Le parfum du mensonge

Chapitre 1 : Le Salon Hanna

634 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 2 mois

La journée s'annonçait calme. Enfin, aussi calme que peut l'être une enquête pour disparition. Une jeune fille. Un visage flou dans les souvenirs angoissés de ses parents. Une piste incertaine m'avait conduite ici, dans une ruelle étroite en retrait de la grande ville, loin du vacarme des néons et des klaxons.


Je m'y engageais lentement, mon regard accroché aux murs fatigués. Quelques pancartes affichaient des photos passées, collées sur des carreaux beiges, comme un mémorial discret. C'est là que je l'ai vu.


L'enseigne d'un salon de massage.


"Hanna".


Rien de remarquable à première vue, sauf peut-être les silhouettes aperçues derrière la vitrine, trop jolies pour être ordinaires, trop nerveuses pour être à l'aise. Mon regard monta vers l'étage. Quelque chose m'appelait là-haut. Une intuition. Ou peut-être juste ma foutue curiosité.


Je longeai le bâtiment, contournant les escaliers sur le côté. Le bois grinça sous mes pas. L'endroit avait l'air propre, professionnel même... mais il flottait dans l'air une impression étrange. Un malaise discret.


Le hall d'entrée était modeste. Deux filles discutaient dans un coin. Leur bavardage cessa dès que j'apparus. Chuchotements. Regards en biais. Pas besoin d'un traducteur pour comprendre que ma présence les dérangeait. Pourtant, j'étais en civil. Blouson noir, jean, rien de bien menaçant.


Et pourtant, elles me regardaient comme si j'étais un loup affamé qui venait de renifler la bergerie.


Je me forçai à sourire, mais gardai mes oreilles ouvertes. Mon japonais est loin d'être parfait, mais la langue qu'elles utilisaient... ce n'était pas du japonais. Un dialecte ? Un code ?

Trop rapide pour que je capte tout, mais un mot me heurta l'oreille : « 外国人 »... et un autre : « 警察 ».


Étrangère. Police.


Je fronçai les sourcils.


Elles se levèrent précipitamment, comme si j'allais sortir une arme ou les arrêter sur-le-champ. L'une d'elles appela quelqu'un. Une femme apparut, la cinquantaine élégante, tailleur soigné, regard acéré comme un scalpel.


- Bienvenue dans mon salon Hanna. Je suis la propriétaire des lieux. Puis-je savoir ce que vous venez chercher ici ?


Je sortis une photo de ma poche, la tendant calmement.


Bonjour. Je suis à la recherche de cette jeune femme. On m'a dit qu'elle aurait pu travailler dans un salon de massage... comme le vôtre. Est-ce que vous la reconnaissez ?


Un regard furtif sur la photo. Un haussement d'épaules.


- Non. Je ne connais pas cette fille.


Je la fixai, impassible.


Vous êtes sûre ? Le nom de "Mika Tanaka" ne vous dit rien ?


Je reposai la photo sous ses yeux.

- Regardez bien. Il est possible que vous l'ayez croisée, même brièvement.


Mais elle resta ferme.

- Je suis formelle. Je ne connais pas de Mika Tanaka, et je ne l'ai jamais vue ici ou ailleurs.


- Très bien.


Je souris poliment, mais mes yeux continuaient d'inspecter les lieux. Les murs. Les photos accrochées. La décoration, trop propre. Trop neuve. Trop... calculée.

Mais ma petite inspection fut interrompue par la voix de la propriétaire, soudain plus ferme.


- De toute façon, toutes nos filles sont déclarées. Mon établissement est en règle. Je n'ai rien à cacher.


Je tournai lentement les yeux vers elle. Un regard neutre, mais où mes soupçons bouillonnaient en silence. Je n'avais aucune preuve, mais cette atmosphère... Ces regards... Cette peur instinctive...

Quelque chose clochait ici.


Je décidai de ne rien ajouter. Pas cette fois. Je me retournai et pris lentement la direction de la sortie.


- Si vous le dites. Merci quand même pour votre temps.


Mais dans ma tête, la partie ne faisait que commencer


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