Game of Thrones : Fire and Ice.
Chapitre 43 : Une lutte acharnée. (Jon Snow)
5125 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 28/05/2019 23:42
CHAPITRE NUMERO TRENTE-HUIT : JON SNOW.
La bataille entre le camp des vivants et celui des morts se poursuivait. Dans le même temps la neige venait tout juste de commencer à tomber. Pour autant cela ne prêtait pas encore à conséquence puisqu’il lui était possible de distinguer assez nettement ses adversaires et Grand-Griffe tranchait ceux-ci les uns à la suite des autres. Toutefois le temps allait en se dégradant toujours plus et Jon ne pouvait s’empêcher d’y voir là quelques malices du Roi de la Nuit afin de les perdre dans une confusion sans pareille et de les occire les uns après les autres sans que les humains ne puissent remédier devant ce qui était un massacre sans nom.
De cette lutte incessante mené tambour battant, Jon ressentait à présent de la fatigue au niveau de ses bras à force de devoir ferrailler face à ce lot sans fin d’ennemis en tout genre, qu’ils furent autrefois de simples hommes, des géants ou encore des animaux sauvages comme les deux ours polaire qu’il lui avait fallu éliminer un peu plus tôt à l’aide de quelques hommes toujours debout. Jon avait échappé de justesse à son propre trépas mais ne pouvait certifier ce qu’il était advenu de la majorité de ses compagnons depuis lors.
Dans le même temps, il le savait pour l’avoir vu de ses propres yeux, les défenses de Winterfell peinait à repousser l’invasion et Jon avait conscience qu’il y avait de grandes possibilités pour que l’édifice où il avait grandi était déjà investi par les troupes adverses. Malgré tout il ignorait si les spectres avaient pu être contenus dans certaines zones ou bien si l’intégralité de la forteresse avait été compromise.
Si cette dernière option venait à s’avérer vrai alors Jon ne pouvait que redouter le terrible sort subit par les personnes qui étaient présentes entre ces murs. Il pria donc les Dieux du Nord que ces individus aient réussi, d’une manière ou d’une autre à échapper à la puissance implacable des morts en parvenant à se barricader dans un des nombreux recoins de cet immense château.
Seulement comment une telle chose pouvait-elle seulement être possible ? Les spectres se dénombraient étaient plusieurs dizaines de milliers et ils étaient amplement suffisant pour fouiller chaque recoin du fief ancestral de la famille Stark et ce sans que quiconque puisse envisager la possibilité de s’esbigner devant ce qui serait une traque sans fin.
En ce qui concernait le côté de Jon, il y avait bien longtemps que les lignes de défenses avaient été rompues. Les Immaculés luttaient à présents corps contre corps et le front avait une tendance nette à la désunion puisque des groupes se formaient ici et là sans que nul commandant ne dirige quoique ce soit dans l’extrême confusion qui s’était installée à mesure que les minutes s’écoulaient. A ce qu’il pouvait en déduire, Ver Gris, le leader des Immaculés, était tombé et Jon n’aurait su dire si oui ou non Ver Gris faisait déjà parti des centaines de combattants que le Roi de la Nuit avait relevé pour garnir ses rangs de recrues fraîches.
Quoiqu’il puisse en être les Immaculés demeuraient assez nombreux et témoignaient là de l’élite qu’ils représentaient sur un champ de bataille. Un tiers d’entre eux avait succombé face aux forces du Roi de la Nuit et Jon se félicitait de posséder un tel allié de poids sinon quoi les Nordiens n’auraient pas fait long feu.
De temps à autre Jon pouvait également apercevoir la cavalerie des Dothraki qui fondaient encore et toujours sur les rangs adverses afin de les harceler puis de se replier pour reproduire le même stratagème. Nonobstant elle était de loin la faction ayant subi le plus lourd revers en terme de vies perdues. Effectivement il ne devait rester qu’un peu moins du quart et parmi ceux-ci la moitié évoluait à présents à pieds faute de montures.
Quant aux Nordiens, cette fois Jon préférait ne pas connaître les statistiques des forces restantes. Ils faisaient partie de son peuple et il lui était dès lors bien plus horrible d’assister à l’éradication méthodique des principaux intéressés.
