LE FLÉAU DES DRAGONS - Tome 1 : Mémoria Zéro (Nouvelle version)

Chapitre 4 : Un bijou volé ?

3671 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/09/2024 21:03

Pendant ces dix dernières années, je m’étais résigné à ne plus jamais croiser un membre de mon espèce, mais aujourd’hui, un miracle inespéré venait de se produire sous mes yeux.

Un court instant...

Cette rencontre inopinée, et un peu trop succincte à mon goût, n’avait pas manqué de me plonger dans un état fébrile, au point qu’une flamme éteinte depuis longtemps se raviva en moi.

Un sourire courba mes lèvres. Je n’étais plus seul.

Si cette femme-dragon avait réussi à fuir l’île d’Extalia dix ans plus tôt, se pouvait-il que d’autres de mes congénères avaient survécu ?

Des dizaines de questions se bousculèrent dans mon cerveau et une petite voix me souffla de mener mon enquête. J’avais besoin de savoir et, grâce à mon flair, je retrouverais aisément sa piste. Malheureusement, l’arrivée furieuse d’Eldric Montallac m’obligea à reléguer cette idée au second plan.

L’homme avait surgi de la rue en vociférant avant de s’immobiliser au milieu de la route, exténué. Au vu de son agitation, j’en conclus que sa boutique avait dû encore se faire dévaliser et mes yeux se plissèrent de dédain lorsqu’à ma grande déconvenue, il me repéra.

— Ah, Kyeran ! Tu tombes bien !

Un juron ennuyé s’échappa naturellement de ma bouche, mais Eldric ne l’entendit pas. J’aurais donné n’importe quoi pour me téléporter loin de ce détestable individu, si j’en avais détenu le pouvoir... De toutes les personnes que je ne supportais pas dans cette ville, le frère cadet d’Alaric en faisait partie.

Quand il ne se lamentait pas sur son sort, cet homme qui avait participé au financement de la guilde de mon supérieur se vantait de sa richesse tout en méprisant les classes plus modestes. Toutefois, les conséquences de son orgueil amenaient de plus en plus souvent sa bijouterie à devenir la proie d’habiles voleurs. On pourrait appeler cela le revers de la médaille !

Haletant et trempé de sueur, l’humain donnait l’impression d’avoir couru un marathon. Les mains posées sur ses cuisses et le dos courbé par l’effort, il s’essuya le front d’un mouchoir avant de se redresser face à moi. Des taches de transpiration auréolaient son élégant costume trois-pièces et gâchaient son illustre prestance.

— Je viens de me faire cambrioler, m’expliqua-t-il entre deux souffles courts, tout en recoiffant une grande mèche de ses cheveux poivre et sel sur son crâne dégarni. Tu n’aurais pas vu un drôle de type s’enfuir, par hasard ? Il portait une cape noire.

Cette information m’interpella. L’Extalienne qui venait de s’enfuir portait ce type de vêtement et la raison de sa soudaine disparition prenait enfin tout son sens. Malgré mon étonnement, je gardai une attitude neutre. Les états d’âme d’Eldric ne m’émouvaient pas le moins du monde et je n’avais aucune envie de l’aider.

— Non, je n’ai rien vu, répondis-je d’un ton laconique.

 Eldric poussa un soupir dépité, puis s’humecta les lèvres avant de poursuivre :

— C’est la quatrième fois en un mois, ça commence à bien faire... Tu ne voudrais pas essayer de le rechercher ? Je sais que tu as de bonnes capacités pour ça et...

— Requête rejetée, le coupais-je, je suis un Jäeger, pas un détective. Débrouillez-vous avec les autorités compétentes.

Le commerçant afficha une moue contrariée, mais ne protesta pas. Il haussa les épaules, résigné, et entama un demi-tour.

— Très bien... je ferai mettre un avis de recherche. Si jamais tu vois quelque chose, n’hésite pas à me prévenir.

Je hochai la tête plus par cordialité que par coopération, puis repris ma route non sans repenser au visage de la jolie femme-dragon. Si elle se rendait régulièrement dans le secteur pour piller, peut-être vivait-elle dans les alentours ? Ainsi, nos chemins se recroiseraient sans doute un jour...

