Game of Thrones : Fire and Ice.
Chapitre 12 : Aegon Targaryen ? (Jon Snow)
3219 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 16/02/2020 11:25
CHAPITRE NUMERO ONZE : JON SNOW. (partie 1)
Jon toisait l’extérieur de Winterfell depuis l’étroite lucarne qui officiait en tant qu’unique fenêtre dont était pourvue sa chambre. Ce poste de vision et le jour naissant lui permirent de se rendre compte que la neige s’atténuait quelque peu. Avec un peu de chances le soleil pourrait faire une petite apparition au cours de la journée à venir.
Pour l’heure Jon se tenait à l’intérieur de ses propres appartements. L’endroit n’était pas bien grand à vrai dire. Certains diraient même qu’il était indigne de posséder une pièce aussi exiguë lorsque l’on avait été nommé Roi du Nord. Mais Jon s’en contentait parfaitement. Qui plus est, tout souverain qu’il avait été, un temps tout du moins, jamais il ne lui avait traversé l’esprit que ce titre lui permette de s’octroyer la chambre seigneurial de Ned Stark. Il avait donc prit le soin de la donner à Sansa qu’il jugeait plus légitime que lui puisque véritable fille de Catelyn et Eddard.
En ce qui le concernait, la salle qu’il occupait ne lui était pas tout à fait étrangère. Elle était sienne depuis toujours. Lady Catelyn ayant décidé que pour un bâtard comme lui dont le seul tort avait été d’être le rejeton d’un homme honorable qui avait fini par avoir une aventure avec une autre femme et dont Jon était l’issue de cette liaison nocturne, cet endroit était plus que suffisant.
Il était certes véridique d’affirmer que le confort n’était pas le maître mot qu’on aurait employé pour un tel lieu, sauf que depuis lors il avait connu des situations inconfortables. Son lit dont le matelas était fait de paille et non de plumes d’oies comme cela aurait dû être le cas s’il avait été un fils légitime ? Il s’en fichait. Oh il avait tout de même rajouté un peu de duvet pour rendre la chose plus aise pour trouver le sommeil mais il était loin de bénéficier de ce qu’il se faisait le mieux en terme de literie et Jon avait conscience que cette façon de faire ne plaisait pas à certains bannerets de la maison Stark.
La chambre ne possédait pas non plus de cheminée ce qui rendait les nuits froides d’alors encore plus glaciale. Ceci restait de l’ordre du supportable puisque l’unique source de chaleur provenait des murs où, Jon le savait, Brandon Stark, un lointain ancêtre, avait établi d’utiliser les sources d’eau chaudes souterraines pour les faire circuler dans un réseau murale afin de permettre qu’au plus froid de l’hiver la chaleur qui s’en dégageait permette de ne pas sentir les gelures des températures extérieures. Fort heureusement ce réseau parvenait jusqu’aux abords de sa chambre, Jon doutant que Ned eut accepté que Catelyn laisse son bâtard se transformer lentement mais sûrement en un homme de glace aux cheveux noirs.
Depuis sa position actuelle, Jon repensa à son retour dans le fief familial. Tout pour ne pas avoir à réfléchir sur la conversation qu’on venait de lui tenir. Il revit donc Arya se précipiter sur lui. Par les Anciens Dieux elle était toujours aussi exubérante en sa présence. Pourtant une chose lui avait titillé l’esprit, cet air impassible et froid dont Arya avait fait usage lorsque ses yeux s’étaient posés sur Daenerys. Jon préféra minimiser les choses. Arya finirait par s’ouvrir petit à petit, il en était certain.
Sansa paraissait avoir grandi depuis son départ pour Peyredragon. Elle avait gagné en confiance et en autorité. Les bannerets la respectaient et c’était là une bonne chose. Grâce à Sansa la cohésion restait de mise parmi les Nordiens et pourquoi pas permettrait-elle à ce que ceux-ci en viennent à tolérer puis accepter le fait que Daenerys deviennent leur souveraine légitime. Sauf si Littlefinger décidait d’œuvrer dans l’ombre pour semer la discorde et la dissension. Il se surprit d’ailleurs à ne pas l’avoir remarqué depuis son arrivée, il se promit de s’en ouvrir plus tard auprès de Sansa. S’il le fallait il serait prêt à user de la force pour chasser cet individu qui ne pouvait apporter rien de bon tant qu’il resterait à fureter dans les parages.
