World Wars Two : Écho du Destin.
Chapitre 1 : Les Mémoires D'un Soldat.
1255 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 02/09/2024 07:38
Chapitre 1 : Les Mémoires d’un Soldat.
Année 2016. Studio d’enregistrement. Sedan.
Le studio d’enregistrement était plongé dans une lumière tamisée, créant une atmosphère feutrée propice à la confidence. Les murs étaient recouverts de panneaux insonorisant gris anthracite, absorbant chaque son parasite pour ne laisser que la voix des protagonistes.
Le sol, en bois sombre, ajoutait une touche d’élégance à la pièce, contrastant avec le mobilier moderne et épuré. Au centre de la salle, deux fauteuils en cuir noir faisaient face l’un à l’autre, séparés par une petite table basse où reposaient deux verres d’eau et un bouquet de fleurs fraîches, discrètement installé par l’équipe de production pour adoucir l’ambiance.
Une grande baie vitrée occupait un pan de mur, derrière laquelle on pouvait apercevoir l’équipe technique concentrée sur leurs écrans, ajustant les niveaux sonores et vérifiant les angles de caméra. Les spots lumineux suspendus au plafond étaient dirigés vers l’espace d’interview, projetant une lumière chaude sur les fauteuils, tandis que le reste de la pièce restait dans une pénombre délibérée.
La caméra principale, montée sur un trépied, était orientée directement sur l’invité de l’émission.
Alexandre Chauss, un ancien sergent de l’armée française, âgé désormais de 94 ans, se tenait difficilement debout, soutenu par une canne en bois sombre, usée par des années de service. Ses mains tremblaient légèrement, non pas de nervosité, mais des effets inévitables de l’âge.
Malgré son grand âge, ses yeux demeuraient vifs, perçant sous ses sourcils broussailleux, témoins silencieux d’un esprit toujours alerte. Il portait un costume simple mais élégant, gris foncé, assorti d’une cravate noire, sobre mais soignée, reflétant un homme qui avait connu l’austérité du devoir militaire mais qui n’avait jamais perdu sa dignité.
L’animatrice, une femme d’une quarantaine d’années, au regard bienveillant mais empreint de la détermination caractéristique des journalistes aguerris, était assise en face de lui.
Elle portait une blouse blanche légèrement ajustée, donnant une impression à la fois professionnelle et accueillante. Son visage, encadré par des cheveux bruns coupés au carré, exprimait une empathie naturelle, indispensable pour mener une telle interview.
Animatrice : Merci d’avoir accepté notre invitation, Monsieur Chauss. « Dit-elle avec une voix douce mais assurée, ses yeux cherchant les siens pour capter la moindre réaction. »
Alexandre acquiesça d’un léger mouvement de tête, ses doigts serrant doucement la poignée de sa canne.
Alexandre Chauss : C’est moi qui vous remercie. « Répondit-il, sa voix basse et légèrement rauque. » C’est important de témoigner, même si les souvenirs ne sont pas toujours faciles à évoquer.
Animatrice : Nous comprenons. « Reprit l’animatrice avec compassion. » Votre histoire est précieuse, et nous sommes honorés de pouvoir la partager aujourd’hui.
Autour d’eux, l’équipe de tournage travaillait en silence, se déplaçant avec précaution pour ne pas perturber l’échange.
Un cameraman ajusta légèrement l’angle de son appareil, tandis qu’un autre technicien vérifiait les micros pour s’assurer que chaque mot serait capté avec la plus grande clarté.
L’animatrice prit une inspiration avant de poser sa première question.
Animatrice : Avant que je vous pose la ma première question, je souhaite que vous vous présentez.
Alexandre Chauss : Oh oui…oui bien sûr madame. Je m’appelle Alexandre… Alexandre Chauss ancien militaire au grade de Sergent de l’armée Française
Animatrice : Vous aviez 18 ans en 1940, au moment où la France est entrée en guerre. Pouvez-vous nous parler de votre enrôlement et de vos premières impressions en tant que jeune soldat ?
Alexandre resta silencieux un moment, plongeant dans ses souvenirs. Ses yeux se perdirent dans un point invisible devant lui, comme s’il revivait ces jours lointains.
Alexandre Chauss : Je me souviens encore de l’excitation, et de la peur. « commença-t-il doucement serrent petit à petit sa canne. » À 18 ans, on se croit invincible, on pense que la guerre ne peut être qu’une aventure… Mais la réalité frappe vite. « Il marqua une pause, ses mains tremblant légèrement sur le pommeau de sa canne. » On nous a dit que ce serait rapide, que les Allemands ne passeraient pas. Mais à Sedan…
La salle d’interview sembla retenir son souffle, l’animatrice penchée en avant, capturant chaque mot, chaque inflexion de cette voix chargée de mémoire et d’émotion.
Alexandre Chauss : Sedan… « répéta-t-il, presque pour lui-même. » C’est là que tout a changé. Là que j’ai compris ce que c’était vraiment, la guerre. Et qu’il était trop tard… pour prévenir…
La caméra zooma lentement sur son visage, capturant la profondeur de ses yeux, ces yeux qui avaient vu l’horreur et qui, aujourd’hui encore, portaient le fardeau de ces souvenirs.
Animatrice : Est-ce que tout va bien Monsieur Chauss ? Ce n’est que le début de l’interview, voulez-vous une pause ? « Dit-elle inquiète. »
Alexandre Chauss : Ne vous inquiétez pas jeune fille… Pour un vieux de mon âge, les médecins me déclare en pleine forme sans aucun souci de santé. Bon mise à part la vieillesse. « Gloussa le vieil homme. » Je suis juste émotif, je suis tout ce qui fait un humain… Si vous le voulez bien…je vais donc vous le raconter… « Conclut-il, sa voix presque brisée par le poids des années. »
L’animatrice acquiesça, laissant un silence respectueux s’installer avant de poursuivre l’interview.
11 Mai 1940. Route de convoie. Quelque part dans les Ardennes.
Le 11 mai 1940. Je me réveille en sursaut, encore engourdi par l'adrénaline qui refuse de me lâcher.
Autour de moi, c'est le chaos total. Les restes déchiquetés de ce qui était hier encore un convoi français s'étalent sur le sol, comme si la terre elle-même avait vomi notre défaite. Des carcasses de véhicules fumants, des débris éparpillés partout, et ce silence... Ce silence étouffant qui me comprime la poitrine.
Je titube parmi les ruines, encore sonné par l'horreur de l'assaut allemand. Mes oreilles bourdonnent, ma tête tourne, et chaque pas semble me rapprocher un peu plus de l'effondrement. Les visages de mes camarades me hantent, mais ils sont flous, brouillés par la poussière et le choc.
-Pourquoi suis-je encore debout ? Comment ai-je pu survivre à ce carnage ?
Je trébuche sur un morceau de métal tordu, et la douleur dans ma cheville me ramène un instant à la réalité. C'est un enfer, un cauchemar dont je ne peux m’échapper. Mes mains tremblent, je suffoque. Il fallait que je me ressaisisse, que je comprenne ce qui vient de se passer. Mais tout se mélange dans ma tête : le bruit assourdissant des explosions, les cris, les ordres criés dans la confusion, et maintenant... ce silence de mort.
Fin du Chapitre I. Les mémoires D'un Soldat.