 

***

 

Lorsque je poussai la porte de la Vouivre d’Argent, les gonds grincèrent et des regards se braquèrent aussitôt sur moi. Partout où je me rendais, des visages craintifs et dédaigneux m’accueillaient. Aujourd’hui encore, l’ignorance restait pour moi le meilleur des mépris et quelque chose de plus intéressant avait capté mon attention : un alléchant effluve de viande en sauce. Mes narines frémirent et mon estomac ne tarda pas à crier famine.

Connu pour sa cuisine gastronomique savoureuse, ce restaurant avait bénéficié d’une rénovation récente. Le plafond aux chaleureuses poutres en chêne ainsi que le dallage au sol en pierres lisses gris foncé contrastaient avec le blanc lumineux des murs. L’ensemble se mariait avec élégance et sobriété au mobilier en noyer ainsi qu’à la décoration ancienne de style médiéval. La famille Estieral avait dépensé sans compter pour redonner à son fief son charme d’antan.

À cette heure de la journée, seuls quelques habitués installés aux tables ou au bar troublaient le silence de leurs vives conversations. Derrière le grand comptoir, ma sœur Angélina s’affairait à vérifier la propreté des verres pour le service du soir. Par moment, ses sourcils se fronçaient quand elle décelait une tache persistante sur la vaisselle et elle se hâtait de l’essuyer d’un minutieux et énergique coup de chiffon, faisant rebondir ses boucles blondes sur ses épaules. Son expression concentrée se détendit lorsque son regard croisa le mien.

— Kyo ! Tu es revenu plus tôt que prévu !

J’acquiesçai avec un sourire tandis que deux silhouettes familières assises au bar m’accueillaient à leur tour. Un homme aux cheveux bleu acier et à la barbe grisonnante leva sa chope.

— Alors ? Comment s’est passée cette mission ? Pas trop de casse ? me demanda-t-il.

— Ç’a été. On a croisé quelques déviants de premier stade et j’ai été appelé pour en éliminer un en phase terminal à Mebalm. La routine...

Alaric hocha la tête, rassuré, puis se plongea dans la contemplation de sa bière avant d’en reboire une gorgée. Mon regard se reporta par hasard sur la prothèse mécanique qui remplaçait désormais son bras droit : triste séquelle laissée suite à sa confrontation avec le premier infecté du Fléau rencontré six ans plus tôt.

Cet homme avait toujours été admiré pour sa témérité ainsi que son courage et beaucoup de membres de sa guilde avaient partagé son amertume lorsque ce dernier avait dû cesser son activité de meneur. Jugé inapte au terrain depuis ce combat, on l’avait rétrogradé au simple poste d’agent administratif et la gérance de notre guilde avait été confiée à sa fille, Karen. Il avait tenté à plusieurs reprises de prouver qu’il était encore capable malgré son handicap et la perte de deux de ses équipiers. En vain.

— Tu m’as l’air tout guilleret, aujourd’hui. Il s’est passé quelque chose ?

Assis à côté d’Alaric, Yuri, un Vulpian vêtu d’un beau costume anthracite me fixait d’un air soupçonneux pendant que sa queue à l’épaisse fourrure argentée ondulait derrière lui.

— Je suis simplement de bonne humeur, car je suis enfin en repos, lui répondis-je avec nonchalance. Et toi ? Les recherches avancent ?

Les oreilles pointues de l’homme-renard s’abaissèrent sur ses cheveux hirsutes et son regard se ternit.

— Pas autant que je l’espérais, marmonna-t-il en frottant le col de sa chemise d’un blanc immaculé entre ses doigts, j’ai envoyé de nouveaux échantillons à Shionne, mais je ne sais pas s’ils nous donneront plus d’éléments que les précédents.

Fort de son intelligence et de ses capacités magiques en soins, Yuri Sigersson avait quitté sa Surdie natale pour venir en Aïdolara afin d’exercer en tant que médecin. Après avoir rejoint la guilde d’Alaric quinze ans auparavant, il s’était récemment intéressé au Fléau pour se lancer lui-même dans la recherche biologique. Si la maladie s’était d’abord manifestée par de rares cas isolés à travers le monde les trois premières années, elle avait connu une croissance fulgurante lors des deux suivantes.

