Douceurs de Décembre
Ma tendre Lucile,
Aujourd’hui, nous avons installé le sapin dans le salon, avec Charline. Nous ne sommes que le premier samedi de décembre, mais elle tenait à ce qu’il trône dès maintenant, régnant sur la pièce. Il sait se faire remarquer, bien qu’il ne soit pas très grand, tout comme elle finalement. Je pense qu’il fait la bonne taille, assez petit pour qu’elle n’ait pas de difficultés à atteindre le sommet. C’est toujours aussi important pour elle, elle désire fermement placer l’étoile toute seule, tout en haut ! Puisqu’elle grandit d’année en année, j’en prends un toujours un peu plus grand, et elle, elle prend toujours un peu plus de toi.
J’aimerais tant que tu puisses la voir, la regarder grandir, observer ses progrès, t’émerveiller de ses réussites, la soutenir lorsque son cœur est lourd… Lucile, sache plus que tout que ta fille, notre Charline, est une magnifique petite fille. C’est même la plus belle de toutes, et elle t’aime vraiment fort. Tu dois avoir le sentiment que j’esquive le sujet dans chacune de mes lettres, mais ce n’est pas le cas. Je l’amène juste doucement afin que mon sourire ne quitte pas mon visage lorsque je t’écris.
Ainsi, n’aie donc aucune crainte, Charline apprécie toujours autant la période de Noël. Les craintes que je t’avais confiées dans ma lettre de l’année dernière ne se sont pas confirmées, j’espère que tu t’en réjouis de ton côté aussi. Notre petit rayon de soleil ne cesse d’étinceler et d’illuminer toutes mes journées. Bien qu’elle ait conscience de ton absence, elle se réjouit de se réunir avec tes parents, avec ses cousins. Nous avons prévu de passer du temps avec un peu tout le monde cette année, de faire de belles fêtes, de célébrer l’amour entre nous tous. Nous voyons pourtant souvent tes parents, mais rien qu’à lui demander si elle est contente d’aller voir Mamily et Papily, elle saute de joie et s’extasie. J’ai comme l’impression qu’elle transforme la peine qu’elle pourrait ressentir en joie lorsque vient décembre. Tu lui manques terriblement, elle me parle tout le temps de toi. Elle ne me demande plus quand tu reviendras, je pense qu’elle a compris que c’est nous qui te rendrons visite, bien plus tard. Plus que Noël, Lucile, c’est toi que Charline célèbre.
Tu verras, j’ai prévu d’insérer dans l’enveloppe, à côté de cette lettre, quelques clichés que j’aurai pris de Charline et de nous tous lors de nos réunions. Peut-être souriras-tu en les observant, comme moi je souris en t’écrivant. Je préfère sourire, c’est ce que tu préférais voir, c’est ce dont Charline a besoin, même si parfois mon cœur pleure. Je ne m’en veux pas, ni de sourire, ni de pleurer. N’est-ce pas sain de ressentir tout cela, de me laisser aller à ce que mes émotions m’apportent ? C’est sûrement ce que tu me dirais, donc j’aime tendre à dire que oui. Il existe des moments où je me surprends à en vouloir inutilement à tout, à rien ; ce genre de moment où je rumine le fait que personne ne devrait nous quitter pendant ce mois de célébrations. C’est futile, je le sais bien. On désirerait que personne ne nous quitte jamais, mais ce n’est pas quelque chose sur laquelle nous avons le pouvoir. Alors je me pose, je laisse tout ça s’évacuer, je pense à toi et je souris.
Comme dans chaque lettre, comme chaque année, je voudrais te remercier d’avoir partagé ta vie avec moi, jusqu’à la fin. Avec Charline, vous êtes les miracles qui font battre mon cœur. Ta chaleur est gravée dans ma peau, ton histoire inscrite dans les fossettes de Charline. Lorsque nous étions plus jeunes, tu me disais que ton âme irait rejoindre les pingouins de l’Arctique. T’ont-ils bien accueillie ? As-tu réussi à te faire une place, fais-tu partie des leurs maintenant ? Ils ont beaucoup de chance de t’avoir parmi eux, il faudra que tu leur dises. Notre sapin de Noël, coloré aux teintes choisies par Charline, accueille de multiples boules aux images de pingouins, et même de manchots. Charline a décrété que vous étiez amis, entre pingouins et manchots.
Charline et moi t’aimons si fort Lucile. Nous sommes toujours ensemble, mon adorable pingouin.
Juan