Game of Thrones : Fire and Ice.

Chapitre 11 : Entourée par ses ennemis. (Cersei Lannister)

4440 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/01/2020 03:25

CHAPITRE NUMERO DIX : CERSEI LANNISTER.


   Il l’avait trahi. Pire que ça même, il l’avait lâchement abandonné, la laissant seule au milieu de tous ses ennemis. Un acte qu’elle jugeait inqualifiable, impardonnable. Cersei pouvait même affirmer que ce Jaime lui avait fait été tout simplement indigne de l’amour qu’elle ressentait pour lui et que lui éprouvait pour elle.


« Tu m’as tourné le dos Jaime. Comment as-tu pu me faire ça ? J’avais besoin de toi. J’ai besoin de toi. Notre enfant a besoin de toi, ajouta-t-elle après un court silence. »


   Cersei porta sa main droite sur son ventre. La tunique noire qu’elle portait ne permettait le moindre aperçu qui témoignait qu’elle fut enceinte. Son ventre s’arrondirait bientôt, elle le sentait et davantage encore avec le temps. Elle en était certaine son fils naîtrait fort et vigoureux. Comme son père. Enfin l’ancien, l’homme que celui-ci était devenu ne pouvait être un véritable Lannister. Quoiqu’il en soit et lorsque son état ne laisserait plus le moindre doute de son état actuel elle se fit la promesse que le peuple entier de Westeros apprendrait cette merveilleuse nouvelle. Et une certitude s’imposa à elle, tous la choisiraient dès lors comme souveraine légitime puisqu’elle leur donnerait un héritier, une perspective d’avenir par l’intermédiaire de la grande et puissante maison des Lannister. Contrairement à l’autre chienne qui elle se verrait repousser de tous.

   Penser à la Targaryen en ce sens ne lui procura pas l’élan de satisfaction qu’elle en attendait. Bien au contraire, la colère qui en résultat n’eut que pour but de lui remémorer la trahison récente de Jaime puis comment ce dernier avait quitté la ville pour gagner le Nord.

   Oh ce qu’elle lui en voulait pour cet acte de folie. C’était à croire que son frère était particulièrement stupide pour avoir imaginé ne serait-ce qu’un instant qu’elle l’aurait véritablement fait exécuter par la Montagne. Tout ce qu’elle désirait c’était de tester sa loyauté à son encontre, de s’assurer que quoiqu’il arrive, Jaime serait toujours le Roc sur lequel s’appuyer en cas de nécessité. Jaime restant alors le seul en qui elle pouvait se fier, malgré ses incartades avec Tyrion sans l’en avertir, le seul contrairement à tous les autres qui pullulaient actuellement dans sa sphère privée. Mais ressentait-elle vraiment tout ceci envers son frère ?

   Peut-être se forçait-elle seulement à croire que c’était le cas. De croire que Jaime l’aimait au point de n’avoir pas cherché à vouloir à tout prix rejoindre le camp de ses ennemis. Car Cersei s’en doutait, jamais son jumeau n’aurait abandonné en toute conscience l’enfant qu’elle portait en son sein.

   Non Cersei devait voir la vérité en face et ne pas se faire d’illusion. Jaime était un traître. Comme tous les autres. C’était navrant mais à l’avenir elle ne pourrait se montrer aussi clémente à son égard et il devrait en payer le prix tout comme le ferait cette chienne de Targaryen, ce bâtard du Nord et tous ces gens qui n’avaient eu de cessent de comploter derrière elle, de la médire dès qu’elle avait le dos tourné. Cersei avait pleinement conscience qu’au vue de la tournure qu’avaient prise les événements en cours, elle ne pouvait se fier à personne.

   C’était ainsi. Et si Cersei comptait voir son enfant gouverner un jour sur l’ensemble des sept royaumes il ne lui restait qu’une chose à faire, nettoyer en profondeur Westeros de toute la vermine qui y prospérait.


