L'Elue
"-C'est qui celle-là?"
Cette phrase pénètre dans mon esprit mais c'est sûrement un rêve. Je me sens si légère! C'est comme si je n'ai jamais connue la souffrance. J'ai l'impression de flotter et la seule chose que j'ai envie de faire, c'est sourire bêtement. C'est peut être ça la bonheur après tout...
"-Vous croyez qu'elle est morte?
-Arrête de raconter des conneries et va chercher de l'eau! Elle est complètement déshydratée la pauvre fille."
Ou alors, c’est une hallucination étant donné que tout parait si réel. Je sens alors que quelqu'un m'ouvre la bouche pour me faire boire. Peut être que je suis au paradis? Mais bon j'en doute fortement. Vu la sensation de fraîcheur que me procure ce liquide, je me mets à le boire à une vitesse fulgurante. Et puis de l'eau au paradis on aurait tout vu! En réalité, les Dieux ont entendus mes prières et m'ont envoyés de l'aide! Je remercie Neysa de tout mon cœur. Je ne suis pas morte et quelqu'un me venait en aide!! Mes paupières s'ouvrent alors lentement. Je suis encore très épuisée. Pourtant, je fais un effort pour essayer de les ouvrir un peu plus. La lumière m'aveugle et mes yeux se referment presque aussitôt.
"-Ça y est, elle se réveille! Aidez-moi on va la déplacer sous un palmier à l'ombre!"
C'est alors que je sens des bras me soulever. Mes sauveurs se mettent à courir tout en criant de faire attention de ne pas tomber. Leurs cris me donnent une migraine à tel point que j'ai envie de vomir. Mais je peux pas me plaindre. Ils sont en train de me sauver la vie. Je les sens alors ralentir leur course avant de me déposer de nouveau sur le sol. Je tente d'ouvrir une nouvelle fois les yeux. Cette fois ci, j'arrive enfin à distinguer six silhouettes. L'un d'elles s'écrie:
"-Va chercher une autre gourde!"
Je fais encore un effort pour mieux apercevoir ces inconnus à qui je dois la vie. Je les observe un à un.
Il y a un jeune homme, un peu plus de la vingtaine vu les traits de son visage. Il a les les cheveux blonds foncés rêches dont le soleil font ressortir la brillance et l'éclat. Ils lui arrivent tout juste au dessous des oreilles ce qui fait ressortir son teint pâle ce que je trouve bizarre pour quelqu'un qui, je le suppose, vit dans le désert. Assez grand et musclé, il porte une djellaba blanche tout comme ses compagnons. Il a des yeux bleus profonds qui reflètent générosité,
sournoiserie et une certaine crainte ce qui m'intrigue. Malgré un sourire qui me réconforte, son visage semble marqué par la fatigue. Celui-ci est assis à mes côtés et me tient la main d'une poigne à la fois douce et ferme.
Debout derrière lui, se tient un homme qui semble plus âgé. Il doit avoir la trentaine tout au plus. Malgré la méfiance que je semble lui inspirer, ses yeux marrons révèlent une extrême sagesse malgré les épreuves vécues. Avec ses courts cheveux bruns et son teint hâlé, il affiche une force physique très impressionnante. Je pense que c'est pour cela que ses compagnons ont l'air respectueux envers lui.
Un peu plus loin, un jeune garçon aux cheveux noirs bouclés m'observe avec appréhension. Il a des yeux bleus lui aussi. Mais malgré son apparence de petit ange fragile, j'ai l'impression d'apercevoir une lueur dans son regard qui m'échappe. Comme une sorte de danger. Mais étant donné que je suis affamée et déshydratée, je me suis dit que c'était mon imagination. Je ne peux pas voir le visage des trois autres inconnus, ils me tournent le dos.
Les inconnus qui étaient jusqu'à présent à mes côtés se lèvent alors et se dirigent en direction de leur chameaux sans se retourner vers moi. Je suis alors prise de panique. Ils ne peuvent pas m'abandonner, j'ai besoin d'eux! S'ils m'abandonnent, alors ça sera la fin pour moi. Et je ne veux pas mourir, je ne peux pas les laisser partir comme ça. Je veux crier pour qu'ils reviennent. Mais je n'ai pas assez de forces et aucun son ne veux sortir de ma gorge; ce qui n'est pas très étonnant vu l'état dans lequel je suis. Je vais faire une nouvelle tentative quand l'un des inconnus dont je n'ai toujours pas vu le visage se dirige vers moi.
De loin, il doit avoir vingt-cinq ou vingt-six ans. Il plonge soudainement ses yeux dans les miens et la, ouah!! Ses yeux me glacent le sang. Des yeux comme ça, il ne doit pas y en avoir beaucoup dans le monde. Ils sont d'un vert profond mais les pigments sont de vert différents. Je suis comme électrocutée. Je ne peux plus bouger, hypnotisée par son regard. Ces yeux sont tout simplement magnifique. Lui s'avance vers moi sans se presser mais il semble particulièrement troublé. Pourquoi? Je l'ignore et de toute façon je ne veux pas réfléchir. La seule chose que je veux faire c'est le regarder. Plus il s'approche de moi, plus les battements de mon cœur s'accéléraient. Je n'ose même plus respirer, de peur que tout cela ne soit qu'un rêve et que ça se brise si j'ose faire quoique ce soit. Il arrive alors à ma hauteur et se baisse. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien. Sa respiration n'est pas régulière, ce qui me fit penser que lui aussi est troublé. Ce peut-il que ce soit le coup de foudre? Il tourne soudainement la tête pour parler à ces compagnons. Quant à moi, je peux observer un teint hâlé qui rend très bien avec ses courts cheveux noirs. Ses lèvres, elles, sont parfaitement dessinées. Elles sont à la fois fermes et sensuelles. Mes doigts tremblent d'envie de les toucher. Il se tourne de nouveau vers moi. Il est tellement beau!! Il pose alors son regard sur mes doigts qui tremblent nerveusement.
"-Ne t'inquiète pas, on ne va pas te faire de mal , me déclara le beau jeune homme. On va te ramener dans notre village pour te soigner mais tout d'abord, il faut que tu boives ceci."
Il me tends une gourde en attendant que je la prenne. J'essaye alors de lever ma main afin de l'attraper mais mon corps ne me réponds pas. Voyant que je n'y arriverais pas toute seule, il m'ouvre la bouche avec ses doigts si doux et délicats. Je dois lutter pour ne pas embrasser son doigt pendant qu'il m'ouvre la bouche. Heureusement, il fait rapidement entrer la gourde dans ma bouche afin que je puisse boire. Une fois la gourde vidée, celui-ci me prends dans ses bras sans me décrocher un sourire. C'est le seul défaut d'ailleurs que l'on peut trouver à ce visage si parfait. Il marche ensuite en direction de ses amis qui l'attendaient. La seule chose dont je me souviens suite à ça, c'est un visage parfait qui semble tourmenté. Après, j'ai dû m'endormir.