Une connexion à part

Chapitre 21 : Un toit pour deux coeurs

1239 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 21 jours

Sephiroth avait obtenu la visite presque aussitôt. Une simple demande, et les rouages de la Shinra s’étaient mis en marche comme si tout lui était dû. Peut-être que c’était le cas. Héros de guerre, visage emblématique, il n’avait qu’à vouloir pour que l’on exécute.


La réceptionniste, Sabine, afficha un sourire de façade, mais je devinai derrière ses yeux l’étonnement mal contenu. Le général, en couple ? C’était presque une légende urbaine. Et puis, elle me vit. Ses sourcils se haussèrent brièvement, comme si elle cherchait une explication logique. Mais il suffisait d’un regard entre nous, d’un frôlement d’épaules à peine appuyé, d’un geste doux, pour que l’hésitation se dissolve. Nous devions faire comme si c'était le cas sinon jamais nous nous donnerions cet appartement. Malgré tout je ressentais quelques choses de sincère entre nous. C'était indéniable meme si nous n'avions pas posés de mots dessus.


Officiellement, nous n’étions pas un couple. Officieusement… le cœur battait parfois plus fort que la raison.


L’appartement, situé au huitième étage d’une tour silencieuse, avait ce charme discret des lieux fraîchement rénovés. Les murs crème reflétaient une lumière tiède et accueillante. Le parquet, blond et doux sous les pas, craquait à peine. Un mobilier minimaliste, mais choisi avec soin, garnissait les pièces : canapé gris anthracite, table en verre, cuisine ouverte et fonctionnelle. L'essentiel était là.


Une chambre unique. Et un canapé-lit en appoint, plié dans un coin du salon. Un détail, presque anodin, mais qui semblait soudain chargé de sens. Une échappatoire, au cas où les choses deviendraient… trop proches si l'un de nous ne le sentions pas?


À la fin de la visite, nos regards se croisèrent, et sans avoir besoin d’en dire plus, nos voix s’unirent dans une harmonie parfaite.


— Nous le prenons.


Sabine éclata de rire, surprise.


— "C’est bien la première fois qu’on me donne une réponse aussi rapide."


Elle tendit les formulaires à Sephiroth, qui les signa avec assurance, d’un geste précis. Et puis, trois signatures plus tard, elle nous tendait les clés avec un sourire complice.


— "C’est à vous, désormais."


Dès qu’elle disparut derrière la porte, un silence presque sacré s’installa. L’air semblait différent. Chargé. Je posai mes doigts sur le plan de travail de la cuisine, caressant la surface lisse comme si j’effleurais un rêve tangible.


— "C’est dingue…mon premier appartement. Et encore plus avec quelqu'un" murmurai-je, la gorge un peu serrée.


Sephiroth tourna lentement sur lui-même, observant chaque recoin du regard, les pupilles brillantes d’une curiosité enfantine. Ce n’était pas seulement un logement. C’était un point de départ.


— "Quand veux-tu déménager ?" lui demandai-je en me tournant vers lui.


— "Le plus vite possible. Je n’ai pas grand-chose. Quelques vêtements. Des produits de douche..."


Je haussai un sourcil, un sourire en coin.


— "Et une armée de shampooings." Le coupais je en rigolant.


Il rit doucement, un éclat rare mais sincère dans sa voix.


— "On n’a rien sans rien, ma chère. Une bouteille par usage. C’est la règle."


— "C’est une obsession capillaire ou un culte secret ?"


En réponse, il passa lentement ses doigts dans ses longues mèches argentées, un geste lent, presque sensuel.


— "Admire la perfection. L’effort paie."


Je ris, un rire clair et spontané, et tendis la main vers mes propres cheveux.


— "Et mes cheveux alors ? Je n'use pas d'une bouteille par shampoing mais j'estime qu'ils sont bien"


Il s’approcha sans bruit, et glissa sa main contre ma nuque, remontant dans mes mèches avec une douceur qui me fit frissonner.


— "Ils sont parfaits."


Un instant suspendu. Nos regards accrochés, le souffle ralenti. Il y avait là une chaleur douce, une promesse muette.


Mais la sonnette vint briser l’enchantement.


Je sursautai légèrement et soupira en pensant qu'une fois encore on nous coupait dans notre bulle.


— "Déjà un visiteur ?"


Sephiroth alla ouvrir. Angeal entra avec un sourire et une bouteille de champagne à la main.


— "Il paraît que vous avez obtenu l’appartement ?"


— "Visite express, décision immédiate." répondit Sephiroth avec une fierté discrète.


— "Félicitations à vous deux." dit Angeal en inspectant les lieux du regard. "Ce n’est pas un palace, mais c’est chaleureux. Et ça change de vos dix mètres carrés."


— "Les nouvelles vont vite…" dis-je en sortant trois verres du placard.


— "Disons que j’ai croisé Sabine. Elle avait l’air encore sous le choc." répondit-il, amusé.


Je servis le champagne, le tintement des bulles remplissant l’espace d’une légèreté bienvenue.


— "Et Genesis ?" demanda Sephiroth en tendant sa coupe.


Le sourire d’Angeal s’effaça légèrement. Il soupira avant de répondre :


— "Je lui ai dit… mais il n’a pas réagi comme je l’espérais. Il a été froid. Distant. Il m’a dit qu’il n’avait pas le temps pour ce genre de choses."


Je sentis une ombre me passer sur le cœur.


— "C’est dommage. Il aurait pu être heureux pour nous…"


Sephiroth haussa les épaules, l’expression fermée.


— "Genesis est Genesis."


Je baissai les yeux, puis murmurai, plus pour moi-même :


— "Pourquoi est-il toujours aussi narcissique…"


Angeal, jusque-là silencieux, sembla peser ses mots. Puis il lâcha, calme mais direct :


— "Il n’est pas seulement jaloux de Sephiroth. Je pense… qu’il a un faible pour toi."


Le monde sembla suspendu un instant. Ma coupe trembla légèrement dans ma main.


Je le regardai, stupéfaite. Sephiroth, lui, serra à peine les poings, mais son regard se fit plus sombre, plus dur.


Je pris une inspiration, tentai de rassembler mes pensées.


— "Je suis désolée pour lui… mais je ne peux pas lui offrir ce qu’il veut. Il est… un ami. C’est tout."


— "Tu n’as pas à t’excuser." dit Angeal doucement. "Il s’en remettra. Et maintenant que vous avez ce lieu, tu pourras enfin souffler un peu. Plus besoin de surveillance permanente. Et pour Genesis… un peu de distance ne fera pas de mal."


Nous raccompagnâmes Angeal à la tour. Il restait encore nos affaires à récupérer. Devant la porte de Genesis, Sephiroth ralentit, hésita. Sa main se leva… puis retomba.


— "Je vais le laisser tranquille. Je lui parlerai plus tard."


Nous rentrâmes, les bras chargés, mais le cœur allégé. La porte se referma derrière nous dans un clic doux. Je laissai tomber mes sacs, poussée par une fatigue aussi physique qu’émotionnelle, et me laissai glisser sur le canapé.


Sephiroth s’assit à côté de moi, sans un mot. Nos épaules se frôlèrent. Le silence s’installa. Mais cette fois, ce n’était pas un vide. C’était une présence. Une certitude.


— "On y est." dis-je simplement.


Il tourna la tête vers moi, et ses yeux clairs brillèrent dans la pénombre.


— "Oui. On y est."


Et cette nuit-là, sans parole de trop, sans masque à maintenir, nous nous couchâmes ensemble épuisée par cette journée.


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