Aisling.
- Revenez ici bon sang!
Une jeune fille vêtue d'une simple robe blanche se mit à courir derrière les chocobos dans l'espoir de les rattraper. Son père les lui avait confiés et s'il apprenait qu'elle les avait laissé s'échapper, elle passerait sûrement un sale quart d'heure.
D'une main, elle retint ses longs cheveux blonds soyeux balayés par le vent et de l'autre, elle souleva légèrement sa robe afin de pouvoir courir plus facilement. Les quatre chocobos étaient en train de se diriger vers la forêt.
- Oh non! Eh, pas par là-bas!
Mais les bêtes n'en firent qu'à leur tête et elles accélérèrent le pas. Bon sang, pourquoi est-ce que ça n'arrive qu'à moi ce genre de truc?! Grommela-t-elle secrètement. La forêt, par ces temps de chaleur, grouillait de monstres en tout genre qui ne feront qu'une pièce d'eux. Pieds nus dans l'herbe fraîche, elle laissa retomber ses cheveux et tint sa robe avec ses deux mains.
Elle passa devant des villageois amusés qui la regardaient courir. Elle entendit même des sifflements, signalant qu'elle avait sûrement remonté sa robe un peu trop haut. Sans ralentir, elle se retourna pour les insulter. Deux jeunes garçons d'environ son âge -c'est-à-dire dix-neuf ans- éclatèrent de rire et reprirent leur discussion. Mais lorsqu'elle voulu regarder de nouveau en direction de la route, elle se cogna contre un torse musclé. Elle leva rapidement la tête et découvrit un jeune homme qu'elle détestait plus que tout au monde qui lui montrait toutes ses dents.
- Pousse-toi, lui ordonna-t-elle en le poussant.
- Ça fait six mois que l'on ne s'est pas vu et tu veux déjà que je parte? Répliqua le jeune homme.
La jeune fille, exaspérée, commença à faire demi-tour. Il a qu'à repartir chez lui, songea-t-elle.
- Et tes chocobos? L'interrogea-t-il;
Les chocobos! Elle les avait oublié l'espace d'une seconde. Elle porta de nouveau sa robe et contourna le jeune homme qui éclata de rire et qui la regarda partir. Quant à elle, elle regarda le sol afin de ne pas marcher n'importe où. Il faut dire que courir pieds nus, c'est pas très pratique... De plus, elle n'avait qu'à suivre les pas de chocobos pour les retrouver.
Elle poussa un juron en voyant ses pieds se noircir de terre. Pourquoi moi?! Je vais tous les jours prier au temple et pourtant, il faut que je subisse ça! Le fait d'avoir revu l'autre imbécile l'avait rendu particulièrement aigrie.
C'est alors qu'elle entendit la plainte sourde d'un de ses chocobos. Affolée, elle accéléra vivement cette fois-ci. Elle sauta par-dessus les racines des arbres, quitte à atterrir dans la boue. C'était toujours mieux que de perdre une marchandise. A présent, non seulement ses pieds étaient pleins de terre, mais ils étaient en plus écorchés. Néanmoins, elle n'y prêta aucune attention et courut en passant entre chaque arbre, chaque buisson, tout en suivant la trace qu'avait laissé ses bêtes.
Elle arriva finalement dans une plaine ensoleillée où l'herbe était fraîche. Elle constata avec soulagement que les bêtes étaient en train de se nourrir. Elle les compta. Une. Deux. Trois. Elle prit place sur une racine d'arbre et souffla. Elle ferma les yeux pour tenter de se calmer. Les bêtes allaient... Une minute. Elle ouvrit de nouveau les yeux et recompta. Une. Deux. Trois. Or, il y avait quatre bêtes qui s'étaient échappées. Elle se leva, énervée et se dirigea vers les chocobos au cas o l'une d'elles serait cachée par les autres. Mais non, rien à faire. Elle serra le poing et se retint de hurler. Son père allait la tuer... Elle venait de leur faire perdre 1500 gils.
C'est alors que la plainte sourde se fit de nouveau entendre. Elle leva la tête et se dirigea vers la source du bruit en silence. Tout ce qu'elle espérait, c'est que le bruit vienne de la quatrième bête. Si c'était le cas, alors elle serait sauvée! Elle vit alors la bête qui était au sol. Elle se dirigea en courant vers elle et découvrit qu'elle avait été blessée. Sa mère étant guérisseuse, elle s'aperçut que sa blessure était d'origine magique et qu'on venait d'empoissonner la bête au Cyanure.
Elle regarda autour d'elle. Voyant qu'il n'y avait personne, elle alluma ses paumes d'une douce lumière blanche et la passa au-dessus du corps de la bête qui gémissait. Elle lui dicta des paroles douces destinées à le rassurer tout en espérant que les autres chocobos étaient restés à leur place.