Venait ensuite Bran. Bran qui se tenait actuellement dans son dos en compagnie de Sam. Bran qui était celui qui, à ses yeux, avaient subi le plus de changements. Lorsque Jon s’en était allé rejoindre la Garde de Nuit, son petit frère gisait inconscient sur un lit et ce depuis des jours après qu’il eut chuté du haut d’une tour. Nul n’aurait pu prédire quand et si oui ou non il finirait par s’éveiller. Avant cela il avait été le petit garçon espiègle qui aimait gravir chaque pan de murs de tous les édifices dont ses doigts enfantins n’avaient pas encore testé les différentes prises qui lui permettraient une lente, mais surtout dangereuse, ascension.
Aujourd’hui Bran n’était plus le même. Il affirmait d’ailleurs ne plus être Bran, préférant qu’on le nomme la Corneille à Trois Yeux. D’après le récit qu’il en entendu, Bran l’était devenu suite à son séjour au-delà du Mur. La perspective qu’un jeune homme infirme comme il l’était ait pu survivre tout ce temps dans ces terribles conditions, était tout simplement époustouflante. Malgré tout, Jon avait le sentiment confus que Bran se refusait à narrer l’intégralité des aventures qu’il avait connu. Par exemple il passait sous silence ce qu’il était advenu de ses compagnons de voyages, que ce fut Hodor, son loup Été ainsi que deux gens originaires du Palud. Jon en avait donc conclu qu’aucun d’entre eux n'en avait réchappé. Toutefois, et le pire à ses yeux, était le fait que Bran déclamait tout son récit sur un ton monocorde qui ne lui ressemblait guère et qui lui faisait dire qu’il n’éprouvait aucune affliction quant à la perte de ceux qui lui avaient été proches durant toute cette période.
Bran lui avait ensuite évoqué qu’il avait des visions. Jon ne parvenait toujours pas à comprendre comment ces dernières pouvaient fonctionner, son jeune frère demeurant des plus avares en ce qui concernait d’éventuelles explications. Promettant malgré tout que viendrait le moment où il lui éclaircirait les choses.
Les pensées de Jon se portèrent ensuite sur Samwell Tarly. Son meilleur ami, son frère de la Garde de Nuit. Sam qu’il avait envoyé à la Citadelle pour qu’il suive une formation qui devait l’amener à devenir mestre mais qui avait tout laissé tomber pour venir à Winterfell avec dans ses bagages la confirmation de ce que Bran venait de lui apprendre n’était pas une vulgaire plaisanterie pour célébrer leurs retrouvailles. Qui plus est, jamais Sam, qui était au courant que les morts menaçaient l’ensemble de Westeros, n’aurait participé à une telle pantalonnade.
« Jon ? »
La voix de Sam lui parvint mais il se refusa de détourner son regard de l’extérieur. Il ne parvenait pas à assimiler l’information qu’on lui avait communiquée. Ned Stark, cet homme qu’il admirait et dont il avait voulu suivre l’exemple de droiture, cet homme brave et fort et dont il se figurait être son père depuis toujours, dont il pensait être le bâtard et dont il avait apprit à vivre avec le fait qu’en tant que tel jamais il ne pourrait bénéficier des mêmes privilèges que ses frères et sœurs qui, eux, étaient légitimes, n’était finalement pas de son propre sang. Tout du moins pas directement.
Finalement il décida qu’il était temps de confronter ses deux vis-à-vis et pivota pour leur faire face. Ses yeux se posèrent aussitôt sur Sam, le seul en qui il savait qu'aucun mensonge ne pouvait sortir de ses lèvres sans que son corps ne le trahisse.
« Sam, je te prie de me dire que tout ceci est faux. »
L’air grave et penaud de son meilleur ami lui confirma qu’au contraire, tout comme les deux autres venaient de le lui expliquer au cours des précédentes minutes, il était bel et bien le fils du prince Rhaegar Targaryen et de Lyanna Stark. Ceux-ci s’étaient mariés dans le plus grand secret contrairement à la croyance populaire qui voulait que sa tante, enfin sa mère manifestement, avait été kidnappée puis violée par le prince. Que lui-même ne se prénommait pas Jon mais Aegon Targaryen. Cette identité et toute l’affaire l’avait conduit à une seule conclusion, une conclusion qui n’était pas pour lui plaire quant aux complications qu’elle pourrait entraîner.
