Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 25 : Jouet cassé

1672 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

William reprit conscience dans l'ambulance. Son crâne lui faisait un mal de chien et il ne comprenait pas vraiment où il se trouvait. Scott était là, lui aussi. Un secouriste lui bandait la main avec attention. Tout tanguait autour de lui sans qu'il ne sache s'il s'agissait du mouvement du véhicule ou des conséquences de ce qui s'était passé. Il avait encore distinctement en mémoire les deux yeux jaunes du renard avant qu'il ne le propulse au sol. Combien de temps s'était écoulé depuis ? Et qu'était-il advenu du robot ? Angoissé, il commença à repousser les mains qui se promenaient sur son corps pour essayer de se redresser. Les deux ambulanciers le maintinrent couché de force malgré ses grognements de colère.


"Monsieur Afton, calmez-vous. Vous êtes en sécurité."


Il lui colla une petite lampe-torche dans les yeux qui lui fit pousser une plainte de mécontentement. Un collier cervical l'empêchait de trop bouger et il se sentait prisonnier dans les sangles qui le maintenaient immobiles.


"Elizabeth... Il faut... Ma fille...


— J'ai déjà appelé la mère de son amie, le rassura Scott, elle la garde le temps que tu te remettes. Arrête de bouger maintenant, tu risques de te faire encore plus mal.


— Le re...


— Pas ici, l'avertit son manager d'une voix. On en parlera plus tard."


Le gérant poussa un soupir et se laissa retomber sur la planche dure. Ils atteignirent l'hôpital en quelques minutes. Après quelques examens, rien d'alarmant ne fut décelé. A la condition de se reposer pour de vrai, il fut autorisé à quitter les urgences avec Scott, qui s'était pris des éclats de fer dans la paume après son combat musclé contre le renard. Etant donné que la voiture n'avait pas fait le trajet avec eux jusqu'au bâtiment, ils durent attendre la mère de Sarah pour être rappatriés au Circus Baby's World, avec Elizabeth.


La petite fille, inquiète, serra fort son père contre lui. Celui-ci hésita longuement à la laisser rentrer dans le restaurant, mais sur le pas de la porte, Scott lui expliqua qu'il n'y avait plus de danger. Bon, et aussi que leurs quatre robots n'étaient plus que trois suite à cela. William constata rapidement l'étendue des dégâts : le corps de Funtime Foxy était toujours étalé au milieu de l'allée comme une poupée désarticulée et sans tête. Plusieurs morceaux de bras et de jambes étaient éparpillés tout autour de la scène. Des bouts de carrelage s'étaient aussi fendus sous le poids du robot. Réparer le robot prendrait sans doute plusieurs semaines, si ce n'était plus. Bien qu'il ne savait pas encore s'il avait vraiment envie de le réparer.


Elizabeth resta cachée derrière le pantalon de son père, légèrement effrayée par le carnage qu'elle avait sous les yeux. William lui caressa distraitement les cheveux, avant de se tourner vers elle.


"Ma puce, va jouer sur les bornes, je dois parler avec Scott."


Elle hocha timidement la tête et se dirigea vers le coin arcade de l'autre côté de la pièce. Le gérant se tourna vers son manager trop silencieux. Il avait été récupéré des sacs poubelles et tenait dans la main les restes de la poêle, pliée en deux comme si quelqu'un de très énervé l'avait forcée. William se dirigea vers le plus gros bout du squelette de métal. Il le redressa et poussa un soupir en s'aperçevant que les dégâts étaient aussi importants sur le ventre. Une partie du costume avait sauté, et l'endosquelette fuyait, répandant de l'huile sur tout le reste des composants.


"William, pourquoi le robot nous a attaqué ? Il n'est pas programmé pour faire ça, pas vrai ? Est-ce qu'il... Est-ce que c'est la même chose qui se passe avec la Marionnette, dans le Colorado ?"


Le sang du roboticien se glaça à la mention de son pire cauchemar. Il aurait pourtant dû s'en douter. Scott avait continué à faire fonctionner les caméras, il avait forcément observé le manège nocturne de la poupée de l'enfer et de son acolyte au costume doré. La tentation de tout lui raconter était forte, mais elle le mettrait en danger. Il ne voulait pas l'embarquer dans cette histoire.


"Ils... Ils ont un programme de marche automatique. Il doit dysfonctionner, improvisa-t-il. Pour Funtime Foxy, c'est sans doute une corruption de son intelligence artificielle. Les autres ne semblent pas avoir été infectés."


Sa voix tremblait, peut-être parce que lui aussi essayait de se convaincre de cet honteux mensonge. Scott ne parut pas vraiment satisfait par son explication. Il se contenta d'un "Hum" dubitatif avant de pousser les pièces métalliques avec son balai. William déposa la carcasse contre le mur, puis rassemble les morceaux de bras et de jambes autour du costume blanc. Il chercha ensuite autour de lui. Il trouva bien un oeil à terre, mais la tête n'était pas dans les parages.


