Mère
Chapitre 3 : Déesse
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Ypso semble ne pas comprendre.
- Ainsi, tu dis ne pas avoir abattu toutes tes cartes ?
- En effet. Et crois-moi, les suivantes vont te surprendre.
Je tourne la tête et vois que mes frères donnent tout pour empêcher Gritt d'avancer mais ce dernier est beaucoup trop fort pour eux. Il les déchire les uns après les autres et bientôt, il n'y aura plus d'autres fils sous le dôme. Notre adversaire aura alors le champs libre pour attaquer Baltro, ce qui fait qu'il ne pourra plus maintenir le champs de force qui nous protège et ainsi, Ypso pourra nous anéantir et percer la surface de notre repère, jusqu'à atteindre et détruire le cœur de notre génitrice. La situation me semble perdue !
En pleurant, j'approche ma main de la tête d'Olivo et murmure :
- Si seulement tu étais encore en vie...
Soudain, la tête remue.
- Hein ?
Elle continue.
- Olivo ?
Puis soudain, elle se tourne vers moi et me fixe, avec de grands yeux et un immense sourire, dévoilant toutes ses dents avant de me répondre.
- O-VI-LO !
Puis des tentacules surgissent depuis la base du cou et aussi depuis les autres morceaux du corps de mon frère, les reliant les uns aux autres, mais certains d'entre eux vont se planter dans les dépouilles de nos frères décédés.
- Plus de cellules ! s'exclame la chose.
Puis elle aspire les cellules contenues dans les corps et les... Bois par gorgées.
- Oh ouais, c'est bon ! Ouais !
Puis le monstre assemblé se relève.
- Je suis enfin de retour à la maison !
Je recule en tremblant. La créature à laquelle j'ai affaire n'a rien à voir avec Olivo ! Il est plus grand, son visage est celui d'un crâne sans peau, et il ressemble à un tyran tentaculaire.
Il a une apparence assez similaire à celle des autres aînés (une tête, un cou, un tronc avec un torse et un ventre, des épaules, des bras, des mains, des hanches et aussi des jambes avec des pieds), mais son corps est recouvert de tentacules enroulés tout autour de lui, comme une poupée faite de fils ou de cordes... Sa tête est coiffée de tentacules, comme si c'était des cheveux, et des pointes dépassent de ses épaules.
- Wha ha ha ha ha ha ! Vive la guerre ! Vive moi et mon retour en forme !
Baltro lui adresse une grimace pleine de mépris et de dégoût.
- Beuargh. Je ne me ferais jamais à ta sale gueule.
L'individu ne prête pas attention aux insultes qui viennent de lui être lancé et s'adresse à Gritt.
- Hey ! Gritt ! C'est bon, tu t'es assez échauffé ! Qu'est-ce que tu dirais d'un vrai combat, maintenant ?
- Hein ? lui répond-t-il, Mais t'es qui toi ?
- J'm'appelle Ovilo, dit-il en bondissant sur sa cible. Et maintenant c'est à mon tour de m'amuser !
Qui était cette chose qui venait d'apparaître ? D'où vient elle ? Pourquoi a-t-elle remplacée Olivo... J'eu soudain ma réponse en entendant sa voix.
Ovilo
J'm'appelle Ovilo. Olivo et moi partageons le même corps sauf que nous sommes radicalement différent l'un de l'autre. Si Olivo s'applique a servir Mère comme un chevalier qui sert son dieu, convaincu que ce qu'il fait est bien, et qui s'évertue à garder sa foi en toute circonstances, ainsi qu'à respecter un code d'honneur très stricte, moi, c'est tout l'inverse !
Je suis un démon. Je veille à toujours me montrer aussi infâme que possible ! Je ne connais ni la honte, ni la pitié. J'aime Mère ! Je l'aime et je l'exprime en faisant du bruit ! En répandant la peur et de chagrin ! Je veux le sang ! Je veux la crainte ! Je veux le carnage, le désespoir et la terreur !
Mère a fait preuve d'un certains sens de l'humour en nous liant, Olivo et moi. Nous sommes comme des jumeaux, mais aussi comme les deux facettes d'une même pièce : nous sommes opposés en tout et, au lieu d'avoir chacun son corps à soi, j'apparais uniquement quand mon frère meurt.
Chez Mère
Ovilo est capable de faire surgir des tentacules depuis n'importe quelle partie de son corps. Il en a des gros qui lui sortent du dos, des plus fins depuis les paumes de ses mains, et des encore plus fins depuis n'importe quelle autre surface de son corps. Il les fait surgir très vite et les abat avec force et vitesse.
Gritt encaisse les coups, résiste aux assauts et parvient à charger et percute Ovilo en pleine poitrine avec son épaule droite. Mon frère recule, mais sourit.
- Non non non. Ça, ça ne marche pas sur moi.
- Quoi ?
Ovilo
Au combat, je suis invincible ! Je suis beaucoup plus rapide et impitoyable qu'Olivo. Je suis aussi plus mobile, plus adroit, plus agile et plus polyvalent. Mon corps recouvert de tentacules profite d'une armure élastique et caoutchouteuse qui me protège de la plupart des chocs et autres attaques physiques, mais en plus, les tentacules que j'utilise pour l'attaque son modifiables !
Je peux vriller leurs extrémités pour en faire des foreuses ! Les utiliser pour envoyer des décharges électriques ! Les faire évacuer du poison hautement toxique ou de l'acide extrêmement corrosif ! Bref, je ne suis jamais à cours d'idées.
Chez Mère
Les extrémités de plusieurs tentacules massifs d'Olivo se retrouvent soudain enduits d'un liquide violet, épais et gluant, puis il les lance sur Gritt. Notre neveu part les coups mais soudain, il hurle et, lui et moi, nous remarquons qu'en fait, le liquide en question fume une fois en contact avec la peau de notre adversaire.
- Aaah ! Qu'est-ce que... Ça brûle !
Ovilo fait ensuite surgir des tentacules plus fins depuis la paume de sa main, les enroule de sorte à ce qu'ils forment une pointe, puis les envoie sur l'épaule couverte de poison de Gritt, la transperçant.