De bâtard du gouverneur du Nord et de seigneur de Winterfell, Jon venait de devenir l’héritier légitime du Trône de Fer. Une perspective qui aurait pu enchanter quiconque aurait eu de l’attrait pour les arcanes du pouvoir. Seulement lui ne parvenait pas à se représenter assis sur ce siège ancestral et à régner sur tout le continent. La soif de pouvoir ne faisait pas partie des traits de sa personnalité.
Certes il avait été élu Lord Commandant de la Garde de Nuit mais seulement après que ses frères l’eut choisi et que Sam eu préalablement posté sa candidature. Il avait dès lors œuvré au mieux pour remplir sa fonction avec au final des conséquences qu’il ne se rappelait que trop bien, son corps en portait d’ailleurs les stigmates indélébiles. Après cela il fut proclamé roi du Nord par les bannerets des Stark et les cris de ces seigneurs retentissaient toujours dans sa tête.
Seulement voilà, s'il avait pu choisir, jamais il n’aurait endossé ces responsabilités. A choisir il n’aurait pas non plus tenu à ce que la conversation que venaient de lui tenir Sam et Bran ne soit jamais arrivée. Malheureusement il était impossible de revenir en arrière et il le sentait, son existence toute entière venait d’atteindre un carrefour capitale.
Ce n’était pas véritablement pour lui qu’il s’inquiétait. Jon ne revendiquerait jamais le Trône de Fer, il était donc inconcevable pour les deux autres à l’enjoindre à prendre le pouvoir. Daenerys resterait la souveraine légitime dont le continent aurait besoin, c’était dans la nature de la jeune femme à pouvoir gouverner. Or il s’interrogeait sur quelle serait sa réaction si jamais il décidait de lui avouer toute la vérité en ce qui le concernait.
La prudence lui dictait que garder le silence serait pour le mieux afin d’éviter que des tensions n’apparaissent entre eux et que dans le futur elle ne s’imagine que Jon puisse être un obstacle à sa course à la monarchie. Toutefois Jon ne parvenait pas à se représenter Daenerys en venir à faire montre d’une telle attitude.
« Parce qu’elle ignorait tout de ceci. »
Il devrait donc mentir, chose qui le répugnait par avance lui qui s’était fait la promesse de ne rien garder pour lui, de dire la vérité quoiqu’il en coûte comme lorsqu’il avait exprimé sa décision de choisir Daenerys pour reine alors que Cersei l’enjoignait à ne prendre part à aucun camp dans l’affrontement qui opposait les deux femmes.
« Pourquoi me le dire maintenant ? Pourquoi ne pas avoir attendu la fin de la guerre pour me l’apprendre ?
-Tu étais en droit de le savoir. »
Savoir. Oui Jon était en droit de connaître la vérité sur sa mère. Combien de fois s’était-il interrogé au sujet de cette dernière ? Jon en avait perdu le décompte depuis bien longtemps. Et en ayant quitté le foyer familial puis vécu longuement parmi la Garde de Nuit, cette interrogation restait sans réponse ne l’avait plus autant taraudé que par le passé. Toutefois les réminiscences de ses échanges avec Ned au sujet de la principale intéressée et les réponses obstinément muettes de ce dernier s’expliquaient parfaitement aujourd’hui. Malgré tout Jon aurait amplement préféré qu’un tel secret demeure si cela devait conduire à ….
« Tu te demandes comment tu te dois d’agir à l’encontre de Daenerys, lui demanda Sam. »
Ce qui surprit grandement Jon. Par les Anciens Dieux, comment pouvait-il savoir qu’il pensait justement à la jeune femme ? Ses questions se bousculaient sur le ressenti qu’éprouverait alors Daenerys. Finirait-elle par se détourner de lui une fois qu’elle aurait connaissance de cette vérité si longtemps enfouie ? Déciderait-elle de l’abandonner lui et le Nord en s’apercevant que Jon était l’héritier légitime et qu’en tant que tel il devenait dès lors un obstacle à sa course au trône elle qui le convoitait depuis tellement d’années ? La perspective qu’elle reconsidère l’alliance actuelle n’était pas pour lui plaire ? Malgré tout Jon se refusait à croire que la femme romprait une telle alliance tant que durerait le conflit qui les opposait au Roi de la Nuit et ses terribles armées. Certes, mais et après ? Là Jon ne pouvait présumer de rien.
Toujours est-il qu’une part de lui-même ressentait un profond soulagement d’avoir mit un frein à leur relation naissante. Ce que venait de lui affirmer Bran impliquait que Daenerys fut sa tante. Comment pouvait-il désormais concevoir quoi que ce soit avec cette dernière si tous deux venaient à survivre à la guerre ?