   Tout à coup son attention fut attirée par une des caméristes qui lui apporta son plateau repas. Aussitôt elle plissa les yeux, suspicieuses. Depuis combien de temps cette petite peste se tenait dans sa chambre à l’espionner et ce sans qu’elle ne le remarque ? Faisait-elle partie des oisillons de Varys, elle gagerait que l’eunuque en eu encore dans la ville. Ou bien était-elle de ceux qui officiaient pour Qyburn ? Comment le savoir ? Les traîtres étaient partout.


« Ser Gregor, fit-elle dans un murmure à peine audible. »


   Presque instantanément l’ombre du colosse se matérialisa dans son dos. Un sourire satisfait se dessina sur les lèvres de la reine. Au moins pouvait-elle toujours compter sur Clegane.


« Accompagnez donc cette jeune fille auprès de Qyburn. Je suis persuadée qu’elle lui sera fort utile pour ses expériences. »


   Manifestement la camériste avait comprit ce que ça impliquait puisque son visage prit un teint crayeux. Tant mieux, la garce comprendrait dès lors ce qui l’en coûtait d’espionner ainsi sa souveraine.

   La servante et la Montagne disparurent rapidement de sa vision. Cersei ne put en dire autant des hurlements de la gamine qui retentirent longuement dans les couloirs tout en lui perçant les oreilles. Elle en vint presque à regretter sa décision et de ne pas avoir ordonné à la place son exécution pure et simple. Toutefois Qyburn avait grand besoin de cobaye. Vivant pour la majorité d’entre eux.


« Le résultat dépassera vos attentes les plus folles, lui avait-il fait la promesse. »


   Or il s’avérait qu’elle attendait toujours. Et de résultat point elle n’en avait eu jusqu’alors. Se pouvait-il que Qyburn agisse pour son propre usage ? Ou pire pour le compte de ses adversaires ? A l’avenir elle se devrait de lui envoyer ser Gregor à ses côtés pour s’assurer de son entière obéissance.

   Sauf que là où le bas blessait c’est qu’en agissant de la sorte il ne resterait plus personne à ses côtés pour la protéger de tous ceux qui la haïssaient. Ou qu’elle décide d’aller, même ici dans le Donjon Rouge, il n’y avait pas le moindre allié vers qui se tournait. Non la prudence l’imposait, dès son retour Clegane ne la quitterait pas d’une semelle, partout où elle se rendrait il serait son ombre, encore plus qu’il ne l’était d’habitude, et qu’importe si à l’avenir ses servantes s’avéraient des traîtres, jamais ses adversaires ne parviendraient jusqu’à elle pour l’éliminer. Et les Dieux seuls savaient à quel point ils seraient nombreux. Chaque jour ils l’étaient de plus en plus. La présence de la Montagne était donc plus que nécessaire par ces temps de troubles.

   Oh elle avait conscience qu’on parlerait sur son compte, qu’on la qualifierait de folle et de paranoïaque. Elle ne l’était aucunement, se voyant comme une femme forte avisée. Cersei ne redoublait pas de vigilance uniquement dans son propre intérêt. Elle attendait un enfant désormais. L’héritier du royaume. Si ses ennemis l’apprenaient, et Tyrion ne se priverait pas pour leur apprendre la nouvelle, alors tous se précipiteraient ici en vue de le lui arracher du ventre avant de jeter la dépouille aux pieds de cette Daenerys. Cersei jura que tout ceci n’arriverait jamais, elle ne les laisserait pas faire et Gregor risquait de s’octroyait une belle collection de tête.


   S’approchant d’une des fenêtres que comptaient ses appartements royaux, elle toisa la ville qui se devinait partout à la ronde malgré les grandes murailles du Donjon Rouge. Elle avait ordonné que chacune des rues de Port-Réal soient déblayées pour permettre à ses troupes de se déplacer plus rapidement en cas d’une subite attaque de la Targaryen. Les affres de l’hiver demeuraient tout de même visibles qu’importe ce qu’elle entreprenait pour lutter contre ces conditions météorologiques. Effectivement, les toits des rares édifices qu’elle parvenait difficilement à distinguer de sa position actuelle arboraient chacun une couverture de neige blanche.