Un énième spectre se présenta à lui. Ce dernier se disloqua lorsque l’acier valyrien lui perfora ses côtes apparentes. Néanmoins deux nouveaux adversaires venaient déjà à sa rencontre, l’incitant à se concentrer sur ceux-ci. Il ne lui fut pas difficile de les mettre hors d’état de nuire bien qu’il était de plus en plus harasser par l’effort prolongé qu’il lui fallait fournir encore et encore.
« Il faut nous replier, lui cria un Gendry dans un état plus déplorable. »
Le jeune homme portait des attaques moins précises et ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne cède et ne tombe comme beaucoup d’autres avant lui. Malgré tout son intervention rappela à Jon ô combien lui et ses alliés se tenaient dans une position qui paraissait inextricable. Car assurément où pouvaient-ils espérer se rendre ? Les morts étaient en supériorité numériques et même si l’évacuation parvenait à se mettre en place, comment pouvait-on croire que l’ennemi laisserait les choses se dérouler de la sorte et que les vivants puissent atteindre une zone plus au sud loin de ce champ de bataille ?
Le Roi de la Nuit était bien décidé d’aller au bout des choses et de se débarrasser définitivement de toutes formes d’opposition. Une seule chose était certaine, c’est qu’en cas de victoire remportée à Winterfell, plus rien ne pourrait l’empêcher d’anéantir toute forme de vie sur Westeros puisqu’avec ses forces en présences il n’avait personne qui pourrait lui tenir tête pour inverser la tendance à l’annihilation du monde des hommes.
De toute manière Jon ne voyait pas comment les autres et lui pouvaient aspirer à être victorieux. En effet chaque camarade qui tombait se relevait presqu’aussitôt pour grossir les rangs de leur adversaire. Celui-ci avait beau subir de lourdes pertes ce n’était pas pour autant que l’on pouvait certifier que la balance du destin penchait du côté des vivants.
Alors oui Jon se doutait que la puissance du Roi de la Nuit se trouverait irrémédiablement amoindrie à l’issue de cette bataille étant donné que le gain glané était inférieur aux spectres déjà perdus depuis le début des hostilités, seulement ils en resteraient toujours des milliers ce qui était amplement suffisant pour envahir toutes les terres de Westeros et aucune forteresse ne serait en mesure d’escompter faire exception à ce génocide.
« J’ai échoué, se lamenta-t-il mentalement. Nous avons tous échoué. Même unis nous n’avons jamais eu la moindre chance, conclut-il sombrement. »
Malgré tout il ne pouvait croire que les Dieux, Anciens et Nouveaux, puissent s’avérer aussi cruels avec les hommes et qu’ils n’avaient rien contre le fait qu’un monde sans vie puisse exister par la suite. Jon se morigéna silencieusement. Non il ne devait pas céder à un ce sentiment de fatalité. Il y avait forcément une solution qui permettrait de se défaire du Roi de la Nuit. C’était obligé. Et pour s’assurer d’un futur où grandirait leurs enfants, il allait falloir remporter ce conflit et prouver au Roi de la Nuit que non, l’humanité ne se résignerait jamais à chasser les ténèbres.
Au même instant où il se mit à penser à tout cela, des loups commencer à hurler dans le lointain. Jon tenta de percer les ténèbres et la tempête qui gagnait en intensité afin d’apercevoir ces animaux, sans succès. Le Roi de la Nuit possédait tout un panel de bêtes qu’il avait ramené à l’aide de sa magie. Les ours et les chevaux par exemple et dont Jon avait déjà eu l’occasion d’en voir de près.
Il en vint à regretter que Fantôme ne fut présent à ses côtés pour l’aider à affronter ses semblables. Qu’à cela ne tienne, Gendry ainsi qu’une trentaine de soldats, qu’ils furent originaires du Nord ou appartenant aux diverses factions militaires apportées par Daenerys, s’étaient petit à petit regroupés autour de sa personne sans qu’il ne s’en rende compte dans la mêlée en cours et tous ensembles ils fondirent sur les créatures ennemies.