- Argh ! Espèce de...
Le fils d'Ypso attrape ensuite la pointe mais mon frère en profite pour lui envoyer une décharge électrique.
- Alors ? Ça le fait, non ?
Puis il l'attrape avec des tentacules plus gros et le soulève tout en l'étreignant et en le torturant.
- Et voilà, Gritt : je continue de t'électrocuter avec ma pointe, je t'immobilise avec mes autres tentacules et je continue de te maltraiter avec chacun d'entre eux. Je ronge ta peau dure avec mon acide au niveau de tes poignets et de tes chevilles et, au niveau de ton cou...
Je vois l'extrémité du tentacule se mettre à briller d'un rouge vif et dégager de la fumée tout en faisant un gros "pshiiit" contre le cou du malheureux.
- Aaaaaaah !
- C'est chaud, hein ? Hi hi hi, d'habitude, cela découpe mes adversaires instantanément. T'es pas fait n'importe comment, toi.
Gritt se débat mais semble pris au piège.
- Eh bien, Gritt... Pour un adversaire qui a vaincu Olivo, mon alter égo non maléfique, et qui profite d'un flot d'énergie continue transmis par sa mère, je m'attendais à mieux de ta part... C'est donc tout ce dont tu es capable ?
Mère rit au nez d'Ypso.
- Ha ! On dirait que ton fils ne fait pas le poids.
- Grrr... NE LE SOUS ESTIME PAS !!!
Surmontant la douleur, Gritt lève un de ses bras, mord le tentacule qui lui rongeait le poignet juste en dessous du niveau du poison puis l'arrache avec ses dents. Ainsi libéré, il se dépêche ensuite d'attraper la pointe électrique et la serre au point de déchirer les tentacules qui la constituaient. Puis ensuite, je vois la formidable énergie qu'Ypso lui transmet se rependre dans tout son corps, régénérant son épaule transpercée, puis lui arrivant en grande quantité dans ses mains, lui permettant ensuite de s'en servir pour trancher les tentacules qui le maîtrisaient. Ovilo s'étonna.
- Houlà... C'était jamais arrivé avant, ça...
Il tenta alors d'en envoyer d'autres pour remplacer ceux qui se faisaient trancher ou déchirer mais Gritt relâcha une grosse quantité d'énergie autour de lui, ce qui détruisit les autres membres élastiques. Puis il retomba sur ses pieds et fusilla son adversaire du regard. Ce dernier n'avait pas fini de se régénérer.
- Ok. Là, j'suis mal.
La main droite chargée en énergie et posée sur son épaule, Gritt fondit sur son ennemi et, d'un mouvement sec du bras, le trancha en deux au niveau du ventre et à l'horizontale.
- Gah !...
- À Baltro, maintenant !
Puis il fondit sur lui mais se heurta à un mur invisible. Un sorte de force répulsive s'activa lorsqu'il fut tout près de Baltro et elle fut assez puissante pour l'envoyer dans le décors.
- Baltro ! hurla Mère, Ne gaspille pas tes sorts ! Le bouclier a failli céder !
- Et je fais comment, s'il m'attaque ? J'ai réussi à me protéger cette fois mais je ne pourrais pas forcément le refaire ! Il fout quoi, le gros porc ?!
Gritt se relève, fou de rage. Soudain, j'entends le grognement d'un fils.
- Graoh !!!
- Heureusement que t'es là, mon frère !
Ovilo ! C'était Ovilo ! Il est toujours en vie et, alors que la partie supérieure de son corps était jetée dans les airs, il a fait sortir des tentacules depuis sa plaie et les a fait se planter dans la tête d'un fils qui était encore là. Ce dernier ressemblait à un varan géant. L'aîné se rattacha alors au crâne de ce gros monstre et pris le contrôle de son corps.
- Et toi aussi, frangin !
Il restait un dernier fils, plus petit cette fois, qui ressemblait à un fauve. Ovilo envoya ses tentacules qui vinrent se planter dans sa tête et tout le long de sa colonne vertébrale.
Ovilo
J'ai plus d'un tour dans mon sac.
Pour que j'apparaisse, j'ai besoin qu'Olivo meurt. S'il meurt, je prends la relève mais par contre, si c'est moi qui meurt, cette fois, c'est définitif. C'est pour ça que je suis fait pour ne pas pouvoir mourir. Je peux planter mes tentacules dans le corps d'autres êtres vivants et absorber leurs cellules afin de pouvoir me régénérer ou gagner en puissance, mais je peux aussi me greffer au corps d'un de mes frère, à condition qu'il soit d'une taille assez grande pour me permettre ça et, en implantant mes tentacules dans le système nerveux d'une autre créature, je peux la contrôler comme si c'était une marionnette ! De plus, si c'est un de mes frère, j'en fais une extension de moi-même ! C'est génial, non ?
Certains me disent bête, moche et méchant... Je n'en demeure pas moins efficace ! Mère me préfère à Olivo et j'en ai pour preuve qu'elle me laisse longtemps aux commandes avant de se dire, un jour, "Tiens, je ferais bien revenir Olivo". C'est uniquement comme ça qu'il réapparait. Il faut qu'il meurt pour que je puisse revenir mais il faut que Mère intervienne pour que lui, revienne.
Peu importe. Il est vrai que je préfèrerais être aux commandes tout le temps mais si Mère décide que les choses doivent se passer comme ça, alors c'est qu'elles le doivent. Je suis une fleur qui ne s'épanouie que dans le carnage et je savoure la chance que j'ai d'avoir une maîtresse qui me permet ainsi de m'en mettre autant à cœur joie !
Mère a toujours raison, ça parole fait loi !
Chez Mère
Aux commandes de son nouveau corps, celui d'un de nos frère lui servant de nouvelles jambes, et celui d'un autre lui servant cette fois d'extension de son bras gauche, Ovilo, vint barrer la route de notre neveu.
- Alors, Gritt ? Tu m'as déjà oublié ? Ce n'est pas sympas, ça. Je ne suis pas encore mort, pourtant.
