Blue Fantasy - Partie 2

S'étant rapprochés de l'étrange lumière bleue perçant les ténèbres du tunnel de la grotte aussi épais que la nuit noire, Azur et Gwenn purent contempler une sorte de mur invisible devant eux, protégeant ce qui semblait être la suite du corridor. Ce dernier avait des parures murales bien moins sinistres et grossières que l'endroit dans lequel ils se trouvaient.

Intrigué, le mage bleu s'avança et tenta de toucher la barrière aux teintes vaporeuses, et fut surpris de constater l'étonnante dureté de cette masse. Il tenta de frapper le mur d'un léger coup, mais celui-ci ne réagit pas d'un pouce, ni par vibration.

 - Je présume que c'est magique, ça te parle ? dit-il en se retournant vers sa partenaire.

 - Nullement. Mais ce qui m'intrigue le plus, c'est comment une protection magique peut-elle perdurer aussi longtemps. Si cela a été lancé par un mage de l'ancien monde, il aurait dû perdre en puissance après la mort de son créateur. Après tout, nous parlons d'une magie qui nous est inconnue. Dommage qu'Orchidéa ne soit pas là, elle aurait pu nous éclairer sur le sujet.

 - Tu ne peux pas essayer de le briser avec ton épée ?

 - Je ne préfère pas. Même si elle est d'excellente facture et bénie par l'ordre de Shiva, elle a une durabilité. Nous avons mené de nombreux combats, je te rappelle, et même si je sais un peu l'aiguiser avec mon silex de voyage, ce n'est que du rabotage. Si cette barrière a la solidité d'un mur, elle risque de se briser.

 - Je vois... Reculons un peu, je vais tenter de la briser par des sorts.

Une fois qu'ils eurent pris une bonne distance qu'Azur jugea suffisante, il hurla, et son corps se mit à grandir. Il ouvrit la bouche, et une orbe d'eau de la taille d'un rocher en jaillit, se propulsant contre la barrière. S'ensuivit une onde de choc qui se réverbéra contre les parois du couloir, brisant les oreilles de Gwenn qui se les protégea avec ses mains. Lorsque la fumée après l'explosion se dissipa, les deux compagnons virent avec étonnement que le mur magique était toujours intact et n'avait rien perdu de sa superbe.

 - Bordel de kupo ! C'est solide.

 - Peut-être faudrait-il attendre le réveil d'Orchidéa, elle en saura plus à ce sujet...

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que son compagnon se rua vers le mur et utilisa son déplacement éthéré juste avant l'impact.

L'instant d'après, il se retrouva de l'autre côté, se retourna, et afficha un sourire triomphant.

 - Je retire tout ce que j'ai pu dire sur la magie bleue, c'est vraiment sensationnel !

Il vit la paladine de l'autre côté tenter de parler en ouvrant la bouche et faire des gestes menaçants.

"Il doit y avoir une barrière sonore", pensa-t-il.

Il réutilisa son sort pour se retrouver à côté d'elle, et le son lui revint brusquement, ce qui le décontenança un moment, avant qu'il lui fasse un geste demandant le silence.

 - J'ai rien entendu, tu m'en vois navré.

 - Préviens-moi avant de tenter des choses aussi stupides ! Et si tu étais resté coincé dans la barrière ? Ou qu'une sécurité magique y était intégrée et que tu tombes dans je ne sais quel abysse ?

 - Eh bien, il n'y a rien eu, coup de chance ! On y retourne ?

Elle baissa les bras et inspira longuement pour se calmer.

 - Bien, à présent que tu as pu "vérifier" la sûreté de ce passage, tu penses pouvoir m'emmener avec toi ?

 - Essayons, on verra bien !

À ces mots, il la prit par la taille et utilisa son transfert à travers le mur magique. L'instant d'après, il se retrouva de l'autre côté, et remarqua qu'il était seul. Il se tourna en cherchant où se trouvait son amie, et la vit de l'autre côté du mur, à terre, se tenant la tête à deux mains.

Il retourna de l'autre côté (à nouveau) et vit l'agonisante en train de râler et d'insulter de tout les noms le mage bleu, parlant mal également de sa génitrice.

 - Bon... Eh bien, je pense que tu ne peux pas passer, donc je vais aller chercher rapidement le bâton et je reviens, qu'en penses-tu ?

Il la vit écarter les mains de son visage rouge à cause du coup, et peut-être de la colère également, il se transféra de l'autre côté avant de l'entendre parler à nouveau.

Il jeta un dernier regard en arrière, et voyant son amie se relever et commencer à crier moults insultes qu'il ne put entendre grâce à la barrière magique qui devait avoir un effet d'insonorisation également. Il préféra continuer son chemin en faisant un léger signe de la main avec un sourire pour s'excuser.