Des ours polaires ne tardèrent pas à venir grossir les troupes adverses et la lutte acharnée qui s’ensuivit cause de lourdes pertes dans les rangs de Jon. Ceux qui en réchappèrent, un peu moins de la moitié, se trouvèrent bien vite encerclés par plusieurs dizaines de spectres, loups et ours.
Cependant Jon se voulait de garder l’esprit clair et escompter de dénicher une possibilité où ils pourraient se sortir indemne d’une situation aux allures désespérées. L’unique moyen consistait à concentrer leurs efforts en un point précis afin que le piège n’en soit plus un. Encore fallait-il toutefois que le groupe soit entièrement coordonné sur ce même objectif. Or Jon ne connaissait absolument rien à la langue des Dothraki et ceux-ci paraissaient avoir décidé de suivre leur propre voie et de s’occuper uniquement d’eux-mêmes au lieu de chercher à former un front commun.
Les spectres remarquèrent cette désunion qui sévissait au sein des humains puisqu’ils en profitèrent pour lancer simultanément une charge depuis chaque point cardinal. Ceci incita Jon et les quatorze autres à devoir guerroyer au mieux pour éviter que leurs agresseurs ne prennent peu à peu le dessus en les décimant les uns après les autres.
Et tout à coup les morts s’embrasèrent lorsqu’une pluie de flèche s’abattit sur eux. Jon assistant ébahit à ce retournement de situation avant de percevoir des hurlements sur sa droite. Ce furent sur ces entrefaites que firent leur apparition plusieurs dizaines de sauvageons qui se lancèrent instantanément dans la mêlée, usant de masses sommaires pour repousser les cadavres ambulants.
Devant de telles armes rudimentaires Jon doutait qu’ils soient en mesure de venir à bout des suppôts du Roi de la Nuit. Les spectres furent toutefois démembrés et bien qu’ils continuaient à mouvoir leurs membres épars, au moins ne représentaient-ils plus la moindre menace.
Jon ne parvenait à dissimuler sa joie et sa surprise devant cette aide inattendue. En étudiant les sauvageons il réalisa que ces derniers n’avaient rien à voir avec ceux d’au-delà du Mur. Néanmoins un tel appui le revigora et il ferrailla avec plus de vigueur, oubliant un temps la fatigue qui rendait ses bras gourds.
Un peu moins d’une minute après ce furent des loups qui se mêlèrent à l’affrontement. Ceux-ci étaient bien vivants et ne tardèrent pas à déchiqueter leurs congénères aux yeux bleus. Jon nota que l’un d’entre eux était aussi volumineux que Fantôme si ce n’était plus ce qui ne manqua pas de le désarçonner. Il s’interrogea sur lequel des loups Stark il avait affaire.
A la suite des animaux sauvages courait sa sœur Arya dont sa vivacité était telle qu’elle avait terrassé pas moins d’une demi-douzaine de spectres avant que Jon n’ait eu le temps de se reprendre.
Arya s’avisa d’être le centre d’intérêt de Jon puisqu’elle ne tarda pas à se frayer un chemin pour le rejoindre, sans jamais être en danger devant ceux qui se présentaient à elle. Jon nota que Arya arborait un sourire aux lèvres. Il était manifeste que la jeune femme se trouvait dans son élément, en témoignait l’aisance avec laquelle elle maniait sa dague en acier valyrien en vue d’occire les uns à la suite des autres tous ces cadavres ambulants qui se massaient là puisque la rapidité d’Arya en faisait un combattant hors-pair et difficile à atteindre.
Jon combla la distance qui les séparait et une fois parvenu à sa hauteur, ils formèrent tous deux un tandem impitoyable et que ce furent le poignard ou Grand-Griffe, ils causèrent de gros dégâts au sein des armées du Roi de la Nuit. Nul ne semblait en capacité de triompher de ce duo qui tranchait, perforait et décapitait tout ceux qui avaient le malheur de se tenir à porter de cet acier mortel.
Et durant tout ce temps de nouvelles flèches avaient transformé les spectres en des torches écarlates et qui finissaient par s’éteindre après avoir gesticulé quelques instants puis de s’écrouler au sol.
