Un personnage, une histoire
Chapitre 30 : Gunter : Vie par(tie)faite
2286 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 13/06/2018 13:26
« Tu oses refuser cet honneur ?
-Oui ! Désolé, Monseigneur, mais je ne peux pas tout sacrifier pour un simple honneur !
-…
-Je ne serais pas capable de sacrifier tous mes biens et tous les êtres qui me sont chers pour plus de pouvoir.
-Tu es conscient que ce choix pourrait te couter la vie, ou celle de tes proches.
-Oui, mais seulement « pourrait ». Alors que si j’accepte ce sang… Je serais certain qu’ils y passeront. Je refuse que cela se produise.
-Tu refuses ?
-Ce choix est impossible à faire pour moi, pardonnez-moi.
-Je vous offrais un tel honneur. Je suis profondément déçu. Sortez, c’est un ordre.
-Très bien. »
Je m’incline respectueusement, et sort de la salle du trône. Je sens encore le regard empli de haine du roi Garon sur moi…
Il veut que j’accepte sa proposition. Mais je n’accepterai pas ce marché beaucoup trop couteux. Quel est ce marché ?
Je dois échanger tous ce que j’aime contre une puissance infinie. Je sais que certains personnes seraient capable de ça, mais…
Mais pas moi. Je vis une vie de rêve. Entouré de ma femme et mon fils, dans un village perdu… Et grand chevalier respecté de la cour Nohrienne.
Je me nomme Gunter. Capitaine de la garde Nohrienne, et grand espoir de l’armée. Le roi Garon me considère comme son meilleur soldat.
Alors il a voulu m’offrir le sang du dragon Crépuscule. Un sang que seuls les enfants royaux peuvent avoir. Un sang qui me rapprochera de la famille royale, a vrai dire…
Mais comme je le disais plus tôt, ce pouvoir requiert beaucoup trop de sacrifices.
Je souffle. Il faut que je parte d’ici… De toutes manières, c’est la fin de ma journée. Je vais pouvoir rentrer chez moi !
Il est déjà tard, certes… Mais au moins, je ne suis qu’à une vingtaine de minute à cheval de mon village. Alors je ne me plains pas trop.
Je pars dans l’écurie, et selle mon cheval. Je suis un grand chevalier, c’est-à-dire que je peux monter à cheval en armure.
J’ai ma monture depuis déjà une dizaine de mois. Je l’aime bien. Mais je préfère ne pas ne m’en attacher. Elles vivent moins longtemps que moi, ces braves bêtes...
Je monte, et part au galop sans attendre. Mon village est assez loin d’ici. Mais je ne changerais ce quotidien pour rien au monde. Surtout pas un sang du dragon…
Plus qu’à atteindre ma chère demeure. Je suis tellement impatient !
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-Je suis arrivé, Silque !
-Ah ! Te voilà, Gunter !
Je suis enfin rentré chez moi ! Ce voyage n’est pas très long, mais lorsque j’ai envie de voir ma femme, la moindre seconde parait une éternité…
Je pose mon armure dans un coin, et voit Silque arriver. Silque est mon épouse depuis quelques années maintenant. Elle est si forte… Même en ne me voyant jamais de la journée, elle trouve toujours le moyen de sourire.
Un si doux sourire… Rajouter à cela des yeux bleus comme le ciel, une chevelure brune douce, un visage arrondi… Elle est la définition de la gentillesse.
-Je suis contente de te revoir ! Comment s’est passé ta journée ? Elle me demande
Je lui embrasse le front doucement. Elle rit un peu.
-Très bien ! Et toi ? Je fais
-Oh, comme d’habitude ! Oh ! Mais tu sais quoi ?
Elle me fait un petit sourire malicieux.
-Non, qu’est-ce qu’il y a ? Je demande
-J’ai enfin pu prendre cette épée en bois à Kliff ! Il est tellement ravi ! Elle affirme
-Oh, c’est une vraie bonne n…
-Papa ! Papa !
Je me retourne. Kliff, notre fils, arrive en courant, épée à la main. Une épée en bois, un jouet dont il rêvait depuis qu’il l’avait vu.
Il a toujours voulu devenir un épéiste, pour pouvoir rivaliser avec ma hache. Il affirme qu’un jour, il sera si fort qu’il pourra me vaincre. Il est toujours si optimiste…
Je souris en le voyant arriver. Un jeune garçon blond, comme moi. Un regard comme sa mère. Un sourire identique aussi.
Il me fonce dessus, et je le rattrape vivement. Je le fais un peu tourner, puis il rit encore plus en disant :
-J’ai une épée ! Je vais devenir encore plus fort maintenant !
