Le Secret des Hayworth

Chapitre 18 : ÉPILOGUE

Chapitre final

3854 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/03/2023 08:32

ÉPILOGUE


Quelques jours après ces événements si intenses du Manoir Hawkins, j'étais encore plutôt perdue de la situation. J'étais surtout très honteuse d'avoir embrassé publiquement Sebastian et encore plus d'avoir avoué mes sentiments devant une audience. Notre retour à la maison des Hayworth de Londres s'était fait assez rapidement ensuite mais j'avais également fait une demande. Un regard extérieur la trouverait totalement idiote et j'en ai conscience mais j'avais besoin d'un peu de temps. C'était un comble bien sûr car j'avais pressé Sebastian mais avoir partiellement levé sa malédiction indiquait des choses que je n'arrivais pas à gérer. En plus, j'avais appris que depuis tout ce temps, Sebastian était cet homme, un jeune homme à l'époque d'ailleurs, qui m'avait rassurée chez Lady Fullton et qui avait donc dû comprendre depuis tout ce temps que je lui étais sans doute destinée. Apprendre tout cela m'avait perdue dans mes pensées et j'avais préféré retourner à mes fonctions dans la discrétion la plus totale. J'étais redevenue volontairement Annabelle Rivers, la simple bonne, préférant fuir la situation. Je craignais de blesser Sebastian évidemment mais je voulais retourne au Manoir Hayworth avant de prendre la décision finale. J'aimais mes fonctions, mes tâches quotidiennes, aider Lady Charlotte à se préparer, aider à l'office, servir les repas... Je n'étais pas prête à trôner aux côtés de Lady Mary en tant que Lady Annabelle pour recevoir les convives. En plus, j'étais convaincue que cela allait jeter l'opprobre sur la famille Hayworth. Qui pourrait qualifier une union de noble avec une bonne d'excellente idée ? Tout simplement personne. Ainsi, pendant plusieurs jours, je n'avais fait que travailler jusqu'à un fameux soir. Ce soir là, ma si belle robe commandée par Lady Mary ayanr été revêtue, j'étais assise sur mon lit, la tête posée entre mes mains gantées.

- Je ne peux pas, je ne peux pas, marmonnai-je tout bas.

J'étais en panique, totalement, je devais rencontrer la personne la plus importante du pays et j'étais convaincue de faire des bêtises. Je trouvais ma révérence loin d'être au point. Comment une bonne pouvait se présenter devant sa Majesté... J'entendis des coups à ma porte, il devait s'agir de Lady Charlotte qui était descendue il y a près d'une demi-heure. Je ne l'avais pas suivie, trop paniquée et désireuse d'essayer de me calmer. D'autres coups résonnèrent de nouveau, m'arrachant un soupir.

- Entrez Lady Charlotte, dis-je tristement toujours en proie au stress.

La porte s'ouvrit, je l'entendais sans regarder celle-ci. Je n'étais pas prête, j'espérais encore secrètement pouvoir l'éviter. La porte fut alors refermée et je me demandais si ce n'était pas Lady Mary venue en réalité me rassurer.

- Les robes de soirée me vont beaucoup plus rarement, fit une voix masculine.

Je relevai immédiatement la tête, surprise et choquée, pour découvrir Sebastian dans un costume à queue de pie qui le rendait encore plus séduisant.

- Mais... Que faites-vous là ? demandai-je choquée.

- Je suis venu vous chercher, dit-il en souriant.

- Mais c'est inconvenant, il s'agit de ma chambre Lord Sebastian, dis-je alors l'appelant par son titre comme je le faisais toujours à part dans mes pensées.

- Je le sais mais vous êtes inquiète... Cette robe vous va à ravir, dit-il alors.

- Est-ce vrai? dis-je touchée du compliment.

- Vous en doutez? dit-il amusé. Inutile... Que se passe-t-il ?

- Je... J'ai peur de commettre un impair, dis-je alors. Il s'agit de La Reine Victoria quand même...

