Une connexion à part

Chapitre 7 : La rencontre du silence

887 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 3 mois



Je ne savais pas combien de temps j'avais couru, ni combien de kilomètres j'avais parcourus. L'adrénaline m'avait poussée à me jeter dans la nuit, sans m'arrêter, sans réfléchir. Le froid de la pluie était devenu une présence constante, une douleur dans mes os, mais je n'avais pas le courage de m'arrêter. Et pourtant, au bout d'un moment, mes jambes se mirent à fléchir, mon souffle se fit plus court, et je m'arrêtai enfin, à bout de forces. Je me retrouvai là, à l'ombre d'un vieux lampadaire, à l'orée d'un parc abandonné, trempée, épuisée.


Mes bras étaient marqués de bleus et d'ecchymoses, les traces de la violence que j'avais dû affronter chez moi. Je ne pouvais m'empêcher de revivre chaque instant de ces dernières heures : la sensation d'être emprisonnée dans un lieu que je croyais être un refuge. Le sentiment de trahison m'envahissait. Mais j'étais là, seule, et tout ce qui m'importait, c'était de respirer un peu, de retrouver ma dignité, même brisée. Le froid glacial s'empara de mon corps, et je me retrouvai accroupie sur le sol, mes bras serrés autour de moi pour tenter de conserver une chaleur qui semblait m'échapper mais mes pieds nus trempant sur la fine pellicule de pluie me gelait encore plus vite.


La pluie battait toujours, plus forte maintenant, tambourinant contre le sol. Et je l'entendis à peine, son pas léger sur le pavé. La fatigue et la peur m'avaient rendue insensible aux bruits autour de moi, jusqu'à ce qu'il apparaisse. Et pourtant il ne me parla pas. Mon regard se planta dans le sien les dents serrées, une certaine colère en moi bouillonnait encore. Je devais faire peur à voir. Intérieurement c'en était presque risible.


Sephiroth s'avança avec prudence vers moi. Peut être avait il peur de me brusquer? Je sentis d'abord son manteau, posé doucement sur mes épaules trempées. Puis, sans avertir, il m'attrapa, me souleva avec une aisance qui me laissa sans voix. Il ne me posa aucune question, ne chercha pas à savoir ce qui venait de se passer. Dans ses bras, je me sentais… protégée, d'une manière étrange, mais je n'avais ni la force ni l'envie de l'arrêter. Il me portait, son rythme rapide me menaçant de nouveau de tout oublier, de sombrer dans l'épuisement.


Il ne dit rien, ne posa aucune question sur mon état, ma détresse. C'était comme s'il savait que, pour l'instant, je n'avais pas la capacité de parler. Dans un silence total, il me transporta jusqu'à la Shinra.


Je n’avais pas compris comment il m’avait amenée d'aussi loin, mais lorsque je rouvris les yeux, je me retrouva allongée sur un lit. Ce n'était pas une chambre quelconque. Les murs étaient simples, décorés sobrement, mais des médailles de la Shinra ornaient les étagères. Je savais immédiatement que c’était sa chambre. Ce lieu était différent de tout ce que j'avais vu à la Shinra, calme et austère. Pas de fioritures inutiles, juste une sérénité un peu inquiétante.


Je me sentais en décalage total, dans cette pièce qui n’était pas mienne. Il me posa délicatement sur le lit une place, me laissant trempée, les cheveux dégoulinant d’eau. Je me recroquevillai instinctivement sur moi-même, cherchant une forme de chaleur dans ma solitude. Mes yeux étaient lourds de fatigue, mais je ne pouvais m'empêcher de fixer l'inconnu.


Sans dire un mot, il s'éloigna brièvement avant de revenir, une serviette chaude dans les mains. Il la déposa sur mes cheveux, les séchant doucement avec une douceur qui me fit l'effet d'une caresse, malgré la froideur de l'instant. Il ne m'interrogea pas sur ce qui m'avait poussée à fuir. Pourtant, quelque part, dans cette distance silencieuse, il semblait comprendre que je n'étais pas prête à tout dévoiler. Je me demandais ce qu'il était venu faire près de ce parc à cette heure tardive sous la pluie. Était est ce encore une rencontre fortuite ? Ou avait il été appelé à rechercher une folle courant pied nu sous la pluie? Je n'osais même pas lui demander sur l'instant.


Il me brossa les cheveux, un geste calme et réfléchi, comme s'il avait l'habitude de s'occuper des autres, comme si ma détresse n'était qu'une simple étape, une fraction d'un temps suspendu. J'étais là, et pourtant je n'étais plus là. Il m'enveloppait dans des gestes tendres, me donnant des instants d'humanité, mais j'étais toujours trop perdue dans ma propre douleur pour savoir comment y répondre.


"Ne bouge pas", me dit-il simplement en s'éloignant. "Je reviendrai."


Et il disparut dans un silence total, me laissant seule dans cette pièce qui n'était pas mienne, dans ce cocon étrange où je ne savais plus si j'étais en sécurité ou si je n'étais pas encore à l'abri de tout ce qui m’avait échappé.


Dans un coin de mon esprit fatigué, je savais que cette nuit serait le début d'une histoire qui allait changer bien plus que ma faço

n de voir les choses.


Laisser un commentaire ?