Game of Thrones : Fire and Ice.
Chapitre 20 : Confidences au coin du feu. (Daenerys Targaryen)
3990 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 14/01/2019 22:17
CHAPITRE NUMERO SEIZE : DAENERYS TARGARYEN.
La nuit continuait de s’étendre sur Winterfell mais Daenerys savait qu’il en allait de même pour l’ensemble de Westeros. Ne pouvant trouver le sommeil, elle toisait l’extérieur depuis la couche où elle se tenait assise sur la bordure droite et d’après ce qu’elle pouvait en voir depuis sa position, la neige s’était remise à tomber. Par les Dieux de Westeros que ne donnerait-elle pas pour retrouver durant un temps la chaleur qui régnait dans la ville de Meereen. Tout ce froid ne lui plaisait guère. C’était à se demander comment les Nordiens pouvaient s’habituer à de pareilles conditions de vie.
Oh bien évidemment elle avait connu pire lorsqu’elle s’en était allée chercher Jon bien au-delà du Mur mais l’air glacial n’avait de cesse de l’indisposer depuis son arrivée à Winterfell et ce malgré la chaleur qui émanait à la fois de la cheminée et des murs. Ajouté à cela les douleurs au ventre qui la tenaillaient parfois et Daenerys aurait juré que les Nordiens avaient lancé une malédiction sur sa personne afin que son séjour se passe au plus mal et qu’ainsi elle renonce à chercher de devenir leur souveraine.
« Leur point de vue paraît pourtant avoir évolué, murmura-t-elle. »
Certes elle ne pouvait se montrer aussi affirmatif sur la question. Nonobstant il fallait bien reconnaître que certains bannerets des Stark avaient apprécié le fait qu’elle consente à envoyer ses propres troupes pour escorter le peuple Nordien vers des zones plus sûres et loin de l’armée des morts. Il en restait toutefois pour se défier de sa personne. Plus particulièrement Lord Glover qui répétait à qui voulait l’entendre que Daenerys finirait tôt ou tard par faire brûler Lady Sansa comme elle avait préalablement tenté de le faire avec Arya Stark et ainsi elle aurait la main mise sur Winterfell puisque Jon lui mangerait dans la main et qu’en tant que bâtard il serait aisé de l’écarter du pouvoir une fois qu’il serait devenu dispensable.
Non seulement Daenerys ne souffrait d’aucune animosité vis-à-vis des filles Stark mais elle se savait incapable de causer le moindre tort à Jon. Cette simple perspective lui donna des vertiges et elle dû se coucher sur l’imposante couche qui lui ferait office de lit dans les prochains jours pour atténuer la souffrance.
Daenerys ne comprenait pas pourquoi elle ressentait un tel malaise. Elle ne pouvait tenir à Jon au point d’éprouver de telles sensations aussi fortes. Non ? Il devait forcément y avoir une explication. Se relevant tant bien que mal elle s’approcha de la corbeille à fruits pour tenter de combler le creux qu’elle sentait au fond de son ventre.
Malheureusement hormis de rares pommes à la chair flétrie, il n’y avait pas de quoi la rassasier. Peut-être qu’en demandant à ce qu’on lui serve un repas plus consistant obtiendrait-elle gain de cause.
« A quoi bon me bercer d’illusions, je ne suis pas la bienvenue en ces lieux et les vivres sont des denrées qui vont aller en se raréfiant, je doute qu’ils consentent à nourrir celle qu’ils considèrent comme leur ennemie. »
Juste à côté de la pitance s’y trouvaient deux carafes. L’une contenait de l’eau, l’autre du vin rouge originaire de la Treille. D’après son peu de connaissances sur Westeros, cette région du Sud produisait l’un des meilleurs vins de tout le continent. Pourtant Daenerys hésita à s’en servir une coupe et porta une main à son ventre, prit d’un doute soudain.