En ce qui le concernait, Jon ne pouvait s’empêcher d’éprouver un mélange de sentiments contradictoires devant le spectacle qu’offrait Arya. D’une part il était fasciné par ses talents de bretteuse, d’autre part il se sentait peiné par le fait de ce qu’elle avait dû traverser pour atteindre de telles aptitudes. Il relativisa les choses en se convainquant que c’était probablement ce qu’il pouvait lui être arrivé de mieux sans quoi Arya compterait très certainement parmi ceux à avoir déjà rejoint l’armée des morts.
Il n’en restait pas moins que la présence de sa petite sœur soulevait des questions auxquelles Jon ne souhaitait pas de réponses tant il redoutait de ce que ces dernières pouvaient impliquer. Où donc se trouvaient Bran et Sansa ? Avaient-ils tous deux succombé ? Étaient-ils à présent au sein des spectres, leurs yeux luisant de cette terrible lueur bleue ? Arya les avait-elle achevé afin de les délivrer et qu’ils trouvent le repos éternel que le pouvoir du Roi de la Nuit ne saurait venir troubler ? Si cette dernière option tendait à se confirmer, les Dieux seuls pouvaient dire ce que cette épreuve laisserait comme marque chez Arya pour avoir eu à accomplir un tel geste.
Toutefois et bien qu’il s’était promis d’éluder cette non-connaissance afin de demeurer pleinement focalisé sur la bataille en cours, les mots franchirent ses lèvres avant qu’il n’ait pu les retenir.
« Où sont notre frère et notre sœur ? »
Il le vit c’était là un sujet qu’Arya escomptait éluder au vue de l’expression de culpabilité qui se dessina sur les traits de son visage.
« On a été séparés, finit-elle par avouer. Des spectres et des Marcheurs Blancs nous sont tombés dessus et je ne suis pas parvenue à demeurer auprès des nôtres. C’est grâce à ma louve Nymeria et à sa meute que je m’en suis tirée indemne, lui confia-t-elle aussi tout en désignant la gigantesque bête du menton. Ils étaient si nombreux à surgir que s’en était tout simplement incroyable. »
Voilà un point que Jon n’avait aucun mal à contredire puisqu’il était possible de voir les loups à l’œuvre. Les bêtes bondissaient sur chaque ennemi qui s’aventurait près d’eux et le mettait en pièce à force de le déchiqueter à l’aide de leurs puissantes mâchoires.
Effectuant des moulinés avec Grand-Griffe, Jon concourut à l’extermination de ces êtres réanimés par le Roi de la Nuit. Jon s’enfonça en suivant dans la tempête toujours croissante, escorté par une Arya intrépide et par un Gendry qui paraissait ne pas vouloir être tenu à l’écart ou qui ne prévoyait probablement pas le fait de laisser Arya se mettre en danger. Jon ne put s’empêcher de sourire mentalement devant le constat qui s’imposa en lui. Que ce fut l’un ou l’autre, ils agissaient de sorte à protéger son vis-à-vis.
Des centaines de nouveaux morts se matérialisèrent alors. Beaucoup prenaient la direction du château mais il en restait plus qu’assez pour s’occuper des vivants qui peuplaient encore les pourtours de Winterfell. Jon se tourna vers sa sœur, pointant un doigt vers la forteresse invisible. Il tenait à ce que sa sœur s’y rende en vue d’apporter sa maîtrise aux défenseurs qui devaient être submergés. Comme il s’y attendait, Arya fit la sourde oreille.
« Je n’ai pas l’intention de te lâcher, affirma la jeune guerrière.
-Plus nous nous éloignons des murs de Winterfell et plus ce sera dangereux, affirma Jon.
-Je le sais mais je veux me battre. Et que tu le veuilles ou non je te jure que je continuerai à la faire. »
Jon était bien trop las pour avoir ne serait-ce que la volonté de discuter trop longuement pour persuader Arya d’obtempérer. Il préféra garder ses forces pour les duels qu’il lui faudrait encore mener jusqu’à ce que la bataille trouve sa conclusion, qu’elle fut à l’avantage des vivants ou bien à celui des morts.