« Ce sont les Stark qui m’ont lancé cette malédiction, affirma-t-elle d’une voix de celle pour qui personne ne pouvait rien lui dissimuler. »


   Cersei devait user de toute l’advertance qui lui serait nécessaire car elle en avait l’intime conviction, les Stark étaient responsables de la grande majorité de ses maux actuels. Qu’il lui aurait été plus simple d’éliminer Sansa lorsqu’elle avait encore cette dernière entre ses griffes. Quoiqu’en avait dit Jaime, Cersei demeurait convaincu de l’implication de cette petite garce dans la mort de son cher Joffrey.

   Outre Sansa, la prudence lui dictait qu’il aurait mieux fallu tuer ce Snow également. Ce bâtard qui avait eu l’outrecuidance de se prétendre roi avant de finalement ployer le genou pour cette sale chienne de Targaryen.

   A bien y réfléchir il lui aurait été beaucoup plus simple de faire d’une pierre deux coups et de se débarrasser de l’ensemble de ses ennemis alors qu’elle en avait eu l’occasion lors de l’entrevue organisée à Fossedragon. Qu’auraient-ils pu faire pour l’en empêcher, aucun d’eux n’aurait été en mesure de résister à la Montagne. Et à cette heure-ci, le chef de Jon Snow, Daenerys Targaryen, mais surtout celle de ce fourbe de Tyrion, trôneraient toutes en bonne place sur le mur de sa chambre où chaque jour elle savourerait de les voir pourrir. Sauf que l’odeur l’aurait accommodé ainsi que l’enfant qu’elle portait. Qui plus est Jaime ne l’aurait jamais abandonné comme il l’avait fait et il serait là, à ses côtés, savourant tous deux la présence de l’un et de l’autre.


               ********************


   Des coups discrets à la porte la sortirent de ses réflexions. Instantanément sur le qui-vive, elle s’interrogea sur qui cela pouvait-il bien être ? Devait-elle, comme le lui dictait la voix de la raison, attendre le retour de ser Gregor avant d’inviter la personne à la rejoindre ?


« Votre Grâce, c’est moi, Qyburn. »


   Ce qui ne la soulagea pas pour autant. Elle préféra garder le silence, priant pour que l’autre y voie là le message que sa présence n’était pas la bienvenue et qu’il ferait mieux de mettre les bouts s’il tenait à conserver la tête sur les épaules. Après tout Qyburn ne lui était pas très utile depuis quelques temps. Chose qui s’expliquait facilement si, comme elle le soupçonnait fortement, sa Main œuvrait pour le compte de ses ennemis.

   Toutefois mieux valait le garder à l’œil tant qu’elle l’avait à sa disposition et ce afin de s’assurer que sa prétendue loyauté sans faille qu’il se targuait de lui vouer n’était tout simplement pas feinte. Cersei se doutant de ce qu’il adviendrait si ses doutes se confirmaient.


« Quoi de mieux qu’une Main pour se faire poignarder dans le dos, murmura-t-elle. Entrez, ajouta ensuite la souveraine à voix haute. »


   Qyburn obtempéra, arborant un air déférent sitôt qu’il se retrouva en sa présence. Ah qu’aurait-elle apprécié pouvoir voir au travers des objets. Cersei pouvait affirmer qu’une demie-douzaine de secondes avant de pénétrer dans les appartements de la reine, Qyburn affichait une expression sournoise. Cette expression qu’il arborait à présent elle la méprisait. C’était celle que dévoilaient tous les traîtres cherchant à dissimuler leurs véritables intentions à son encontre. Si Gregor avait été présent elle lui aurait ordonné sur le champ de lui apporter la tête de Qyburn.


« Que voulez-vous, s’enquit-elle d’une voix qui claqua aussi sèchement qu’un fouet.

-J’apporte des nouvelles votre Grâce. D’excellentes nouvelles, si je puis m’exprimer ainsi. »


   De la curiosité avivait par cette assertion, Cersei n’en montra cependant rien pour garder le contrôle de la situation. Se pouvait-il donc que cet idiot soit parvenu à atteindre l’objectif qu’elle attendait de lui ?


« Vos expériences auraient-elles enfin porté leurs fruits ? »


   Elle bouillait intérieurement que tel fut le cas. Malheureusement l’expression navrée qui se dessina sur la lippe de sa Main lui permit d’obtenir une réponse à sa question. Décidément Qyburn ne lui servait plus à rien. Autant valait-il mieux qu’elle fasse tout par elle-même.


