Le parfum du mensonge

Chapitre 3 : Sous les doigts, la vérité

648 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 10 jours

Je soupirais, le menton posé contre mes bras croisés, le corps encore frémissant des mains habiles de cette fille...


Une drôle de sensation me traversait. Pas seulement à cause du massage. Non, c'était autre chose. Une intuition. Le genre de pressentiment que je n'aimais pas ressentir.


Elle me massait en silence, les gestes ralentis, presque hésitants. Je sentais sa peur. Pas de moi. De quelqu'un ou quelque chose d'autre. Sa main tremblait légèrement lorsqu'elle passait sur mes omoplates.

T'as froid ? dis-je, la voix douce mais calculée.


Elle ne répondit pas tout de suite. Puis, comme si elle venait de se réveiller, elle dit :

Non, tout va bien, je suis juste... un peu fatiguée aujourd'hui.


Mensonge. Mais je ne la repris pas. À la place, je laissai le silence s'installer. Un silence qui pèse plus lourd que n'importe quelle accusation.


Je rouvris un œil, fixant le miroir au mur. Derrière son reflet, une ombre venait de passer. Quelqu'un nous observait encore. J'étais presque certaine que le petit point rouge n'était pas seul.

Un réseau bien huilé. Caméras, micros, surveillances multiples. C'est pas juste un salon de massage, c'est un foutu repaire... et les filles sont les pions du jeu.


Je devais agir. Mais pas tout de suite. Pas frontalement. Le moindre faux mouvement et la couverture saute. Fleur de Lotus avait compris qui j'étais, mais elle n'avait rien dit. Mieux : elle avait joué le jeu.

Elle s'arrêta un instant, puis reprit plus doucement.

Vous avez un dos très tendu... lieutenant.


Je tournai légèrement la tête vers elle, un sourire en coin.

Ah... donc t'as capté qui je suis.


Elle ne répondit pas. Mais elle me glissa à l'oreille, tout bas, à peine un souffle :

Je peux vous écrire quelque chose... sur la peau. Comme un message. Il ne se verra pas. Mais lisez-le au moment de vous rhabiller.


Je restai impassible. Pas un mot, pas un clignement d'œil. Je me contentai de lui répondre :

Fais ce que t'as à faire.


Ses doigts traçaient maintenant de faux cercles, mais j'en sentais la structure : des lettres. Des chiffres. Un code ? Une adresse ? Des noms ?


Je mémorisai chaque mouvement avec précision. Chaque boucle, chaque pression. Une séquence.


Quand elle eut fini, elle me couvrit d'une seconde serviette et me murmura, la voix légèrement tremblante :

C'est tout pour aujourd'hui, lieutenant. J'espère que ce moment vous aura... détendue.


Je me redressai lentement, me rhabillai avec calme. J'avais compris le message. C'était codé, subtil, mais limpide pour quelqu'un comme moi.

Avant de quitter la pièce, je lançai à Fleur de Lotus :

Tu as des mains magiques, Fleur de Lotus. Mais ce n'est pas ça qui va me faire oublier tout ce que j'ai vu ici.


Elle me répondit avec un sourire discret, les yeux brillants d'une étincelle d'espoir, rare et fragile.


Je m'étais rhabillée rapidement après le massage. Fleur de Lotus, bien qu'hésitante, m'avait lancé un regard lourd de sens. Quelque chose brûlait derrière ses yeux bleu clair : pas de l'envie, non... mais de la peur. Et surtout... un appel à l'aide.


Je me dirigeais vers la sortie du salon, quand elle s'approcha, discrètement. Elle fit mine de me raccompagner, sa voix douce effleurant à peine mes oreilles.

— Tenez... Un petit geste de notre part, dit-elle en glissant un papier soigneusement plié dans ma poche intérieure.


Je ne réagis pas immédiatement. Trop de regards posés sur nous. Une caméra braquée. Un miroir, là-bas, probablement sans tain. Chaque pas hors de ce lieu sentait la filature. La mort planquée dans un angle mort.

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