Le trio se mouvait lentement, continuellement harcelé par ces êtres sans autre émotion que le désir d’exterminer tous ceux qui respiraient toujours. Jon, Arya et Gendry furent bientôt rejoints par une grande partie de la meute de Nymeria. Cette dernière progressait en tête, allant non loin de celle qui avait été sa maîtresse des années auparavant. Quant à Jon, il toisait à présent les cieux dont les étoiles ne perçaient pas les nuages hivernaux qui s’amoncelaient et dont la neige qui en tombait dévoilait de gros flocons.
Jon essayait de déceler la présence des dragons bien qu’aucun de ceux-ci n’avait été vu depuis longtemps. Jon se remémora comment il était parvenu à éloigner un Rhaegal agonisant, ne pouvant toutefois affirmer si oui ou non la créature ailée avait survécu à ses terribles blessures.
Il était tout de même vrai que l’issue de la lutte fratricide entre Drogon et Viserion lui avait échappé. Se pouvait-il qu’aucun des dragons s’en soient sortis ? Jon ne pouvait jurer de rien, d’autant qu’avec tout ce blizzard le souffle des dragons pouvaient très bien passer inaperçu.
Et ce fut à ce moment-là que l’air devant lui s’embrasa soudainement, bouillonnant de flammes écarlates. Ce ne pouvait être que Drogon, pensa Jon. Sans prendre la peine de réfléchir plus longtemps, il se précipita en avant aussitôt accompagné par une Arya à l’expression farouche ainsi qu’un Gendry bien plus circonspect devant ce geste inconsidéré.
Drogon était au sol, assailli par des vagues incessantes d’hommes et de géants morts depuis des temps inconnus. Les flammes dévoraient ceux-ci qui se faisaient dès lors remplacés par le double de leurs congénères. Drogon soufflait encore et toujours, ses réserves de feux paraissant sans limite. Jon s’étonnait que la créature ne cherche pas à prendre ses distances en empruntant la voie des airs pour être hors de portée des coups qu’elle devait recevoir. C’était comme si Drogon protégeait quelque chose quitte à devoir se sacrifier pour atteindre cet objectif.
« Quelque chose ou quelqu’un, conclut mentalement Jon. »
Et il ne pouvait s’agir que d’une personne. Daenerys. La jeune femme gisait-elle inconsciente, là quelque part sous ce tapis de neige ? Avait-elle succombé de cette lutte acharnée qu’avaient mené ses deux enfants ? Et si oui, il était probable que Drogon fasse rempart de son corps pour tenter d’éviter à ce que les forces du Roi de la Nuit ne profane la dépouille de Daenerys. A moins que cette dernière fasse déjà un avec les spectres après que le Roi de la Nuit eut usé de ses funestes dons pour la réanimer.
Seulement voilà, Jon se refusa de croire en cette ultime possibilité. Daenerys était peut-être simplement blessée mais n’avait en aucun cas perdu la vie. Pas elle, pas après tout ce qu’il lui avait fallu traverser pour en être là aujourd’hui.
« Jon, c’est le Roi de la Nuit, lui hurla Arya avec ce qui ressemblait à une pointe de peur. »
Jon fit face à sa sœur qui pointait le doigt en direction d’une silhouette solitaire qui se tenait tournée de sorte de les toiser de son regard glacial. Jon reconnut là son ennemi juré. L’intéressé se concentra uniquement sur lui et paraissait le mettre au défi de venir l’affronter. Jon savait que l’acier valyrien était une arme efficace contre les Marcheurs Blancs. En allait-il de même pour leur leader ? Voilà une question à laquelle Jon escomptait bien apporter une réponse.
Il s’élança donc à la rencontre du Roi de la Nuit. Il n’eut pas besoin de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule pour comprendre qu’Arya s’était empressée de lui emboîter le pas. Dans le même temps le Roi de la Nuit venait de tirer son épée de glace et dont les flammes de Drogon s’y reflétaient, dévoilant le fil tranchant de l’arme du Némésis de Jon.