Et si toutes ses nausées signifiaient que… . Non ce n’était pas possible. Jamais elle ne pourrait être… . Elle cessa de penser à cela au moment où des coups frappés à la porte la firent sursauter. Qui donc pouvait bien chercher à venir la trouver en une heure aussi indue ? Jon ? Non elle doutait qu’il prenne la décision de la rejoindre sans courir le risque que certains de ses bannerets ne s’en avisent et en viennent à douter des intentions de celui qu’ils avaient nommé roi.
Qui d’autres ? Une idée lui traversa l’esprit, et si ses armées étaient enfin arrivés à Winterfell ? C’était certes prématuré mais les Dothrakis étaient d’excellents cavaliers qui pouvaient avoir pressé l’allure pour gagner leur destination finale au plus vite.
« Votre grâce, fit une voix de femme. J’aimerai m’entretenir avec vous. »
Le timbre étouffée par le bois épais de la porte empêcha Daenerys ne savoir qui était son interlocutrice. Elle sen fut donc ouvrir à sa visiteuse nocturne qui s’avéra être Lady Stark. Ne sachant comme elle devait accueillir cette dernière, Daenerys se força à afficher un air affable et s’écarta pour laisser passer son hôte.
« Je suis ravie de voir que vous ne dormez pas, commença aussitôt Sansa. »
Elle entra derechef dans la chambre, avant de jeter un regard alentour. Que cherchait-elle ? Des preuves que Daenerys complotait contre les Nordiens qui ne lui prêteraient pas allégeance ? Daenerys secoua mentalement la tête. Elle devait éviter de prêter des intentions sournoises à Sansa sans quoi ceci risquait d’influencer leur conversation.
« Que voulez-vous donc Lady Stark ?
-Comme je vous l’ai dit. Je souhaiterai converser avec vous. »
Les manières de la jeune femme avait beau paraître amicale, Daenerys y dénota un semblant de froideur dans ses iris bleues claires.
« Je présume que vous vous préoccupez toujours de mes intentions sur le Nord ?
-Il y a de ça, concéda Sansa. Toutefois je suis venu m’enquérir d’une chose. Mon frère Bran m’a parlé de ce que vous avez enduré depuis votre séjour à Essos jusqu’à votre venue à Winterfell. »
Voilà qui était surprenant, pensa l’héritière au Trône de Fer. Jusqu’à sa venue dans le fief des Stark elle n’avait jamais vu le dénommé Bran. La seule mention qu’elle avait entendu sur ce dernier fut lorsque Jon apprit que son frère et sa sœur Arya étaient tous deux encore en vie. De fait comment ce garçon, à l’aura inquiétante, pouvait se targuer de connaître quoi que ce soit sur ce qu’elle avait vécu toutes ces années.
« Que vous a-t-il narré à ce sujet ?
-Bien des choses. Notamment votre traversé du désert peu après l’éclosion des œufs des trois dragons. Votre arrivée à Qarth et vos ennemis les Conjurateurs. Comment vous avez œuvré dans la Baie des Serfs pour libérer les populations réduites à l’esclavage. Votre départ de Meereen à la tête d’une puissante armada et votre affrontement contre les Lannister. »
Daenerys sentait que Sansa ne lui révélait que le peu de ce que ce Bran avait connaissance. Toutefois c’était plus que suffisant pour la troubler au plus haut point. Comment donc un garçon en fauteuil roulant, pour ce qu’on lui avait dit avait passé tout ce temps quelque part au-delà du Mur, pouvait avoir autant de sciences sur ses faits et gestes.
« Et en quoi cela implique-t-il une visite nocturne, interrogea-t-elle Sansa.
-Lorsque je suis allée le trouver mon but était de mieux vous connaître une fois que vous débarqueriez à Winterfell.
-Afin de s’assurer si oui ou non il fallait se défier de ma personne, n’est-ce pas ?
