La prophétie du roi déchu: L'enfant sombre
« Aujourd’hui mon fils, l’heure est venue que tu apprennes quel est l’histoire de nos ancêtres. Grâce à leurs sacrifices, nous pouvons marcher sur cette terre et sentir ses fleurs. Un jour, un guerrier sombre a dit que pour se repentir de ses crimes il n’existe que deux choix: mourir ou réparer ses fautes. Ce guerrier sombre changea à jamais la destinée de ce monde. Son nom était Warda, celui qui se nommait le Guerrier sombre. N’oublie jamais son nom, car ceci est l’histoire de sa vie et de son sacrifice. »
Chapitre 1 : Une triste victoire
Il y a fort longtemps, avant la grande Trêve, les dragons et les hommes se haïssaient, les nains étaient encore inconnus à la lumière, les orques n’étaient point ténébreux comme aujourd’hui, l’Enfër n’existait pas encore. Le monde était encore jeune et fragile, comme un bourgeon de printemps, et la magie venait d’être à peine domestiquée par les elfes. Les hommes n’en étaient qu’à leur premier royaume, tandis que les premiers elfes dominaient encore les seigneurs du continent du nord. La mer n’avait pas encore limite dans les innombrables légendes.
La mélodie des vents des plaines d’Aradrion n’avait encore point de vrais sons, les animaux prospéraient sur cette terre et les Dieux n’existaient pas, laissant le seul le monde décider de sa destinée.
Les géants blancs, les Ssaros, vivaient déjà dans les montagnes de Léondia et venaient de découvrirent comment maîtriser le feu. A cette époque, La Guiogne n’était qu’une petite ferme qui se transmettait de générations en générations. Les hommes noirs régnaient sur les terres du sud du continent.
Les elfes étaient ornés de cheveux d’argent et ne se soumettaient qu’à la magie qu’ils venaient de découvrir. Toutes les races étaient dominées par ces mages, les hommes espéraient d’eux le pouvoir, les hommes noirs les prenaient pour des dieux et les dragons voyaient en eux la civilisation. Mais une seule race ne se soumettait aux elfes, les fiers guerriers orques. Les elfes et les orques se haïssaient depuis toujours, se battant pour prendre le pouvoir, cherchant à dominer le monde à sa manière. Les guerres se succédèrent, plus meurtrières les unes que les autres. Les sanglantes batailles emportèrent avec elles des familles entières. Tandis que les hommes se querellaient avec les dragons, les elfes se battaient avec acharnement contre les orques. Les fleuves de sangs furent nombreux et les cimetières étaient gigantesques. Les morts se comptaient par centaines de milliers dans les deux camps.
Finalement, les orques se firent à l’idée que cette terre n’était pas faite pour eux. Thaarg, le chef des orques, se présenta avec son armée chez les elfes pour se rendre. Thaarg avait revêtu sa plus belle armure, orné de son casque légendaire décoré d’une collerette de plumes sur le heaume, serti de rubis gros comme des poings et de dents de dragons. Le casque recouvrait la tête de l’orque jusqu’aux crocs de la mâchoire inférieure, laissant sortir ces deux longues oreilles pointues penchées vers l’arrière. Seuls ses yeux jaunâtres ressortaient. Son armure mettait en valeur sa large poitrine et ses muscles tendus. Ses épaulières faites de fourrures d’ours et d’écailles de Drakes formaient une masse volumineuse et compacte sur le reste de son corps. Les gants étaient garnis de lames grandes comme des dagues. Les seuls endroits où l’on parvenait à distinguer sa peau, celle-ci était couverte de tatouages noirs. Tenant un grand sac, l’orque de taille démesurée se tenait devant le roi des elfes, Raldir. Il leva sa main et tous les elfes du château sonnèrent des trommas * et se mirent à chanter.