Le Roi de la Nuit n’effectua pas d’autre geste tant il paraissait sûr sur de son fait quant à sa supériorité. Pour sa part Jon augmenta le rythme de ses foulées à mesure qu’il progressait dans la poudreuse blanche et que la silhouette de son adversaire gagnait en netteté. Cette précipitation visait deux buts, premièrement en découdre avec le Roi de la Nuit et deuxièmement atteindre ce dernier assez rapidement pour éviter qu’Arya n’est à se mettre en danger en ayant à s’opposer à cet être surnaturel.
Levant Grand-Griffe aussi haut que possible Jon balança en suivant un coup de toute la force dont il était capable. Malheureusement la glace para le coup et la lame valyrienne vibra avec intensité, forçant Jon à raffermir sa poigne autour de la garde de Grand-Griffe. Et l’affrontement se poursuivit alors. Le Roi de la Nuit avait des siècles d’expérience dans le domaine du maniement à l’épée. Il en tirait donc profit et sa puissance était telle que Jon peinait à faire face. De plus la vivacité des assauts de son ennemi le forçait à demeurer sur la défensive, espérant vainement déceler la moindre ouverture qui pourrait lui être favorable.
Du coin de l’œil Jon put tout de même constater qu’Arya ne pourrait lui apporter une quelconque assistance étant donné que des spectres avaient fait leur apparition pour s’en prendre à la benjamine des filles Stark qui, pour sa part, pouvait toujours compter sur le concours de Gendry et des loups.
Les secondes qui s’écoulèrent en suivant s’avèrent bien longue pour Jon totalement dépassé par les formidables coups que lui administrait son adversaire. Le Roi de la Nuit le toisait toujours de ses yeux à la lueur bleue et dont le visage inexpressif ne permettait pas de deviner les pensées qui pouvaient bien lui traverser l’esprit. Éprouvait-il un sentiment de haine féroce envers cet individu qui osait lui opposer une résistance ? Ou au contraire se gaussait-il silencieusement de Jon quant à la futilité qu’il avait de croire qu’il pourrait parvenir à le vaincre lui tout comme ses incommensurables armées ? Jon se dépitait à déterminer ce qu’il pouvait en être.
En ce qui concernait sa propre personne, Jon mettait toute sa volonté à parer les estocades que lui admonestait continuellement l’être qui lui faisait face. Il n’en continuait pas moins à escompter déceler une trouée dans les assauts afin d’envisager parvenir à modifier l’issue de cet affrontement.
Tout ceci était peine perdue puisque le Roi de la Nuit ne lui laissait aucun répit qui aurait pu lui donner la moindre lueur d’espoir. Un constat qui avait un goût fort amer et dont il se serait volontiers passé. Ce fut à ce moment là qu’à l’aide d’un revers de la garde de l’épée de glace, le Roi de la Nuit l’atteint à hauteur de sa tempe droite. La force mit dans ce coup était telle que Jon manqua d’un rien de perdre connaissance.
Il recula donc pour reprendre ses esprits mais le Roi de la Nuit avait déjà recommencé son harcèlement et Grand-Griffe allait à la rencontre de la glace, continuant de vibrer à chacune des parades. Jon ne tarda pas à comprendre que sa visibilité allait en diminuant à mesure que les vertiges le gagnait et qu’une plaie laissait sourdre du sang qui lui coulait devant son œil droite.
D’un revers de la main Jon s’essuya le liquide avant de reprendre sa position défensive. Autour de lui la tempête s’accentua alors et il perdit de vue Arya et les autres. Désormais pleinement seul sur le champ de bataille Jon donna tout ce qu’il lui restait de force pour mettre un terme à la guerre qu’il mené contre le Roi de la Nuit.
L’éclat bleu qui brûlait dans les prunelles de l’intéressé paraissait témoignait d’un air narquois que l’autre n’arborait pourtant pas. Jon frappa une fois, deux fois, trois fois. Mais rien. Nulle ne toucha le Roi de la Nuit qui avait stoppé chaque coup avec une glaciale nonchalance.
En revanche le nouveau choc qu’il perpétra envoya Jon rouler au sol. Il ne pouvait maintenant plus bouger, ayant donné tout ce qu’il pouvait. De fait c’était avec un sentiment d’impuissance croissante qu’il vit l’autre marcher jusqu’à sa personne. Il se prépara mentalement à son trépas, se souvenant des ténèbres qu’il avait connu après que ses frères de la Garde de Nuit l’eut trahit tout en le poignardant à de multiples reprises.
