Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 34 : La louve de Winterfell. (Arya Stark)

3289 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/03/2019 23:59

CHAPITRE NUMERO VINGT-NEUF : ARYA STARK.



Les morts avaient déjà commencé leur assaut contre les armées de Winterfell combinées à celles de Daenerys. Pourtant Arya n’avait pas la moindre idée de comment les choses évoluaient ni si certaines personnes qu’elle connaissait avait déjà succombé. A vrai dire ses préoccupations visaient essentiellement Jon ainsi que Gendry qu’elle aurait préféré savoir à ses côtés pour être en mesure de le protéger. Seulement son ami avait été retenu par Jon pour qu’ils combattent ensembles. Pour un peu Arya aurait fait demi-tour pour les rejoindre. Seulement voilà son rôle était important, il lui fallait défendre les membres de sa famille. Brandon et Sansa. Et puisqu’aucun des deux n’avaient l’âme guerrière si l’ennemi venait à surgir une personne comme Arya pourrait faire la différence dans une bataille qui s’annoncer palpitante.

Dissimulant un sourire de satisfaction à l’idée d’en découdre contre les cadavres, Arya se centra sur le présent. Winterfell avait disparu de son champ de vision puisqu’ils arpentaient une pente légère qui leur donnerait accès à la forêt proche où, avec un peu de chances, ils seraient dissimulés aux yeux du Roi de la Nuit.

Le groupe dont Arya faisait partie n’était pas bien grand. Tous avaient reçu la même mission, protéger les Stark. Arya toisa donc ceux qui devaient l’aider dans cette tâche. En premier venait Meera, cette jeune fille venue de Fort-Griseaux et dont l’attitude toute entière laissait deviner qu’elle se sacrifierait volontiers pour Bran. Arya pouvait le voir rien que dans le regard farouche qui animait Meera Reed. Cette dernière aimait Bran, nul ne pouvait nier cette évidence si ce n’était le principal intéressé. Saurait-elle pour autant résister à plusieurs adversaires à la fois ? Voilà bien une chose dont Arya ne pouvait se montrer aussi affirmative.

Certes Meera avait déjà survécu aux morts ainsi qu’au terrible froid qui régnait au-delà du Mur. Malgré tout, et selon ce qu’elle pouvait en croire, Arya croyait dur comme fer que des Marcheurs Blancs pourraient bien tenter de les intercepter. D’où venait cette conviction ? Arya n’aurait su le dire. Peut-être était-ce dû au fait qu’elle savait que Bran était important du fait de ses visions, le Roi de la Nuit ne permettrait donc pas que le jeune homme lui échappe. Et qui de mieux que ses lieutenants pour se charger de Bran et des personnes qui oseraient se dresser entre eux et l’intéressé.

Quoiqu’il en était Arya doutait que Meera soit de taille pour mener une telle lutte si les Marcheurs apparaissaient subitement. Mais en allait-il de même en ce qui la concernait ? Voilà une chose qu’Arya n’aurait su dire et préféra chasser toute forme de doute de son esprit sinon quoi elle risquait de commettre des erreurs qui pourraient s’avérer fatale pour sa personne.



Outre la jeune fille originaire des Paluds, il y avait Brienne de Torth. C’était une véritable guerrière puisqu’elle était venue à bout du Limier. Arya la savait donc à même de lutter vaillamment contre les spectres si tant est que ceux-ci viennent à les repérer et décident de lancer une embuscade. Qu’en serait-il pour le jeune homme qui avait décidé de l’accompagner dans sa tâche ? Ce Podrick était un écuyer, bien qu’assez âgé pour que ce fait paraisse étrange aux yeux de Arya, néanmoins il pratiquait des entraînements quotidiens pour se parfaire au maniement de l’épée. Arya avait assister à plusieurs de ces séances. Podrick n’était pas très doué et tout ce qu’il parvenait à faire était de mordre la poussière plus souvent qu’il ne touchait son adversaire.

La protection de Bran et Sansa était également composée d’une dizaine d’individus originaires du Nord et mis à disposition par Jon. Chacun venait d’une des maisons bannerets de la famille Stark. Arya appréciait cette marque de féauté de la part des seigneurs qui avaient voulu placer un de leurs champions pour accomplir cette mission. Il n’en demeurait pas moins qu’elle ne croyait pas un instant en l’efficacité de ces derniers. Son entraînement chez les Sans-Visage lui disait clairement qu’elle serait à même d’en venir à bout sans aucune difficulté.