Au départ, cette situation de crise n’avait guère inquiété les dirigeants de chaque pays. Trop occupés à guerroyer, ils avaient laissé malgré eux ce mal sournois gangréner progressivement la population humaine et, quand ils avaient décidé de réagir, il était déjà trop tard. Le Fléau s’était propagé sur une grande partie du continent.

Le Vulpian avait toujours considéré les méthodes des laboratoires bien trop lentes, trop « conventionnelles ». Contrairement à lui, ces hommes vêtus de blouses et de gants blancs impeccables ne se salissaient jamais les mains sur le terrain pour trouver les bons indices et il restait persuadé qu’ils cherchaient de fausses pistes.

Malgré les risques encourus et sa non-habilitation à se lancer dans ce domaine, Yuri avait décidé de plonger le nez dans cette affaire. Passionné par ce travail qu’il exerçait clandestinement en collaboration avec Shionne, une scientifique, il espérait bien réussir à percer un jour le secret de cette étrange maladie.

— Au fait, où est Sköll ? intervint Angélina en raffermissant sa poigne sur son torchon. Il ne lui est rien arrivé, j’espère ?

— Non, il est juste rentré chez lui, la rassurai-je avec un sourire, il passera te voir demain.

La jeune femme soupira, soulagée, avant de reprendre :

— Ah ! Pendant que j’y pense ! Maintenant que tu es rentré, tu vas pouvoir m’aider. J’espère que tu n’as pas oublié ?

Je clignai des paupières tout en la fixant, puis mon regard oscilla entre Yuri et Alaric qui me dévisageaient d’un air tout aussi perplexe. Quel genre de tâche ingrate aurais-je bien pu omettre ?

— Oublié quoi ? demandai-je alors.

Elle leva les yeux au ciel.

— Ranger le grenier, bien sûr ! Tu m’avais promis de me filer un coup de main dès que tu rentrerais.

Toute bonne humeur me quitta. S’il y avait bien une chose que je détestais, c’était bien celle de ranger les dépendances ! En un instant, mes rêves de tranquillité s’envolèrent et j’eus l’impression que toute la misère du monde me tombait sur le dos. Dépité, je tentai de m’esquiver.

— Ça ne peut pas attendre demain ? Je n’ai presque pas dormi et...

— Ça fait des semaines qu’il devrait être trié, me coupa-t-elle d’un ton sévère. Papa va encore nous passer un savon si on ne le fait pas rapidement.

Je m’accoudai au bar, puis soupirai. Quelle tâche ennuyeuse...

— S’il te plaît, il n’y en a pas pour longtemps, poursuivit-elle en joignant ses mains en signe de prière. Si on s’y met tous les deux, je suis sûre qu’en une demi-heure on aura fini et tu pourras aller te reposer.

L’air suppliant encré au fond de ses prunelles noisette acheva de me convaincre. Après tout, je ne pouvais pas faillir à ma promesse.

— Bon, d’accord... mais d’abord, tu me sers à manger.

Angélina opina avec un éclat de rire victorieux, puis se dirigea vers la cuisine.

— Je t’amène ça tout de suite !

— Et une bière s’il te plaît !

— C’est noté !

Ma sœur réapparut moins de cinq minutes plus tard avec une assiette généreusement garnie et me la déposa sur le comptoir. Mes narines se dilatèrent face au délicieux fumet qui s’en dégageait et j’attaquai aussitôt mon repas d’un féroce appétit tout en continuant ma conversation avec mes deux collègues.

— Et de votre côté ? Du nouveau ?

Les iris saphir d’Alaric s’assombrirent sous ses épais sourcils broussailleux.

— Un village au nord a été complètement décimé, parait-il. Les Jäegers missionnés sur le secteur B ne sont pas arrivés à temps. L’infecté en était déjà au stade terminal et a massacré tout le monde.

Un frisson me parcourut. Les propos de Sköll se confirmaient. La situation devenait de plus en plus critique et la région d’Aerendal ne tarderait pas à subir le même sort que le reste du continent, c’était inévitable.

— Est-ce qu’ils ont réussi à le tuer ?