- Hôte.toi.de.mon.CHEMIN !!!
- Et si je refuse ? répondit Ovilo tout sourire, Vas-y. Force moi pour voir.
Mère et Ypso se défient à nouveau du regard.
- Ton nouveau fils va peut-être retarder Gritt mais ça ne changera rien au résultat ! Tu ne pourras pas empêcher ce qui va arriver !
- Oh, ma fille... Détrompe-toi. J'APPELLE ZAGAAN !
Puis soudain, le rayon se mit à faiblir et nous sentîmes une secousse.
- Quoi ?!
Puis le rayon s'arrêta. Ypso et moi levâmes la tête et là, nous le vîmes.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça ?!... demanda-t'elle d'une voix horrifiée et terrorisée.
- Je t'avais dit que j'avais un dernier aîné prêt à intervenir. Le voici.
- Tu veux dire que...
- Eh oui ma fille. Zagaan, c'est lui.
C'était un géant. Zagaan avait lui aussi l'apparence d'un homme mais il était tellement grand que s'il y avait eu des nuages, il aurait été capable de voir par dessus.
- Mais comment est-ce possible ?! s'affola Ypso, Il est grand comme une montagne ! Comment un être vivant peut-il, ne serait-ce, tenir debout dans ces conditions ?!
- Oh, ma fille, si tu poses la question, c'est qu'il te reste encore beaucoup à apprendre.
Le vaisseau d'Ypso me paraissait déjà incroyablement grand mais, maintenant dans les bras de Zagaan, on aurait plutôt dit un gros ballon sur lequel on se tiendrait pour faire des exercices de gym.
- Mais... Mais il ne touche pas le sol ! Comment a-t-il pu sauter sur mon vaisseau ?!
- Il est immunisé contre la gravité.
Mon frère se tient sur le vaisseau et l'agrippe fermement avec ses bras et ses jambes. L'appareil volant commence à exploser de toute part.
- Il m'a fallu énormément d'énergie pour l'engendrer mais je suis très fière du résultat. Zagaan est un pur moteur de destruction et tout ce qu'il touche... Il le détruit !
Le vaisseau, sur lequel Zagaan se tenait, finit par céder. Il explose petit à petit et tombe en morceaux.
- Il rase des mondes à lui tout seul. Cette machine ne faisait pas le poids.
Le moyen de transport d'Ypso est détruit et Baltro en profite pour désactiver son champ de force. Zagaan retombe debout sur le sol, plie les coudes, écarte les poings, se penche vers l'arrière puis se met à hurler.
- WHOAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!
Son cri est tellement puissant qu'il provoque une secousse !
- J'ai brûlé des milliers de mondes pour elle ! Jamais je ne laisserais qui que ce soit s'en prendre à Mère !
Zagaan
Moi, c'est Zagaan. Rien ne me résiste.
Je suis grand comme ce que certains appellent une "montagne", et immunisé contre ce que d'autres appellent "la gravité". Face à moi, tous les autres sont des insectes ! Personne ne m'affronte, tout le monde me fuit !
Mère me dit que je suis un croisement entre un être vivant et une machine. Pourquoi ? Je crois que c'est parce que je projette des lasers et du feu pour me propulser depuis mais articulations, mais aussi parce que je suis une foreteresse vivante ! Bon nombre de mes frères viennent s'abriter dans les couloirs qui me parcourent lorsque je suis mobilisé pour un raid mais, honnêtement, je n'ai pas besoin d'eux.
Je me pose toujours sans problème sur un monde quand je l'attaque et après ça, je le rase. Avec mon feu et mes rayons ? Non ! Je le détraque ! Je suis un chef d'orchestre et je déclenche une symphonie de destruction !
Un ouragan se tient autour de moi, ce qui dissuade autrui de m'approcher. Après ça, l'eau des océans boue, les désert arides et les paradis tropicaux gèlent, des orages avec des éclairs et des tornades gigantesques s'abattent aux quatre coins de la planète, des vagues immenses pulvérisent les côtes, des séismes font s'écrouler des villes et ouvrent des crevasses béantes desquelles s'accompagnent des coulées de laves en plus de celles obtenues par les éruptions des volcans...
Je fais aussi tomber des corps célestes ! Des météorites se mettent ensuite à pleuvoir et détruisent tout ce que les autochtones ont pu bâtir et aimer !Personne n'a jamais réussi à s'opposer à moi ! Je suis un fléau qui annihile tout espoir !
Personne ne m'échappe, personne ne me résiste ! Je parcours toute la surface d'un globe en très peu de temps. Je n'épargne rien ni personne ! Impossible de se cacher, impossible de se sauver !
Partout où je vais, je sème la mort et la terreur. Vous voulez m'arrêter ? Essayez donc, si vous l'osez.
Jamais je ne m'arrêterais, jamais je ne changerais ! Je suis là pour servir Mère et elle pourra toujours compter sur moi ! Raser des civilisations et capturer des démiurges afin de remplir le ventre sacré qui m'a engendré est ma seule et unique raison d'exister ! Tout ce que vous avez construit, je le détruirais. Tout ceux que vous avez aimé, je vous les prendrais et, où que vous soyez, je vous trouverais et je vous anéantirais !
Mère a toujours raison, sa parole fait loi !
Chez Mère
- Mon vaisseau !...s'exclama Ypso, désespérée.
- Tu ne t'attendais pas à ça, hein ?
- Mais... Mais enfin où ce monstre se cachait-il ?!
- Il était assis ici depuis le début. Je l'ai caché sous un couche de peau que j'ai réduit en cendre quand j'ai eu besoin de lui. Depuis le début, il était là et tu croyais que c'était juste une montagne.
Je dévisage mon frère. Il ressemble à un démon. Des pieds au cou, on dirait un homme à la peau sombre et recouverte de motifs, dépourvu d'organes reproducteurs et dotés de doigts griffus, mais il a plusieurs pairs d'yeux enflammés comme des brasiers, sa tête est couronnée de pics et de cornes, ses oreilles sont pointues et son visage dépourvu de joues révèle ses nombreuses et immenses dents.
