Les prompts de Tom & Alexis

Chapitre 12 : Prompt 12

1204 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/01/2023 15:36

« Ce film a été inspiré d’une histoire vraie. » Le générique se lança avec une musique inquiétante. Voilà qui n’aidait pas. Pour le coup, la tension était… palpable. Ni Tom, ni Alexis n’osèrent bouger pendant une trentaine de secondes, trop occupés à assimiler les scènes monstrueuses qu’ils venaient de voir. Ça ne pouvait pas réellement avoir eu lieu, c’était impossible. Im-po-ssible. C’était juste pour monter la pression d’un cran, pas vrai ? Pour s’en assurer, Alexis vérifia vite fait sur Internet et… verrouilla son téléphone juste après. Merde, ce n’était pas des conneries, mais bien des faits réels ! OK, on se calme. On respire, on ferme les yeux et… non, on ne ferme pas les yeux. Surtout pas !

—     Waouh, bah c’était quelque chose !

Par miracle, Tom avait réussi à cacher les trémolos dans sa voix, mais son pouls pulsait tellement fort qu’il aurait pu le trahir. Il espérait juste qu’Alexis ne flaire pas l’odeur de la trouille qui émanait de lui…

—     T’as eu peur ?

—     Nan. Toi ?

—     Bof, pas trop. J’ai connu pire.

En vérité, non. Ils avaient opté pour un film vraiment flippant pour Halloween. Le pire que Tom n’avait jamais osé regarder. Et ce fichu avertissement à la fin n’aidait en rien ! Les images défilaient dans sa tête, toujours aussi terrifiantes. La musique résonnait d’une mélodie affolant ses sens comme un suricate prêt à se terrer aux moindres gestes brusques. Le côté positif, c’était que ce soir, il dormait avec Alexis.

Alexis qui n’avait jamais peur de rien, d’habitude.

Alexis qui avait les boules de s’endormir, ce soir.

Alexis qui comptait sur les bras musclés de son petit ami pour le protéger.

—     Tu veux dormir ?

—     Il est quand même trois heures du matin…

Ha, ha. L’heure où les démons… enfin, bref. L’heure de dormir. Mais avant de dormir, il fallait descendre les escaliers du duplex plongé dans l’obscurité et le silence, pour s’en fumer une dernière dans la nuit noire, retourner dans la salle de bain, se brosser les dents, éviter son reflet dans le miroir… Ou alors, rien de tout ça. Juste enlever ses survêtements, les balancer à l’autre bout de la pièce parce que les déposer sur son bureau serait prendre trop de risques, et se barricader sous la couette comme si de rien n’était.

Tom ne se posa pas de questions. Il fit de même, maudissant de se retrouver du côté exposé du lit. Il était donc au bon endroit si Alexis devait le pousser pour faire diversion et s’enfuir… Quoi qu’avec sa condition physique quasi inexistante, il n’irait pas très loin et se ferait rattraper très vite (à moins qu’il se fasse pourchasser par des zombies, là il aurait peut-être une chance de s’en sortir vivant).

Il n’y eut pas un bruit. Juste un concert de leurs respirations si faibles qu’elles laissaient entendre les battements puissants de leurs cœurs. Les minutes s’écoulèrent, lentement, angoissantes à l’idée qu’une silhouette surgisse de nulle part en hurlant, ou pire : en susurrant toujours la même phrase à s’en hérisser les poils. Ce silence était horrible. Peut-être qu’il serait bienvenu de le combler avec quelques… soupirs d’aise ? Alexis s’y aventura. Il tendit sa main, la glissa sous les draps. Au moment où Tom sentit ses doigts lui caresser le torse, il retint un cri d’effroi, alors que son âme manquait de le quitter subitement. Lorsque l’élastique de son boxer se souleva, il attrapa cette main baladeuse et l’emprisonna.

—     Alexis, tu fais quoi là ?

—     Bah quoi ? T’as pas envie ?

—     Hein ? Mais, non !

C’était le calme plat plus bas. Prétexter attendre les résultats d’une MST aurait été moins honteux que d’admettre avoir peur à cause du film d’horreur.

—     On… on pourrait pas discuter plutôt ?

—     Sérieux Tom ? Tu veux discuter ? J’te propose mille fois mieux et toi tu veux discuter ?

—     S’te plait Alexis…

—     Tss, et tu veux parler de quoi ?

—     Je sais pas. Dis-moi n’importe quoi… Tout ce qui te passe par la tête.

Parler, baiser. Peu importait. Tant qu’ils restaient éveillés jusqu’au lever du soleil. Un soupir. Alexis accepta, fouilla quelque part dans son cerveau et en ressortit toute une liste.

—     OK, bon… Mon plus grand regret dans la vie c’est de pas avoir compris plus tôt qu’Austin s’faisait harceler à l’école. Ce dont j’suis le plus fier c’est ma première audition de piano, j’devais avoir genre onze ou douze ans. Pour faire plaisir à Aria, j’ai accepté de regarder l’intégrale de High School Musical avec elle. Trois fois. J’détestais aller à l’école anglophone quand j’étais gosse parce que j’arrivais pas à parler comme les autres. J’me suis jamais donné de peine en fait, comme pour toutes les matières en général d’ailleurs. Si j’devais choisir un Disney que j’ai bien aimé, ça serait La Planète au Trésor. J’ai été harcelé par celui que j’considérais comme mon meilleur pote à l’époque. Ce qui m’a plu en premier chez toi, c’est pas forcément tes yeux, mais les traits de ton visage, ta mâchoire que j’crevais d’envie d’dessiner. Ma mère était scandalisée quand elle a appris que j’m’étais fait un piercing au téton. Elle aime pas non plus que j’m’habille en noir, parce qu’elle a peur que j’me fasse renverser par une voiture la nuit. Ma dernière trouvaille sur Internet c’est que les aiguilles d’une montre s’croisent vingt-deux fois par jour. Si on part du principe que le premier croisement commence à minuit, les deux aiguilles vont s’recroiser approximativement à 1h05, 2h10, 3h15 et cetera. Elles feront le tour du cadran deux fois pour une journée complète. Par contre, on comptera pas pour 11h55 parce que l’aiguille des heures sera plus proche du douze alors que celle des minutes sera encore sur le onze…

Les mots et les phrases défilèrent ainsi jusqu’à ce que le jour se lève. Jusqu’à ce que la voix d’Alexis finisse enfin par apaiser Tom.

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