« Je suis profondément navré votre Grâce, assura-t-il d’un ton qui lui parut faux, mais pour l’heure je ne suis pas en mesure de satisfaire vos exigences. »


   Mais bien sûr, comme si elle n’avait pas deviné que tout ce que ce traître faisait c’était de retarder au maximum les choses. Quelque soit sa loyauté, il devenait évident qu’il ne l’octroyait qu’à ses ennemis du nord de Westeros et à Daenerys Targaryen. Quoiqu’il en fût, Cersei n’avait d’autres choix que de jouer la comédie et de faire semblant de porter du crédit à ces paroles mensongères et ainsi elle ne laissa rien transparaître sur son visage.


« En sommes vous êtes venu me demander de vous accorder un délai supplémentaire ?

-En effet votre Grâce. »


   L’idiot prit soin d’arborer une expression contrite. Il lui mentait effrontément et s’en délectait qui plus est. Elle se mordit la langue pour ne pas tenir des propos qui viserait à le faire comprendre que sa fourberie était démasquée. Qui plus est cette excuse comme quoi il ne parvenait à rien était grotesque. Après tout elle savait parfaitement de quoi Qyburn était capable s’il s’en donnait la peine. Ce qu’il avait fait à Clegane en était l’exemple le plus criant. Dès lors, il était inconcevable qu’elle vienne à le croire qu’en il affirmait que l’unique chose qu’elle attendait de sa personne dépassait ses capacités.


« Vous croyez donc que je possède autant de temps que ça pendant que mes ennemis sont partout et ne cessent de se multiplier autour de moi, à comploter sur la meilleure manière d’attenter à ma vie ainsi que celle de mon bébé, le questionna-t-elle une main sur le ventre.

-Je suis navré votre Grâce, c’est que la chose s’avère bien plus complexe que je ne m’y attendais et … .

-Assez, s’irrita-t-elle devant tant d’incompétence. Il serait temps de m’apporter cette nouvelle que vous jugez excellentes.

-Bien votre Grâce. »


   Oh qu’elle aurait aimé lui faire avaler sa langue au ton mielleux. De voir la peur dans le regard de Qyburn quand sa propre création, la Montagne, la lui ferait gober de force. Au lieu de quoi elle attendit que l’autre cesse de se montrer obséquieux et aille droit au but.


« Euron Greyjoy est de retour votre Grâce. »


   Elle se fichait comme d’une guigne de cet Euron qui se proclamait roi des Îles de Fer mais dont elle avait cure puisqu’à ses yeux ces terres n’étaient que de vulgaires cailloux qui ne possédaient pas le moindre intérêt. D’ailleurs Euron lui-même ne représentait ni plus ni moins qu’une unique chose, il était la principale menace contre son bébé qui naîtrait d’ici quelques semaines. Elle connaissait le désir du Fer-né à la vouloir comme femme, or jamais il n’accepterait qu’un enfant qui n’était pas issu de sa semence, puisse un jour revendiquer le Trône de Fer. Cersei se fit donc la promesse qu’une fois qu’elle n’aurait plus besoin de ce fourbe elle enverrait Ser Gregor lui rendre une petite visite de courtoisie.

   Quoiqu’il en était, Euron s’était absenté plusieurs jours auparavant et elle n’était pas peu fière de ne pas l’avoir dans les pattes tout ce laps de temps. Chose qui allait changer si véritablement le Fer-né était revenu à la capitale.

   Malgré toute son animosité pour ce personnage qu’elle jugeait vulgaire et sans aucune personnalité ni charisme, contrairement à Jaime. Oh pourquoi l’avait-il abandonné ? Il n’en demeurait pas moins qu'Euron était censé accomplir une mission pour elle. Et mieux valait pour sa tête qu’il l’ait réalisé dans son entièreté.


« Est-il seul, interrogea-t-elle son conseiller.