"Ton ami l'a prise, dit Scott avant qu'il ne pose la question. Il était blessé aussi, peut-être même plus que moi. Mais il a disparu avant l'arrivée des urgences. Je ne sais pas ce qu'il en a fait."


Ce fait rassura encore moins William. Henry n'agissait pas sans raison. S'il avait pris la tête de Funtime Foxy, c'était pour nourrir sa curiosité scientifique malsaine. Avait-il réussi à piéger sa gamine, ou George, dans le costume ? Cela aurait pu grandement arrangé ses affaires. Néanmoins, un mauvais pressentiment lui disait que ce n'était pas le cas. Un doute horrible lui serra les entrailles : avait-il recommencé ? Il blêmit et recula d'un pas pour prendre un maximum d'écart avec le robot. Scott le dévisagea, légèrement inquiet et se demandant sûrement si le coup qu'il avait pris sur la tête n'était pas responsable de son état.


"Je... Je reviens, je dois vérifier quelque chose."


Il se dirigea vers le couloir de service mal éclairé, et s'arrêta devant la porte de l'atelier de Henry. Il prit une inspiration et poussa la porte. Son collège était là, débraillé, des cadavres de bouteilles d'alcool partout autour de lui. Il était à moitié avachi sur sa chaise, le visage rouge, et ronflait. Il ravala sa colère et le secoua pour le réveiller. L'homme rota bruyamment, puis releva la tête vers lui, surpris. Il se redressa et jeta un coup d'oeil coupable à la tête de Funtime Foxy posée sur son bureau, reliée à des tas et des tas de câbles. Plusieurs tubes translucides étaient disposés derrière le robot et produisaient de petites bulles.


Agacé par son intrusion, Henry ne parut vraiment pas heureux de le revoir aussi vite. Il tenta maladroitement de camoufler ses papiers en posant son bras dessus, mais William n'était pas dupe.


"Qu'est-ce que tu as encore fait ? Qu'est-ce que tu as fait au robot ?


— Rien du tout. Je n'y ai pas touché depuis que tu en as fait la maintenance hier matin.


— Tu sais très bien où je veux en venir.


— Eh bien, c'est sans doute l'esprit de ton fils qui s'amuse comme il peut, étant donné que tu ne fais rien pour l'aider. Mais tu le saurais si tu m'avais écouté lorsque j'ai essayé de te le dire."


William le saisit au col et le souleva de son siège.


"J'en ai rien à foutre de tes recherches de psychopathe sur les fantômes, je veux que tu arrêtes de foutre la merde dans mon restaurant. Tu vas bien m'écouter. Je me fous de tes expériences, je me fous de ce que tu fais quand j'ai le dos tourné, mais si tu t'approches à moins de deux mètres de ma fille, je te règlerais ton compte tellement fort qu'on ne reconnaîtra même plus ton visage à ton enterrement."


Il le relâcha et quitta la pièce en claquant la porte. Il regagna la salle principale. Scott avait clairement entendu le bruit mais ne fit pas de commentaires. William ferma un instant les yeux et se massa les tempes. Des étoiles dansaient devant ses yeux. Son partenaire posa une main rassurante sur son épaule.


"Eh, tu devrais rentrer avec la petite, tu n'es pas en état de travailler. Je nettoie tout ça et je vous rejoins au motel. Je paie le restaurant ce soir.


— Tu n'es pas obligé de...


— Oui, mais je le fais quand même. Allez, dehors."


Il sourit, mais abdiqua. Rien de tel qu'une bonne nuit de sommeil pour y voir plus clair, il avait raison. Il rejoignit sa fille près des bornes. Sa petite tête blonde se tourna vers lui et un grand sourire éclaira son visage.


"Je suis désolé, on va devoir reporter ta fête d'anniversaire. On va se manger une glace à la place ?


— J'en veux une à la pistache et au chocolat.


— Noté, mon capitaine. En route !"


Il lui tendit sa main et elle la prit joyeusement. En quittant le restaurant, le regard de William buta sur le magasin d'armes en face du Circus Baby's World. Il hésita un instant, avant de s'autoriser à regarder dans la vitrine. Elizabeth se dressa sur la pointe des pieds pour voir ce qu'il regardait.


"Tu vas arrêter des méchants, papa ?


— Je ne sais pas, ma puce. Mais on pourrait bientôt devoir le faire."


Elle lui lança un regard interrogatif. William lui sourit et l'entraîna vers le parc, en centre-ville. Cependant, l'idée d'acheter un pistolet pour protéger sa fille, juste au cas où, ne le quitta pas avant qu'ils ne soient rentrés dans le motel. Si le magasin était ouvert le lendemain matin, il se promit d'y faire un tour.


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