Thaarg fit un signe à son peuple et les orques jetèrent des fleurs aux pieds des créatures à la chevelure argentée. Deux derniers coups de cors résonnèrent dans la cour, puis se fut un silence total, la guerre était enfin terminée. Thaarg sorti de son sac les armes des Valeureux qui étaient morts, les jeta aux pieds de Raldir et déclara ces paroles qui restèrent gravées dans les mémoires :
_ Nous, les orques, nous vous laissons dominer cette terre. Ce monde sur lequel nous vivons n’a que trop souffert de ces fosses dans lesquelles reposent nos morts. Trop de larmes ont été versées lors de ces funérailles. Trop de sang a coulé lors de nos batailles. Il faut que tout cela cesse aujourd’hui. Mon peuple et moi acceptons de partir sur le grand Océan éternel et disparaître à jamais. Les armes que j’ai posé à tes pieds, Ô grand Raldir, sont les armes de mes braves soldats morts au combat. Ceci prouve que Natal nous rejette et qu’elle n’est que terre de souffrance pour les miens. Pour que notre peine s’arrête enfin, nous acceptons de partir et de mourir sur cette mer infinie.
Raldir, ému, ne put sortir un mot. Seulement après un long silence il ordonna à son meilleur peintre de faire le portrait de Thaarg et de l’afficher dans la salle des héros. Pour la première fois depuis des années, Thaarg enleva son casque et mit à découvert son visage en face du monde. Une longue cicatrice courrait du haut de son crâne jusqu’en bas de sa tête. Ces deux grandes oreilles pointues se recourbaient vers l’arrière, son menton large et rigide dévoilait une autre blessure de guerre. De son crâne jaillissaient de longues mèches noires qui tombaient jusqu’au torse. Raldir ordonna à tous les elfes derrière Thaarg de s’écarter pour laisser place aux orques. Le peintre fit son œuvre, l’ennemi héroïque avec en arrière plan tous ses serviteurs, qu’ils considéraient autrefois comme monstres. Sur le tableau, les deux crocs de mâchoire inférieure de Thaarg reflétaient les lumières du soleil, tandis que ses yeux brillaient de milles éclats. Et sa suite baignait dans une lumière éblouissante de soleil couchant.
Après la cérémonie, les orques s’en allèrent sur leurs bateaux. Avant de partir, Thaarg prit un peu de terre, la huma, la senti une dernière fois en guise d’adieux à Natal. Les voiles des bateaux orques se levèrent et les navires partirent au loin. Bientôt, seul le blanc des voiles était encore visible à l’horizon.
Peu de temps après, Daös, le grand dragon, se sacrifia et mis fin à la Guerre des Flammes. La paix était revenue sur le continent. Les nains purent enfin sortir du sol et se dévoiler à la face du monde. Les elfes prospérèrent pendant des siècles sur cette terre. Un jour, tandis que Raldir se promenait dans les bois, un corbeau noir se percha sur son épaule. Les serres de l’oiseau étaient si acérées et la prise si ferme sur sa peau, que l’épaule de l’elfe se mis à saigner. Mais Raldir resta calme, et s’assit dans l’herbe. L’oiseau de couleur cendre se mis à crier de sa voix roque et cauchemardesque et serra encore plus fort l’épaule de l’elfe. Le roi examina la patte du corbeau et remarqua un message accroché à celle ci. D’une vitesse fulgurante qui fit siffler l’air, la main de Raldir attrapa le messager noir et l’emprisonna. L’oiseau se débattit mais ne put s’échapper. L’elfe retira le message de la patte du corbeau et le libéra. L’oiseau affolé s’envola vers le ciel aussi rapidement que ses ailes lui permirent. L’elfe regarda le cachet de la lettre et le reconnue aussitôt. C’était le sceau de Thaarg. Raldir ouvrit la lettre et lu le contenu attentivement.
La lettre venait d'un des descendants de Thaarg, il avait respecté le serment de sa famille qui se transmettait de père en fils. Ce que Raldir y découvrit le surpris, mais le terrifia également. Les orques avaient cru trouver la mort en mer, mais ils découvrirent un continent gigantesque au sud du monde. Une terre sauvage et inviolée, fourmillant de créatures diverses et variées, certaines dangereuses, d'autres utiles. Après avoir domestiqué la plupart des bêtes, et s'être adapté à ce nouvel environnement, les orques purent prospérer. Thaarg fit promettre à ses semblables de ne jamais revenir en Natal, mais les générations passèrent, et le serment se fit de plus en plus lointain. La fratrie dont faisait partie l'auteur de la lettre avait bien l'intention d'envahir Natal, profitant de leurs nouvelles armes et bêtes de guerre. La mise en garde de cet inconnu contenait également les dernières paroles de Thaarg, qui aurait voulu sincèrement revoir Raldir, qui, malgré le conflit, il admirait.
