L'ombre qui nous lie

    Le soleil se levait doucement sur Tokyo, baignant les immeubles d'une lumière dorée. À travers ma fenêtre légèrement entrouverte, je pouvais entendre les bruits familiers de la ville qui s'éveillait : le vrombissement des voitures, les pas précipités des passants et les rires d’enfants au loin. Ces sons, bien qu’apaisants pour certains, me semblaient lointains, comme appartenant à un autre monde.

Je restais allongée, fixant le plafond de ma chambre sans vraiment le voir. L'air frais du matin glissait doucement sur ma peau, mais il n'arrivait pas à calmer l'agitation qui tourbillonnait en moi. Mon esprit n'arrêtait pas de revenir sur les mots que Tsumeo avait prononcés il y a quelques jours : « Tu retournes au lycée. » Ces mots résonnaient encore, comme une cloche qu'on n'arrivait pas à faire taire. Bien sûr, il m'avait rassuré aussitôt me disant que je n'avais rien à craindre, mais pourtant...

Je fermai les yeux un instant, essayant de chasser ces pensées qui me pesaient. Mais elles revenaient toujours, plus fortes. Depuis mon retour, chaque jour me semblait un défi à relever. Peut-être qu’au fond, j’avais encore peur. Peur d’être jugée. Peur de ne pas réussir à être comme les autres...

Le grincement de la porte me fit sursauter. Tsumeo fit son apparition dans la pièce.

— Debout, Airi. Tu vas être en retard, lança-t-il.

Je me redressa, tirant sur la couverture pour me protéger.

—Je ne suis pas sûre de pouvoir y aller.

Il vint s'asseoir sur le bord du lit.

— Ce n’est qu’un lycée. Rien de plus. Tu n'a pas à avoir peur tu sais.

Je baissa les yeux.

_Je sais que tu as peur mais ne t'inquiète pas tout se passera bien.

_Tu as raison, il n'y a aucune raison que ça se passe mal ! Dis-je revigorer.

Il posa sa main sur ma tête et m'ébouriffa gentiment les cheveux, geste qu'il avait l'habitude de faire.

— Allez, lève-toi. Je prépare le petit-déjeuner !

Restée seule, je regarda par la fenêtre, observant le ciel limpide. Ce jour marquait le début d'une nouvelle vie. Je ne sais pas vraiment si je suis prête, mais je dois essayer.

Je pris une grande inspiration avant de me lever. Je me diriga vers la salle de bain et laissa l'eau couler sur son corps, apaisant légèrement mes pensées tourmentées.

Une fois prête j'enfila l'uniforme scolaire: une jupe plissée noire, un chemisier blanc et un blazer avec l'uniforme du lycée puis observa mon reflet dans un miroir. Ça me fait vraiment bizarre de porter ces vêtements. L'image de moi que reflétait le miroir me parait si étrange, comme si je portais le costume d'une vie qui n'était pas... mienne. Je secoua la tête de gauche à droite. J'ne dois pas penser ça !

Je descendi à la cuisine, où une odeur familière m'accueilli. Sur la table se trouvait un bol de riz vapeur, du poisson grillé et une soupe miso. Tsumeo, vêtu d'un tablier blanc se retourna en entendant le bruit de mes pats.

_Tu es magnifique, cet uniforme te va à ravir. Dit-il avec le sourire

Le rouge me monta au joues suite à sa phrase.

_Merci

Il posa sur la table les accompagnements qui se trouvaient dans ses mains.

_Aller assieds-toi. Il faut bien manger pour commencer une journée aussi importante ! Dit-il avant de retourner au fourneau

Je prie place, jetant un coup d'œil à l'horloge. Je prie les baguettes qui se trouvaient dans mon bol puis goûta un morceau de poisson. Je leva les yeux, observant Tsumeo qui était de dos. Tsumeo c'est mon tuteur, il a 32 ans et est psychologue. Physiquement, il est assez grand et possède des cheveux et des yeux noirs, il est aussi très grand. J'me sens toute petite à côté. Tsumeo c'est la personne la plus gentil que je connaisse , je l'aime beaucoup et je suis très heureuse de l'avoir comme tuteur.