En dernier venait les Immaculés. Lors de son séjour à Braavos et quand il lui arrivait d’entendre les rumeurs dans les auberges à chacune des tournées où elle vendait des fruits de mer et qu’elle effectuait quotidiennement sous le pseudonyme de Cat des Canaux, Arya avait perçu ce qui se disait à propos de ces fameux soldats eunuque qu’une reine aux cheveux argentés avaient délivré de leur rang d’esclave et étaient à présent la force principale de son armée. A en croire les divers propos, les Immaculés représentaient l’élite des combattants. Arya ne les avait pas encore vu à l’œuvre et donc ne croyait pas réellement à ses racontars. Au moins pouvait-elle admirer la façon dont en temps normal ils restaient raide comme des piquets dès lors qu’il fallait monter la garde.



Le groupe poursuivit sa progression et Arya en vint à secrètement escomptait qu’ils réussiraient à passer inaperçu. Certes une part d’elle-même éprouvait un ardent désir à pouvoir user de ses talents dans une lutte mortelle où elle pourfendrait les morts par dizaine, malgré tout il serait trop risqué d’échouer et de voir Sansa ou Bran succomber sous l’assaut qui s’ensuivrait.

Arya en profita alors pour s’interroger sur son propre trépas. Éprouvait-elle une quelconque inquiétude à l’idée que ce dernier ne survienne incessamment ? Probablement pas. C’était davantage la perspective de revenir en tant que soldat à la solde du Roi de la Nuit, les yeux luisant de bleu qui la rebutait. Si ceci devait se produire et qu’ensuite elle devenait responsable du décès de l’un de ses proches comment pourrait-elle se le pardonner ?

Pour l’heure Arya ne témoignait ouvertement d’aucune peur. Cependant celle-ci la rongeait de l’intérieur et elle ne pouvait supporter la possibilité d’avoir à perdre un nouveau membre de sa famille. Que cela concerne Bran, qui dès le début de leur périple dans la neige fraîche, s’en était allé ailleurs et dont seuls les Anciens Dieux auraient pu lui apprendre où exactement. Ou bien encore Sansa. Qui aurait cru qu’elle se ferait autant de sang d’encre pour sa grande sœur alors que tous les opposés et qu’elles étaient souvent en conflits.



« J’ai vu père mourir sans que je ne puisse l’en empêcher, se dit-elle mentalement et ce tout en revivant la scène. J’étais tout près de mère et de Robb mais là aussi je n’ai pu les protéger de ces traîtres de Bolton et de Frey. Maintenant que je suis à même de le faire je compte bien affronter quiconque cherchera à me prendre ma famille. »

A peine cette pensée lui eut-elle traversé l’esprit que les premiers morts surgirent en un nombre incalculable. En moins d’une fraction de seconde, Arya avait dégainé son arme principale qu’elle maintenait fermement dans sa pogne gauche. Il s’agissait de son poignard en acier Valyrien, celui avec lequel elle avait égorgé Lord Baelish.

Un constat s’imposa d’emblée. Son allonge serait bien courte aussi savait elle que chaque coup qu’elle porterait se devait d’être fatale. Oh elle avait toujours son épée Aiguille qui battait au niveau de la hanche à chacune de ses foulées. Cependant cette arme ne lui serait d’aucun secours dans le cas présent puisque l’acier qui la constituait était inefficace contre les spectres à moins de les ralentir en les pourfendant en deux.



« Si je survie alors je jure que je me ferai forger une Aiguille en verre-dragon, se fit-elle mentalement la promesse.

-Soyez sur vos gardes, ils arrivent. »



L’avertissement émanait de Brienne. Arya lui jeta un coup d’œil, elle vit également Meera qui se plaça devant Bran de sorte à pouvoir s’interposer entre ce dernier et les soldats ennemis. Même Sansa paraissait prête à l’affrontement à en juger par le poignard en acier verre-dragon qu’elle maintenait difficilement dans ses mains tremblantes.

Le combat débuta. Tout le temps passé à Braavos ainsi que les enseignements de Syrio Forel allaient lui servir comme ils l’avaient fait avec le dragon noir de Daenerys. Plongeant sur le côté, sautant en arrière, se baissant vivement dès qu’il le fallait, Arya évitait les multiples assauts de ses adversaires tandis que ses propres frappes ne cessaient de faire mouche.

Déjà les premiers fantassins venus porter leur assistance dans la protection de Sansa et de Bran tombaient les uns après les autres avant de se relever presque aussitôt, les yeux luisant d’un bleu sinistre, puis de foncer vers les vivants. Il paraissait que seuls les Immaculés faisaient toujours front. Arya avait sous-estimé la persévérance de tels combattants.

Quoiqu’il en fut, c’est elle qui se chargea personnellement d’occire ces hommes ayant appartenu aux forces alliées de Winterfell. Elle ne ressentit pas la moindre émotion à devoir leur enfoncer sa dague en plein cœur. Pour Arya agir de la sorte permettait de les délivrer et en son fort intérieur elle escomptait sur le fait que si jamais l’inverse se produisait l’un d’eux aurait promptement agi de manière similaire à son encontre.