— Oui, confirma Yuri, mais ça n’a pas été sans pertes.

— Chaque jour, les cas augmentent et la recherche scientifique n’avance pas assez vite, poursuivit Alaric en grattant sa barbe. Si ça continue, nous ne serons plus assez nombreux pour endiguer ce problème...

Un silence pesant s’installa pendant lequel chacun semblait méditer sur l’avenir sombre qui se profilait. Les images du chaos qui avait emporté les miens dix ans auparavant revinrent me hanter. Malgré les années passées, l’effluve métallique du sang mélangé à celui plus âcre de la fumée des incendies imprégnait encore mon odorat et les cris des victimes tambourinaient dans mon cerveau en une complainte lancinante. Jamais je n’oublierai ce jour funeste baptisé la Chute des Dragons. Jamais ces tristes souvenirs ne s’effaceraient de mon esprit. Ils resteraient gravés dans mon âme et continueraient de me tourmenter pour toujours.

Quelqu’un tapota doucement mon épaule et je relevai la tête avec un sursaut. Yuri me scruta d’un air préoccupé, mais ses pommettes pâles se rehaussèrent sur un sourire réconfortant.

— Ne t’inquiète pas. Je suis sûr qu’on finira par trouver un remède.

— Un remède ? Pfff... quel remède, hein ? retentit une voix éraillée derrière nous.

La main gauche fermement agrippée à sa canne, un vieillard chétif aux favoris immaculés avança en titubant. Lorsqu’il se trouva à moins de trois mètres de nous, il pointa mon coéquipier du bout de sa bouteille vide.

— T’en as trouvé un, toi, pour mon fils ? Le seul qu’on a trouvé, c’est d’le décapiter ! lui cracha-t-il avant de porter un regard haineux sur moi. Vous, les Jäegers, vous n’êtes que de sales meurtriers et des pilleurs ! Vous tuez juste pour l’fric et vous vous contentez de vous en mettre plein les poches en profitant du malheur des autres !

Yuri secoua la tête face aux reproches de cet homme. Ce n’était pas la première fois que Gil Benjam venait cracher son venin. Depuis l’exécution de son fils aîné infecté du Fléau deux semaines auparavant, il se plaignait tous les jours à qui voulait bien l’écouter et écumait les quelques bars de la ville pour noyer son chagrin dans l’alcool.

Je l’ignorai. Ce genre de provocation à mon encontre faisait partie de mon quotidien depuis que j’exerçais ce métier et j’avais appris à y rester hermétique. Même si une part de moi bouillonnait d’envie de lui intimer le silence, l’amertume de cet humain était justifiée. Personne n’accepterait de voir un membre de sa famille disparaître de cette manière.

L’ivrogne trébucha et se retrouva avachi au sol en gémissant piteusement. Alaric se leva aussitôt de son siège pour lui proposer son soutien, mais Gil le repoussa.

— Fous-moi la paix, toi !

— Arrête un peu, Gil. Tu as encore picolé comme un trou. Rentre donc chez toi.

— La ferme ! Ne m’touche pas ! protesta le vieillard en faisant tournoyer sa canne. Tu vaux pas mieux qu’les autres !

Alaric se protégea derrière son bras bionique avant de se prendre un coup de l’objet en bois, puis laissa à d’autres clients le soin d’aider l’ancien à se redresser. Une fois sur pieds, Gil se dirigea vers la sortie en continuant de proférer sa haine dans un sanglot étouffé.

— Saletés de Jäegers ! Ils me le paieront ! Mon fils n’avait rien fait de mal !

La porte claqua et toute la tension accumulée dans la pièce retomba. Chacun vaqua de nouveau à ses occupations comme si rien ne s’était passé en dépit des quelques regards accusateurs encore braqués sur moi.

Angélina soupira tout en essuyant un énième verre.

— C’est comme ça presque tous les jours...

— Que veux-tu... marmonna Alaric, les épaules basses. Son fils s’est transformé après avoir été infecté. Il parait que sa fin a été horrible.

— Et alors ? s’indigna-t-elle. D’autres gens sont exécutés tous les jours. Je suis vraiment désolée pour cet homme, mais ce n’est pas une raison pour accuser Kyeran. Il n’était même pas là quand c’est arrivé.