-Aller, dépêche-toi de manger sinon tu vas être en retard, fit-il en se retournant.

_Heu oui... Oui tu as raison.

J'me dépêcha d'avaler mon repas puis me leva prenant mon sac au passage. Je me chaussa puis me dirigea vers la porte, posant une main sur la poignée de porte m'apprêtant à l'ouvrir.

_Je peux t'accompagner si tu veux.

_Non, merci ce n'est pas la peine, je vais prendre le bus !

_Tu en es sûr ?

_Oui !

_Bon bah d'accord fais attention à toi.

_Oui oui, à ce soir !

Je tourna la poignée puis franchi le seuil de la porte le sourire au lèvre heureuse de débuter le nouveau chapitre de ma vie.

Une fois dehors,l'air frais du matin m'acceulli. J'inspira un grand coup puis pris la route. À l'arrêt de bus je rejoignit un petit groupe de lycéens. Ils semblaient tous absorbés par leurs propres pensées ou leur téléphone.

Le bus arriva dans un grondement. Les lycéens qui attendaient avec moi montèrent tous en trombe me bousculant au passage. J'entra finalement à mon tour. Il y avait un vacarme pas possible, les différents groupes qui s'étaient formés discutaient de tout et de rien.

Je remarqua assise près de la fenêtre, une fille à l’aura étrange semblait absorbée par le paysage. Elle sortait du lot vu qu'elle était toute seule. Ses longs cheveux bleu nuit tombaient en cascade, brillant faiblement sous la lumière du matin. Ses yeux, à peine visibles derrière ses mèches, reflétaient une teinte étrange, presque irréelle, entre le bleu et le gris. Elle était belle, mais d’une beauté froide, presque intimidante. Quelque chose dans son regard vide, comme si elle voyait au-delà de ce qui était visible, m'intriguait et me mettait mal à l'aise à la fois. C'est étrange...

_Bon ma p'tite tu te décides à t'asseoir ou tu compte rester comme ça encore longtemps ? Me demanda le conducteur.

_Oh euh oui je vais m'asseoir pardon, fis-je en balbutant.

Je me dépêchais de trouver une place libre à part celle près de la misterieuse fille. J'en trouva finalement une près d'un élève qui somnolait et m'y assis. Je ferma les yeux essayant de jouer tout les scénario possible de cette journée...

Je fus couper de mes pensées par le bruit du moteur qui s'arrêta, j'étais resté dans cette position tout au long du trajet. Les portes du bus s'ouvrient laissant les élèves sortir en trombe. Je fini par sortir aussi. Je m'avanca un peu me mettant juste devant l'entrée principale du lycée.

Le lycée Seika, l’un des établissements les plus renommés de Tokyo, s’imposait avec une architecture moderne et élégante. Les hauts murs d’un blanc éclatant, ponctués de larges baies vitrées, reflétaient les rayons du soleil, donnant au bâtiment une allure presque lumineuse. À l’entrée, un grand portail noir orné de motifs floraux dorés portait fièrement le nom de l’école : Lycée Seika (星華高校), gravé dans une plaque en métal scintillante.

Le vaste terrain était parfaitement entretenu, avec des allées bordées d’arbres soigneusement taillés et des parterres de fleurs colorées qui donnaient une ambiance accueillante. Un imposant bâtiment principal, divisé en quatre ailes, dominait le paysage. Les élèves se déplaçaient en groupes, formant un flux constant et bruyant dans les larges couloirs. Certains riaient, d’autres discutaient, et une ambiance d’effervescence constante emplissait l’air.

Je me sentit immédiatement submergée. L’école semblait si vaste qu’elle avait du mal à en discerner les limites. Chaque couloir se ressemblait, bordé de casiers métalliques et de portes en bois portant des numéros. Les fenêtres laissaient entrer une lumière abondante. Une fois de plus, je sentis mon cœur se serrer.. C'est tout de suite très intimidant. Je soupira puis franchi le portail. Je sorti ensuite le plan que m'avais donné le directeur lors de mon inscription avec Tsumeo puis commenca à chercher ma salle de classe. Le lycée est bondé d'élèves et le pire c'est que les couloirs sont comme des labyrinthe ce qui rend encore plus difficile mes recherches. J'avais beau essayer de demander mon chemin aux personnes autour de moi mais personne ne m'écoutais. C'est pas gagné...