- Je le sais mais sachez que ce n'est pas aussi codifié que le reste, Dreemia reste un secret, dit-il rapidement.

- Je le sais..., dis-je en le voyant s'appuyer contre mon bureau.

- Je vais devoir insister, fit-il en souriant.

Je le regardai alors et je voulus éclaircir un certain point. Je devais au moins cela à Sebastian.

- J'aimerais savoir si mon comportement ne vous semble pas égoïste, dis-je alors gênée.

- Pourquoi le serait-il ? demanda alors Sebastian.

- Vous le savez parfaitement, dis-je en grimaçant. Nous nous sommes embrassés... Et je vous ai spécifié vous aimer.

- Oui... Et donc? insista Sebastian.

- Mon comportement... Il ne vous a même pas désappointé? insistai-je encore. Depuis... Nous... Nous n'avons pas vraiment discuté...

- Vous vous êtes ruées dans le travail Annabelle, je comprends aisément que vous avez besoin d'un peu de recul... Je n'y vois aucun inconvenient, dit-il simplement.

- Est-ce vrai? demandai-je quand même.

- Je suis un peu déçu car vos lèvres sont absolument divines mais je peux tout à fait attendre que vous soyez prête, dit-il simplement.

Je le regardai choquée du propos, comme souvent avec Sebastian, mais je ne savais pas comment réagir. Il me regarda avant de s'approcher et, me surprenant un peu, il s'empara de mes lèvres. Je le repoussai immédiatement, non pas que je le désirai réellement mais par un réflexe issu de mon éducation. Cette situation était en effet gênante.

- Sebastian..., murmurai-je gênée.

- J'aime le secret également... Et cette absence du mot Lord, fit-il en riant. Et si nos différences de statut vous semblent problématiques, je m'en moque... Royalement, précisa Sebastian.

- Terme très à propos L... Sebastian, dis-je gênée.

- Si doux aux oreilles, dit-il en s'approchant.

Je me mordis les lèvres avec honte mais je ne pus m'en empêcher, il me fallait l'embrasser encore. Ce fut rapide et assez fugace mais cela me donna le courage d'enfin me décider à descendre. Sebastian semblait se moquer totalement de nos statuts, de mes inquiétudes, il voulait juste être naturel. Ce fut moins stressée que je pus rejoindre les Hayworth dans leur voiture partant en direction du palais royal. Notre arrivée fut cependant assez discrète malgré la présence de bien des nobles, un bal étant donné. Les Hayworth m'avaient prévenue, notre rencontre royale allait être courte, rapide et discrète.

- Tout va bien se passer Annabelle, fit une Lady Charlotte survoltée en descendant de la voiture.

- Notre fille a raison, précisa Lord Jonathan en aidant Lady Mary.

- Da Majesté est réellement sympathique, précisa Lord Henry.

- Et elle arrive même à tolérer Sebastian, fit Lady Mary.

Je regardai le concerné attentivement, ce dernier descendant en dernier. Je ne pus oser demander ce que je désirais le plus, à savoir entrer dans le palais à son bras. Je ne voulais pas me montrer irrespectueuse de mon hôte si importante en enfreignant des règles d'étiquettes sur le statut. Nous fûmes rapidement guidés par un domestique du palais, directement dans un petit salon où nous dûmes patienter. Bêtement, je me mis à faire des courbettes dans mon coin. Ce fut Lady Charlotte qui me remarqua et s'approcha.

- Mais qu'est-ce que tu fais? demanda-t-elle stupéfaite.

- Je m'entraîne, marmonnai-je immédiatement.

- Ça ne sert plus à rien, m'assura ma jeune maîtresse.

- Je ne veux pas vous ridiculiser, l'avertis-je.

- Aucun risque, fit-elle avant de fixer son oncle. Vous vous êtes à nouveau embrassés depuis?

- Lady Charlotte..., grommelai-je en tapant du pied. C'est inconvenant.

- Cela veut dire oui? insista Lady Charlotte.

- Vous ne cesserez pas de toute manière ? demandai-je avec lucidité.