Mère contemple son fils.
- Il a dit des milliers parce que cela veut dire beaucoup. En vérité, il ne sait pas compter et moi, je ne me fatigue pas à me rappeler de chacun de mes repas. Tout ce que je peux te dire, c'est que j'ai beaucoup fait appel à lui et il ne m'a jamais fait défaut.
Elle lâche un petit rire.
- Quel dommage que tu ne l'aies pas visé lui depuis le début, ma fille. Peut-être aurais-tu eu une chance de le vaincre, comme ça. Maintenant, nul ne le sauras jamais.
Puis elle incline ensuite la tête pour ensuite porter son regard sur Ypso.
- Tu peux m'opposer tout ce que tu veux, jouer toutes les cartes que tu as mais jamais, je dis bien jamais, tu ne pourras m'opposer quelque chose qui puisse tenir tête à Zagaan.
Ma grande sœur parait désarmée. Elle recule de quelques pas, baisse la tête, puis serre les poings. Ces derniers tremblent. Puis elle lève la tête en hurlant.
- Ça ne se terminera pas comme ça !!!
La déesse s'élève un peu dans les airs et se met à briller tout en attirant de la lumière vers elle.
- Qu'est-ce que tu fais, encore ?!s'impatienta Mère.
- J'absorbe l'énergie résiduelle que tirait mon vaisseau !
Puis elle produit un grand flash avant de réapparaître, lumineuse et aveuglante.
- Tu as tout absorbé ?!s'exclama notre génitrice.
- Autant que j'ai pu. Gritt ! Retient-les !
- À tes ordres, M'man.
- Puisque mon vaisseau n'a pas pu atteindre et détruire ton noyau, Mère, je vais le faire moi-même !
Puis Ypso plonge et passe à travers le sol.
- C'est pas vrai ! Zagaan est trop gros et trop lent pour pouvoir intervenir... Les garçons !
Baltro fait signe qu'il ne peut pas intervenir.
- J'ai tout donné, là. J'ai d'abord besoin que tu recharges mes batteries.
- Moi j'y vais, Mère !répond Ovilo.
C'est alors que Gritt attrape mon frère par la queue du monstre qui lui sert de jambes, le soulève puis le fait tournoyer avant de le balancer contre une paroi. Puis, il bondit sur Baltro et, d'un coup de poing, l'envoie dans le décors.
- Vous n'interviendrez pas !
- Encore toi ?!hurla Mère.
- Ouais ! Encore moi. Moi aussi, j'absorbe l'énergie résiduelle. Je vais pouvoir me battre au maximum de mes capacités encore quelques temps et aucun de tes fils ne viendra déranger M'man sans passer par moi.
Il crie tout autour de lui.
- Vous entendez ? Si vous voulez la déranger, il faudra d'abord m'affronter !
Mère s'énerve. Elle a besoin d'assistance maintenant ! Mais personne ne peut lui venir en aide.
- Grrr...
Puis, elle crie au loin.
- Guédon ! Qu'est-ce que t'attends ?! Tu dors ou quoi ?! Tu dois la rattraper !
Au loin
Allongé sur le sol, Guédon se redresse péniblement.
- Pfff... Et c'est r'parti...
La colère monte et son corps commence à dégager une aura et des éclairs rouges. Ses cheveux se dressent sur sa tête et il ouvre ses paupières, découvrant des yeux rouges flamboyants.
- Faut toujours tout faire soi-même !
Puis il décolle à une vitesse prodigieuse.
Sur le champs de bataille
Je vois alors dans le ciel une espèce de comète rouge qui fonce à vive allure en direction du trou creusé par Ypso. Gritt bondit et l'intercepte.
- Non !s'écrie-t-il.
- Toi, casse-toi !
Gritt dégage autant d'énergie que possible et les deux adversaires se repoussent l'un, l'autre. Ils se relèvent.
- Toi...
- C'est que mes oncles sont nombreux, dis-moi.
- Chuis pas ton oncle, pauvre tâche !
- Ah oui ? Pourtant tu sers la mauvaise déesse, là.
- Oh toi, je vais te...
- Guédon !crie Mère, tu t'occuperas de lui plus tard. Je t'ouvre un passage !
Puis un trou s'ouvre sous ses pieds. Sans poser de questions, Guédon y descend à toute vitesse.
- Non ! s'écrie Gritt.
Mon neveu tente de le rattraper mais Mère referme le passage juste derrière.
- Merde !
- J'ai durci le sol. Tu ne pourras pas le rattraper.
Puis, le monstre se tourne et remarque que Mère n'arrive pas à refermer le trou qu'Ypso a percé.
- Si, je le peux !
- Non !
Puis il plonge et s'engouffre dans la brèche.
Je me sens complètement impuissant. Que va-t-il se passer, maintenant ?
Au cœur du repaire de Mère
Ypso arriva finalement au centre de la structure, épuisée. Elle tourna la tête et vit alors une espèce de cocon brillant d'une lumière orange dans une pièce violette, auquel était reliés d'innombrables vaisseaux sanguins et dans lequel baignait une femme immense.
- "J'y suis enfin..."murmura-t-elle.
- Bravo. Tu y es finalement arrivé.
- Maman ?
Un double de Mère apparue.
- Félicitations, ma fille. Tu as finalement atteint mon vrai corps.
- Je n'ai donc plus qu'à le détruire !
Ypso tira un rayon qui ne parvient même pas à ébrécher le cocon.
- C'est plus dur que ça n'en a l'air, pas vrai ?
- Dans ce cas là, je vais y mettre plus d'énergie !
Fatigué par les nombreuses couches de tissus durcis qu'elle avait dû transpercer, Ypso prit un instant pour réunir ses forces.
- Tu me tuerais, Ypso ? Tu vivrais avec ça ?
La déesse hurla puis tira à nouveau, cette fois non plus à une mais à deux mains.
- Fort bien.
Puis soudain, Guédon surgit, surprenant Ypso qui tenta de lui tirer dessus mais l'aîné parvint à lui rentrer dedans d'abord et la plaqua contre le mur.