Alors que je cherchait désespérément ma salle, je tourna brusquement un coin et entra de plein fouet dans quelqu'un.

_Ah je suis désolée ! Lâcha-je immédiatement, reculant sous l'impact.

_Non, c'est moi pardon ! Tu vas bien ? Demanda t'-elle d'une voix douce et chaleureuse.

Une lycéenne à la beauté frappante se tenait devant moi. Ses cheveux châtain lui arrivant aux épaules encadraient son visage rayonnant. Ses grands yeux marron clair brillaient d'une bienveillance sincère. Elle esquissa un sourire désarment.

_Tu es nouvelle, c'est ça ? Demanda-elle, inclinant légèrement la tête, Je te souhaite la bienvenue !

Prise au dépourvu, j'hocha timidement la tête.

_Merci ... En faite je cherchais ma classe, mais je me suis perdue...

Elle rit doucement d'un rire léger et cristallin.

_Ah, ça m'arrivait tout le temps au début, faut dire que ce lycée est si grand ! Quelle classe cherches-tu ?

_Euh... La 2-B.

_Ah, mais c'est juste au bout du couloir, à droite puis à gauche. C'est chouette, c'est justement ma classe, on peut y aller ensemble si tu v...

Elle fit interrompu par la sonnerie qui retenti soudainement.

_Oh non j'vais être en retard, j'dois filer, à tout à l'heure. Fit-elle avant de prendre la poudre d'escampette me laissant toute seule dans les couloirs du lycée.

Je m'appuya sur les informations qu'elle m'avaient donnée et essaya de retrouvé ma classe. Je fini par la trouver soulager. Je toqua doucement à la porte.

_Entrez ! Lança une voix féminine derrière la porte.

J'ouvris la porte croisant au passage les regards curieux de certains élèves. Une femme qui semblait avoir à peine une trentaine d'années me fis signe d'entrer.

_Tu dois être la nouvelle élève, tu veux bien te présenter à la classe ?

_Euh... Oui... Je m'appelle Airi Yoshida, j'ai 16 ans, je suis ravie de faire votre connaissance. Fis-je en m'inclinant légèrement.

_Très bien, acceuillez-la comme il se doit.

Elle baleya ensuite la salle du regard puis s'exclama

_Il reste une place là-bas, près de Kigura, tu peux aller t'y asseoir. Fit-elle en pointant la place en question du doigt

Je suivi du regard la place qu'elle indiquait.

Au fond de la salle, à une table isolée près de la fenêtre, se trouvait un garçon. Son allure dégageait une impression d’éloignement, comme s’il appartenait à un monde différent. Ses cheveux noirs, légèrement désordonnés, encadraient un visage fin et pâle. Ses yeux, d’un noir intense, semblaient fixer l’horizon au-delà de la fenêtre, absorbés par des pensées invisibles aux autres.

Il était assis nonchalamment, le dos légèrement courbé et une main posée sur sa joue, ignorant complètement l’agitation autour de lui. Une aura de froideur et de mystère l’entourait, et aucun élève ne semblait s’approcher de lui. Pourtant, malgré cette distance, il dégageait une présence magnétique, difficile à ignorer.

Je ne pus m’empêcher de m’attarder sur lui en avançant vers ma place. Il ne tourna pas la tête, mais il était impossible de dire s’il m’avait remarquée ou non. Un sentiment étrange, mêlé de fascination et d’appréhension, m’envahit en m’asseyant à côté de lui.

— Bonjour…

Aucune réponse. Pas même un mouvement de tête.

Il resta figé, comme s’il m’avait volontairement effacée de son champ de vision.

Je baissai les yeux, jouant nerveusement avec une mèche de mes cheveux. Ce n’était pas vraiment l’accueil que j’avais imaginé...