- Et non, fit-elle fièrement.

- Seigneur..., marmonnai-je en regardant Sebastian au fond de la pièce.

- Pourquoi tu restes ma Ladyroom ? demanda-t-elle tout bas.

- C'est ma fonction, dis-je simplement.

- Annabelle... Tu pourrais...

- Je ne suis pas prête Lady Charlotte, chuchotai-je alors. Et il me semble que pour l'instant Se... Lord Sebastian va bien.

- D'accord... C'est comme tu veux, concéda ma jeune maîtresse.

Au fond de la pièce, une porte s'ouvrit, me poussant à m'aligner aux côtés des Hayworth en compagnie de Lady Charlotte. Un majordome entre dans la pièce avant de s'exclamer:

- Sa Majesté La Reine Victoria, Reine du Royaume-Uni, Reine du Canada, Représentante de Dieu, annonça alors le majordome.

D'un même mouvement, moi et les membres de la famille Hayworth nous penchâmes immédiatement pour effectuer une révérence. Je fixais à la fois le sol mais également Lady Charlotte afin de corriger quelque peu ma position. J'entendis alors des pas de chaussures féminines et je fus prise d'inquiétude. Dans la même pièce que moi se trouvait désormais la personne la plus importante du royaume, cette seule information me faisant déglutir nerveusement.

- Laissez nous, fit alors une voix calme, douce et dont la distinction transpirait sous les intonations.

- Bien Votre Majesté, fit le majordome.

J'entendis quelques autres pas puis le bruit d'une porte se refermant. Je n'osais pas bouger.

- Messieurs, Madame, Mesdemoiselles, nous intima Sa Très Gracieuse Majesté. Redressez vous je vous prie.

Je relevai alors la tête osant regarder cette monarque si impressionnante malgré sa petite taille. Elle était déjà pour beaucoup de gens la monarque la plus impressionnante qu'avait connu notre royaume et surtout une des régnantes l'ayant fait le plus longtemps. Ses atours étaient absolument sublimes et je trouvais presque inconvenant que mes yeux de simple roturière osent se poser sur elle. Cependant, elle semblait avoir un visage doux et souriant.

- Lord Jonathan, que de visites en si peu de temps, fit alors Sa Majesté La Reine Victoria en riant quelque peu.

- Vous me voyez bien navré d'ainsi vous subtiliser votre temps si précieux, dit alors Monsieur le Comte.

- Cela me divertit et me change bien de mes ministres, fit alors la Reine en nous regardant.

- Sachez que j'ai fait subtiliser quelques titres à Lord Hawkins pour ses agissements, nous affirma notre si précieuse reine. Naturellement, il conserve également son statut au vu des services rendus par... Par nos citoyens si particuliers.

Je la vis sourire en disant cela, mue par un certain amusement de connaître les origines.

- J'ai lu vos rapports respectifs pour me changer des comptes du royaume, fit-elle en souriant. Mais je n'ai pas compris pourquoi vous l'avez épargné Lord Sebastian, cela ne vous ressemble guère.

- Il s'avère qu'une demande me fut faite de ne pas exécuter Lord Hawkins devant son jeune fils, dit alors Lord Sebastian me faisant me sentir gênée.

Ma gêne s'accentua quand Sa Majesté porte son si noble regard, quasi divin, sur une si humble personne que moi. Par instinct, je refis une révérence.

- Lady Mary ma chère, présentez moi cette jeune fille, dit-elle doucement en s'approchant de moi.

- Votre Majesté, voici Annabelle Rivers, celle qui a sauvé notre fille Sophie, et également la Ladyroom de Charlotte.

- C'est un immense honneur votre majesté, dis-je alors en ne sachant quoi faire.

- L'honneur est pour moi Miss Rivers, fit-elle en me surprenait, ce qui devait d'ailleurs se voir. Je ne pense pas que j'aurai pu faire preuve d'autant de courage à votre âge.

- Mon courage ne peut égaler le votre Votre Majesté, affirmai-je d'une voix tremblante. Vous dûmes prendre le trône à un âge guère plus avancé que moi.

