FullMetal, la fille qui voyageait a travers les mondes
Ce n’est que vers 16h que je pus souffler enfin. En guise d’anniversaire, il avait invité ses potes à jouer au poker et j’avais fait serveuse de bière depuis ce matin. Je grognais. L’image que cela m’évoquait le plus, c’était Gaby Ugliano, dans Percy Jackson. Un porc qui joue au poker avec ses potes. Mais au moins je sais que je ne suis pas une demi-déesse, ni hyperactive ni dyslexique, donc tout va bien.
Après avoir mangé, je me dépêche de refaire mon lit pour pouvoir me coucher tôt. Cette nuit, j’y retourne. Après tout, je ne vais pas renoncer juste parce que maman est repartie au travail, et demain, je retourne à l’internat. Je me mords la lèvre de frustration. Je ne vais pas pouvoir cacher mes oreilles très longtemps. Ah, je ne vous en ai pas parlé ? Ma mère et moi avons des oreilles ... spéciales. Légèrement effilées. Elle m’appelle « mon petit elfe » depuis que je suis petite.
A 2h45, lorsque mon réveil sonna, je m’habillais immédiatement. Je ne supportais pas mon pyjama, il grattait quand je marchais. Enfin, habillée, c’est vite dit : un tee-shirt, un short et des chaussures plates. Je descendis dans le salon en me faisant une rapide queue de cheval de mes cheveux emmêlés. Arrivée en bas, je répétais la même opération que la veille et je détachais le cadre, sortant mon cercle de transmutation. Je le regarde un instant en souriant, me frottant les mains après avoir sali mes mains en essuyant la cheminée. J’avais de la craie sur les paumes, c’était dégoûtant.
Après avoir bien frappé mes paumes, je me relevais et plissais les yeux. J’ai cru voir quelque chose. Une faible lueur, mais elle était bien là. J’en étais presque sûre. Je me frottais une dernière fois les mains et me mis à genou, posant les mains sur le papier. Et à partir de là, c’est le trou noir. J’ai vu un flash rouge. Je crois avoir hurlé.
Je rouvris assez vite les yeux. Tout était blanc. Enfin non. Des milliers, des milliards d’images qui défilent devant mes yeux. J’avais l’impression que ma tête allait exploser. Je lâchais un hurlement de douleur, bien réel cette fois.
- Arrêtez, par pitié !
Mais bien sûr, ça ne s’arrêtait pas. J’essayais de fermer les yeux, mais rien ne fonctionnait pour alléger la souffrance. Un choc violent sur mon côté vint alors me tirer de la douloureuse torpeur dans laquelle je me plongeais déjà. Une voix que j’avais déjà entendue quelque part criait quelque chose, mais je ne comprends rien. Cette fois, j’ai horriblement mal, même si je ne savais pas encore où. Le noir ne tarda pas à venir. Il est rassurant, chaud… ce qu’on y est bien…
Je me réveille. Ma première envie est de hurler, mais je n’en ai pas la force. Je tente de bouger, mais quelque chose m’en empêche. Non, mon propre corps m’en empêche. Ma jambe gauche refuse de me répondre. De peur qu’il soit trop abîmé, je me refuse à le regarder. A la place, je m’applique à regarder d’abord au-dessus de moi, puis à tourner la tête. Le sol est couvert de sang. Du sang ? Mais d’où vient-il ?
- Pitié… aidez-moi….
La voix. Cette voix. Cette voix que j’ai entendue dans l’endroit blanc. C’est lui. J’en suis sûre. Je sais désormais où je suis. Je sais ce qui m’est arrivée.
- Ed… Edward…
J’entends un bruit. Je crois qu’il se rapproche. Je commence à me relever lentement. L’armure est déjà tombée par terre, non loin du garçon, mais je ne m’en approche pas. Je reste sur place, assise, ma jambe droite repliée, et joins les deux mains, respirant à fond. Le rubis que m’a offert ma mère… ce n’est pas un rubis. Ce n’est pas un hasard si je l’ai reçu, si j’ai réussi à arriver ici. Rien n’est arrivé par hasard. Je n’ai même pas besoin de réfléchir pour savoir quoi faire ensuite.
- Alphonse….
Je pose mes mains sur le sol, démarrant la transmutation. Et je prie. Je prie pour que ça marche et que nous survivions tous les trois.
J’avoue ne pas me souvenir de ce qui s’est passé après. Je me souviens avoir eu atrocement mal, et sans doute que cette douleur aura eu raison de moi, me laissant dans l’inconscience. En tout cas, en rouvrant les yeux, je n’étais plus au milieu de cette pièce tapissée de sang.
- Mamie Pinako, elle est réveillée !
Je sursautais, avant de sourire, les yeux encore plissés par la vive lumière. Je sais ce que j’ai perdu, et ce sera difficile, mais je devrais l’endurer. Edward l’a fait, après tout. Grâce à cette pierre, j’ai survécu. Je suis vivante. Je sens une larme de joie rouler sur ma joue, alors qu’une petite grand-mère se penche au-dessus de moi.
- Alors, tu te sens mieux ? Tu as de la chance que les garçons aient pu venir me prévenir.
A cette évocation, je me redressais brutalement et lâchais un hurlement de douleur, avant de serrer les dents.
- Edward, et Alphonse ! Comment vont-ils ?