- Gah !...
Sa tante n'eut pas le temps de réagir qu'à peine avait-elle relevé la tête que le poing de l'aîné s'écrasait contre son visage dans un bruit fracassant.
- Ouh...fit Mère, Ça doit faire mal.
- M'man !appela Gritt.
Le monstre s'écrasa sur le sol. Réactif, Guédon lâcha Ypso, se retourna et frappa Gritt avec son coude, l'envoyant contre un mur.
- Gritt ! cria Ypso. Là, son vrai corps ! Il faut le détruire ! Il faut le...
Elle se prit le pied de Guédon dans la bouche.
- TA GUEULE !
L'homme aux yeux incandescents se saisit ensuite d'elle, la remis sous la brèche qu'elle venait d'ouvrir et la lança à l'intérieur avant de la repousser encore plus vers le haut en lui tirant une rafale d'énergie rouge depuis son poing.
- FERME. TA. PUTAIN. DE. GUEULE !!!
- M'man !
Gritt se jeta sur Guédon qui résista à son assaut, lui enroula son bras autour du cou, puis s'envola par le trou lui aussi pour le ramener à la surface avec sa mère.
À la surface
C'est alors que je vis Ypso être expulsée de son trou par une rafale d'énergie rouge, suivie de Guédon qui la projetait depuis son poing, tout en ramenant Gritt.
Ypso tomba par terre tandis que son fils fut lancé plus loin. Ma sœur tenta péniblement de se relever mais un autre rayon rouge, que Guédon tira cette fois par les yeux, la cloua contre le sol. Mère vint la narguer.
- Ça fait mal, hein ?
Gritt se releva et voulu intervenir.
- Non, Gritt !appela Ypso, Replonge dans le trou. Tu peux détruire le noyau. Tue-là.
Elle tendit la main et absorba de l'énergie résiduelle.
- Il en reste encore plein. Je vais pouvoir me recharger et résister aux attaques.
- Et si je t'emmenais loin d'ici pour t'empêcher de le faire, hein ?demanda Guédon en grognant.
- Non Guédon, répondit-mère, inquiète. Elle n'est pas la priorité. Occupe-toi plutôt de Gritt. Qu'il n'approche pas.
- Hm... Très bien.
Toujours en volant, Guédon vint faire face au plus puissant de nos neveux.
- Réglons-ça entre homme.
- Je n'attendais que ça !répondit Gritt.
C'est alors que j'entendis la voix de Guédon. Je me retrouvais dans ça tête.
Guédon
Krrrt... Bzzzt... Krrr...
Je vis une image pleine de parasites gagner en netteté jusqu'à me montrer un homme grand et musclé, de dos, vêtu d'un costume coloré avec une cape dans le dos. Il semble très triste.
C'était pas ça, mon destin.
J'aurais jamais dû me transformer en ça.
En ce que j'ai passé ma vie à combattre.
Je le contournais lentement mais, au fur et à mesure que je m'approchais, je voyais les choses changer : sa cape commença par disparaitre, puis son costume noirci, ces cheveux se dressèrent, la température grimpa, l'atmosphère se tendit... Il tournait la tête pour que je ne vois pas son visage.
C'est votre faute si je suis devenu un fléau !
VOTRE FAUTE À TOUS !
Je vous ai tout donné et vous avez brisé ma vie !
Vous êtes indigne ! Vous êtes tous indigne !
...
...
...
Puis, alors que j'approchais et me retrouvais face à lui, il leva la tête en hurlant, révélant le visage plein de haine et de colère que je lui connais, et me transperça du regard avec ses yeux rouges et brillants comme des lanternes, tout en dégageant des éclairs rouges autour de lui.
SORS DE MA TÊTE !!!
Chez Mère
Puis je tombe en arrière.
- "Il m'a repoussé..." pensais-je, impressionné. "Les autres ne m'ont pas remarqué ou, du moins, ne m'ont pas empêché de voir leur esprit mais lui... Il est complètement verrouillé ! Il ne veut pas me révéler qui il est..."
J'ai bien compris qu'il valait mieux pour moi que je garde mes distance avec ce monstre mais, paradoxalement, il m'intrigue énormément. Il a été adopté par mère sauf que, contrairement à Baltro dont la déviance est innée, la sienne semble plutôt acquise... Comme s'il était différent avant et était devenu celui qu'il est aujourd'hui après avoir été cassé...
- "Guédon..." pensais-je, "D'où viens-tu ? Que t'est-il arrivé ? Qui étais-tu avant tout ça ?... J'espère un jour en avoir les réponses..."
Gritt frappe fort et Guédon se prend le coup de poing en pleine tête mais il se redresse et lui envoie son poing dans la mâchoire, expédiant son adversaire dans les airs puis, en volant, mon frère adoptif arrive derrière le fils d'Ypso, l'attrape à l'arrière de la tête puis plonge et lui plaque le visage sur le sol.
- Gragh... Gniih...
- N'essaie pas de te relever, ça ne sert à rien. J'ai déjà vaincu des tas de monstres comme toi.
- Graaaah !
- Hm ?
Gritt parvient quand-même à se relever. Guédon lève le menton, je me retourne, et nous surprenons Ypso en train de lui transférer l'énergie dont il a besoin. Notre neveu se dégage.
- M'man, donne m'en plus !
- Avec plaisir !
Gritt apparait soigné et revigoré.
- C'est reparti ! s'écria-t-il.
- Oui, ça l'est.
- Hein ?
C'était la voix de Baltro. Gritt et moi tournâmes la tête et vîmes mon frère approcher.
- Moi aussi, j'ai rechargé mes batteries.
- T'étais pas mort ?! s'exclamèrent Gritt et Guédon, mon neveu sur un ton surpris, mon frère sur un ton de mépris.
- Vous aviez quand-même pas cru vous être débarrassé de moi ?
Baltro dégagea plus d'énergie à son tour et son apparence changea : ses yeux devinrent noirs et ses pupilles argentées, tout comme sa peau, qui se couvrit également de marques noires et rouges. Ses cheveux devinrent ensuite gris foncés et commencèrent à se hérisser tandis qu'une petite paire de cornes lui poussa sur chaque extrémité du front.