En deux minutes, l'animal fut soigné. Soulagée, la jeune fille se releva et attendit que le chocobo fasse de même. En signe de sa reconnaissance, celui-ci s'inclina, permettant à la jeune fille de monter sur son dos. Elle l'obligea à accélérer le pas afin de voir si les autres chocobos n'avaient pas bougé de place.
Ce qu'elle découvrit la mit hors d'elle. Ses chocobos étaient au sol, agonisants, tandis qu'un jeune brun aux yeux verts se tenait derrière eux, un sourire sadique aux lèvres. Il avait à côté de lui un ballon de blitzball -un sport très populaire sur Spira. Des fumées vertes s'échappaient de la balle bleue. Elle vit le sportif qui se baissa et qui ramassa sa balle d'un air satisfait. Il commença à faire demi-tour sans même s'apercevoir de la présence de la jeune fille. Mais celle-ci ne comptait pas le laisser s'en tirer.
- Eh toi! Cria-t-elle. Pour qui tu te prends pour empoisonner ces bêtes?!
Le jeune homme se retourna lentement et posa son regard émeraude sur elle. Pour se donner une contenance, la jeune fille le foudroya du regard et posa les mains sur ses hanches. Elle avait toujours eu un caractère fort et disait toujours ce qu'elle pensait.
- Qu'est-ce que ça peut bien te faire? Répliqua-t-il.
Elle descendit de sa monture et s'avança d'un pas révolté en direction du jeune homme qui l'observait faire, amusé. Elle était très jolie avec ses yeux bleus indignés qui le fixait. Il posa son ballon sous son bras et tenta de se donner une attitude hautaine -comme il le faisait avec toutes les filles qui lui plaisait. Il lui offrit un sourire charmeur auquel elle aurait dû succomber. Mais la jeune fille ne le remarqua même pas et elle s'arrêta à deux pas de cet insolent qui se croyait tout permis.
- Il se trouve que ces chocobos sont mes chocobos! Et il se trouve que tu viens de les empoisonner!
- Je suis sincèrement désolé, déclara-t-il d'un air presque solennel dans l'espoir que la jeune fille passe l'éponge sur ce qui venait de se passer. Il n'avait certainement pas envie de l'entendre se lamenter toute la soirée sur cet épisode alors qu'il pouvait faire des choses... beaucoup plus intéressantes.
Mais celle-ci ne l'entendait pas de cette oreille.
- Qu'est-ce que tu veux qu'elles me fassent tes excuses bidons?! Le résultat reste inchangé! Mes bêtes sont empoisonnées.
Belle et caractérielle, remarqua le jeune homme. Elle commençait à lui plaire. Il tenta de lui offrir un sourire séducteur cette fois-ci et lui saisit délicatement le bras. Il l'attira ensuite contre lui, colla sa bouche contre son oreille et se présenta:
- Moi, c'est Tiago. Ravi. Je fais parti de l'équipe de blitzball de Kilika et j'aimerais beaucoup te connaître.
Cette fois, il en était sûr, elle ne pourrait pas résister. Aucune jeune fille n'avait pu résister à cette phrase. Quoi de plus flatteur que de passer une nuit avec un sportif reconnu. Ils allaient sûrement bavarder, il l'emmènerait ensuite diner et enfin, ils passeraient aux choses sérieuses... pour ne plus se revoir.
Mais une violente gifle le ramena à la réalité. Choqué, il tourna lentement la tête en direction de la petite blonde qui venait de l'humilier. Elle s'était défaite de son emprise et, toujours aussi énervée, elle se dirigeait à présent vers ses chocobos. Tiago porta sa main à sa joue. Il n'en revenait pas. Elle venait de le gifler! C'était la première fois qu'une fille osait le gifler. Et le pire, c'est qu'elle ne semblait éprouver aucun remord!
- Pourquoi t'as fait ça?! S'énerva-t-il.
- Parce que j'en avais envie. Tu te prends pour qui? Tu crois vraiment que de jouer au blitzball, ça te donne tous les droits? Tu viens d'empoissonner mes bêtes et tu croyais que j'allais te sauter au cou simplement parce que tu m'as servi un beau discours? Pfff...
Elle pouffa d'un rire moqueur et révolté et s'agenouilla devant une de ses bêtes. Elle ressentit toujours la présence de Tiago derrière elle. Elle soupira et questionna:
- Tu comptes rester encore longtemps ou tu peux partir?
- Je m'en vais. Mais on se reverra, tu verras. Tu vas me le payer.
- Bah voyons! Mais bon, au cas où, moi c'est Aisling. T'auras pas besoin de me chercher longtemps vu qu'ici, je suis la seule à m'appeler comme ça.
- On se reverra. Ne t'inquiètes pas.
Humiliée, le jeune homme reprit la route en direction du village, se jurant de se venger de cette jeune insolente.