La roue de l'écriture (et plus si affinités)
Des cendres et une pellicule. C'est tout ce qu'il reste d'une vie entière consacrée à la passion de la photographie.
Le proprio regarde les pompiers s'afférer autour des vestiges de son studio incendié.
Il s'en veut.
On ne l'a pas encore questionné sur l'origine du feu. C'est peut-être de sa faute. C'est sans doute de sa faute.
Pas de retraite pour les commerçants et les artistes ; ils cotisent trop peu, et puis il y a l'amour du travail. Alors, même son Alzheimer ne l'a pas stoppé. Même quand il a oublié de verrouiller la porte du magasin. Même quand il a omis d'écrire le nom du client sur la pellicule qu'il traine dans sa poche. Même quand il s'est mis à intervertir les flacons de la chambre noire. Même quand il a commencé à se demander ce qu'il fichait dans cette étrange boutique remplie de cadres...
Résigné à perdre ses souvenirs, il se raccrochait à ceux des autres, en argentiques. Mais eux aussi, désormais, avaient disparus, consumés par les flammes de la maladie de l'oubli.