"La configuration des murs est vraiment différente de tout ce que j'ai pu voir en ce monde, en même temps je n'ai pas d'autre comparaison hormis des ruines datant de plusieurs siècles. Mais ce complexe souterrain ressemble étrangement à un corridor de l'époque romaine.

Ça fait plusieurs minutes que je marche, mais je ne vois toujours rien, c'est fatiguant... Et dire que beaucoup de gens rêveraient d'être aventuriers, je ne les comprends pas. J'ai mal partout, à cause des blessures ou des courbatures, j'ai faim, j'ai soif, je suis fatigué, et j'ai envie de me plaindre dans mon propre esprit. Je deviens taré !

Attends voir, c'est quoi ça ? "

Son flot de râles incessant fut interrompu par la vision qu'il eut devant lui. Car il arriva dans une très grande pièce.

Tout autour de lui étaient disposées des tables, avec ce qui lui semblait être des sortes d'éprouvettes, d'outils pour des manipulations fines tels que des scalpels, stylets, ou autres qu'il ne saurait définir. Ainsi que des carnets de notes, papiers vierges et plumes disposés de manière chaotique.

Des cuves étranges étaient entreposées un peu partout sur les murs, avec à l'intérieur ce qui semblait être des corps de créatures, endormis voire même ayant passé de l'autre côté depuis longtemps. Il en vit certaines qu'il reconnut, ce qui lui donna un frisson dans le dos.

Mais ce qui retint surtout son attention était trois réceptacles en pierre disposés en face de lui contre un mur, protégés par une barrière assez similaire à celle de l'entrée, mais avec une lueur plus brillante et éblouissante.

Deux des trois piliers étaient vides, et le troisième soutenait ce qui ressemblait à une hallebarde. Elle était grande, avec une configuration particulière, car elle avait des lames sur les angles supérieurs et inférieurs, que ce soit à droite ou à gauche. Et munie de deux supplémentaires sur les côtés. Les deux supérieures formaient un cercle dont dépassait le bout de l'arme, et formaient ce qui devait être le pic de lance. Le trait le plus particulier était que de l'arme s'évaporait une sorte de brume glaciale.

"Un laboratoire ? Ou du moins ce qui y ressemble fortement, et c'est ça le bâton ? Les traducteurs qui parlaient de l'arme de Zaléra se sont trompés, je dirais, c'est une lance."

Il s'écarta du piédestal, et se rapprocha des tables.

"Regardons un peu plus ces notes au hasard"

Il prit un carnet ouvert proche de lui, et l'ouvrit pour en lire les pages.

"Évaluation 32563-K-65

Les membranes du flux organique du bombo N°5345 sont résistantes à l'augmentation du mana dans les zones d'afflux d'énergie. Possibilités de mutation.

Évaluation 32563-K-66

ÉCHEC - Mana affluant trop consistant, explosion du sujet 5345 - Diminution requise

ÉCHEC - Mana affluant encore trop consistant, explosion du sujet 5346 - Diminution requise"

Azur ne prit pas la peine de lire la suite, ce n'étaient que des notes similaires. Il prit la peine d'en lire d'autres, mais tous concernaient les mêmes sujets. Il se surprit même à voir un tableau dans le fond de la pièce avec les mêmes balivernes que précédemment.

"On dirait une sorte de laboratoire à monstres, je n'ai pas le temps pour une lecture approfondie, mais je présume que je peux en prendre un ou deux avec moi, on ne sait jamais. Ça me fera de la lecture au pire des cas. Tu parles d'une lecture...

Bon, je prends l'arme rapidement, et je me tire d'ici, cet endroit me donne des frissons. Enfin je n'ai pas envie de la toucher directement non plus, si c'est pour qu'une divinité me pose encore son tatouage sur moi, non merci ! Qui plus est l'archange de la mort ou que sais-je encore. Ils sont moches leurs tatouages en plus ! Je n'ai pas envie d'être leur Monsieur Patate non plus à ces bandes de dégénérés."

Il se positionna devant l'arme et réfléchit un instant.

"Je n'ai pas trente solutions semble-t-il... Je vais prendre le premier torchon dans cette pièce et tenir l'arme avec. Ensuite, je file dard-dard !"

Il toucha du doigt légèrement la barrière, qui était aussi dure que celle de l'entrée. Et soudainement un bruit le fit sursauter.

Il se tourna pour voir l'origine, et vit un écran d'éclair qui zébrait l'air se former. Les éclairs continuèrent pendant plusieurs minutes, avant de devenir une sorte de silhouette féminine.

 - Un intrus ? Dans mon laboratoire !

"Bordel de kupo...", se dit Azur, sentant les problèmes arriver pour la énième fois.