Il fit soigner son épaule au plus vite, et fit réunir son peuple les jours suivants. Il récitât la lettre du descendant de Thaarg et la foule fut prise d’une grande agitation. Les mères inquiètes serraient leurs enfants contre leur sein. Le souvenir des luttes anciennes et meurtrières était encore présent dans toutes les mémoires. Les gardes calmèrent la population et le roi Raldir annonça qu’une conscription serait lancée dans tous les royaumes et dans toutes les races afin de reformer une vaste armée. Les elfes du conseil se réunirent, puis ils élaborèrent des plans, des trajets pour le ravitaillement, des déroulements des batailles. Lorsque les armées furent jugées suffisamment prêtes , toutes les légions marchèrent vers les plages. Ils se rendirent à l’endroit le plus stratégique pour une attaque. Les soldats se mirent en places. Les nuages se faisaient noirs au loin et le tonnerre résonna depuis le large. Des gouttes d’une pluie glaciale tombèrent, tambourinant sur les armures scintillantes des elfes, des hommes, des nains énervés et des redoutables dragons. Le sang battait en tambours dans leurs tympans. Le bruit de l’eau frappant le métal en devenait insupportable. Les archers prirent position sur la berge pour avoir une plus grande portée, et attendirent. Dans cette immobilité tendue la peur s’insinuait comme un poison sans nom dans l’esprit des soldats. Pourtant, rien à l’horizon. Pas une voile.
Bientôt, les archers ne sentirent plus leurs pieds engourdis par le froid.
Les soldats restèrent longtemps en formation, sans savoir si leurs ennemis allait venir. Le général, lassé de cette situation, allait donner l’ordre de monter un camp quand soudainement, une armée de galions apparus à l’horizon. Les archers, plus tendus que jamais, se mirent à respirer fort. Les bateaux avançaient à une allure folle. Les archers enflammèrent la pointe de leurs flèches. Bientôt, les bateaux seraient à porté. Mais même si les elfes leurs envoyaient une pluie de flèches, ce serait insuffisant, il y avait beaucoup trop de navires.
La bataille de la Mer de sang fut un massacre, bien que préparés la coalition de Natal ne put retenir la marée incessante d'orques, de bêtes de guerre et d'autres créatures innommables. La défaite de Raldir était inévitable, les légions titanesques de l'ennemi était implacable, résolue, peu à peu les alliés des elfes abandonnèrent le combat, comprenant la chute prochaine de l'empire elfique.
Quand le Conseil appris la nouvelle désastreuse, il perdit tout espoir. Leurs armées étaient trop affaiblies pour continuer la lutte. Les orques volèrent de victoires en victoires. Les elfes s’en remettaient à la magie. Ils priaient chaque jour pour que les orques cesse leur invasion. Les hommes perdirent toute confiance en ces êtres qu’ils considéraient pendant longtemps comme sage et puissant puis il en fut de même pour toutes les races. Les elfes se retrouvaient seuls et leur défaite ne faisait plus aucun doute. Il semblait que plus rien n’arrêterait les créatures des terres du sud et leur campagne.
Raldir ne supportait plus la vue de ces massacres, il décida de faire appel à une forme novatrice de magie. Il convoqua ses soldats les plus fidèles, et ils allèrent dans la salle des Archimages située dans la plus grande tour du château. Raldir prit un poignard et fit une incantation : « Almenda med, sienti alo cassool, mondi apoc miou, Rassan ayaran nem. »
De son poignard, il se trancha la paume de la main et du sang coula sur le sol.