« Nous connaissons tes sentiments pour elle, reprit Sam. »
Jamais son ami ne lui avait paru autant mal à l’aise qu’en cet instant précis. Jon les observa tour à tour, s’attardant plus particulièrement sur son compagnon de la Garde de Nuit. Il avait pourtant prit soin de ne rien laisser transparaître la veille depuis que Daenerys et lui étaient arrivés de concert à Winterfell.
« Comment ? »
Il était bien trop abasourdi pour développer l’interrogation qu’il avait sur le bout de la langue.
« Je vous ai vu sur le navire qui vous conduisait à Blancport. »
Cette fois Jon se focalisa uniquement sur Bran tout en notant du coin de l’œil que le teint de Sam avait viré au rouge. Si véritablement Bran avait pu assister à ce qu’il s’était passé sur le bateau, il s’en était manifestement ouvert à Sam. Ces visions étaient vraiment plus que troublantes, il devait bien le reconnaître. Et Jon se demanda tout ce que son frère, ou plutôt son cousin bien qu’il avait encore dû mal à accepter ce tout nouveau lien, avait pu apercevoir d’autres.
« Elle t’aime, poursuivit Bran. »
Jon l’empêcha d’aller plus loin en levant sa main droite dans un geste autoritaire. Daenerys pouvait bien ressentir des sentiments pour lui, Jon savait qu’elle aimait Snow ce qui n’était pas le cas en ce qui concernait Aegon Targaryen. Une fois de plus il se détourna de ses vis-à-vis. Il aurait souhaité rester seul, qu’on lui laisse le temps de digérer toutes ces informations.
« Au moins ça explique que tu aies pu venir sur le dos d’un des dragons. »
Ce coup-ci Sam ne dissimula en rien son enthousiasme. Jon ne le partageait pas, toujours plongé dans les doutes qui le rongeaient. Oui le mystère de son lien si particulier avec Rhaegal était éclairci. C’était là l’unique point positif qu’il en retirait. Pour le reste en revanche… .
« Qui d’autres que vous est au courant en ce qui me concerne ? »
Il avait bien une idée sur la question, toutefois il pria mentalement les Anciens Dieux pour que Bran ou Sam le détrompent. Malheureusement tel ne fut pas le cas.
« Sansa et Arya le sont, lui révéla Bran tout aussi mécaniquement que depuis le début de leur conversation. Elles devaient être mises dans la confidence. »
Jon opina du chef sans trop savoir si finalement cette nouvelle le réconfortait quelque peu ou au contraire le terrifiait. Si Daenerys décidait de le voir comme une future menace, Sansa et Arya choisiraient à coup sûr de le soutenir face à cette dernière ce qui impliquerait alors de mener tout le royaume vers une nouvelle guerre dès la fin du conflit contre les morts et cela Jon s’y refusait.
Il avait perdu beaucoup de monde au cours des dernières années. Beaucoup d’autres encore suivraient dans la lutte qui les opposerait au Roi de la Nuit et ses dizaines de milliers de spectres. Si les siens et lui venaient à triompher de cette terrible menace qui pesait sur Westeros, devait-il dès lors les contraindre à prendre part à un nouvel affrontement qui pourrait leur coûter cher et le peu qu’ils avaient réussi à sauver ? Jon ne pouvait l’accepter et c’est pourquoi il décréta :
« Il aurait été préférable qu’elles n’en sachent jamais rien et demeurent dans l’ignorance tant que j’aurai décidé du contraire. »
Toutefois la conversation ne put aller bien loin puisque son attention fut attirée vers ce qu’il se passait en dehors de sa chambre. Quelque part dans le château des éclats de voix parvinrent jusqu’à lui. Et d’après la tonalité qui allait croissante elles s’approchaient. Par les Anciens Dieux, que signifiaient donc tout ceci ? Conscient qu’il n’allait pas tarder à le savoir, Jon regarda une dernière fois ses vis-à-vis.
« Je vous préviens que nul ne doit savoir ce que vous venez de m’apprendre. Si les seigneurs n’acceptent pas notre reine, je doute qu’ils ne consentent jamais à le faire en apprenant qui je suis réellement, suis-je bien clair ? »
Il employa un ton si impérieux que les deux autres hochèrent la tête, Sam avec plus d’entrain d'un Bran qui paraissait déjà être ailleurs.
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