La bataille n’en continuait pas moins. Arya n’avait pas le moindre répit pour souffler ne serait-ce qu’un instant. En effet la vague qui déferlait sur elle n’avait pas de fin, apportant son lot incessant d’ennemis dans des états aussi variés les uns des autres, allant du soldat entier jusqu’à ceux possédant des lambeaux de chairs, voir de simples squelettes dont les os cliquetaient à chacun de leurs mouvements.

Bien qu’elle tailladait et esquivait sans cesse, pour l’heure elle s’estimait heureuse de n’éprouver aucun signe de fatigue, entièrement focalisée sur sa mission. Elle nota toutefois que Brienne luttait contre deux Marcheurs Blancs et admira sa bravoure et sa résistance face à de telles créatures.



Les minutes s’écoulèrent. Lentement. A un moment donné, sans trop savoir comment les choses avaient pu prendre une telle tournure, Arya réalisa qu’elle ne voyait plus personne à ses côtés. Tout du moins aucun être vivant. Sentant l’inquiétude la gagner, Arya s’exhorta à plus de maîtrise. Elle pouvait retrouver les siens avant qu’il ne soit trop tard et pour se faire il lui fallait simplement revenir sur ses pas après s’être frayé un chemin parmi ses tas de morts.

Or soit ceux-ci comprirent son attention et se firent plus nombreux pour former un barrage infranchissable de cadavres ambulants. Soit elle prenait la mauvaise direction mais dans ce cas comment cela pouvait-il être possible ? Arya pouvait bien arborer une expression farouche vue de l’extérieur, à l’intérieur la petite fille qu’elle était autrefois sentit la panique s’insinuait dans tout son être et durant une demie-seconde elle se sentit petite comme une souris.

Une vision sinistre s’imposa à sa rétine. Elle voyait Bran mort, qui la toisait de ses yeux bleus, toujours assis dans son fauteuil car même dans son trépas ses jambes refusaient de lui obéir. Venait ensuite Sansa qui partageait ce même regard étincelant. En dernier arriva Jon, qui avec son sourire qu’il lui réservait du temps de leur enfance, lui parla d’une voix d’outre-tombe.



« Vient Arya. Joins-toi à nous. »



Autant de visions horrifiques qui la glaçaient d’effroi. Aussi se mit-elle à courir, escomptant échapper au sort qui l’attendait si elle restait sur place pour affronter autant d’adversaires, car tôt ou tard, elle le savait, elle ne serait plus à même d’opposer la moindre résistance.

Il ne lui était pourtant pas simple de se déplacer avec cette neige dont les congères étaient si hautes qu’elle ne pouvait voir par au-dessus. Toutefois Arya n’avait d’autres choix que de poursuivre sur cette voie afin de parvenir dans des zones plus accessibles. La plainte des morts qui lui parvenaient dans ce dos lui apprit que ses adversaires ne rencontraient pas les mêmes inconvénients et les plaintes qu’ils poussèrent semblèrent dire qu’ils savaient qu’elle ne pouvait escompter leur échapper.

Certes elle pouvait tout aussi bien se décider à poursuivre la lutte tant qu’elle possédait suffisamment de force pour le faire. Seulement voilà elle avait déjà combattu auparavant et elle sentait la fatigue commençait à poindre quand bien même elle se refusait à admettre cela. Quant à sa volonté, cette dernière servait uniquement à lui garantir de pouvoir poser un pied après l’autre sur le sol tout en évitant une chute qui rendrait caduque ses chances de s’en sortir.

Le souffle de plus en plus court, Arya n’en continua pas moins de se précipiter en une ligne droite qui la rendait d’autant plus visible que cela l’irrita sans parvenir toutefois à inverser sa trajectoire. Qui plus est il paraissait que les événements lui donnaient raison de s’acharner de la sorte car bientôt, et dans les parties surélevées des collines avoisinantes, apparurent maints spectres qui progressaient sur ses flancs dans le but de l’intercepter.

Combien pouvaient-ils être, voilà qu’elle n’aurait su dire. Des centaines à tous les coups. Pour sa part elle n’avait personne sur qui s’appuyer. Gendry avait été réquisitionné par Jon et Arya le regretta une fois encore. Quitte à devoir mourir autant que ce soit aux côtés d’une personne qui compte, non ? Arya s’étonna de cette pensée sortie de nulle part.