Et pourtant le Roi de la Nuit se contenta de le toiser sans rien faire pour abréger les choses. Puis, à mesure que sa conscience s’étiolait, Jon était persuadé de voir son vis-à-vis lui adressé un rictus goguenard et avant que l’obscurité ne soit complète, Jon aurait juré voir l’autre lui prononcer un message verbal.
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Jon finit par revenir à lui alors qu’une personne s’échinait à le gifler avec vigueur. Ses paupières s’ouvrirent alors et la forme sombre qui le dominait se jeta à son cou. Qui que ce fut Jon se sentit si fortement étreint qu’il eut toutes les difficultés du monde à se faire entendre.
Arya finit par s’écarter, s’essuya les yeux d’un revers de sa pogne gauche avant de lui tendre son autre main en vue de l’assister pour qu’il parvienne à se remettre sur ses pieds. Et bien qu’il était plus qu’évident que la jeune femme avait pleuré, Jon la sachant trop fière pour l’admettre devant lui, Arya arborait à présent un sourire aux lèvres et paraissait très enthousiaste.
« On a gagné, déclara-t-elle. On a remporté cette bataille. »
Voilà qui paraissait inconcevable à imaginer. Cependant, et alors que la neige avait cessé et dont les différents incendies éclairaient le décor alentour, fort lui fut de constater de ses propres yeux qu’effectivement l’ennemi ne se voyait nulle part.
Pourquoi donc le Roi de la Nuit avait-il renoncé à poursuivre plus avant alors qu’il était plus que certain qu’il lui eut été facile de venir à bout des différentes armées qu’avaient amassé les vivants pour contrer sa menace ?
Son crâne le faisait souffrir et Jon avait grand besoin de soins et de repos s’il tenait à pouvoir éclaircir ce mystère. Pour l’heure un seul constat lui traversa l’esprit. Ils avaient survécu à cette longue nuit.
Seulement voilà, jusqu’à quand cela serait-il le cas ? Et qu’en étaient-ils du reste de ses proches ? Avaient-ils eux aussi échappé aux massacres perpétré par les factions du Roi de la Nuit ? Il lui fallait sans assurer le plus rapidement possible. Toutefois ses jambes paraissaient ne pas vouloir le porter et sans l’appuie d’Arya Jon aurait probablement renoncé pour céder à l’épuisement.
Au lieu de quoi et passant son bras droit autour des épaules de la jeune femme, Jon se mit à se mouvoir lentement. Arya ne paraissait pas avoir été blessée et les traces de sang qui se devinaient sur sa tunique appartenaient très certainement à ses multiples assaillants.
Tous deux portèrent leurs regards vers les centaines de dépouilles qui gisaient un peu partout sur le sol enneigé et qui appartenaient aux deux camps. Certains des vivants étaient en quête des blessés mais Jon ne pouvait voir ce qu’il en était au loin. Sa vision trouble lui permettait uniquement de constater la présence de flammes ici et là.
« Jon, murmura Arya qui s’immobilisa soudainement. »
Elle fixait à présent un point sur sa droite et Jon se força à concentrer son attention sur la zone dont il était question. Son champ visuel était plus que réduit et il lui fallut près d’une minute avant de remarquer ce qui lui avait échappé jusqu’alors. Une forme blanche s’avançait à leur rencontre, bien que lointaine elle paraissait devenir plus visible à chaque mètre qu’elle absorbait.
Au milieu de ce chaos progressait Daenerys dont sa tenue la rendait identifiable entre toutes. Elle avait survécu. Jon en remercia les cieux. Ce fut là que son regard croisa celui de la jeune femme et le sang de Jon se glaça dans ses veines. Non c’était impossible, il devait forcément halluciner tant ce qu’il avait sous les yeux ne pouvait être vrai.
Daenerys continuait à déambuler avec la même lenteur et pourtant même à cette distance il était impossible pour Jon de se tromper. Les yeux de Daenerys luisait à présent et l’éclat bleu qui s’y décelait était tout sauf naturel.