-Non votre Grâce, rétorqua l’autre en continuant de sourire avec son faux air d’homme affable. La Compagnie Dorée débarque actuellement, leur capitaine ayant expressément demandé audience auprès de votre personne. »


   Expressément ? Expressément ? Le terme employé manqua de l’étouffer. Elle était la reine, c’était à elle de dicter quand devait avoir lieu une telle entrevue. Cersei le sentait d’instinct, cet homme, qui qu’il fut, devait être un personnage aussi grossier et méprisant que l’était Euron. Elle ne devait pas s’en étonner plus que ça puisque c’était à croire que tous les hommes avaient été façonnés dans le même moule.

   Finalement, et plus dans l’optique de se débarrasser de Qyburn, dont le regard fouineur s’attardait un peu trop sur toute la chambre, Cersei accepta l’entrevue. Elle fut donc soulagée quand Qyburn sortit de la pièce, la laissant seule. Enfin en apparence tout du moins.


« Et ses petits oisillons qui ne sont pas loin et qui continuent de m’espionner. »


   Oui les marmots devaient être là, invisible depuis les murs dans lesquels ils se dissimulaient pour tendre l’oreille et tout rapporter à l’homme qu’elle avait nommé comme sa Main. Oh elle les exécrait ses gosses issus du bas peuple. Ils lui avaient rendu service mais ce n’est pas pour autant qu’elle devait se sentir redevable et leur donner de quoi se nourrir. Ils pouvaient très bien se contenter des rats, de petits animaux que des vermines comme eux pouvaient gober pour résister à la famine de l’Hiver.

   Elle reporta son attention sur l’extérieur. Si véritablement la Compagnie Dorée était arrivée à la capitale c’était une bonne chose. Les mercenaires étaient de bons combattants et ils ne la trahiraient pas, enfin l’espérait-elle puisque c’était leur principe fondamental que de rester fidèle à la parole donnée. Et avec ces milliers de guerriers dans ses rangs elle aurait tôt fait de reprendre le contrôle de l’intégralité de Westeros, de tuer ses ennemis où que ceux-ci décidassent de se cacher suite à quoi plus rien ni personne ne se mettrait au travers de la future dynastie des Lannister.


               ********************


   Près d’une heure s’était écoulée. Assise sur le Trône de Fer pour montrer à tout le monde où siéger le pouvoir et entre quelle main il se trouvait, Cersei attendait l’arrivée imminente de Strickland. Un nom à dormir debout.

   Ce ne fut pourtant pas le mercenaire qui fit son apparition le premier. A son grand déplaisir Euron entra dans la salle, paradant tel un conquérant alors que son seul exploit avait été de transporter des hommes d’un continent à un autre. L’expression d'Euron changea lorsqu’il se concentra sur elle. Et Cersei ne vit là qu’une démonstration de goguenardise qu’elle escomptait voir disparaître lorsque la Montagne s’avança dans l’optique de s’interposer. Euron ne parut pas se démonter pour autant et continua de sourire.


« Voyez ma douce reine, je reviens comme attendu avec la Compagnie Dorée à ma suite.

-Je n’en attendais pas moins d’un homme de votre stature, se força-t-elle à proclamer bien que chaque mot prononcé lui en coûtait singulièrement. »


   Euron ne parut pas dupe mais n’en montra rien, exagérant même sa révérence. Il vint alors se placer à sa gauche, à son grand déplaisir, occupant ainsi la position qui aurait dû rester celle de Jaime. Un simple mot de sa part et ça en serait fini du Fer-né. Après tout la Montagne paraissait attendre cela à en juger comment son imposante silhouette se tournait vers Euron, sa puissante main posé sur la garde de sa claymore à la lame démesurée. Cet ordre était sur le bout de la langue, prêt à franchir ses lèvres.


« Ma reine est encore plus belle que lors de mon départ, lui susurra railleusement Euron. Et moi j’espère que ce nouveau présent de ma loyauté lui permettra enfin d’obtenir la faveur qu’elle m’a promit voilà fort longtemps. »


   Cersei sentit les yeux salaces qui fouillaient son corps. C’était dégoûtant et grossier. Seulement que pouvait-elle espérer de plus d’un primate comme Euron ? Elle préféra feindre de s’intéresser aux péripéties de ce dernier.