« Je vivrai. »



Cette affirmation fut déclamée sur un ton résolu et elle se décida à ce que les choses en aillent ainsi. Malgré tout elle ne devait pas continuer à fuir de la sorte, ça non. On l’avait formé pour tuer des gens et se battre, il était temps de mettre ses talents en action et de montrer à ces fichus spectres ce qu’il en coûtait de défier Arya Stark.

S’immobilisant en moins d’une fraction de seconde, elle fit demi-tour en autant de temps, sa dague dans la main gauche et Aiguille dans la pogne droite. Les premiers morts cessèrent d’être des pantins du Roi de la Nuit lorsque la lame en acier valyrien leur trancha leurs chefs.

Ce n’était seulement que cinq guerriers qu’elle était parvenue à vaincre, ce qui représentait qu’une petite portion de tous ceux qui en avaient après sa personne. Très vite encerclé elle en vint rapidement à éprouver des remords quant à sa décision. Elle allait périr là et bientôt deviendrait une de ces choses sans que son esprit farouche ne puisse s’opposer à cette magie qui guidait ses cadavres ambulant.

Arya secoua mentalement la tête, elle se devait de chasser ce genre de pensées négatives pour se focaliser uniquement sur le moment présent.



« Qui a peur de perdre a déjà perdu, psalmodia-t-elle silencieusement. »



C’était là un des axiomes que Syrio Forel lui aurait proféré s’il avait été présent. Il n’en restait pas moins qu’elle ne voyait pas comment elle allait pouvoir échapper au funeste destin qui l’attendait.



« Intrépide comme une louve. »



Voilà ce qu’elle devait être. Revigoré par cela, Arya ferrailla au mieux pendant plus d’une minute. Seulement son corps ne possédait plus autant de force qu’à ses débuts et l’épaule droite était si douloureuse qu’elle laissa choir Aiguille dans la poudreuse blanche.



« Pas aujourd’hui, déclamait-elle à présent, les dents serrées et les yeux luisant, pas aujourd’hui. »



Le Dieu de la Mort entendit-il ses prières ? Arya en doutait. Celui-ci œuvrait actuellement, toutefois il le faisait aux côtés des forces adverses et Arya était désespérément seule.

Soudain sa vision se brouilla et elle vit le monde autrement. Arya s’entendit haleter à mesure qu’autour d’elle le décor filait à toute vitesse. Elle était dans les bois, courait droit devant elle tout en ressentant un sentiment d’urgence. Si jamais elle arrivait en retard ça serait terminée de cette petite fille qu’elle avait connu autrefois et qu’elle avait revu il y avait peu de temps.

Arya secoua la tête et les morts emplirent une fois de plus son champ de vision. Que venait-il de se passer ? Durant une fraction de seconde elle n’avait plus été elle-même. Arya pouvait même affirmer que durant ce court laps de temps elle avait été un loup. Un loup géant plus précisément et les pensées de l’animal ne pouvait laisser deviner qu’une chose en ce qui le concernait.



« Nymeria, murmura Arya d’une voix tout juste audible tant elle n’en revenait pas. »



Et en effet cette dernière fit son apparition, sourdant depuis la forêt proche et d’un puissant bond elle renversa plusieurs spectres qu’elle entreprit de déchiqueter sans autre forme de cérémonie. Revigorée par cette vision, Arya lui prêta main-forte et pourfendit une demie-douzaine d’assaillants avant de s’apercevoir que Nymeria n’était pas seule. Une meute telle qu’elle n’en avait jamais vu venait d’apparaître à la suite de sa louve. Combien étaient-ils ? Voilà qu’elle n’aurait su le dire. Ils se dénombraient par dizaine et à chacun d’eux qui tombait sous les coups des cadavres animés, deux autres prenaient la relève.

Et finalement la tendance s’inversa bientôt et les sbires du Roi de la Nuit tombèrent les uns après les autres et en moins de cinq minutes il n’y en eu plus aucun pour défier les vivants. Pour faire bonne mesure Arya poignarda chacun des cadavres en plein cœur à l’aide de sa dague.

Ce fut là que Nymeria vint dans son dos et elle sentit la truffe humide de l’animal lui toucher la nuque. Arya entendit résonner le rire cristallin d’une petite fille et il lui fallu un instant avant de réaliser qu’il s’agissait de son propre rire et qu’un sentiment d’allégresse l’avait envahi tout entier. Elle pivota en suivant puis serra sa louve dans ses bras, savourant la chaleur bienfaitrice qui se dégageait de son pelage. Après quoi Arya recula avant de la remercier du regard.



« Nymeria, marmonnait-elle dans un souffle à peine perceptible. Je savais que tu ne m’avais pas abandonné. »



Ensuite de quoi ses ultimes forces l’abandonnèrent et elle s’écroula au sol, inconsciente avant d’avoir toucher celui-ci. Et il ne resta bientôt plus que les ténèbres.





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