Les serviteurs de Raldir tremblèrent, des perles de sueurs froides coulaient le long de leur échine. Le sol de la salle était couvert de runes. Au centre se trouvait le cercle des Archimages, étrangement, le sang ne coula pas directement vers le centre mais en fit tout le contour. Quand toutes les runes furent remplies de cette hémoglobine, le centre brilla et une aura noire entoura le roi elfique et ses compagnons. Bientôt, toute la pièce fût pleine de cette ombre. Les elfes essayèrent de se dépêtrer de cette masse sombre mais elle les englouti tous. Un orage fit trembler tout le château et ses occupants. Des éclairs sortirent de la salle, foudroyant tout sur leur passage. Des nuages se mirent à encercler le château. L’événement se voyait à des hectares à la ronde. La population paralysée par la peur s’immobilisa. Pendant des heures le tonnerre grondait et les éclaires frappaient. Les maisons s’effondrèrent les unes après les autres. Enfin, les nuages reprirent leur position normale dans le ciel qui redevint bleu. Les éclairs disparurent et l’orage s’arrêta petit à petit. Puis des rires démoniaques s’échappèrent du château. Dans la salle des Archimages, les elfes avaient perdus la couleur de leurs cheveux argent, à présent ils étaient aussi pâles que la mort. La peau de ces créatures devint noire et leurs yeux rouges brûlaient de rage. Raldir se leva et dit de sa voie rauque : « Chers amis, chers compagnons, mes fidèles serviteurs, les orques nous ont assez ridiculisé, l’heure est à la vengeance ! » Les hommes et les femmes elfes occupant ce château furent tous transformés. Raldir pu reconstituer son armée en un rien de temps et se mit à forger les armes nécessaires pour la prochaine bataille. Malgré le changement terrible de son apparence le peuple gardait toute sa confiance à Raldir et sa garde. Mais le changement n’avait pas affecté que leur aspect physique, la psychés de ces derniers semblait être altéré d'une façon ou d'une autre par le puissant sortilège. Ils devinrent plus brutaux, plus cruels, plus... bestiales. Les armes elfiques qui inspiraient autrefois le respect inspiraient dorénavant la crainte.
Leurs armures autrefois si brillantes devinrent sombres et inquiétantes. Après un an de préparation, les orques étaient aux portes de Lancydia, ils ont mis en état de siège le fort depuis un mois. Un beau crépuscule, tandis que le soleil se couchait, des soldats en armures noires, tenant des épées gigantesques, chevauchant sur des destrier, sortirent du fort. Les orques, armés jusqu’aux dents, chargèrent sur les elfes. Malgré le sol qui tremblait, les cavaliers continuaient leur marche implacable.
Les orques s’apprêtaient à frapper quand soudain, un cavalier leva sa main et tout s’arrêta. Les orques restèrent immobiles, suspendus dans l’air. Les cavaliers prirent le temps de descendre de leurs destriers et ordonnèrent à leurs montures de partirent. Quand les chevaux passèrent les portes, le cavalier qui avait tout arrêté leva à nouveau sa main et frappa dans le tas. Les soldats noirs déchiquetèrent les orques sur les fils de leurs lames. Les trolls se retrouvaient coupés en deux. Des épées géantes frappaient dans la mêlée faisant une pluie de sang. La combinaison de puissants sortilèges couplées à la force irrésistible de ces guerriers ultimes réduisirent en pièce l’immense armée des descendants perfides. Tandis que les orques tentaient de fuir, des créatures rouges squelettiques apparaissaient de nulle part. De leurs corps, de longs lambeaux de chair flottaient dans les airs, et de leurs gueules de monstre coulait un sang visqueux. Aussi rapides que la foudre, ces créatures sautèrent à la gorge des orques et les tuèrent d’un mouvement foudroyant. Le maigre nombre de survivants fuyait le champ de bataille, la guerre était finie. Devant les portes de Lancydia, des marres de sang maculaient le sol, et les chevaliers noirs contemplaient leurs victimes. Un d’entre eux enleva son casque, Raldir, et ricana profondément. Et c’est ainsi que naquirent les Elfes Noirs.
Trommas* : Un cor forgé en argent, ayant sept trous. C’est un instrument de musique.
La guerre des Flammes : La guerre qui opposa les hommes et les dragons.
Natal : Le continent du nord, en elfique cela se dit Legend.
Almenda med,sienti alo cassool, mondi apoc moiu. Rassan ayaran nem: Nous t’invoquons aujourd’hui, toi la grande puissance, pour nous sauver. Donnes nous ta force.
Archimages : Les elfes qui ont découvert la magie.
Lancydia : La grande forteresse des anciens elfes.
Nitril : Métal très rare et résistant, reflétant les rayons du soleil en arc-en-ciel