FullMetal, la fille qui voyageait a travers les mondes
Chapitre 1 : La fille qui dessine la nuit
1105 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/11/2016 07:42
J’ouvris les yeux et sortis de mon lit le plus doucement possible. Même en pleine nuit, je ne voyais pas trop mal. Je quittais ma chambre sur la pointe des pieds et commençais à descendre l’escalier à pas de loup. Heureusement, j’arrivais en bas sans faire grincer une seule marche. Je me dirigeais vers le salon, pleine d’espoir, et attrapais une petite craie blanche sur le tableau des corvées de la maison, dans l’entrée. Puis je décrochais le seul cadre de la pièce, un grand tableau représentant mes grands-parents dans un jardin de roses, et je le posais délicatement sur la table à manger.
« Tu vas voir, ma vieille, qui décide ici ! »
Puis je regardais l’emplacement de la peinture. A cet endroit était accrochée une grande pochette en carton, que j’ouvris pour en récupérer le contenu : une grande feuille de papier. Dessus était dessiné un cercle, dont le diamètre faisait presque ma taille.
A force de regarder des mangas, j’avais exaspéré ma mère. Elle a revendu tous mes mangas papiers, m’a interdit de dessiner en sa présence et ne supporte pas d’entendre ne serait-ce qu’un opening. J’étais obligée de me lever la nuit pour dessiner. Ma dernière œuvre comprenait une feuille recto-verso avec une copie parfaite d’un cercle de transmutation, tiré de FullMetal Alchemist, le film bien entendu.
La copie, je la terminerais ce soir-là. Il me manquait encore quelque inscriptions, que je mis une bonne vingtaine de minutes à tracer. Il s’agit d’anglais, mais cela ne me dérange pas, je me contente de le réécrire en reproduisant au mieux la graphie. Une fois que ce fut terminé, je pris ma craie et, sur la cheminée, effaçais le « J-2 » pour le remplacer par un « Tomorrow. ».
Fière de mon cercle, je l’étale au sol. Le papier tient tout juste sur le tapis. Je souris, et, riant intérieurement, joignis les mains et les pose sur le bord du cercle en fermant les yeux. Mais rien ne se passe. Je souris de plus belle.
« Je sais même pas pourquoi j’ai essayé, bon dieu que je suis conne … »
Riant doucement de mes espoirs débiles, je rangeais mes affaires. Je m’étais levée trop tard. D’habitude je dessinais de minuit à 5h du matin. Mais mon téléphone n’avait pas vibré, et je m’étais levée à 4h. Je rangeais en vitesse la craie, mon crayon, la pochette, raccrochais le cadre et remontais dans ma chambre. Je m’enfouissais dans mon lit quand le réveil de mes parents se mit à bipper.
- JUSTINE ! hurla la voix de mon père.
Je pestais. J’avais oublié qu’il passait le week-end à la maison. Je répondis d’un grognement.
- Mmmquoi ?
- C’est déjà une corvée de devoir te fêter ton anniversaire alors fait au moins l’effort d’être à l’heure, bon sang !
Je rouvris vivement les yeux. Mon anniversaire … ? Déjà ? Mais mon anniversaire, c’est le 12 janvier ! J’étais si déconnectée de la réalité que ça ? Je soupirais. J’allais encore passer une journée de merde grâce à lui. M’enfin. Je sortis de ma chambre une fois habillée et brossée et me dirigeais vers la cuisine. Je me servis un grand bol de céréales.
Ma mère était debout, en train de me fixer. J’eus un frisson en m’en rendant compte. Ma mère n’est jamais là. Enfin, si, le dimanche soir. Autrement, elle reste plongée dans ses romans. Elle écrit beaucoup, et espère se faire publier. Moi je veux juste qu’on me rende Naruto et Bleach, le reste je m’en tape un peu.
- Justine, tu t’es encore levée après ton père ? fit-elle d’un air pincé.
- Ouais. Et alors ?
Ses épaules s’affaissèrent. Elle soupira et s’approcha de moi. Je restais sur la défensive, m’apprêtant à recevoir un énième savon sur la façon de parler aux gens et sur le respect que l’on doit en se levant à l’heure. Mais elle se contenta de mettre sa main dans sa poche et d’en sortir un collier, serti d’une pierre. Celle-ci ressemblait à un rubis, mais légèrement plus foncée. En tout cas, elle était superbe. Je la regardais, interrogative.
- Maman ?
- Tu as 15 ans aujourd’hui, commença-t-elle à voix basse. Je te donne ceci. Il s’agit d’un rubis qui passe de générations en générations à toutes les filles de la famille Eastern, et ce toujours à ton âge. Il est à toi, désormais.
Je la regardais un instant, indécise, avant de la remercier et de l’enlacer. Puis je la lâchais et elle partit au travail. Je me tournais vers le salon en grimaçant, prête à affronter la « journée anniversaire » que mon père m’avait concoctée.