- Détendez vous mon enfant, je ne mords pas, dit-elle en souriant. Ainsi, vous avez appris un secret bien gardé du royaume.

- C'est bien cela Votre Majesté, confirmai-je.

- Verriez vous un inconvénient à déambuler en la compagnie d'une reine vieilissante pour discuter ? demanda alors Sa Majesté La Reine.

Je ne savais que répondre devant un tel honneur. Je ne savais littéralement plus où me mettre.

- Vous avez le droit de refuser, me dit-elle en se penchant vers moi.

- Je... J'en serai très honorée votre Majesté, dis-je en proie à la joie et à la panique.

Je regardai d'ailleurs Lady Mary qui me rassura d'un sourire qui se voulait sympathique. Mon regard glissa doucement vers Sebastian qui hocha la tête pour m'intimer d'y aller.

- Mes chers amis, je vais tâcher de ne pas prendre trop de temps, je ne voudrai pas manquer la fête, dit La Reine Victoria en souriant.

- Votre Majesté, l'interpella Lady Charlotte. Vous savez pertinemment qu'elle ne commencera pas sans vous.

- Ha oui, c'est vrai, fit-elle amusée. Miss Rivers? Je vous prie de vous suivre.

- Bien Votre Majesté, dis-je en avançant et saluant les Hayworth d'un mouvement de la main.

La Reine Victoria commença à avancer lentement et je la suivis, passant une porte derrière laquelle se trouvait un garde à qui elle intima de ne nullement nous suivre. Je fus assez stupéfaite de la beauté des lieux dans lesquels je marchais à cet instant, observant les moulures et les décorations, les tapisseries et les tableaux, les armures et toutes les autres ornementations. Sa Majesté avait de la chance de vivre dans un tel environnement et je me mis même à envier ses bonnes malgré la somme incroyable de travail que cela devait représenter. Tout à coup, Sa Majesté s'arrêta devant moi et se retourna en arborant un sourire. Elle posa son index sur ses lèvres pour m'intimer le silence et je la vis se glisser entre deux tapisseries pour pousser une porte dérobée.

- Venez Miss Rivers, me dit-elle alors.

Je la suivis en silence, découvrant un couloir très loin du faste du reste du palais, presque comme une coursive utilisée par le personnel. Elle referma rapidement devant moi.

- Intéressant n'est-ce-pas ? demanda La Reine Victoria.

- En effet, dis-je poliment. Est-ce un des précédents monarques qui le fit installer?

- Non, fit-elle avec un sourire empli de fierté. Il s'agit de feu mon époux.

- Le Prince Albert ? demandai-je surprise.

- Oui, confirma La Reine Victoria. Lorsqu'il fut mis au courant de l'existence de Dreemia, en tant que Prince Consort, il me proposa d'installer ces éléments afin que nous puissions toujours penser à cela. Venez.

Je la suivis donc dans le couloir, discrètement car j'ignorais totalement si l'on pouvait nous entendre et nous arrivâmes dans une grande pièce. Là, ma surprise fut assez énorme. En effet, il y avait aux murs des tableaux d'êtres clairement issus de Dreemia, comme les Vicissiens ou les Gnomes. Je regardai également les vitrines assez éberluée de leur contenu. En effet, elles arboraient des morceaux d'excroissance m'évoquant mon propre collier, des armes semblant venir d'un autre monde et d'autres objets tout aussi étonnant.

- Tout cela est magnifique... Mais comment vous êtes-vous procuré de tels tableaux, magnifiques soit dit en passant? Il est impossible de mettre quelqu'un dans la confidence.

- Cela me vient d'une personne chère à mon cœur, dit alors La Reine Victoria.

- Mes tableaux vous plaisent? fit soudainement une petite voix qui me fit sursauter.

Me retournant dans ce même sursaut, je vis apparaître devant une toute petite femme dont l'espèce m'était désormais évidente.

- Bonjour, dis-je poliment à la petite gnome.