- Guédon, je garde ta réflexion dans un coin de ma tête et te la fera ravaler en temps voulu. Quant à toi, Gritt, si tu crois que m'envoyer dans le décors à un moment où je suis fatigué suffit à m'éliminer, alors là, tu m'insultes ! Tu n'as visiblement pas compris à qui tu avais affaire et je vais y remédier tout de suite.
Je sens que mon frère a décidé de se battre sérieusement et je me sens écrasé par la puissance qu'il dégage... Je le savais déjà très fort mais là... Là, ça en devient terrifiant !
Puis, je sens la force de Guédon grandir aussi. Gritt et moi nous retournons dans sa direction.
- Ma colère accroit mes pouvoirs. Et là, elle grimpe en flèche. Pourquoi ? Parce que Baltro et moi, on n'a jamais pu s'encadrer.
- Te mets pas sur mon chemin.
- Ça vaut aussi pour toi.
- Hé hé hé ! Et pour moi aussi ?
Ovilo ! Il revient connecté à plus de frères qu'avant et ressemble à une très grande chimère !
- À qui l'honneur ?ajoute-t-il. On l'attaque en même temps tous les trois ?
Ypso absorbe subitement énormément d'énergie résiduelle qu'elle transfère tout de suite à Gritt. Le monstre laisse exploser sa puissance sans impressionner les autres ainés puis le combat commence. Gritt frappe de toutes ses forces mais Guédon, bien que repoussé, résiste aux assauts tandis que Baltro esquive sans problème la majorité des coups qui lui sont portés et encaisse tout aussi bien ceux qui l'atteignent. Quand Ovilo intervient, par contre, Gritt semble plus avantagé et parvient à mutiler son adversaire.
Mère se rend aux côtés de sa fille qui absorbe toute l'énergie qu'elle peut, permettant ainsi à son fils de survivre et de poursuivre l'affrontement.
- Ils se débrouillent bien, pas vrai ?
- Maman ?!
- Je dois avouer que tu as fait du bon travail, avec ton ainé. Ce fils, ce... Gritt. Il est fait pour survivre. Sérieusement : on voit que tu as voulu le faire immortel. Mais... Tu vas pouvoir constater que c'était inutile.
Gritt et Guédon foncent l'on sur l'autre sauf que Baltro tire un énorme éclair depuis la paume de sa main qui foudroie Guédon dans le dos. Notre frère se cambre en poussant un bref cri de douleur et son adversaire profite de sa déconcentration pour remporter l'assaut. D'un coup de poing qu'il se prend de plein fouet, Guédon est envoyé dans le décors. Baltro bondit par dessus le corps éjecté de son frère et plonge sur Gritt qui se retrouve ensuite en difficulté face à lui, jusqu'à ce qu'Olivo attrape son allié avec ses tentacules et le catapulte pour ensuite pouvoir affronter Gritt seul à seul.
- Ils sont incapables de travailler en équipe parce qu'ils ne sont pas assez malins pour ça, mais aussi parce qu'il y a beaucoup trop de rivalité entre eux. Peu importe : cela ne changera rien au résultat final : vous avez perdu.
Gritt écrase Ovilo contre le sol. Baltro réintervient et notre neveu se retrouve en danger. Guédon surgit ensuite, hors de lui, s'élève dans les airs et tire une salve d'énergie sans tenir compte de ses frères. Olivo doit sacrifier une partie de son extension corporelle dans cette attaque tandis que Baltro se protège avec un champs de force. L'homme volant plonge ensuite pour combattre au corps à corps et Baltro et lui se battent à deux contre un contre Gritt, tout en se frappant l'un l'autre.
- Il aurait eu une chance contre Olivo mais contre Baltro et Guédon, certainement pas. Et à trois contre un, c'est perdu d'avance.
- Toi...
J'apparais à côté d'elles en pleurant.
- Mère, Ypso, demandez-leur d'arrêter !
- Hein ?!
- Je vous en prie... Qu'ils arrêtent de se battre... Je n'en peux plus ! Je ne veux pas de ça !
Ypso s'enfuit dans les airs. Ma présence à ses côtés a déjà commencé à perturber ses pouvoirs.
- Ouin ! Je n'ai pas demandé ça ! On est une famille et pourtant, on ne s'aime pas ! Je veux retourner dans ma chambre ! Je veux revoir ma nounou ! Je ne veux pas de ça !
Mère perd l'équilibre et s'écroule.
- Mais... Qu'est-ce que tu fais ?
Puis son avatar se dissipe. Ypso qui continuait de s'éloigner tout en absorbant de l'énergie résiduelle pour pouvoir se défendre, tourne la tête et aperçoit ce que je viens de faire involontairement.
- Mais que...
C'est alors que se produit une lumière aveuglante accompagnée d'une intense douleur qui lui parcourt tout le corps. Ce fut bref. Aussi, Ypso eut juste le temps de regarder par-dessus son épaule avant de tomber. C'était Zagaan. Le géant s'était accroupi quand la mère et son fils étaient descendus jusqu'au noyau de ma génitrice et, depuis tout ce temps, il attendait le moment propice pour intervenir à nouveau.
Ma sœur tomba sur le sol et je me figeais. Qu'avais-je fait ? Je n'ai jamais voulu lui faire de mal et là... Tout cela me dépassait...
C'est alors que Mère, profitant que j'avais arrêté d'utiliser mes pouvoirs, fit réapparaître un avatar.
- Mère !dis-je.
- Tu bouges pas !répondit-elle, furieuse.
Elle s'était tournée vers moi pour parler. Maintenant, elle poussait une espèce de sifflement puis avançait vers Ypso.
- C'est fini, Ypso...
- Ah...
Des fils, nouveau-nés ou juste réveillés, sortirent en masse des galeries qui parcouraient la zone et s'envolèrent pour former une sorte de voute au dessus de nous. Mère attrapa sa fille par le haut du crâne, puis par le menton pour l'obliger à regarder son fils mourir.