-Oh, vraiment ? Je fais
-Ouais ! Je vais être plus fort que toi !
-Je n’en doute pas !
Silque sourit doucement. Un sourire si charmant !
-Allez, allons manger ! Elle fait
Elle reprend Kliff de mes bras doucement.
-Mais maman ! Il proteste
-Ton père doit être épuisé ! Laisse le tranquille pour l’instant ! Elle affirme
-Mais papa ne peux pas jouer avec moi ?
-Je pourrais demain, je te le promets ! Je lui affirme
Il sourit, et lorsque Silque le pose, il court se mettre à table.
Je souris, et regarde ma femme. Qu’est-ce que je pourrais bien faire sans elle… Cependant, elle remarque quelque chose, et me demande :
-Tu as passé une mauvaise journée ?
Je sors de mes pensées et secoue la tête :
-Non, non…
Elle approche, et pose ses mains sur mes épaules.
-Je sais très bien que tu mens. C’est inutile de me cacher tes problèmes… Elle affirme
Je la regarde quelques secondes, et souffle doucement :
-Je t’aime, Silque.
Je la serre dans mes bras. Fort. Très fort. Et respire aussi bruyamment. Je ne la lâcherais jamais…
Elle, elle semble confuse. Elle arrive à peine à articuler un :
-Gunter…
-Je t’aime. J’espère que tu le sais. Je fais
-Je…
Elle me resserre en retour, et prend une voix si douce…
-Je sais, Gunter. Moi aussi, je t’aime.
On reste tous les deux dans les bras de l’autre pendant un long moment. Sans bouger. Jusqu’à se faire couper par Kliff.
-Vous venez ? Il demande
Silque se sépare de moi en souriant.
-Oui, on arrive !
Elle part vers Kliff, et me lance un regard attendrissant. Moi, je soupire, et part m’assoir.
Je regarde Kliff. Il ressemble tant à sa mère…
Je secoue la tête. Comment est-ce que le roi Garon a pu me proposer quelque chose comme ça… Sacrifier ma famille pour…
C’est parfaitement stupide. Jamais je n’accepterais quelque chose comme ça.
-Hehe ! A table !
Silque arrive, un grand plat à la main. Bah ! Oublions tous mes problèmes ! Et passons à table !
De toute façon, rien ne pourra jamais changer mon quotidien. Rien.
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-Y… AAAAAAH !!!
J’abats brutalement ma hache sur le mannequin. Il est complètement détruit. Je soupire. C’est la troisième fois aujourd’hui…
Ma hache acier est trop forte ? Je la regarde. Non, pas tant que ça pourtant…
Enfin, retournons à l’entrainement. Je jette le reste du mannequin dans un coin, et en prend un nouveau. Sans attendre, il subit à son tour mon courroux.
Je suis de retour au château, pour m’entrainer. Le roi Garon ne souhaite plus me parler depuis maintenant 1 mois… Je me demande pourquoi…
Mais le coup que je lui ai fait il y a justement un mois doit l’avoir vraiment vexé… Mais tant pis. Je refuserais toujours sa proposition.
Je frappe à nouveau un mannequin. Très fort. Oh non, il est encore brisé…
Il faut vraiment que j’apprenne à contenir ma force, quand je suis en entrainement… Je ne pense pas que les gérants aimeront que je saccage leurs mannequins d’entrainement…
Je continu de frapper avec ma hache sur le suivant. Encore et encore. Mais cette fois, allez savoir pourquoi… Je me sens mal…
J’ai un mauvais pressentiment… Et mon instinct me trompe rarement…
Est-ce que ce serait en lien avec la mauvaise réputation que je me suis collé pour Garon ? Je suis certain qu’il m’en veut tellement qu’il serait prêt à se venger… C’est tout à fait son genre…
Et sérieusement, jamais je n’ai passé deux jours sans qu’il ne veuille me voir. Alors un mois d’absence, c’est vraiment très louche.
-GUNTER !!! GUNTER !!!
Je me retourne, lâchant ma hache. Je vois arriver un garde en courant. Je m’approche, il semble essoufflé…
-Han… Han… J’ai… J’ai fait… Aussi vite que j’ai pu… Il souffle
-Calmez-vous enfin ! Qu’est-ce qu’il se passe ?
Il relève la tête. Le regard… Plein de pitié ? De tristesse ? Mais…
-Pardonnez-moi… J’aurai du venir plus vite… Je…
-Dit moi juste ce qu’il s’est passé !
Je commence à m’inquiéter sérieusement… Qu’est ce qui lui arrive ?
-V… Votre village… Il commence
Je me raidis.
-Q… Quoi ?
-Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ! Mais… Mais… Il y a eu une attaque, et…
-Non…
-J’ignore si quelqu’un a survécu. Aux dernières nouvelles, le village était en flamme… Cela remonte à une heure, voir plus…
Je ne dis plus rien. Ma bouche s’ouvre mais aucun son ne sort.
C’est… C’est impossible…
Je cours. Vers les écuries. Je monte sur mon cheval. Je crois qu’il n’a même pas de selle… Mais je m’en fiche totalement.
Je ne veux pas y croire. Je ne veux pas y croire. C’est impossible… Comment… Qui…
Mon village serait en flamme ? A cause d’un groupe ? Et depuis combien de temps ? Le feu aurait-il commencé avant que le messager n’arrive sur les lieux ?
Il ne peut pas dire la vérité ! C’est impossible ! Ils… Ils…
J’arrive enfin au village. J’ai mis bien moins de temps que d’habitude. Mais… Le spectacle est aussi morbide que je l’imaginais.
Je descends lentement de mon cheval. Je fais un pas.
Le feu. C’est tout ce que je vois.
Des ruines en feu. Des maisons anciennement habités, dorénavant consumées par les flammes.
Et sur le sol… Du sang. Des morts. Partout. Je reconnais chaque visage. Chaque personne m’appréciait, ici… Tout le monde…
Ils étaient tous si fiers de moi lorsque je suis devenu chevalier à la cour… Et maintenant… Maintenant…
Mes yeux s’écarquillent. Réalisant… Que…
-SILQUE !!! KLIFF !!!
Je hurle à la mort. Les appelle. Aucune réponse ! Aucune réponse ! Rien !
Je commence à pleurer. Non… J’ai besoin d’une réponse…
J’arrive devant chez moi. Ou du moins ce qu’il en reste…
La maison est en flamme. Encore plus que toutes les autres. Presque comme si l’incendie avait commencé ici.
J’avance un peu. Puis, tombe au sol. A genoux. Pleurant.
-Silque… Kliff…
Je baisse la tête. Je la vois… Là, brulante, fumante, presque entièrement consumée…
Je la prends dans les mains. L’étend. La regarde fixement.
L’épée de Kliff… Sa petite épée en bois… Son meilleur jouet… Il ne s’en séparait jamais…
-Kliff… Non…
Je serre la petite épée en bois contre moi. C’est impossible… C’est pas vrai…
Il est… Parti… Pour toujours…
-AAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!!!!!!!!!!
Je hurle de douleur. Ils sont partis… Kliff, mon sang… Silque, mon amour… Et tous mes amis d’ici…
Pourquoi ! Qui a pu faire une chose pareille ! Comment un tel massacre a pu avoir lieu ! Pourquoi est-ce que quelqu’un voudrait…
… Voudrait…
M’enlever tous ce qui m’est cher…
…
…
…
Non, il n’aurait pas osé… C’est impossible…
Mais si… Il y avait des guerriers ici. Un simple groupe de bandits n’aurait pas pu vaincre ce village si facilement.
Non… Ils se sont fait attaquer par d’autres guerriers. Plus puissants…
Des… Chevaliers…
L’armée… De Garon.
Je serre les poings. Il voulait que j’hérite du sang du dragon… J’ai refusé pour garder tout ce qui m’est cher… Et maintenant, il suppose que comme je n’ai plus rien de cher…
C’est de sa faute… C’est uniquement de sa faute… Garon a tué mes amis… Ma femme… Mon fils…
Mes larmes coulent encore. Mais de rage. Je grince des dents. Serre les poings. Du sang s’échappe d’entre mes paumes…
Mais je m’en fiche. Garon payera… Je me le jure.
-TU PAYERAS !!!!!
J’abats mes poings contre le sol.
Silque… Je t’aime… Kliff… Je t’aime…
Et je vous vengerais.
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C’est… Terminé…
Tout est terminé.
Devant ce trône doré, dans cette salle qui n’est pas de notre royaume, ils sont vengés… Enfin…
J’approche du cadavre. Il n’a pas encore disparu… Je lui plante ma hache entre les deux yeux.
-T’es enfin mort. Ça fait longtemps que j’attends ça.
Je souris. Voir son cadavre partir me fait sentir… Si heureux.
Je me retourne. Les enfants royaux sont soulagés de leur victoire. Je les comprends. Je suis si heureux…
Merci, Corrin, de m’avoir permis de venger ma famille.
Silque… Kliff… Je vous aimerais jusqu’à la fin des temps. Je ne vous oublierais jamais.
Et maintenant, j’ai envoyé votre assassin en enfer.
Je vous aime.
Maintenant, je peux vous dire adieu pour de bon.