Les prompts de Tom & Alexis
Après un week-end entier à « festivaler » dans une chaleureuse et détonante ambiance, il était grand temps pour Tom et Alexis de rentrer chez eux. Une fois leur tente, glacière, sacs et autres affaires en main, ils traversèrent le camping déjà à moitié désert. Contrairement à l’aller où ils avaient dû zigzaguer et braver les obstacles, le retour se fit sans encombre – pas de sardines à tendance meurtrières à moitié plantées dans le sol, de cadavres de bouteilles prêts à les renverser et à faire passer ça pour un malheureux accident, ou encore de ballons de foot inexorablement attirés par leur visage. Toutefois, il fallait toujours faire preuve de vigilance concernant ces trous à éviter, au risque de méchamment se tordre une cheville – et Tom ne pouvait que le confirmer, le pauvre.
À l'inverse de Tom qui tirait une tête d’enterrement, Alexis était plus ou moins heureux de quitter ces lieux. Il y avait certes fait des découvertes surprenantes – notamment cet étrange aristo et son petit ami dont il se souviendrait toute sa vie, puis une autre découverte plus en intimité avec Tom – mais vivre en musique avait ses limites. Ses oreilles bourdonnaient encore et il aurait juré que son cerveau s’était mis à jouer de la batterie en solo.
— J’ai pas envie de rentrer !
On aurait cru que Tom s’était transformé en un petit garçon de quatre ans avec ses lèvres pincées et ses sourcils faussement froncés qui lui donnaient un air beaucoup trop mignon. Il voulut croiser les bras sur sa poitrine, mais la tente repliée sur elle-même qu’il maintenait l’en empêchait.
— Tu peux rester ici si tu veux, mais ça s’ra sans moi. Le confort de mon lit m’manque trop.
— Ouais bah tu te plaignais pas trop du manque de confort l’autre nuit !
Alexis s’arrêta brusquement sous le regard espiègle de Tom. Il chercha à répliquer quelque chose, mais aucun mot ne sortit, malgré sa bouche grande ouverte.
— Fais gaffe, tu vas gober les mouches à force !
Une deuxième pique. Tom avait bouffé du lion ou quoi ? Quoi que… le tigre qui sommeillait en lui avait dû se réveiller et prendre le contrôle sur l’habituel chaton doux et inoffensif qui l’habitait.
— M’enfin, je dois bien avouer que ça m’a pas déplu que tu l’aies gardée grande ouverte. C’était même… kiffant !
OK. Pour le coup, Alexis était aussi rouge qu’une écrevisse. Non seulement il en avait le gabarit, mais aussi la couleur désormais. Il voulait presque se terrer dans ces petits trous. Sa main à couper qu’il rentrait la moitié de son corps ! Ou au moins la tête, ça suffirait amplement pour échapper à cette conversation irréaliste. Même s’il ressemblerait à une autruche, ça lui était complètement égal.
Tom ricana. Il semblait aussi sûr de lui que cette fameuse nuit, c’en était presque indécent. Alexis frissonna et des bribes de leurs ébats retentirent dans son esprit. Wow wow wow !!! Alexis devait s’extirper de cette situation au plus vite, sinon quelque chose en lui allait exploser, comme son cerveau, par exemple. Ni une, ni deux, il avança d’un pas rapide, faisant fi des sous-entendus de Tom.
Ils passèrent les barrières de la sortie définitive, avec une pointe de nostalgie. Ils repensèrent au moment où ils s’étaient évadés temporairement du festival, pour monter illégalement sur le toit du bâtiment non loin d’ici, afin de contempler les lumières des scènes et celles des étoiles en toute tranquillité. Il n’y avait pas de doute, cette nuit avait été magique en tout point de vue. Et Alexis la ressassa dans son esprit, jusqu’à ce qu’il s’installe sur un des sièges arrières de la voiture, juste à côté de Tom. Austin, son pote, campait le rôle du conducteur. Pour être serviable, il avait aimablement proposé de venir les chercher et ainsi leur éviter tout un trajet en train avec leurs affaires encombrantes. Et, Dieu merci, ils lui en étaient reconnaissants !
Les nuits avaient été courtes, les soirées longues. La fatigue se faisait ressentir. Alexis glissa ses doigts dans la main de Tom pour les entremêler. De tout le week-end, il n’avait que très rarement fait preuve de tendresse, simplement parce qu’il était encore mal à l’aise de le faire en public. Ici, dans l’habitacle, il alla même jusqu’à lui voler un baiser amoureux, langoureux, avec Austin comme seul spectateur de leur complicité à travers le rétroviseur. Ils sourirent bêtement avant de s’écarter l’un de l’autre, puis, Tom, redevenu un chaton en besoin d’affection, lova sa tête contre l’épaule d’Alexis. Il ferma les yeux, huma son odeur. Avec le manque de sommeil, il ne leur fallu pas plus longtemps pour rejoindre le pays des rêves.