Une connexion à part
Les jours passèrent, et je dus me rendre à l’évidence : je ne me sentais plus chez moi.
J’essayais de me convaincre que tout allait bien, mais rien n’était plus pareil. Mon frère m’évitait autant qu’il le pouvait, sûrement rongé par la culpabilité, bien qu’il ne s’excusa jamais d’avoir ramené ces fous furieux sous notre toit. Quant à ma mère, son regard sur moi avait changé. Elle ne voyait plus seulement sa fille, mais un sujet d’étude.
Elle voulait que je vienne à la Tour Shinra pour faire des analyses.
Je refusai catégoriquement.
Elle n’insista pas, mais je savais qu’elle n’en resterait pas là.
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Puis un soir, alors que je tournais en rond dans ma chambre sans parvenir à trouver le sommeil, mon téléphone vibra.
Un message.
Sephiroth.
"Comment tu vas ?"
Une chaleur étrange m’envahit en voyant son nom s’afficher. Il avait ce don d’apparaître toujours au bon moment... même par message.
"Bien."
Je mentis.
Il me répondit rapidement, me confiant qu’il avait dû demander mon numéro à ma mère. Je souris derrière mon écran, touchée par son attention. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète, alors je fis comme si tout allait bien.
Je pensais que la conversation s’arrêterait là.
Mais je ne me serais jamais attendue à ce qu’un après-midi, il sonne chez moi.
J’ouvris la porte, surprise. Il me regarda un instant et sans un mot, il comprit. Mon regard fatigué, mes cernes, mon expression... il savait que je lui avais menti. Pourtant, il ne me fit aucun reproche.
En entrant dans ma chambre, il balaya l’espace du regard et remarqua aussitôt :
"Tu n’as pas continué de dessiner."
Ce n’était pas une question. C’était un constat.
Je détournai les yeux.
"Remonter à chocobo après une chute n’est pas toujours évident."
Ma voix était triste, pleine d’un sentiment que je n’arrivais même pas à nommer.
Sephiroth m’observa un instant avant de me tendre la main.
"Tu as besoin de sortir d’ici. Viens."
Je soupirai. Il avait raison.
Et malgré ma fatigue, je le suivis.
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Je fus surprise de voir où il m’avait emmenée.
Un large espace d’entraînement, quelque part au sein du QG de la Shinra. Là, Genesis et Angeal nous attendaient déjà, visiblement pris de court en me voyant arriver avec Sephiroth.
Un silence gênant s’installa. Je ne savais pas quoi dire.
C’est Genesis qui le brisa le premier, un sourire taquin aux lèvres.
"Sephiroth... tu nous présentes enfin ta protégée ?"
Je sentis mes joues chauffer légèrement.
Angeal, lui, plus posé, plissa les yeux avant de me reconnaître.
"Tu es la fille qui a eu affaire aux miliciens l’autre nuit."
Je baissai légèrement la tête. Oui, c’était moi.
Genesis en profita pour taquiner encore plus Sephiroth.
"Oh ? Alors c’est pour ça qu’il veille sur elle comme un chien de garde ?"
Sephiroth ignora les provocations de son ami et se contenta de répondre calmement :
"Elle a besoin de changer d’air. Elle va nous regarder."
Genesis haussa un sourcil avant de se diriger vers un mur. Là, il plaça une pommesotte sur sa tête avec un air faussement désinvolte.
Je fronçai les sourcils.
Qu’est-ce qu’ils faisaient ?
Genesis râla en plaisantant, se plaignant d’être encore la cible aujourd’hui.
Sephiroth, lui, recula, s’éloignant de plusieurs mètres jusqu’à atteindre une distance qui me parut totalement insensée.
Puis Masamune trancha l’air.
Avant même que je comprenne ce qui venait de se passer, la lame s’était parfaitement plantée dans la pommesotte... sans même effleurer Genesis.
Je restai bouche bée.
Genesis ne broncha même pas, se contentant de soupirer avec un sourire en coin.
Angeal, resté près de moi, croisa les bras et expliqua :
"Nous venons souvent ici quand les 2ème classes sont en mission. C'est notre manière de nous entraîner et surtout s'amuser"
Un entraînement... entre amis ?
Sephiroth et Genesis échangèrent alors leur place, préparant un nouveau défi.
Je ne pus m’empêcher de sourire légèrement.
Quelque chose dans cette scène me réchauffa le cœur.
Leur amitié, bien que brutale, me rappelait celle que j’avais avec mes deux amies d’enfance. Certes, nous ne nous lancions pas des objets à la figure...
Mais il y avait cette même complicité, ce même lien indéfectible.
Et pendant un instant, rien d’autre n’existait. Sephiroth était parvenu à me faire oublier mes problèmes. Un répit de quelques heures bienvenue.
L’ambiance s’était détendue au fil de la journée.
Genesis avait finalement cessé d’embêter Sephiroth, bien que quelques taquineries à mon encontre subsistèrent. Rien de méchant, juste de quoi me faire sourire et me rappeler ce qu’était une conversation normale.
Alors que Sephiroth me raccompagnait chez moi, un silence s’installa entre nous. Un silence ni pesant ni gênant, juste… naturel.
Puis, sans raison apparente, il déclara :
"Tu es différente des autres."
Je clignai des yeux, surprise par la remarque.
C’était un compliment, non ?
Je choisis de le prendre ainsi et lui adressai un sourire sincère.
"Merci."
Non seulement pour ses paroles, mais aussi pour cette après-midi qui m’avait fait un bien fou.
Arrivés devant ma maison, je sentis une légère nervosité chez lui. Ce n’était pas flagrant, mais… il semblait hésitant. Comme si quelque chose le préoccupait.
Puis il finit par lâcher, d’un ton presque maladroit :
"Tu sais... j’y ai pensé l’autre jour, et... je pourrais peut-être t’entraîner. Apprendre quelques bases pourrait te rassurer un peu."
Je le regardai, légèrement surprise.
Mais je compris aussitôt.
Ce n’était pas seulement pour moi. C’était aussi pour lui.
S’il savait que je pouvais me défendre d’une manière plus calculée et non pas en laissant mes instincts exploser dans la panique, cela lui ôterait un poids des épaules.
Je réfléchis une seconde avant d’acquiescer.
"Mais je suis nulle, je préfère te prévenir… Je ne serai pas un cadeau."
Il rit légèrement à ma remarque, un son rare mais rassurant.
C’était décidé. Nous nous reverrions pour mon entraînement.
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Les jours suivants, je fus étonnée de constater qu’il m’envoyait au moins un message par jour.
Pas de longues conversations.
Juste un simple "Bonne journée" ou un "Bon courage".
Rien d’extraordinaire.
Mais cette attention quotidienne me réchauffait le cœur plus que je ne voulais l’admettre.