-Il serait inutile de le nier je suppose, lui rétorqua Sansa. Nous savons tous que les Targaryen ont une nette tendance à aimer le feu et de brûler les gens. »
Cette pique lui était-elle destinée par rapport à la condamnation à mort subie par les Tarly ou bien au sujet de son propre père qui avait fait rôtir vivant un Stark tout en faisant étrangler un second ? Quoiqu’il puisse en être, Lady Sansa avait poursuivi.
« Toutefois c’est une conversation que vous avez tenu avec Jon qui m’a incité à venir ici. »
Daenerys réfléchit alors en vitesse. Elle s’était souvent entretenue avec Jon. Quel dialogue pouvait bien avoir éveiller l’attention de Lady Stark ? Un doute l’envahi, Sansa devait savoir pour ce qu’il s’était passé à bord du bateau.
« Vous vous inquiétez probablement au sujet de ma relation avec votre frère. Dans ce cas… .
-Je m’inquiète au sujet du futur que vous laisserez derrière vous une fois que vous trépasserez, la coupa Sansa. »
Durant un moment Daenerys y lu là une menace contre sa personne. Sauf qu’à bien y réfléchir elle ne voyait pas pourquoi la sœur de Jon agirait de la sorte. Peut-être était-ce là le but de sa rencontre, témoigner un air amical au grand jour pour lui planter une dague en plein cœur une fois en tête à tête. Non ce ne pouvait être le cas, la façon de se comporter de son hôte témoignait de son éducation comme en recevait traditionnellement les enfants de grands seigneurs. Quant à sa posture altière ne laissait pas pour autant entendre qu’elle en avait après sa vie.
« Vous avez expliqué à Jon ne pas pouvoir avoir d’enfants, déclara Sansa. Est-ce le cas ? »
Daenerys serait bien sortie de ses gonds pour lui demander en quoi cela la regardait. Malgré tout elle s’en abstint, décidant d’user de diplomatie bien qu’une partie d’elle-même bouillait intérieurement.
« En effet. Si vous êtes au courant de ceci je subodore que votre jeune frère vous aura conté en détaille toute l’histoire. »
Le silence de Sansa lui apprit qu’effectivement ce devait être le cas. Ce n’est qu’au bout d’une minute que Sansa consentit à reprendre la parole.
« Si vous ne pouvez avoir d’héritier pourquoi donc cherchez vous à vous octroyer le Trône de Fer ?
-Car il me revient de droit, ne put s’empêcher de s’insurger Daenerys. Je suis la dernière Targaryen, je suis le dragon.
-Comme vous le dites si bien vous êtes la dernière de votre famille, débuta Sansa après un temps de latence. »
Pourquoi s’être tue ? Voilà qui était curieux. Sansa avait-elle entendu les rumeurs au sujet de Jon qui était arrivé ici sur le dos d’un dragon. Les croyait-elle fondées ? Car beaucoup de gens s’étaient demandés si la mère de Jon n’était pas une Targaryen et pourquoi pas la femme du roi Aerys.
Si tel était le cas, et à vrai dire elle-même soupçonnait que ce fut vrai, Jon ne possédait pas la moindre légitimité pour posséder la couronne de Roi. Il resterait un simple bâtard aux yeux des lois de ce monde et qu’importe si sa mère était une Targaryen.
« Il n’y a plus que moi, affirma-t-elle d’une voix forte.
-Et cependant vous comptez tout de même devenir notre souveraine alors que vous ne pouvez avoir d’héritier. Pour quelqu’un qui cherche à unir le royaume sous une seule bannière je trouve votre façon de faire irréfléchie. »
S’en était trop pour Daenerys qui se leva d’un bond, prête à en démordre. L’air calme de Sansa l’irrita ainsi que le ton d’évidence dont elle usa pour poursuivre son discours.