Les sourcils froncés, je la regardai en secouant la tête et la dissuadai d’argumenter davantage sur cet épineux sujet. Elle pinça les lèvres de frustration, mais ne contesta pas. Même si j’avais déjà exécuté des humains atteints du Fléau, jamais je n’avais agi avec barbarie ou condescendance comme Gil me le reprochait.

— Comment ça s’est passé ? demandai-je alors.

Mon ancien supérieur prit une profonde inspiration.

— C’est un témoin qui m’a raconté. Il était encore conscient malgré sa transformation et a supplié qu’on l’épargne, mais ils l’ont maintenu à terre et ont forcé sa famille à regarder. Ensuite… Couic ! Sa tête a roulé et…

— S’te plaît, Al ! Je n’ai pas envie d’entendre tous les détails ! protesta Angélina dont le visage avait blêmi.

— « Ils » ? soulignai-je, intrigué.

— Oui, deux soldats de la milice impériale, un grand costaud d’aspect bovin et un petit fluet avec un sabre. Ils ne lui ont pas fait de cadeau, ni même demandé ses dernières volontés et ensuite, ils ont embarqué sa femme et sa fille. Personne ne sait ce qu’elles sont devenues. On ne les a jamais revues.

Un silence chargé d’incompréhension plomba l’ambiance. Peu de Jäegers exerçaient dans le secteur et je fus étonné de ne pas avoir eu vent de ces exécutions barbares. À mes côtés, Alaric posa lourdement sa chope vide et Yuri l’imita.

— Vous partez ?

— Oui, j’ai de la paperasse à gérer et la patronne ne va pas être contente si je continue à procrastiner, grimaça l’ancien traqueur.

— Et moi, je dois reprendre mes consultations, ajouta le Vulpian en avisant sa montre. J’ai deux nouveaux patients à rencontrer à Dabéorn.

— Très bien, alors on se voit plus tard.

Mes acolytes me saluèrent et quittèrent le restaurant, bientôt suivis par les quelques clients qui s’étaient attardés. Quand la salle fut enfin déserte, Angélina verrouilla la porte d’entrée et accrocha le panneau « Fermé » sur la vitre.

— Bon, on y va, nous aussi ? Plus vite ça sera terminé et plus vite on sera tranquille.

J’acquiesçai tout en portant machinalement mes mains derrière mon cou pour me masser, jusqu’à ce que je constate quelque chose d’inhabituel. Au fur et à mesure que mes doigts continuaient de chercher sans rien trouver d’autre que le contact de ma peau, une affreuse sensation de vide m’envahit.

Remarquant mon air préoccupé, Angélina haussa un sourcil.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Mon pendentif... il a dû se décrocher et tomber, bredouillai-je alors que je survolais déjà le sol du regard. Tu ne l’aurais pas vu ?

Nous examinâmes alors le moindre centimètre carré de la salle de restauration, mais aucune trace dudit collier.

— Je n’ai rien trouvé non plus, m’annonça ma sœur d’un air dépité.

Un vent de panique me submergea. Où était passé mon précieux artefact ? Jamais je ne m’en séparais, il possédait une valeur sentimentale inestimable à mes yeux.

Soudain, un flash !

La collision avec la femme-dragon me revint à l’esprit et les propos d’Eldric à son sujet ainsi que le vol de sa bijouterie résonnèrent dans mon cerveau. Un éclair de rage me transperça quand je compris enfin ce qui avait dû se produire et je me précipitai aussitôt vers la porte.

— Où est-ce que tu vas ? s’écria Angélina.

— Je crois savoir où il est. Laisse-moi juste une heure ou deux.

— Euh... d’accord...

Les mâchoires crispées et le poing resserré sur le pommeau de mon pistolame, je traversai la ville à grandes enjambées jusqu’au lieu du délit dans l’espoir d’y retrouver un indice probant. Mon sang palpitait dans mes veines à une vitesse folle et la colère enflait dans tout mon être. Si j’avais décliné plus tôt l’idée de rechercher la femme-dragon, cette fois, la chasse était ouverte.


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