- Miss Rivers, voici Asmia, une petite lubie de ma part, dit alors La Reine.

- C'est à dire Madame ? dis-je avant de me figer. Veuillez me pardonner Votre Majesté...

- Pourquoi donc? Vous ne pouvez pas savoir ce que cela pouvait me manquer... Techniquement pas d'ailleurs car l'on ne m'a jamais appelé Madame, à part Asmia.

- Oui... Vous avez dû passer de Mademoiselle à Votre Majesté, dis-je en comprenant.

- Voilà, dit alors la Reine en riant. Je voulais pouvoir tout apprendre de Dreemia, comme mon époux d'ailleurs. Une Gnome, certes espiègle, était tout à fait indiqué. Mais prenez donc un siège.

Je m'assis poliment en face de la Reine. Cette situation était déjà incongrue mais voir apparaître des traces grâce à Asmia me fit me rendre compte que je prenais le thé avec une reine. C'était me donner trop d'importance.

- Miss Rivers, je sais ce que je suis, me fit soudainement La Reine. Mais quand je suis ici, je me sens plus normale. Naturellement Asmia me parle comme ce que je suis mais vous avez dû remarquer que les Gnomes ne se gênent jamais pour dire ce qu'ils pensent.

- Effectivement Votre Majesté, confirmai-je.

- Et j'apprécie, les Vicissiens me considèrent toujours comme une Reine, et donc cela me change, précisa-t-elle ensuite. J'espère que vous pourrez également me parler sans filtre.

- Je vais essayer, Votre Majesté, confirmai-je alors.

- J'ai tenté d'en avoir la réponse mais les Hayworth aiment rester secrets, précisa La Reine. J'ai cru comprendre que vous étiez bonne...

- C'est bien cela, confirmai-je. Je le fus pour Lady Helen Fullton de Londres jusque... Son décès.

- Vous semblez émue, dit-elle compréhensive.

- Nous étions plus proches que notre relation aurait dû le demander, confirmai-je à Sa Gracieuse Majesté. Presque comme une mère et sa fille, si je puis me permettre.

- J'aime entendre ce genre d'histoires, précisa La Reine. Racontez moi donc.

J'entrepris donc de lui raconter notre rencontre, remarquant malgré tout qu'Asmia venait de s'installer sur les genoux de Sa Majesté La Reine Victoria. Puis j'enchainais sur mon éducation et tout le reste, essuyant une larme et provoquant l'émoi de la Reine.

- Et après son décès, elle avait songé à m'envoyer chez les Hayworth, S... Lord Sebastian étant en effet une personne qu'elle connaissait et pour qui elle a financé quelques expéditions, dis-je alors.

- Je comprends, il finance également des recherches archéologiques, dit alors Sa Majesté.

- Et c'est là-bas que j'ai donc fait cette si étonnante découverte, devenant également Ladyroom pour Lady Charlotte, conclus-je donc.

- Vous vous y plaisez ? demanda alors La Reine.

- Énormément Votre Majesté, précisai-je avec respect. Ils sont de bons maîtres.

Je la vis alors sourire et boire son thé. Elle semblait extrêmement amusée et je me sentis gênée.

- Puis-je vous poser une question un peu... Indécente ? demanda soudainement La Reine.

- Euh... Oui, dis-je intriguée.

- Je n'ai pas pû m'empêcher de remarquer quelque chose, précisa-t-elle alors. J'ai appris à être très observatrice... D'abord j'avais cru que peut-être vous étiez proche de Lord Henry mais je n'ai pas pû rater votre regard avant d'accepter mon invitation.

- Ho, dis-je honteuse et rougissante.

- Vous semblez sous le charme de Lord Sebastian, me signifia La Reine.

- Je... C'est le cas, dis-je alors honnêtement.

- Et je mettrai ma royale main à couper que cela me semble réciproque, enchaîna Sa Majesté.

- Je... Je le pense oui... J'en suis presque sûre même, avouai-je un peu honteuse.

- Vous semblez dubitative, dit-elle alors.