« Vous voulez le pouvoir, fort bien. Si Jon compte vous mener jusque-là et que vous œuvrez au mieux pour le continent tout entier je suppose que je suis prête à le suivre dans le soutien qu’il vous témoigne. Toutefois je resterai sur mes gardes. Car après tout, sans possible descendance de votre part la couronne deviendra une nouvelle fois vacante et qui alors vous succédera ? Un Lannister, un Stark, un Greyjoy ? Tout ce que votre arrivée au pouvoir entraînera c’est un nouveau conflit entre les sept royaumes pour savoir qui s’octroiera ce que vous aurez laissé derrière vous. »
Daenerys en demeura interdite, n’ayant jamais véritablement pensé à ce qui suivrait après. Seule son obsession pour son héritage l’avait guidé toutes ces années d’errance puis de règne à Meereen. Elle se savait stérile et malgré tout elle avait éludé la question même lorsque sa main Tyrion l’avait enjoint à nommer un héritier dans le cas où il devait lui advenir quelque chose.
Daenerys réalisa alors qu’elle ne pouvait plus se permettre de fermer les yeux. En effet il lui paraissait à présent évident qu’à sa mort un nouveau chaos secouerait le continent tout entier.
La population qui avait tant souffert de la Guerre des Cinq Rois risquait, une fois n’est pas coutume, d’en pâtir sérieusement. Son envie de devenir reine devait-il alors être réfréné par cette considération que jamais elle ne pourrait assurer la stabilité au sein de Westeros du fait qu’elle ne puisse donner à tous un successeur ? Non elle s’y refusait. Cette ambition avait dicté toute son existence et ce depuis la mort de son frère Viserys. Elle seule était légitime pour gouverner ce vaste territoire qu’elle n’avait découvert que récemment mais dont ses ancêtres avaient uni les sept royaumes existants pour n’en former qu’un seul.
« Je serai celle qui montera sur le Trône de Fer, affirma-t-elle d’une voix forte. Nul ne s’y opposera.
-Et si tel est le cas alors devrions-nous craindre de subir le même sort que vous avez réservé aux Tarly ? »
Se laissant dominer par le ressentiment provoqué par la façon dont les gens se défiaient de sa personne, Daenerys laissa échapper des mots qu’elle regretta aussitôt qu’elle les proféra.
« Il ne tient qu’aux Nordiens de savoir comment ployer le genou. »
Cette mise en garde accentua l’éclat de froideur qu’elle percevait dans le regard de Sansa. La jeune femme paraissait sur le point de lui proclamer quelque chose mais elle n’eut guère le temps de le faire car Daenerys se précipita vers la corbeille à fruits et se mit à vomir tout son soûl, gagnait par la suite d’une sensation d’extrême faiblesse.
Elle nota que Sansa l’observait attentivement, presque de manière suspicieuse. Que devait-elle penser ? Que Daenerys était de nature trop fragile ? Qu’elle n’avait pas la trempe nécessaire pour gouverner l’intégralité de Westeros ? Cependant la question que son hôte lui posa la désarçonna car elle n’était pas celle qu’elle attendait de recevoir.
« Est-ce que vous êtes enceinte ? »
Même Sansa ne semblait croire en cette hypothèse. Après tout ne venait-elle pas de lui rappeler, par l’intermédiaire des connaissances que lui avait apportées Bran, du fait que non, Daenerys ne pouvait attendre d’enfants.
Sansa s’approcha d’elle, la fixant toujours de sorte que Daenerys se détourna de celle-ci pour être à même de mieux se concentrer. Plusieurs fois au cours de ces derniers temps, elle avait eu des sensations de nausées, mettant ces dernières sur le compte du stress quant à la rencontre avec les Nordiens, ses sentiments pour Jon, son désir de vaincre le Roi de la Nuit pour se concentrer sur Cersei, dont elle ne mésestimé pas la menace persistante, un ensemble de choses qui pouvaient dès lors expliquer son état.
