraient moins nombreux et comme il l’avait déclaré le Nord et les troupes de Daenerys ne seraient pas suffisantes pour escompter triompher de plusieurs dizaines de milliers de spectres et de géants.
Daenerys s’était redressée après avoir quitté son siège. Jon pivota donc légèrement afin de pouvoir fixer la principale intéressée.
DAENERYS TARGARYEN.
Tout le monde était en train de la trahir. Elle le voyait et ce constat ne lui plaisait en aucun cas. Ces Nordiens ne comprenaient donc pas que Jaime devait payer pour les exactions commises par ses proches ? Il avait combattu le Nord, probablement massacré des dizaines d’innocents dans ce conflit des cinq rois. Et pourtant ils paraissaient vouloir lui pardonner cela.
Comment pouvaient-ils seulement envisager ceci ? Voilà qui la dépassait complètement. Pire alors qu’elle comptait sur le concours de Sansa, cette dernière paraissait prête à suivre son bouclier lige. Même Jon qui avait pourtant accepté le fait qu’elle fut sa reine se refusait à aller dans son sens.
Devait-elle passer outre cela et déclarer que Jaime était condamné à mort ? Ce ne serait là que justice après tout. Malgré son désir ardent de réduire à néant cet homme qu’elle tenait responsable de son exil à Essos, encore plus qu’en ce qui concernait l’Usurpateur Robert Baratheon, Daenerys avait conscience que ce geste mettrait définitivement un terme à ses tentatives de rallier tous les royaumes de Westeros sous sa bannière. C’était là un risque qu’elle ne pouvait se permettre de prendre. Pas tant que les autres menaces perdureraient. Après ça il serait toujours temps de faire payer à Jaime le meurtre de son patriarche. Et une petite voix lui dicta que Jaime ne serait probablement pas le seul qui aurait à devoir répondre de ses actes. Des têtes tomberaient avant la fin. Elle s’en fit silencieusement la promesse. Son royaume lui appartiendrait tout entier et quiconque déciderait de la contredire se verrait contraint d’être considéré comme son ennemi personnel.
Quoiqu’il en était elle ferait pour l’heure ce qu’on attendrait d’elle, aussi déclara-t-elle.
« Fort bien. Au vue des événements actuels et de votre contribution à apporter les armées promises, bien que j’en attendais davantage, je vous accorde le droit de vivre. Cependant faite une chose qui viendrait à prouver que vous m’avait menti sur vos intentions et vous subirez le feu du dragon, suis-je bien clair ? »
Voilà un avertissement qui devait résonner à l’oreille de toutes les personnes présentes et Daenerys escompta que celles-ci le comprirent comme une menace pouvant s’appliquer à eux-mêmes. Du coin de l’œil elle pu voit que Tyrion paraissait soulagé quant à sa décision. Après quoi elle observa Jaime qui s’inclina légèrement.
« Ça l’est votre Grâce. »
Elle ne chercha pas à en entendre davantage et sans ajouter quoi que ce soit d’autres, elle s’en fut prestement hors de la salle en passant par la petite porte situait derrière l’estrade sur lequel était juché son siège.