- Je ne suis qu'une bonne Votre Majesté, dis-je alors.

- Vous savez Miss Rivers, me fit alors la Reine. Je vais être très franche, j'ai eu énormément de chance de rencontrer mon époux et ce fut un amour véritable. Il ne faut jamais laisser cet amour s'enfuir, cela serait laisser trop de regrets... Et puis les Vicissiens aiment oublier les règles, ajouta-t-elle en riant.

- Vous êtes sûre ? demandai-je surprise.

- J'ai très rarement vu Lord Sebastian avec un regard aussi doux, précisa la Reine. Je crois que vous l'avez envouté.

Je me mis à avoir un petit rire gêné et compréhensif. Sa Majesté devait avoir raison, j'allais devoir me préparer à devenir un jour Lady Hayworth. Je la vis alors se lever et poliment, je fis de même avant de m'écarter.

- Je vais vous donner un petit conseil d'initié, dit alors La Reine en souriant.

- Un conseil sentimental? demandai-je choquée.

- Ho non, dit-elle en riant tant elle fut amusée de mon propos. Sauf si vous en désirez...

- Cela ira Votre Majesté, dis-je gênée. Je pense laisser Lord Sebastian m'apprendre à devenir femme... Euh... Je ne veux pas parler de choses indécentes... Je...

- Vous vouliez dire apprendre à aimer, j'avais compris, fit-elle avec un sourire rassurant. Je comprends, vous êtes jeune et je suppose que vous n'y connaissez rien.

- Effectivement Votre Majesté, dis-je alors.

- J'étais comme vous, vous verrez une fois que l'amour parle pour nous, cela devient absolument naturel, m'avoua Sa Majesté avec un étonnant clin d'œil. Mon conseil était pour le repas, précisa La Reine en me faisant signe d'avancer.

- Pour le repas ? répétai-je étonnée.

- Oui, ils ont tendance à enlever les plats des convives quand je finis le mien et je mange assez vite alors ne prenez pas trop de temps à discuter, avoua La Reine en riant.

- J'en avais effectivement entendu parler, dis-je en avançant vers Sa Majesté qui se figea.

- Amusant, fit-elle soudainement.

Je la vis regarder par dessus mon épaule. Je suivis donc son regard et je tombai sur un tableau de Sa Gracieuse Majesté La Reine Victoria en compagnie du Prince Albert et d'Asmia. Ceux-ci étaient tout jeunes à l'époque, sans doute peu de temps après leurs épousailles.

- Un soucis Votre Majesté ? demandai-je alors.

- C'est amusant, à part la robe, vous me ressemblez, dit-elle en souriant.

- Je vous remercie, j'aimerais beaucoup être aussi intelligente et progressiste que vous Majesté, dis-je avec beaucoup d'honnêteté.

- Je vous le souhaite, dit-elle en me souriant. Mais ce que je vous souhaite est de vivre un amour aussi beau et long que celui qui m'avait uni à mon si cher Albert.

Je me retournai a nouveau vers le tableau et effectivement, il y avait un petit air. Peut-être était-ce parce qu'elle était mon modèle et que j'aimais lui ressembler. Son dernier propos par contre, je me promis de le réaliser. Dès notre retour au Manoir Hayworth, je dirai à Lord Sebastian que je prendrai encore un peu de temps pour apprendre tout ce que je dois savoir sur lui mais je resterai encore une bonne quelque temps. Et puis s'embrasser en cachette n'aurait pas forcément que des inconvénients. Je repensais alors à Lady Fullton et je ne pus m'empêcher de me dire que grâce à elle, j'allais connaître le véritable bonheur. Merci pour tout Lady Fullton. Je vous jure que je deviendrai une Lady Hayworth des plus convenables. Je vous fais la promesse que vous serez très fière de celle à qui vous avez fait l'honneur de l'appeler votre fille. Merci pour tout. Désormais, j'avais une nouvelle famille et un homme m'attendait, Sebastian. J'étais finalement assez heureuse d'avoir appris le secret des Hayworth.



FIN






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