Un zeste de réconfort.

Aujourd’hui encore, il pleuvait sur le domaine des Soma. Et Momiji jouait du violon. Il jouait depuis une demi-heure, à présent, retenant à grande peine les larmes qui menaçaient à tout moment d’inonder ses joues. Il jouait pour Kyo. Kyo qui n’était pas là. Qui n’était jamais là. Le roux habitait chez Shiguré, avec Yuki et Tohru. Il aimait bien Tohru, elle était très gentille, un peu cloche sur les bords, mais bon. Les pensées du lapin s’aventurèrent une fois de plus vers Kyo, si bien qu’il en oublia de jouer. Il rangea son précieux instrument et s’assit sur une chaise, soupirant longuement, et prit sa tête entre ses mains, laissant cette fois ses larmes trop longtemps retenues glisser le long de ses joues. Il aimait Kyo, ça s’était sûr, mais lui ? Le chat faisait toujours comme s’il n’existait pas, il agissait toujours pour le blesser. Certes, le jeune homme était beaucoup trop joyeux, et son animation pouvait franchement être lourde, mais méritait-il vraiment la haine que semblait lui montrer le chat ? Méritait-il également les coups sur la tête ? Sans doute, se dit-il, et pour la énième fois, il soupira. Alors il réfléchit … Il ne pouvait pas changer son comportement, sinon les autres se douteraient de quelque chose … Il était bloqué, complètement bloqué. Tout ce qu’il voulait, c’était un peu d’attention de la part du roux, rien de plus. Il ne pouvait évidemment pas s’imaginer plus, vu que Kyo semblait visiblement fort attaché à Tohru. Momiji avait d’ailleurs vu un soir les deux s’embrasser tendrement. A cette vision, le jeune lapin était parti en courant, des torrents d’eau salée se déversant sur ses joues rosies. Fixant le ciel, il remarqua que, malgré les nombreux nuages, la pluie avait cessé, et un timide soleil pointait le bout de son nez. Le lapin sortit de sa maison, et marcha dans l’allée boueuse jusqu’à la rue. Il traversa celle-ci et prit à gauche au premier carrefour. Bientôt, il fut devant un luxueux magasin de confiseries et bonbons en tous genres. Il y entra et acheta quelques Chupa Chups et un grand sachet de Dragibus, qu’il allait tenter de partager avec le chat, quand il irait chez lui. Faisant à présent route vers la maison du chien, il remarqua qu'à présent, une petite pluie tombait. Elle se transforma rapidement en énorme averse, qui trempa en quelques secondes Momiji comme une soupe.

- Momiji !

Tohru se trouvait sur l'autre trottoir, en face du sien, et agitait la main joyeusement, avec un grand sourire niais. Momiji grimaça un pauvre sourire en direction de la jeune fille. Certes, Tohru lui avait volé Kyo, mais après tout, c'était son droit, leur droit d'aimer le chat ! La jeune fille s'élança sur la route, fonçant vers Momiji en tendant les bras. Mais elle glissa sur le sol humide et s'étala, tandis qu'une voiture filait vers elle à toute allure ... Le choc fut violent, et Momiji put voir de ses propres yeux sa précieuse amie se faire écraser comme une vulgaire mouche ... ou presque. La voiture coupable du crime s'enfuit, ses feux arrières brillant pauvrement dans la semi obscurité, avant de disparaître complètement. Momiji accouru vers Tohru, et tâta son pouls. Son coeur ne battait plus et ne battrait plus jamais ...

~ ~ ~

Momiji était encore sur le choc. Tohru, morte .. Non, ça n'était pas possible ! Pas elle ! Pas l'amoureuse de Kyo ! Les larmes recommencèrent à couler le long des joues du jeune garçon, tandis qu'il regardait avec la plus grande des tristesses le corps inerte de Tohru. Puis, malgré le froid qui commençait à engourdir ses membres, il courut vers la maison de Shiguré, bousculant quelques passants curieux. Il frappa la porte de ses petits poings, hurlant à mort. Shiguré ouvrit, et considéra le lapin d'un oeil sévère : il en avait marre qu'on détruise sa maison, et Momiji était bien parti ! Le blond se jeta sur le chien, enfouissant son visage dans le kimono du plus grand et pleura, pleura, pleura ... Yuki et Kyo, alerté par ce boucan approchèrent, et découvrirent un Momiji prêt à s'écrouler à tout moment, et titubant dangereusement. Le rat soupira, et prit le plus jeune dans ses bras, l'entrainant sur le canapé, où il l'y posa.

- Que se passe-t-il, Momiji ? questionna Yuki, la mine soucieuse.

- Tohru, elle ... commença le blond, mais sa voix se figea dans sa gorge, quand il remarqua Kyo, qui venait d'entrer lui aussi dans le salon, et le regardait d'un air indéchiffrable.

- Tohru quoi ? cria presque le roux, faisant sursauter le lapin, qui se recroquevilla sur lui-même, les pleurs redoublants.

Momiji ne sut répondre à cette question. Ses petites mains blanches étaient fortement posées sur sa figure, qu'il griffait, retenant à grande peine de hurler. Le roux allait le tuer, le torturer, le haïr, cela était sûr ! Il ne pardonnerait jamais la mort de sa copine ... Momiji se leva, et tenta de s'enfuir à toutes jambes. Mais Kyo le retint par la main, et approcha son visage du sien, menaçant.

- Tohru quoi ?! répéta le chat, essayant de contenir son inquiétude et son énervement. Il était presque sûr que c'était grave, sinon pourquoi le jeune lapin pleurait comme ça et semblait si apeuré ? Un mauvais pressentiment migra en lui, lentement. Et si Tohru avait été enlevée, violée ou pire ?

Une fois de plus, le lapin ne sut répondre. Puis, ne pouvant plus tenir sur ses frêles jambes, il s'écroula, inconscient.

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Quand il se réveilla, il faisait sombre. Il frotta son bras endolori. Sa tête lui tournait et il avait envie de vomir. Les souvenirs de la mort de la jeune fille brune lui apparurent et il se recroquevilla, gémissant. La porte s'ouvrit dans un grincement, et une grande silhouette s'approcha de lui, le surplombant. Momiji couina doucement, quand la lumière fut, éclatante et vive. Le garçon, qui n'était autre que Yuki, posa sa main sur le front du lapin.

- Tohru est morte, c'est ça ? dit le rat dans un souffle.

- Oui, ne sut que répondre le blond.

A suivre.