Toutefois et si il s’avérait qu’effectivement elle attendait bien un enfant. Une hypothèse certes improbable mais qui lui donnait lieu à réfléchir. Les craintes de Lady Stark s’en trouveraient dès lors nulles puisque ça signifierait qu’un petit Targaryen, voire une ne put-elle s’empêcher d’imaginer, pourrait un jour lui succéder dès qu’elle régnerait sur Westeros.
Malheureusement un problème demeurerait. Jon serait forcément le père, il était l’unique homme qu’elle avait mis dans son lit au cours des dernières semaines. Jon qui était un bâtard de part le nom Snow qui lui avait été infligé dès sa naissance. Elle pourrait toujours y remédier en le naturalisant comme un Stark à part entière. Ses sœurs pouvaient l’accepter, elle n’en doutait pas un instant et les bannerets qui lui avaient juré fidélité pouvaient tout aussi bien maintenir leurs serments de féauté. Seulement si ils apprenaient que Jon avait « engrossé » une Targaryen, un conflit pourrait-il dès lors diviser les Stark et une partie de leurs bannerets de sortes que plusieurs factions apparaissent pour savoir qui deviendrait gouverneur du Nord ?
« Je ne peux l’être, répondit-elle dans un murmure tout juste audible. »
Elle réalisa qu’en assénant cette affirmation elle s’était mise à espérer qu’elle le fut réellement. Que ne donnerait-elle pas pour serrer un enfant dans ses bras. Un enfant qui fut le fruit de sa chair. Un enfant qui naîtrait et grandirait en parfaite santé. Un enfant qu’elle ne perdrait pas comme celui qu’elle avait porté du temps où elle était l’épouse de Khal Drogo. Se souvenir de cette période n’était sûrement pas la meilleure chose à faire, d’autant que c’était là des réminiscences douloureuses. Aussi Daenerys reprit-elle après avoir soufflé mentalement.
« Vous l’avez dit vous même.
-En avez-vous la moindre garantie ?
-Et bien demandez à votre frère qui semble savoir tant de choses.
-Ce n’est pas Bran que j’interroge en ce moment-même. »
Il était évident que Sansa ne renoncerait pas tant qu’elle n’aurait obtenu de réponse de sa part. Daenerys ne pouvait accepter cette vérité qui s’imposait en elle. Elle était très certainement enceinte et devait s’en assurer elle aussi. A qui pouvait-elle demander d’établir ce constat ? Au mestre qui officiait à Winterfell ? Malgré tout il ne faisait nul doute dans l’esprit de Daenerys qu’il en référerait aux Stark. Mais si Sansa l’avait deviné pourquoi rechignait à opter pour ce choix ? La réponse ne tarda pas à lui trotter dans la tête. Elle redoutait la réaction des Nordiens et aussi celle qu’aurait Jon. Surtout cette dernière si elle se devait d’être honnête envers elle-même.
« Si véritablement il s’avère que j’attends un enfant… .
-Dont Jon est manifestement le père, la coupa une fois de plus Lady Stark.
-En effet. »
Le visage de Sansa trahit un instant la révulsion. Était-ce donc une perspective si horrible de se dire que Jon ait pu avoir une relation, aussi courte fut-elle, avec une Targaryen ? Que de celle-ci allait en découler un futur héritier dont le continent de Westeros aurait besoin ?
« Vous paraissiez craindre pour l’avenir du royaume. Réjouissez-vous car les Targaryen demeureront aux pouvoirs si je suis bel et bien enceinte.
-Jon est pourtant un bâtard. Les grandes maisons se résoudront-elles à accepter que votre descendance découle d’un tel homme ?
-Il me suffira dès lors à le décréter comme un Stark.
-Si tant est qu’il ne soit pas autre chose.
-Que voulez-vous dire ? »
Sansa se tut, paraissant avoir manqué de dévoiler une chose qu’elle n’était pas censée déclarer. Qu’était-ce ? Jon était-il lui aussi au courant de quoi que ce soit ? Si oui lui mentait-il sciemment depuis longtemps ? Elle n’osait le croire. Pas Jon qui était connu pour sa droiture et sa fâcheuse tendance à primer l’honnêteté sur le reste.