« Votre mission s’est-elle déroulée sans la moindre anicroche ?

-Nul de vos ennemis n’a eu vent du but de mon voyage. Ils ne s’attendent d’ailleurs à rien de ma part si ce n’est d’avoir fui jusqu’aux Île de Fer. »


   Une moue se dessina sur ses lèvres. Avec une joie dissimulée, Cersei nota à quel point il en coûtait à son vis-à-vis que des gens puissent penser qu’il fut un couard qui s’était échappé la queue entre les jambes dès le moment où il avait apprit que les morts étaient une menace qui pesait sur l’ensemble des peuples de Westeros.


« A présent vous possédez assez de troupes pour chasser tous ces Stark et ces Targaryen de notre royaume, reprit Euron après un temps de latence. »


   Notre ? Il osait lui faire l’affront de s’inclure dans la régence de Westeros ? Elle était l’unique reine dont le continent avait besoin et ce n’était certainement pas de lui vers qui elle se serait tournée si véritablement elle aurait dû recourir au concours d’une personne pour gouverner le territoire. C’était de Jaime dont elle ressentait le désir d’avoir à ses côtés. Or Jaime n’était plus là car il était un traître comme tous ceux qui l’encerclaient en ce moment-même.

   Il était certes vrai que jusqu’à présent Euron ne lui avait jamais fait défaut, accomplissant toujours au mieux chacune des tâches qu’il se voyait assigné. Toutefois ce n’était sans doute que dans le but de l’endormir pour mieux la poignarder une fois qu’elle serait assez en confiance à ses côtés. Mais ça n’arriverait jamais, oh que non. Et alors qu’elle s’apprêtait à lui rétorquer une phrase bien sentit et ce sur un ton cinglant, Cersei n’en eut cependant pas le temps puisqu’un nouveau personnage fit son entrer dans l’immense salle du Trône de Fer.

   Il ne lui fut pas bien difficile de mettre un nom sur l’homme qui venait de faire son apparition. Strickland. Tout dénotait dans son apparence, depuis ses sourcils teint en bleu avec une barbiche couleur or et des yeux gris jusqu’à ses vêtements bicolores. Et l’air narquois qu’il arborait actuellement était bien trop ressemblant à celui qu’affichait généralement Euron pour que Cersei se décide à placer une once de fiabilité au sujet de ce Strickland et de l’ensemble des hommes qu’il avait sous ses ordres.


« Mais qui obéiront maintenant à Mes directives, pensa-t-elle mentalement. Je les ai tous payés et ils M’appartiennent. »


   Malgré tout, et quand bien même la devise de la Compagnie Dorée affirmait que leur parole valait de l’or, Cersei demeurait persuader au fond d’elle-même qu’ils lui tourneraient le dos dès lors que ses ennemis se montreraient plus généreux qu’elle ne l’avait été en les engageant. Cersei savait parfaitement que n’importe qui pouvait aisément trahir son prochain ce n’était qu’une question de temps avant que la chose ne se fasse.


« Tant d’années à mes côtés, me dire que tu m’aimais et tout ça pour m’abandonner pour cette chienne, continua-t-elle de clamer par-devers elle. »


   Et voilà que Jaime continuait à lui hanter l’esprit. Cela devait cesser afin qu’elle puisse se concentrer pleinement sur l’instant présent. Et tandis qu’elle écoutait Strickland lui sacraliser sa personne tout en lui donnant des promesses de fidélités et affirmait l’aider à détruire tous ses adversaires qu’ils furent au Sud ou au Nord, à l’Est ou à l’Ouest, elle vit claire dans les yeux de ce dernier, derrière le ton mielleux il y avait la fourberie, derrière ses prunelles grises il y avait la sournoiserie. Elle ne pouvait s’y fier et où que son regard se porta dans la salle du Trône elle n’y remarquait pas le moindre visage amical. Oui c’était ainsi, il allait lui falloir redoubler de vigilance et tout en posant la main sur son ventre elle en vint à se demander si son fils pourrait ne jamais voir le jour avec tous ceux qui lui voulaient du mal avant même d’avoir pu observer la lumière du soleil pour la première fois.



Laisser un commentaire ?