- Regarde-le, fille. Regarde ton ainé tomber !
Gritt était maintenant à terre et se faisait rouer de coups par ses trois adversaires. Mère lui leva ensuite la tête vers le ciel.
- Et maintenant regarde ! Il n'y a aucune issue autour de toi. Ton ciel est complètement obscurci ! Tu n'as nulle part où aller ! Tout espoir t'a abandonné !
Puis elle la lâcha. Ma sœur s'allongea sur le dos.
- Pourquoi tu fais ça ? Alors que tu as toujours été prête à me tuer, toute à l'heure, tu m'as demandé si moi, je pouvais vivre avec ton meurtre sur la conscience...
- Et alors ?
- Et alors ? Mais merde ! Tu ne vois donc pas ce que tu es pour moi ? Tu es ma mère ! Ma seule et unique mère ! Si j'ai répondu à ton invitation et n'ai pas cherché à te détruire dès mon arrivée, c'est parce qu'en dépit de notre animosité mutuelle, tu n'as jamais cessé de compter pour moi ! J'ai toujours voulu te ressembler, m'accomplir pour toi et... Gagner ton respect et ta reconnaissance !... Alors... Alors pourquoi es-tu incapable de ressentir pour moi ce que je ressens pour toi ?...
- Pourquoi ? Parce que je n'engendre pas des enfants pour transmettre quelque chose ! Je les créé pour qu'ils me servent ! J'ai créé mes filles pour avoir des êtres qui me ressemblaient et avec lesquels j'aurais pu partager plus qu'avec mes fils, mais il n'a jamais été question que vous connaissiez la liberté ! C'est à vous, mes enfants, d'être à mon écoute et de répondre à mes exigences et non à moi, votre mère, de veiller à votre épanouissement et répondre à vos besoin ! N'inverse pas les rôles.
- Mère...
- Je suis au centre de ceux qui me vénèrent et tout ce qui est en dehors de cette sphère doit mourir ! Je rejette tout ce que fais ou est !... Je suis ta déesse, Ypso et ceci est ta punition pour t'être cru mon égale.
D'un geste de la main, Mère arrête ses ainés et s'approche de Gritt.
- Est-ce que ça va ?
Son petit fils crache ce qui doit être du sang.
- Tu t'es très bien débrouillé, Gritt. Tu as tout ce que je peux attendre d'un de mes ainés... Ta mère ne peux plus t'aider. Elle a abattu toutes ses cartes.
- Ah ?
Gritt parvient à rouler sur le côté et voit sa mère, vaincue, baisser la tête.
- M'man...
- Rejoins-moi.
- Hein ?
- Elle ne te permet pas d'utiliser tes dons à leur juste valeur... Un potentiel pareil pour le combat et, à côté de ça, elle ne t'appelle que pour faire de la moisson ? Mais quel gaspillage ! Viens à mes côtés. Laisse-moi être ta nouvelle maman. Bien meilleure qu'elle ne le sera jamais ! Tu te battras tous les jours ! Tu raseras des mondes entiers et feras des ravages ! Plus jamais tu ne t'ennuieras ! Permets-moi de te faire ce cadeau. Permets-moi... De faire de toi... Mon fils.
Gritt regarde ma génitrice... Puis la sienne... Elle se retient de pleurer. Elle sait qu'elle ne l'a pas comblé. Elle sait qu'elle l'a créé parce qu'elle prenait exemple sur sa mère avec ses ainés, mais aussi pour pouvoir se défendre face à elle au cas où elles se reverraient. Et, au résultat, Gritt avait passé toute son existence à servir et nourrir sa mère d'une manière qui ne lui convenait pas, n'avait pas eu assez d'action dans sa vie, vie engendrée pour un affrontement qui aurait pu ne jamais avoir lieu, tout ça pour arriver trop inexpérimenté face à des adversaires trop forts ou trop nombreux pour lui. Ypso n'avait pas permis à son fils de s'épanouir, lui qui était pourtant le plus important de tous à ses yeux, et elle en payait le prix aujourd'hui.
J'entendais alors leur conversation télépathique.
- "M'man... Tu ne peux plus rien faire ?
- Non, Gritt... Je suis désolé. J'ai abattu toutes mes cartes.
- Mh... Pas moi."
Le monstre posa sa main au creux de sa poitrine.
- "Avant de partir, je veux que tu saches que je n'ai jamais regretté l'existence que j'ai mené à tes côtés. Tu as été la mère la plus merveilleuse que j'aurais pu souhaiter avoir... Alors oui, cette existence a été dédiée à répondre à tes besoin plutôt qu'aux miens et... Et tu n'étais peut-être pas parfaite mais... Ce que je ressentais pour toi a toujours été inconditionnel et, après ce qui vient de se passer ici, je réalise pourquoi tu m'as créé et aussi, combien ce conflit me dépasse mais... Mais je suis content de l'avoir mené à tes côtés alors... Alors s'il-te-plait... Garde-moi dans ton cœur. Ainsi, je me dirais en mourant que... Que je ne disparais pas complètement.
- Gritt..."
Puis il ferma le poing contre son torse.
- "Ma vie pour la tienne."
Soudain, Ypso se mit à briller et s'éleva dans les airs. Elle lança un regard plein de chagrin à Gritt que j'entendais hurler dans sa tête : "Va t'en !", "Va t'en !!!", VA T'EN !!!"
Puis, comme une étoile filante trop rapide pour être interceptée par Zagaan, Ypso prit son envol et passa à travers un portail, comme à son arrivée, et disparue. Mère la regarda faire. Elle posa un regard dédaigneux sur Gritt. Lui qu'elle voulait voir trahir sa fille pour la briser, il lui était resté fidèle.
- Ainsi donc, tu refuses ma proposition ?
- ... Oui.
- Pourquoi ?
Gritt se tourna vers elle et la regarda droit dans les yeux.
- Je t'aime pas.
Quel scandale !... De toutes les réponses simples qu'il pouvait donner, celle-ci était la pire ! Il n'eut même pas le temps de réagir que bon nombre de mes frères, à commencer par Ovilo mais sans compter Guédon et Baltro, le transpercèrent.