« Comptez-vous révéler à mon frère que vous attendez un enfant de lui ? »
Daenerys l’ignorait. La guerre à venir contre le Roi de la Nuit accaparait déjà pleinement ce dernier. A quoi bon lui donner des soucis supplémentaires, d’autant qu’elle n’était sûre de rien sur son possible état de femme enceinte.
« Non, lâcha-t-elle finalement. Toutefois pas tout de suite. Le conflit qui nous oppose aux morts doit rester la priorité de Jon. Peut-être qu’une fois que nous ne risquerons plus rien pourrai-je lui confier ceci. Je ne vous demande qu’une chose, le garder pour vous. »
Elle plongea ses yeux de Sansa, désireuse de connaître les pensées de cette dernière. Consentirait-elle à respecter les vœux de Daenerys ou bien sa loyauté envers sa famille l’inciterait-elle à aller trouver de ce pas son frère et lui apprendre ce qu’elle venait de découvrir ?
« Les Targaryen aiment les secrets manifestement, lui affirma la jeune femme. Peut-être serait-il plus avisé de s’en ouvrir. Par les temps qui courent qui sait ce qu’apportera le fait de les garder par-devers soi. »
Tout en prononçant ces mots, la sœur de Jon paraissait préoccupé par autre chose ? Qu’était-ce donc ? Devait-elle s’enquérir de ceci ? De nouveaux coups frappés à la porte l’en empêchèrent.
« Entrez, fit Sansa avant qu’elle-même n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche. »
La personne obtempéra et il s’avéra que c’était Arya Stark. Daenerys chercha à établir un contact avec l’intéressée en lui adressant un léger sourire, elle savait désormais que la jeune fille aimait les dragons. Sauf que Arya arborait un air indéchiffrable et l’ignora superbement, concentrée sur son aînée.
« Je suis venue t’apprendre que Lady Brienne vient d’arriver. »
L’information lâchée, Arya ne resta pas plus longtemps, elle pivota et sortie de la chambre sans ajouter quoi que ce soit. Lady Sansa s’apprêtait à faire de même mais Daenerys l’interrompit en lui attrapant le bras droit. L’éclat froid de ses iris claires l’incita à la lâcher pour éviter toute équivoque sur la requête qu’elle escomptait lui formuler.
« Pour ce que je vous ai dit tout à l’heure.
-Vos menaces vous vouliez dire, rectifia Sansa.
-Sachez que je n’aurai pas dû les proférer. Je m’en excuse et… .
-Et dans votre intérêt ainsi que celui de Jon qui souhaite tant unifier le Nord à votre cause il serait avisé que je les garde pour moi, n’est-ce pas ? Soyez tranquille, toutefois n’oubliez pas que le Nord se souvient. Et j’ai moi-même une excellente mémoire votre majesté. »
Le ton avait beau être courtois, Daenerys en perçu l’avertissement. Lady Sansa ne resta pas plus longtemps et s’en fut à l’extérieur de la pièce. Une fois seule, Daenerys s’approcha des flammes de la cheminée. Repensant à tout ce qu’il venait de se passer.
Était-elle réellement enceinte ? Elle n’osait toujours y croire, la maegi lui ayant soutenu que jamais plus elle n’enfanterait. Malgré tout Daenerys se surpris à espérer que ce tel était le cas. Que ce fut une petite fille ou un petit garçon elle s’en moquait. Si véritablement elle avait confirmation qu’elle donnerait naissance d’un futur bébé alors son héritage perdurerait et fort de cette conviction elle y puisa un regain d’énergie et de courage dans la perspective d’un futur qui pourrait aller en s’éclaircissant. A condition bien sûr qu’elle survive à toutes les épreuves qui l’attendaient en chemin.