Trop affaiblis pour repousser l'assaut, Gritt fut, d'un seul coup, transpercé de toutes parts et rendit son dernier soupir.
- Bien, dit Mère. J'ai faim.
Mes frères se mirent à pousser d'énormes cris de joie, comme si c'était l'heure de faire la fête. Je n'y comprenais rien... C'est alors que leurs voix se mirent à résonner dans ma tête :
Les fils
Nourrissons-la ! Nous devons la nourrir ! Oui ! C'est notre mission ! Ce pour quoi nous existons ! Oui ! Remplissons le ventre sacré dont nous sommes issus !
Chez Mère
Ma déesse apparait à côté de moi.
- Viens avec moi.
Elle me prend par la main et nous nous envolons. De plus en plus de fumée noire se joint à elle. Elle s'en sert alors pour prendre une apparence gigantesque et me prend au creux de ses mains qu'elle porte jusqu'à son visage.
- Pureté... Est-ce que tu m'es dévoué ?
- Euh... Oui ?
- Oh, le coquin.
Puis, avec son menton, elle me fait signe de regarder l'endroit que nous avons quitté. Une espèce de puit est apparu au centre de la zone et les fils y jettent tous les morceaux de cadavre qu'ils ont pu trouver. Seuls Baltro et Guédon s'abstiennent.
- Eux me sont dévoués. Écoute-les.
Les fils
Mère a toujours raison, sa parole fait loi ! - Sa parole fait loi. - Toujours raison – Toujours raison – Sa parole fait loi ! - Mère a toujours raison, sa parole fait loi ! - Loi ! - Mère a toujours raison, sa parole fait loi.
Chez Mère
- Tut'tut'.
Mère reproduis ce son que j'ai entendu plus tôt et le premier frère que j'ai rencontré apparait.
- Me voici, Mère !
"Ah oui ! C'est vrai qu'il s'appelle comme ça !"
- Mon fils... Arrache-toi la tête.
- À tes ordres, Mère !
Puis, sans même hésiter, il se met au travail. Je vois son sang... J'entends ses cris ! Et pourtant, il est triste parce qu'il a du mal à mener sa tâche à bien et craint de décevoir Mère à cause de ça.
- C'est ça, la dévotion.
À la demande de notre génitrice, d'autres de mes frères viennent l'aider à finir le travail puis jettent sa dépouille dans le puit.
- Quel destin merveilleux... Obéir aveuglément à sa mère pendant l'intégralité de son existence, mourir pour elle et enfin retourner dans le ventre duquel il est sorti... Crois-moi, peu d'enfants ont cette chance.
- Ah ?
Je me tourne vers elle.
- Et aujourd'hui, mon fils, tu m'as trahi.
- Quoi ?!
- Toute à l'heure, tes pouvoirs, tu les as utilisés contre moi !
- Je... J'voulais pas ! J'ai pas fait exprès, j'te jure ! Je ne savais pas qu'ils marcheraient sur toi !
- Et ce n'est pas tout ! Tu as ensuite appelé ta nounou. Ne suis-je pas la seule femme qui doit occuper tes penser ?
- Si ! Si, bien sûr ! J'suis désolé...
- Menteur !
Elle crie, est grande et terrifiante !
- Sais-tu ce que je ferais de toi si tu ne m'es pas dévoué, Pureté ?
- Tu me mangeras ?
- Non. Je cesserai simplement de t'aimer.
Je suis foudroyé par sa réponse et me sens complètement gelé.
- Non... Pas ça !
- Tu ne voudrais pas que cela t'arrive, hein, Pureté ?
- Non ! Je te serais dévoué ! Je te le promets !
- Bien. Car je vais avoir besoin de toi.
J'entends sa voix dans ma tête, disant "Bien. Heureuse de voir qu'un de mes verrou de sécurité fonctionne".
Mère se tourne vers l'univers et me le montre.
- Il y a tant de vies, là-bas ! Tant de destins que je pourrais briser !
Je vois des parents étreindre leurs enfants.
- Tant de cœurs que je pourrais briser !
Je vois des villes et de magnifiques paysages.
- Tant de catastrophes que je pourrais déclencher ! D'endroits que je pourrais raser !
Je vois des tas de planètes.
- Tant de choses que je pourrais prendre ! De monde sur lesquels je pourrais me déchainer et être un fléau !
L'une d'elle a de vastes océans bleus, trois ou quatre gros continents et de la banquise sur ses pôles, avec une petite planète blanche qui lui tourne autour.
- Vous n'avez nulle part où fuir ! Nulle part où vous cacher ! J'arrive ! Je vous ai déjà trouvé ! Ha ha ha ! Je détruirai tout ce que vous avez jamais chéri ! Brûlerai votre foyer ! Je répandrai la mort, la terreur et la souffrance ! Je vous prendrai tout ! Vos espoirs ! Vos rêves ! Et pourquoi ? Parce que c'est ma nature, voilà.
Mère me regarde à nouveau.
- Ypso est partie, je m'en moque. Ses blessures ont laissé une piste que je pourrai suivre. Je remonterais jusqu'au garde-manger qu'elle a trouvé et le viderai. Puis ensuite... Je la tuerai ! dit-elle en riant. Et j'ai plein d'autres filles à retrouver et toi, Pureté, tu m'aideras à les éliminer.
Je tremble.
- Pourquoi étaient-elles indépendantes si tu voulais des enfants qui te ressemblent mais qui te soient dévoués ? Pourquoi donner la capacité de ressentir un manque quand ceux à côté se satisfont d'un regard de ta part ou du son de ta voix ?
- Mais voyons, Pureté... Tout simplement parce que ça ne suffit pas d'être une madone, c'est aussi agréable d'avoir quelque chose à tourmenter.
Je baisse la tête et me mets à pleurer.
- Tu m'aideras, Pureté. N'est-ce pas ?
Je hoche la tête.
- Oui. Je t'en prie... Aime-moi.
- Bien.
Elle contemple l'espace et sourit de toutes ses dents.
- Ta mère a déjà faim.